Montagne de Bueren, un matin de septembre / tu te souviens d'avoir été ce lent grimpeur / combien de fois déjà dans l'ombre ou la lumière / seul ou accompagné du fantôme / d'un poète qui boite / et te parle de Liège en rêve et en ivresse : / « Mis bout à bout tous les escaliers de Liège / conduiraient à la lune ou au centre de la terre / L'entrée des escaliers souterrains se trouve / au pied des remparts d'Hocheporte / Porte secrète dissimulée sous les fleurs » / Il est encore là et te parle à l'oreille / de sa voix précise, sinueuse et insinuante / interrogeant ta vie et ses envies muettes / cette vie aujourd'hui à / l'image de quoi ? / de quel piètre gâchis ? / Tu t'es trompé Tu as trompé / Tu t'es trahi Tu as trahi / Tu as plongé et nagé en eaux troubles / Tu as élevé le mensonge en principe vital / et tu es encore là / Tu as abandonné On t'a abandonné / Tout le monde te manque / Où dorment tes amis ?
Karel Logist est un voyageur au long cours. Il a pris soin de tout emporter sous d'autres tropiques, sans oublier son séismographe du coeur humain et des vicissitudes de l'existence. Comme il a le don d'ubiquité et maîtrise l'uchronie, vous le rencontrerez ici ou là, hier et demain, toujours dans le présent. Il mise sur l'écriture, sachant pertinemment qu'un coup de « Dés d'enfance » jamais n'abolira le hasard. Mais par quel subterfuge cet habile faiseur de merveilles langagières pouvait-il insuffler plus de vie encore à son univers poétique ?
Et voilà que soudain cela se produisit, comme par enchantement, mais surtout grâce à l'inventivité de Jean-Yves Picalausa et de Michaël Clukers, qui, tels d'antiques aèdes ou de très glorieux trouvères, se mirent à jongler avec la phrase logistienne ainsi que les otaries au cirque vous pointent le ballon du bout du nez. Dès lors, de poésie lue à voix silencieuse, la poésie de ce Karel aimé des dieux prit la voie de l'art tragi-comique et de la profération.
La Compagnie du Caniveau + Karel Logist = cocktail détonant, explosions de rires ou sanglots longs, émotions, charmes, fables de voleurs de talent ; vous vous enivrerez bien baudelairement, sans jamais être tout à fait rassasié ; n'hésitez pas à en redemander, ils se feront tous trois un plaisir...
Quand on demande à Monsieur Belle comment et où il va invariablement il répond « vers l'été. » Pour mieux appuyer ses dires, il se coiffe d'un chapeau de paille.
Il y emprisonnera dès juillet le soleil (si l'occasion s'en présente) et, affirme-t-il haut et fort, ne le libérera qu'en échange d'une forte rançon.