David Bowie est bien plus qu'un chanteur qui a vendu 136 millions de
disques, bien plus qu'un artiste qui a expérimenté une multitude de
styles et a défini les contours de la culture pop. Avec son alter ego
venu de l'espace, Ziggy Stardust, et des chansons comme « Starman »
ou « Space Oddity », il a défié les règles de la musique et s'est
transformé en l'icône de sa génération et le modèle des générations
futures. Sa grande carrière d'artiste est intimement liée à sa
biographie personnelle. Ce livre nous plonge dans tous les aspects
de sa vie, notamment ses plus profondes énigmes. On y redécouvre sa
constante obsession de la réussite, son addiction à la cocaïne, ses
histoires tumultueuses avec les femmes et sa relation très
fusionnelle avec son demi-frère schizophrène. Comme un hiéroglyphe,
Bowie est un mystère que nous aimerions tous élucider, et personne
d'autre que Maria Hesse et Fran Ruiz, n'a aussi bien réussi ce
portrait introspectif et poétique rédigé à la première personne.
Maria Hesse nous donne à voir les nombreuses personnalités de Bowie
sans jamais chercher à les cadrer. Simplement spectatrice et conteuse
du spectacle de sa vie.
Inspirée par l'intensité de Frida Kahlo et de ses tableaux les plus
célèbres, l'artiste espagnole María Hesse nous livre ici une oeuvre
singulière sous formes d'articles, de lettres, de dessins très
colorés qui illustrent magnifiquement les fragments de la vie de
l'icône mexicaine. Un corps marqué par la douleur et la passion, une
fantaisie peuplée d'images envoûtantes et dérangeantes, une vision
enthousiaste et persistante du monde - l'attrait de Frida Kahlo reste
intact. Avec une volonté incomparable, elle a défié les fardeaux de
la vie, vécu avec un esprit libre, aimé avec un coeur ouvert, et créé
des oeuvres d'art d'une puissance rayonnante. Pour son refus de vivre
dans l'ombre de son grand amour Diego Rivera et pour sa rupture
courageuse avec les conventions sociales, Frida Kahlo est toujours
vénérée dans le monde entier.
Quelques mois après l'accession au pouvoir du nouveau chancelier
Jaiseth, la peur des migrantes du jeu de dames et des fous accusés de
"diagonalisme" se répand sur la ville de New-Ébène. Un petit jeu qui
profite à la Ligne, un nouveau mouvement identitaire au succès
grandissant. Luttes, alliances, amours, trahisons... Cette société
qui ressemble à la nôtre semble n' avoir jamais été aussi divisée.
Mais tous ces bouleversements ne sont peut-être que les coups d'une
autre partie bien plus complexe...
Et si notre société était un gigantesque plateau d'échecs, avec un
roi, des pions rebelles et des dames migrant d'un autre plateau,
menacées d'expulsion ? Entre manipulations, corruption, chasse aux
migrants et montée du totalitarisme, ce thriller politique décrit
l'actualité d'une société prise dans l'engrenage d'une partie
destructrice.
Lorsque Giulia Pex découvre le récit Khalat de Davide Coltri tiré du
recueil d'histoires Dov'è casa mia, elle accepte la proposition d'un
éditeur italien de l'adapter. Le journaliste écrivain est spécialisé
dans les projets d'éducation d'urgence dans le domaine humanitaire.
Il s'est rendu en Irak, au Soudan, en Sierra Leone, en Turquie, en
Syrie et dans d'autres pays, où il a collecté de nombreux témoignages
de réfugiés en difficulté qui traversaient les frontières à la
recherche d'un nouveau pays qui pourrait les accueillir. Il décrit
non seulement les guerres civiles et les actes de terrorisme, mais
aussi la solidarité, la résistance et l'espoir pour tenter de
construire une vie différente. À partir de mars 2011, au moment du
début du printemps arabe, Khalat, jeune femme kurde syrienne, quitte
sa ville natale pour intégrer l'université de Damas. Le déclenchement
de la guerre civile détruit ses rêves mais pas son désir de résister
à la violence et de sauver sa famille. Devenue mère par adoption,
elle s'enfuit à travers huit pays et plusieurs camps de migrants pour
trouver finalement refuge en Allemagne. Giulia Pex illustre avec une
grande sensibilité et un souci du détail qui amplifie le pouvoir de
l'écriture : les yeux, les mains et les gestes presque imperceptibles
sont dessinés avec un trait délicat qui donne à ce récit toute sa
profondeur.
