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Christian de Montlibert
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Si la collection « Champ social » des éditions du Croquant réédite le n°47-48 de février -mars 2015 consacré à Pierre Bourdieu de la revue Regards sociologiques, c'est à la fois parce que ce numéro est devenu introuvable, mais surtout parce qu'il rassemble un dossier d'une grande diversité et d'une exceptionnelle densité. La revue Regards sociologiques avait consacré un numéro à Pierre Bourdieu pour honorer une dette symbolique à un chercheur dans lequel elle se reconnaissait et qui l'avait soutenue dès ses débuts, mais surtout parce qu'elle voyait, comme beaucoup d'autres, dans le travail de Bourdieu une contribution majeure au développement de la sociologie. Les contributions rassemblées dans cet ouvrage, agrémentées de l'oeuvre d'artistes qui se sont intéressés à Bourdieu, multiplient les perspectives sur son oeuvre : étude des conditions de production des enquêtes, des concepts et des modèles, développement des concepts-clés, construction d'un modèle cohérent de l'État, retour sur tel aspect de la domination masculine, explicitation de ce qu'implique un engagement politique réflexif, restitution de la vivacité de ses cours et de la cérémonie de remise de la médaille d'or du CNRS, exploration des rapports de Bourdieu avec l'oeuvre de Mauss, de Wittgenstein et de Marx, etc. Un premier ensemble d'articles montre dans quelles conditions Bourdieu réalise ses premiers travaux en Algérie où il est confronté aux effets du colonialisme, du racisme et de la guerre. La contribution d'Andrea Rapini retrace les déplacements de Bourdieu et de Sayad au cours de leur enquête sur Le Déracinement. Elle est complétée par un entretien de Tassadit Yacine avec Jacques Budin (un étudiant enquêteur de l'équipe de Bourdieu et de Sayad). Christian de Montlibert met en évidence un triple combat dans les travaux « algériens » de Bourdieu : contre la méconnaissance des cultures qui coexistent alors en Algérie, contre le mépris raciste et contre des conceptions politiques dont il pensait qu'elles risquaient d'obérer l'avenir. Dans le contexte des années 1980, Remi Lenoir s'interroge ensuite sur « le dit et l'écrit » dans l'oeuvre de Bourdieu : quel statut accorder aux transcriptions de ses cours et séminaires ? Comment restituer par écrit la vivacité verbale qui caractérisait Bourdieu enseignant ? À propos du discours qu'il prononce à l'occasion de la cérémonie de la remise de la médaille d'or du CNRS, Loïc Wacquant souligne l'accent qu'il met sur les tensions entre science, autorité et pouvoir, la puissance symbolique de l'État et les raisons qui conduisent le sociologue à s'engager dans le débat civique. Rémi Lenoir développe les différents niveaux impliqués dans le concept de capital social et montre l'importance qu'a eue pour Bourdieu l'oeuvre de Mauss. À propos du concept d'habitus Gaspard Fontbonne met en évidence les effets épistémologiques de la lecture de Wittgenstein. Quant à la domination masculine, Rose-Marie Lagrave éclaire les contradictions, paradoxes et malentendus engendrés par ce livre : il faut tenir compte, selon elle, du contexte scientifique et du rapport de Bourdieu aux recherches féministes. Un autre ensemble de travaux présente son modèle d'analyse de l'État et s'interroge sur l'engagement politique de Bourdieu. Patrick Champagne analyse le cheminement de Bourdieu pour penser la construction de l'État au fil d'un double processus de concentration des différentes espèces de capital dans un petit nombre de mains. En grande partie par le système scolaire, l'État unifie, homogénéise, standardise les manières de faire et de penser. À propos d'une intervention de Bourdieu sur la crise de l'État, Rémi Lenoir souligne l'importance qu'il attribuait aux transformations des représentations des agents dominants. Lucien Braun, alors directeur des Presses Universitaires de Strasbourg, questionne Bourdieu sur l'avenir de