Livre pionnier, fondateur d'une véritable histoire littéraire, le travail de Juvénal Ngorwanubusa ouvre les portes d'une Francophonie parmi les plus secrètes et les plus méconnues. Une Francophonie dont le passage des grandes traditions orales à l'écriture en français commence à s'opérer dès la fin du XIXe siècle, au moment même où la tutelle coloniale allemande cherche à se mettre en place mais doit faire face à la résistance farouche du roi Mwezi Gisabo. Une Francophonie dont la réalité sera dès lors plus lente à se faire reconnaître que dans d'autres aires francophones
À peine le paysan Birori a-t-il quitté son village natal pour Bujumbura qu'il y brûle de se marier malgré ses moyens dérisoires. Pressé et bravant la coutume, il envisage de convoler avant la levée de deuil définitive de sa mère Inantango. Maniaque de la tradition, son frère aîné Gatuku s'y oppose. Mais après mille péripéties, Birori finit par contracter un mariage dispendieux avec la dénommée Gasenkere aux moeurs dissolues. Elle ne tarde pas à l'abandonner pour un autre. Déçu par la ville, le délaissé regagne la campagne pour tenter de s'y reconstruire. La fête des retrouvailles remplira-t-elle toutes ses promesses ? Birori le découvrira à ses dépens. Entre rires et larmes, Juvénal Ngorwanubusa dépeint dans une langue subtile une Afrique rurale et une autre urbaine, deux faces faussement irréconciliables.
Troisième volet du Grand OEuvre consacré par Juvénal Ngorwanubusa à son pays, le Burundi, ce livre se penche cette fois sur l'image que les romans, belges et français, du XXe siècle, donnent de ces contrées qui bordent le lac Tanganyika. Ce faisant, l'auteur convie son lecteur à une nouvelle exploration du XXe siècle mais aussi à une étude minutieuse de la persistance des clichés dans l'imaginaire littéraire occidental, particulièrement lorsqu'il s'agit de pays jadis qualifiés d'exotiques et d'événements tragiques liés aux Indépendances et à leurs suites. Ces événements, l'on persiste souvent à les décrypter à partir des seuls schémas de lecture occidentaux. Bel outil de méditation par ailleurs sur les relations Histoire/Fiction, notamment à l'égard de pays éloignés, cette étude concerne aussi bien les fictions de Pierre Ryckmans, qui fut gouverneur général du Congo belge et du Ruanda-Urundi, que SAS broie du noir de Gérard de Villiers. Elle amène subtilement, et indirectement, à une précieuse connaissance d'un pays francophone parmi les plus méconnus. Où l'on constate aussi que la Fiction n'est pas Tout.