Sabrina a disparu... Teddy, son fiancé, est sur le point de sombrer.
Afin de préserver sa santé mentale, il trouve refuge chez Calvin, un
ami d'enfance qu'il avait perdu de vue depuis le lycée. Celui-ci,
technicien informatique au sein d'une unité stratégique de l'US Air
Force, voit son existence basculer avec celle de son ami, quand une
cassette sur laquelle est enregistré le meurtre de Sabrina fuite dans
les médias et sur les réseaux sociaux. Très vite, la polémique enfle,
les théories du complot se déchaînent, laissant libre cours au
déferlement de la haine. Sabrina montre avec une tension glaçante et
particulièrement dérangeante les ravages d'une époque hyperconnectée,
repue de «fakes news». Après Beverly, récompensé du Fauve
Révélation au festival d'Angoulême 2018, Nick Drnaso confirme son
talent dans cette oeuvre vertigineuse et s'impose, après deux livres
seulement, comme un auteur majeur.
Désabusé par un quotidien trop lisse, dont la perfection est devenue
étouffante, Adam Whistler aspire à vivre le fameux tumulte qui le
révélera à sa propre existence. Ce jour arrive quand il rencontre
Morgane, une jeune femme ténébreuse qui souffre de trouble
dissociatif de l'identité. Telle une poupée russe, elle semble
habitée par plusieurs personnalités, toutes nimbées de mystères, qui
la rendent aussi obsédante qu'inquiétante. Tandis que les cadavres
s'accumulent autour d'elle, Morgane pourrait ne pas être la seule
menace... Tumulte est un thriller psychologique contemporain et
singulier qui rappelle Alfred Hitchcock, Patricia Highsmith ou Le
Samouraï de Jean- Pierre Melville.
À la fin des années 70, le père d'Halfdan Pisket décide de quitter la
Turquie, afin de fuir un passé douloureux et reconstruire sa vie au
Danemark, là où, dans les magazines, les femmes sont particulièrement
belles. Mais les choses sont plus complexes que prévu, comme si le
sort s'acharnait sur cet homme déraciné et insoumis...De la lecture
de cette oeuvre magnifique, qui aborde le thème de l'intégration, on
ressort bouleversé. Et troublé. Par ce personnage ambivalent, mais
terriblement attachant. Et par la force créative d'Halfdan Pisket qui
a su transcender l'histoire tragique de son père avec une énergie
résiliente étonnante. On avait déjà été époustouflé par le dessin et
la poésie du premier tome, Déserteur. Ici, l'auteur va encore plus
loin dans l'urgence, la puissance de survie, découpées au scalpel
jusqu'à l'extravagance.
Suite aux événements tourmentés qui ont failli lui coûter la vie,
James aspire à trouver un semblant d'équilibre dans sa nouvelle
existence. Il s'est installé dans la célèbre communauté libertaire
autogérée de Christiania à Copenhague créée dans les années 70 par
des hippies, et où le commerce de la résine de cannabis est autorisé.
Alors qu'il ne voit plus sa famille depuis longtemps, Arla,
désespérée, vient frapper à sa porte pour lui demander son aide.
Désormais, James doit assurer son rôle de père à plein temps pour
protéger Joshua son fils qu'il aime profondément. Mais, caler
l'emploi du temps d'un gros trafiquant de drogue avec celui d'un
enfant qui va à l'école devient très vite problématique... Avec le
troisième et dernier tome de cette trilogie magistrale où la poésie
et la puissance narrative ne retombent jamais, Halfdan Pisket résout
son histoire terriblement touchante en déclarant son amour à ce père
extraordinaire.
Prisonnier d'une geôle lugubre, le père de Halfdan Pisket se souvient
du moment où il habitait ce village non loin de Kars dans la zone
frontalière instable entre la Turquie et l'Arménie. Né dans une
famille aisée, d'un père turc et d'une mère russo arménienne, il y
menait une vie d'adolescent presque normale même si les alentours
sous tension étaient surveillés par les conscrits turcs - les « sans-
visage ». Toutes les religions et coutumes cohabitaient en paix mais
la terre sombre de ce pays recélait encore le souvenir funeste d'un
génocide arménien. Les évènements dramatiques commencent à
s'accumuler lorsque son meilleur ami est abattu par les « sans-visage
», alors qu'il ne faisait que prendre du bois dans la forêt. Suite au
choc émotionnel, rempli de haine, le jeune homme est terrassé par ses
premières crises d'épilepsie. Alors qu'il est enrôlé de force dans
l'armée des « sans-visage », il suffira qu'une visite à son père
malade soit refusée par sa hiérarchie pour qu'il décide de prendre la
fuite. Très vite repris, c'est de cette sinistre geôle qu'il nous
raconte - quand il n'est pas torturé - son histoire chaotique, au
rythme des crises d'épilepsie et des flash-back, créant ainsi une
pulsation très singulière entre la réalité transcendée pleine de
poésie et le récit historique. Basée sur des interviews du père de
l'auteur et des anecdotes tirées de sa vie dans les années 60-70,
cette histoire troublante d'une famille qui part en lambeaux est
sublimée par un dessin intense, tourmenté et convulsif.
