Jean-Luc Sahagian relate sa découverte de Jean Giono par l'expérience, à la fois littéraire et politique. Il relie un moment qu'il vécut en communauté dans les Cévennes au début du XXIe siècle à l'expérience du Contadour dans les années 1930, où Giono, écrivain et citoyen pacifiste, rayonna. Lecteur hyper sensible d'un Giono plein d'élans et d'utopies, l'auteur propose une nouvelle entrée dans l'oeuvre du géant de Manosque. Ceux qui l'aiment revisiteront l'oeuvre des années 1920-30 avec un émerveillement grandi, et elle s'offrira à ceux qui la connaissent peu avec une étonnante fraîcheur. Amoureux de la langue de Giono, saturée d'inventions, Jean-Luc Sahagian nous restitue un moment de création littéraire intense à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Car dans les périodes de solitude et de découragement, les images, l'écriture, la joie, ce qu'il appelle l'expérience Giono est bien plus qu'une compagnie... c'est une force.
Victor Serge (1890-1947) a vécu quelques-uns des événements cruciaux de la première moitié du XXe siècle.
A la fois acteur et témoin, il fut constamment tiraillé entre les courants contradictoires agitant le socialisme : anarchisme, bolchevisme, trotskisme. Il croisa aussi quelques figures marquantes ou pittoresques : "les hommes perdus" de la bande à Bonnot, E Armand, Rirette Maîtrejean, Alexander Berkman et Emma Goldman, Andrés Nin, Zinoviev et Trotski, ou encore Jean Malaquais. Manquant d'être submergé par le premier totalitarisme du siècle, il en épousa un temps les mensonges.
Ce fut aussi, et avant tout peut-être, un écrivain. Si, comme le dit Orson Welles, "toute histoire est presque sûrement un mensonge", cette particularité de Victor Serge, révolutionnaire et écrivain, facilite sans doute un certain recul critique, mais aussi une pratique constante de la réécriture de sa vie. A travers son itinéraire, ses doutes, son courage, ses mensonges et sa douleur aussi, c'est toute la schizophrénie d'un temps qui se révèle ici.
Et sa grandeur. Son échec est celui de son époque et oblige à repenser les questions liées à notre désir de changer le monde.
En Arménie, au printemps 2018, c'est la révolution. L'ensemble du pays est sorti dans les rues pour déloger le pouvoir corrompu, en place depuis l'indépendance après la fin de l'URSS. Dans un récit enlevé, incarné, tout à la fois drôle et poétique, Jean-Luc Sahagian raconte de l'intérieur ce mouvement populaire auquel il participe et qui se dévoile dans toute sa puissance.
Lorsque l'obéissance meurt devant les yeux effarés des chefs, lorsque tout le monde, enfants compris, veut changer de système et qu'il y parvient, l'espoir renaît. Quelle que soit l'issue, personne ne sort indemne de l'éblouissement de la révolte.
Jean-Luc Sahagian est notamment l'auteur de Victor Serge, l'homme double (Libertalia).
Est-ce un nouveau genre de carnet de voyage, s'agit-il d'un conte, d'une façon de dire une histoire d'amour, d'une rencontre, de retrouvailles avec un pays que l'on n'a jamais connu ?
Illustrations de Varduhi Sahagian.