"Le nom stichou, créé par Isabelle Bielecki, s'inspire de deux mots, l'un de l'Est et l'autre de l'Ouest. Le premier mot, "" stichok "", est russe et signifie ""petit poème"", le second, ""chou"", est synonyme de l'adjectif français mignon. Le stichou est court puisqu'il se compose toujours de cinq vers.
Sa nouveauté réside dans la combinaison entre le fond et la forme : les deux premiers vers décrivent une activité des plus banales de la vie quotidienne, commune à tout un chacun, le troisième vers, inchangé, fait transition, ou levier, tandis que les deux derniers vers projettent le stichou dans un monde imaginaire fait de poésie, d'humour ou de philosophie.
Le stichou a fait l'objet de nombreux ateliers d'écriture poétique animés par sa créatrice ainsi que par d'autres animateurs d'ateliers d'écriture, destinés tant à de jeunes élèves qu'à des adultes de tous âges."
Valse nue, la première partie de ce livre, est une pièce en sept tableaux consacrée à la brûlante Camille Claudel consumée par son oeuvre et hantée par son amour malheureux pour le sculpteur Rodin. Camille, passionnée par la sculpture, s'est installée seule dans un vieil atelier. Elle a pris son indépendance vis-à-vis de son amant, Rodin, et de sa famille pour vivre pleinement son destin d'artiste et réaliser une grande oeuvre. Inexistante au début, celle-ci grandit entre les tableaux. Emmaillotée dans des draps, sauf au dernier tableau où Camille la dévoile, l'oeuvre représente un couple grandeur nature, nu, en train de valser. Le Bateau de sable évoque le poète Arthur Rimbaud à la fin de sa vie. S'il se consume, lui, c'est de fièvre. Il délire. Aux portes du désert, il s'interroge. Il fait son bilan. Il a trente-sept ans. Dans la maison rôde une femme voilée. Il l'interpelle. Elle passe mais ne répond pas. Il se parle aussi à lui-même, il s'emporte contre une certaine Ange, l'Ange des poètes. L'inspiration ! Qu'il a fuie pour se retrouver. Être seul dans sa tête. Mais il va changer d'avis, il est prêt à tout recommencer... Voix révoltées, passions violentes, saisons en enfer et au désert, les destins tourmentés de Camille Claudel et d'Arthur Rimbaud ne se sont pas croisés mais se dévoilent ici sur scène, sous la lumière crue d'une écriture à la fois théâtrale et poétique. Isabelle Bielecki leur prête un rôle parallèle, celui du génie sacrifié, livré dans la douleur et la solitude, à une gloire vaine et lointaine qu'ils n'auront pas goûtée durant leur trop bref vivant. Poète, auteur dramatique et romancière, elle réunit dans ces vibrantes évocations le corps et l'âme de deux hautes figures de l'art. - Michel Ducobu