Qui a dit que les gens ordinaires n'avaient pas d'histoire ? Certainement pas cet auteur de l''Illinois né en 1989 qui, dans ce recueil à la facture graphique plus que séduisante (et glaçante), explore la psyché de la classe moyenne américaine en exposant la banalité de son quotidien. Banalité apparente d'un sitcom - comme son titre semble l'indiquer - mais qui laisse se dévoiler la richesse et la complexité des sentiments.Dans ce premier roman graphique, l'auteur décline son propos en six histoires imbriquées les unes dans les autres et dont le fil conducteur est marqué par la présence de plusieurs personnages récurrents. Histoires très imprégnées par un malaise profond, générateur de fantasmes insidieux parfois marqués par un sadisme primaire - qui pourrait faire penser au film ""Storytelling"" de Todd Solondz - probablement dû à ce vide existentiel inhérent à cette Amérique des banlieues lisses et sans histoires, consumériste et désenchantée, voire désoeuvrée.
Dana, jeune femme noire vivant dans les années 1970, est soudainement
et inexplicablement transportée de sa maison en Californie vers le
Sud d'avant la guerre civile (1861-1865). Alors qu'elle voyage dans
le temps en plusieurs allers et retours entre sa réalité
contemporaine où elle est une femme libre et l'époque de la guerre de
sécession, elle se retrouve dans une plantation du sud, prise dans la
vie de Rufus qui n'est autre que l'un de ses ancêtres, un
esclavagiste blanc qui va la traiter comme une esclave.
Au cours de l'été 2015, Ali Fitzgerald commence un atelier
hebdomadaire de bandes dessinées avec des réfugiés à Berlin, soutenu
par Comic Invasion et Amnesty International. Dans cette « non-fiction
graphique surréaliste » - c'est ainsi qu'elle définit sa bande
dessinée - l'autrice présente avec beaucoup de sensibilité les
difficultés que rencontrent les réfugiés en Europe. En leur proposant
de dessiner, elle leur offre un moyen d'exprimer, sans forcément
parler, ce qu'ils ont vécu et ce qu'ils espèrent. Tout en suivant
leur parcours, elle raconte Berlin et établit avec beaucoup
d'habileté un parallèle instructif entre ce drame actuel et celui des
Juifs obligés de fuir les pogroms des années 1920, puis persécutés
plus tard par les nazis. Les témoins qu'elle invoque pour parler de
ce passé sont deux écrivains importants dont elle cite des phrases
soigneusement choisies : Joseph Roth et Christopher Isherwood. La
richesse du texte et la simplicité des dessins font de ce livre un
roman graphique émouvant et passionnant.
Au Japon, l'art de la vulve ne passe pas. L'artiste tokyoïte
Rokudenashiko a été inculpée le 24décembre 2014 et incarcérée six
mois après sa première arrestation, pour avoir enfreint la loi
relative à l'obscénité, en moulant son sexe puis en le scannant en 3D
afin de construire un canoë-kayak. Son travail, insolite et non dénué
d'humour, vise à casser le tabou de la représentation du sexe féminin
dans son pays, qui reste interdite celui-ci est flouté, pixélisé ou
estompé sur les photos, les dessins et dans les films alors que la
pornographie est largement diffusée. De son côté, le pénis est fêté
comme il se doit chaque année pendant le festival du phallus de fer
de kawasaki. Le récit de cette arrestation, médiatisée dans le monde
entier, a permis de mettre en évidence les contradictions d'une
société japonaise sclérosée par ses tabous elle n'est bien sûr pas
la seule concernant plus généralement le statut de la femme.
