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Cécile Reyboz
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"Je n'ai pas de carrière à relancer, pas d'image à protéger, pas de standing à conserver. Ma fille affirme qu'elle va très bien, mes parents sont enterrés, mes ex remariés, je peux vaquer, j'ai tout mon temps. Je suis une liberté ambulante." Léonore, cinquante-huit ans, accepte une offre de départ volontaire et se retrouve en préretraite, bien décidée à ne pas vivre au rabais et à envisager tous les possibles désormais ouverts. Un hasard suivi d'une impulsion mènent ses pas dans un village d'Isère, où elle tombe sous le charme d'un terrain menacé par divers projets municipaux ou associatifs. La voilà prête à le défendre, au risque de bousculer la communauté dont elle est l'étrangère. Ce roman plein de fantaisie, de tendresse et de gravité est une ode à la fin de la jeunesse qui serait le début d'une vraie liberté. Face au bruit permanent, à l'absurde logique de vitesse et d'accumulation de notre monde, il invite à redécouvrir les vertus du calme, du silence, du vide - et à cultiver la fraîcheur de l'âme.
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L'homme a le chic pour s'enfermer, c'est même l'un de ses plus grands talents. Par paresse, par dogme ou par amour, il entre en cellule, physiquement ou mentalement.
D'abord il est heureux d'avoir enfin trouvé comment réguler ses jours. Ensuite il se plaint amèrement, devant la porte fermée dont il a la clé.
Souvent il dit vouloir s'évader, et ses magnifiques tentatives l'occupent une vie entière. Le plus souvent, ça rate, mais ce n'est pas grave, il a vécu avec panache, avec courage. -
La narratrice de ce roman est née en 1968. Famille française issue de la petite bourgeoisie installée en région parisienne. Père médecin et doué pour le bonheur, mère au foyer, belle, sportive, mais soumise, une soeur aînée adorée mais énigmatique. Caracolant sur les couleurs, les vibrations de l'époque, de Pompidou à Sarkozy, la gamine va peu à peu découvrir ses pouvoirs magiques, ceux que génèrent parfois la sensibilité, la mélancolie mais aussi la capacité à attraper les lueurs d'un bonheur même minime, pour risquer une échappée puis trouver un chemin vers la création. Un livre sensible et généreux comme un film de Claude Sautet.
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Elle est avocate, le droit du travail est son domaine. Elle défend ceux qui ne comprennent plus ce qu'on attend d'eux. Affolés, incrédules, ils sont licenciés ou malmenés, ils résistent, ils se battent, se contorsionnent pour ne pas chuter. Comme une figure de proue, l'avocate écoute et défend mais, après ses journées de guerrière, elle se faufile dans la grande ville, tente de s'y perdre, de prendre le large, de reconstruire sa légèreté, de convoiter l'oubli des autres et du système. Incisif, d'une implacable justesse, ce roman est éperdument ancré dans une réalité professionnelle mais la fantaisie du personnage autorise le pas de côté nécessaire à l'échappée.
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Ce matin Marthe ne va pas travailler. Elle vient d'aborder sa toute nouvelle existence : elle ne fera désormais que ce qui lui plaît. Une exigence absolue pour un mode de vie absolument choisi.
Fière d'avoir trouvé le courage de concevoir son destin d'une tout autre manière, Marthe décide de prendre le train pour son village natal, d'y rejoindre son père et de partager avec lui la douce euphorie de cette singulière audace comportementale.
Mais quand soudain le TGV S4arrête, quand dans une brume insondable au milieu de nulle part et sans la moindre information les voyageurs perdent leur sang-froid, la petite Marthe s'enchante et trouve là l'occasion d'appréhender le genre humain comme jamais. Un contrôleur dépassé, deux bavardes effarouchées, un vieillard rêveur promenant une cage à oiseaux, un navigateur sans bateau : le monde de Marthe est en marche et, dans le chatoiement de ses vêtements, le bruissement de ses imaginaires ; la jeune femme s'avance enfin sous la lumière de sa nouvelle indépendance.
Dans un territoire très singulier tout en nuances colorées, bigarrées de tendresse et de violences immenses ou minuscules, Cécile Reyboz compose avec poésie le portrait d'une créature hors du commun, une jeune femme habitée par le rêve, délicieusement tourmentée par les froissements de son être et qui progresse, tel un papillon, au-devant de sa propre vision du bonheur.
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Un homme tente de résister à l'uniformité de l'être, tente de vivre sa vie et son désir autrement, de maîtriser l'ultime instant de plaisir plutôt que de céder à la jouissance : tout un programme que ses proches, ses très proches ne voient pas d'un bon oeil...
Dans une métropole qui ressemble en tout point à Paris, en ce matin pluvieux, Lazor Hilaire est en avance. Sur l'esplanade de Bobigny à moins qu'il ne s'agisse de celle de La Défense, il aborde son quotidien. A ses heures, cet homme siège aux Prudhommes.
Mais il est en avance notre bonhomme et il prend en attendant un autre chemin, redescend tout au long d'une coursive mouillée de pluie pour aller s'engouffrer dans la lumière d'une galerie marchande. Là, il rencontre une vendeuse qui le suit jusque chez lui : tout est possible puisqu'il est en avance.
Dans l'appartement de Lazor, la vendeuse se dénude, Lazor, lui, pense à autre chose.
Autre chose, autrement, ailleurs : Lazor Hilaire est différent et quand il croise un peu plus tard La femme en Biais, une avocate indifférente à la marche verticale du monde, Lazor tombe amoureux.
Approche difficile. Lazor est discret, la jeune femme est subtile et la rencontre de ces deux êtres délicieusement fêlés est singulière. Elle, semble danser : entrechats urbains sur bêton glacé. Lui, entend un bruit, un petit bonheur intérieur qui l'enchante.
Lorsque Lazor pour la première fois caresse le corps de la belle, lorsque l'amour les conduit jusqu'au plaisir, Lazor se dérobe. Pour lui il s'agit d'exigence, ne pas réduire le désir à sa triviale finitude : petite mort ou abandon de soi ont à voir avec animalité. Ejaculer il ne veut pas, surtout pas avec elle, se dit notre homme sans prononcer un mot.
La femme en Biais est humiliée, persuadée de n'être pas désirée, mal aimée.
Pendant ce temps, le monde s'impatiente. La ville se couvre d'ordures, les éboueurs sont en grève, même le fleuve s'efface sous l'immondice. Un président de la république hyperactif part en voyage, ses ministères sont en alerte. Les parents de Lazor et leur chat Rémi rodent dans les parages, une brigade secrète met en place d'étranges signaux lumineux sur la ville. Mais, au Gymnase municipal, les gens s'envolent puis rebondissent sur un trampoline géant : Autre chose, autrement, ailleurs...
Un roman situé entre Lautréamont et Marcel Aymé. L'enchantement d'un monde secret et la mise en scène de l'actuelle dérive de nos sociétés. Un imaginaire poétique pour aborder le machisme de nos cultures et beaucoup d'humour pour observer le décor urbain politique et social de ce début de siècle en France.