l'autonomie universitaire dans un contexte où l'édition universitaire est de plus en plus dépendante de groupes financiers. Cet ouvrage se clôture par des analyses de la dimension critique de la sociologie de Pierre Bourdieu qui n'a pas cessé d'insister sur la nécessité d'une démarche réflexive. Après avoir rappelé les prises de position « messianiques » de Marx sur l'avènement d'une société sans classes, Gérard Mauger souligne l'importance accordée par Bourdieu au « travail de représentation » dans toutes mobilisations collectives, à commencer par celle du « peuple », objet de prédilection pour des intellectuels. Après avoir rappelé les confusions autour de l'appellation « sociologie critique », Louis Pinto montre qu'elle n'est ni un accessoire, ni un abus de pouvoir, mais une sorte de nécessité qui conduit à s'interroger premièrement sur les pouvoirs, les limites et les prétentions de la connaissance, deuxièmement sur les capacités à dire le vrai des connaissances « indigènes » , troisièmement sur les effets de dévoilement de l'ordre social. Enfin ce livre est ponctué par le travail de deux artistes, Joëlle Labiche et Yves Carreau, qui offrent leurs interprétations des « regards » de Pierre Bourdieu : de ceux de prédécesseurs, de contemporains et de membres de ses équipes de travail.
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Ce livre reprend les textes politiques que l'auteur a pu diffuser depuis une trentaine d'années, alors que vient de se développer une mobilisation collective de grande ampleur contre la prolongation à 64 ans de l'âge légal de départ en retraite.
De fait dans l'augmentation de la durée de la vie professionnelle se formule crûment la volonté des classes possédant le capital de maintenir leurs profits. La diminution du nombre d'enfants et, plus encore, la prolongation de la durée des périodes de formation de la jeunesse diminuent automatiquement la masse des travailleurs disponibles donc la possibilité du profit. L'appel à une population immigrée, comme l'auraient souhaité des politiques néolibérales favorables à la libre circulation des salariés, aurait pu être une solution, si elle n'avait été écartée par des politiques néoconservatrices. Restait alors, pour au moins maintenir le volume de la population, à prolonger la durée de la vie professionnelle, ce que vise le projet de loi sur les retraites au bénéfice des classes dominantes.
Cette dimension des rapports conflictuels entre les classes sociales structure l'ensemble de cet ouvrage et explique qu'en introduction sont présentés, d'une part, un travail sur la situation des fractions les plus riches car propriétaires du capital et, d'autre part, sur la situation des classes populaires telle que l'épidémie du COVID a pu la révéler plus explicitement encore en montrant la surmortalité qui s'y était développée.
Christian de Montlibert, sociologue, a participé au développement de l'éducation des adultes et analysé les activités dans des industries diverses. Il a travaillé sur les effets de la désindustrialisation de la Lorraine sidérurgique et du textile vosgien. Enseignant à l'université de Strasbourg il a analysé les mobilisations collectives et les mouvements sociaux. Il a étudié les transformations du système universitaire et a publié des analyses sociologiques du monde de l'économie. Il a fondé et dirigé la revue Regards sociologiques.
Il est aujourd'hui professeur émérite à l'Université de Strasbourg. -
Les agents de l'économie ; patrons, banquiers, journalistes, consultants...
Christian de Montlibert
- Raisons D'Agir
- 22 Novembre 2007
- 9782912107374
Pendant que les salariés produisent la richesse, d'autres agents produisent la croyance dans l'économie de marché : patrons d'entreprises, banquiers d'affaires, journalistes économiques, consultants et mêmes élus. Ils sont à la fois concurrents et complices. Les exigences de leurs métiers les séparent, mais tous ont intérêt à faire prévaloir le point de vue économique sur toute autre considération.