Julio Cortázar, mince et élancé, cheveux noirs et rebelles, barbe,
lunettes à monture épaisse et un visage d'éternel adolescent. L'un
des auteurs contemporains les plus connus et admirés et l'un des noms
incontournables du boom latino-américain. Cette biographie illustrée
permet de découvrir, sous la plume de Marc Torices et de Jesús
Marchamalo, les épisodes les plus importants et lumineux de sa vie et
de connaître, comme des témoins privilégiés, une grande partie de son
univers et de sa littérature : ses lectures et ses voyages, son
enfance et ses amis, ses premiers écrits, le jazz, Paris et ses
balades avec la Sibylle ou encore son amour pour les chats. Un
portrait sensible et remarquable de l'auteur de "Marelle", plein de
complicité et d'admiration. Jamais encore Cortázar n'avait été
dépeint de la sorte dans un roman graphique au dessin aussi superbe
et étonnant.
Le livre a paru aux États unis en 2010 en plein désastre des subprimes. Dès lors, cette parodie sulfureuse et jubilatoire, montrant une phalange de super-héros au chômage luttant contre le système financier américain, ne pouvait que nous interpeller. Tout en informant le lecteur sur la complexité de ce système opaque, les auteurs Gan Golan et Erich Origen, indignés de Wall Street et agitateurs adeptes de la «Guérilla artistique», n'ont pu s'empêcher de semer une kyrielle de jeux de mots grinçants voire hilarants très bien traduits par Grégoire Courtois. Ici, les super-héros restent humains, parfois baltringues, parfois judicieux mais surtout solidaires... Épuisé en librairie depuis plus d'une année, "Les aventures d'Ultra-chômeur" revient enfin dans une nouvelle édition augmentée d'une postface des auteurs. Il était temps ! Regonflé à bloc et prêt à affronter les monstres de la finance, Ultra-chômeur ne répond plus de rien !
Les Van Mergaerts sont à la tête d'une lainerie florissante depuis
plusieurs générations. Toute la famille vit dans le luxe grâce aux
profits dégagés par la manufacture. Mais lorsque la modernité fait
son apparition avec l'arrivée d'une nouvelle machine, les problèmes
s'accumulent annonçant le déclin de la prospérité familiale. C'est en
découvrant les cassettes autobiographiques de son grand-père qu'Aart
Taminiau décide d'écrire l'histoire de l'entreprise familiale
déboussolée par la révolution industrielle.
Trois histoires se croisent dans Ne change jamais et finissent par
s'entremêler. Chacune d'elles est empreinte d'étrange et de science-
fiction. On découvre un futur possible où les expériences
scientifiques ont engendré des mutations irréversibles de l'être
humain. Les humains mutants contaminent leur entourage mais tout cela
est étouffé et gardé secret. Impossible de dénouer le fil du récit
tissé par l'auteur qui nous laisse haletant, pantois et distille en
nous l'angoisse sourde d'un mystère non élucidé. Genre, sexualité,
condition sociale, espèce, rien n'est établi. Et le portrait encadré
d'un singe, à la manière d'une photo de famille, nous interpelle sur
le passé de notre espèce et donc son futur à venir...
Belgrade 2008, Jasmina, jeune femme stérile, vient consulter le
célèbre gourou Dragan Dabic - spécialiste de médecine alternative -
afin de retrouver la fertilité et une sexualité épanouissante. Mais
bien vite, Jasmina va connaitre l'effroyable vérité. Dragan Dabic,
l'homme qui encore quelques jours plus tôt lui faisait suivre sa
thérapie, est en réalité Radovan Karadzi´c, dénommé le « boucher des
Balkans », ancien président de la république Serbe poursuivi par la
justice internationale pour la campagne de purification ethnique
menée lors de la guerre de Bosnie - on se souvient du massacre de
Srebrenica de 1995. Recherché depuis plusieurs années, Karadzi´c sera
arrêté et transféré à la Haye pour être jugé pour crime contre
l'humanité.
Au début du XXe siècle, il était très en vogue, pour un journaliste
issu de la bourgeoisie, d'écrire ses frasques ou ses aventures dans
des pays exotiques. William Seabrook était le précurseur de cette
tendance et n'hésitait pas à participer à des cérémonies vaudoues à
Haïti, à traverser le Sahara à dos de chameau, à discuter avec des
rois cannibales de Côte d'Ivoire ou à goûter de la viande humaine
/>
volée par une connaissance travaillant dans une morgue parisienne.