À partir d'enquêtes menées dans ces milieux très fermés, le sociologue Christian de Montlibert analyse les ressources propres à chacune de ces professions : l'argent, bien sûr, mais aussi les titres universitaires, les relations sociales, la notoriété, etc. C'est cette diversité dans les formes d'accumulation qui renforce la puissance des agents de l'économie. Mais elle ne leur suffirait à imposer leur point de vue s'ils n'étaient capables de se rassembler pour " faire groupe ".
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Le capitalisme a toujours transformé les sociétés et su utiliser une partie de la science pour ce faire- comme le disait Marx le capi- talisme est révolutionnaire par nature- mais ce qui est nouveau c'est, aujourd'hui, la capacité d'intervention d'un niveau très supé- rieur- en partie grâce aux sciences humaines et sociales d'ailleurs- qu'a pu acquérir un capitalisme néolibéral devenu capable de transformer les institutions pour asseoir une structure sociale assurant la pérennité de sa domination économique et symbolique et d'enrôler la science pour atteindre cet objectif. Ce livre traite notamment des effets du néolibéralisme sur les institutions étatiques qui jusqu'alors tempéraient la violence du capitalisme, de ses effets sur les mécanismes de reproduction sociale qui jusqu'alors étaient bridés, de ses effets, enfin, sur l'univers symbolique où se développent de nouvelles conceptions de l'individu et du monde social. Il aborde les effets du néolibéralisme sur la science en général et les sciences sociales en particulier.
Dans ces conditions, dans l'univers culturel, la science, sous toutes ses formes (de la plus appliquée- informatique, robotique- aux plus fondamentales- biologie par exemple, de la plus discursive à la plus mathématisée) est enrôlée au service du capital et devient la force productive la plus importante : tout laisse penser, ce dont l'ampleur des réformes de l'université dans tous les pays euro- péens témoigne, que le centre de gravité de la production de la plus-value se déplace des chaînes de montage vers les bureaux d'études et de recherche alors que, dans un univers médiatique de morgue et de mépris pour les mobilisations collectives de salariés, s'affirme un discours intellectuel « anti- marxiste flamboyant » comme le disait l'historien britannique Eric Hobsbawm.
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Enjeux et luttes dans le champ économique, 1980-2010
Christian de Montlibert
- L'Harmattan
- Questions Sociologiques
- 18 Octobre 2012
- 9782336001616
Ce livre analyse tout d'abord la structure du champ économique et décrit les stratégies des firmes dans un monde soumis aux injonctions pressantes des financiers. Il étudie ensuite trois types de décision : les mesures de licenciement qui défont les collectifs ; le développement de l'équipement informatique comme manière d'imposer un contrôle social plus strict ; l'investissement dans les publicités célébrant les mérites de la marque et de la firme.
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Introduction au raisonnement sociologique (3e édition)
Christian de Montlibert
- Pu De Strasbourg
- 23 Mai 1996
- 9782868201096
Comment s'est instituée la discipline " sociologie " ? Quels obstacles cette institution a-t-elle eu à surmonter ?
Le présent ouvrage cherche à répondre à ces questions.
Il le fait :
- En décrivant la manière particulière que promeut la sociologie de penser le monde - manière qui la différencie d'autres types d'explications (psychologie, biologique, administrative ...).
- En examinant les problématiques élaborées par les premiers sociologues : Durkheim, Weber, etc.
- En définissant les concepts fondamentaux de la sociologie, tels les institutions, les représentations sociales, les groupements sociaux, la lutte, la reproduction, etc.
- En soulevant et en analysant les problèmes posés par les diverses approches méthodologiques ou techniques.
- Le raisonnement sociologique, en écartant et en dépassant la subjectivité, promeut une rigueur spécifique qui bouleverse bien des manières de penser le monde social.
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Crise économique et conflits sociaux
Christian de Montlibert
- L'Harmattan
- Logiques Sociales
- 3 Mai 2000
- 9782738404145