Mais l'écrivain était un alcoolique invétéré et notoire, profondément
obsédé par le sadomasochisme et les soi-disant propriétés mystiques
de la douleur. C'est sans état d'âme qu'il choquait la bonne société,
en pratiquant le bondage avec de jeunes femmes qui se retrouvaient
parfois ficelées comme des rôtis. Même s'il côtoyait de nombreux
artistes et écrivains illustres de son époque tels Aleister Crowley,
Man Ray ou James Joyce, les dernières années de sa vie il sombrait
peu à peu dans l'oubli, laissant probablement derrière lui son rêve
de devenir un grand écrivain.
L'aventure littéraire de William S. Burroughs, écrivain américain emblématique de la Beat generation, commence le jour où, se prenant pour Guillaume Tell sous l'emprise de l'alcool, il tue sa femme accidentellement. Dès lors, il n'aura de cesse de se débattre contre sa puissante paranoïa délirante et autodestructrice.C'est avec beaucoup de talent que João Pinheiro nous plonge en apnée dans l'univers halluciné de Burroughs, se délectant de ses textes fragmentés, abstraits, imbibés de substances toxiques, nous entraînant toujours plus loin dans une descente aux enfers avec l'urgence d'un polar coincé dans une console de jeux vidéo, où l'humour macabre se mêle à la fange la plus délétère.« Le langage est un virus qui vient de l'espace.»"
Une voiture de police stylée années 50 fonce à travers le désert du
sud des États-Unis, quelque part entre l'Arizona et l'Alabama. À son
bord, l'officier Alonzo, son jeune coéquipier et, dans le coffre, un
noir bâillonné prêt à être livré en offrande à une secte sataniste
mâtinée d'un racisme à la KKK. Dans ces contrées sudistes, c'est en
tuant un noir que l'on gagne la confiance et le respect des siens.
Mais cette fois, les règles de l'épreuve initiatique sont changées et
c'est son coéquipier qu'Alonzo va devoir tuer... Le tableau ne serait
pas complet sans la présence d'évangélistes mormons qui retirent
leurs globes oculaires avant de se coucher comme d'autres déchaussent
leurs lunettes, de femmes à quatre seins, de revenants qui viennent
hanter les mauvaises consciences des vivants, de policiers véreux à
la gachette sensible qui vivent mal leurs pulsions homosexuelles...
Construit selon un principe circulaire hérité du film Pulp Fiction,
ce roman graphique aux ambiances surréalistes explore avec une
étonnante virtuosité l'étrange et le fantastique dans un monde en
décomposition qui n'est pas sans rappeler l'univers de David Lynch et
la dérision humoristique de Quentin Tarantino.
Avant de devenir un véritable phénomène littéraire dans le Brésil des
années 1960, Carolina Maria de Jesus (1914-1977) a connu la misère et
l'exclusion, élevant seule ses trois enfants dans la favela de
Canindé, l'une des premières de l'État de São Paulo. Mais, en femme
de caractère, avec courage et détermination, elle a surmonté les
obstacles et les préjugés liés à ses origines sociales et à la
couleur de sa peau. Avec ses romans, ses poèmes et ses chroniques,
Carolina a fait plus que dénoncer les injustices. Elle a su donner
ses lettres de noblesse à une «écriture de chiffonnier», produite
par ceux qui, relégués aux marges de la société, n'acceptent plus de
se taire.
Dans le premier tome, Jugga, le chef du groupe punk, confie à Baguette la mission de déposer une bombe dans le restaurant fast-food d'une chaine multinationale qui s'apprête à ouvrir. Taraudé par un doute existentiel, Baguette se laisse emmener par Muette, cette jeune femme sans voix qu'il rencontre sur le pont d'où s'était jetée sa meilleure amie.
Dans le second tome, Muette invite baguette à découvrir un lieu magique et secret au bord de la rivière. Face à cette plénitude, ils décident de se baigner. Baguette se laisse glisser et porter par cette eau tellement glacée, qu'elle le projette dans un passé hanté par le spectre de sa meilleure amie Hiroschima.
Pendant ce temps, les évènements s'accélèrent et les esprits s'échauffent. Baguette est recherché activement par les skins en furie qui passent à tabac un jeune asiatique et par l'incontrôlable Jugga, froid comme de l'acier, qui, à défaut de trouver Baguette chez lui pour lui rappeler sa mission, tombe sur Tracy qu'il n'hésite pas à laisser ligotée sur une chaise au dessus d'une bombe. Désormais, le compte à rebours est enclenché...