Massada : tes syllabes chantent quand je les laisse sonner à mon esprit. Je les murmure, et elles suffisent à me faire du bien. Tu es la forteresse de montagne. La haute retraite. Tu es l'Imprenable.
Après la chute de Jérusalem, noyée dans le sang, les derniers rebelles juifs ont trouvé refuge à Massada. Mais les Romains sont opiniâtres, et le siège dure depuis des mois.
Là-haut, Hagar et son petit frère accomplissent les corvées d'eau et écoutent les grands parler du Tout-Puissant, qui pourrait encore venir les délivrer. En bas, dans le village de fortune où se côtoient ceux qui servent l'armée, Djanu, 15 ans, se voit déjà adopté par le général lorsque sa rencontre avec une putain égyptienne, obsédée par la citadelle, bouleverse son désir et ses ambitions. Avant que la terrible rampe d'assaut n'atteigne son but, Djanu fera tout pour qu'elle se livre à lui, corps et âme.
Dans ce roman d'apprentissage où l'Antiquité sert de miroir, Sylvestre Sbille interroge notre spiritualité moderne. Il ressuscite, dans le bruit et la fureur, l'un des épisodes les plus fascinants de l'histoire des hommes.
« Youra convoque les forces de la nuit, comme dans un opéra magique, dans un conte maudit, un roman gothique. Il avance sans peur ni haine vers un destin déjà écrit. Il a décidé que tout était dit ; il n'y a plus qu'à faire. Les actes seront posés et advienne que pourra, son destin est en marche, et celui de tous ceux vers qui il roule. » Youra est un jeune médecin bruxellois, idéaliste, interdit d'exercer car juif. Avec sa bande d'amis, il continue de défier le couvre-feu, d'écouter de la musique prohibée, de refaire le monde. Ce soir d'avril 1943, Youra va même passer à l'action. Avec deux copains d'enfance, il a décidé de tenter ce que les partisans jugent insensé : arrêter le train qui part pour les camps.
Séducteur, polyglotte, intellectuel jusqu'à l'obsession, Youra sait que la « nuit du train » fera de lui quelqu'un d'autre. Plongé dans les eaux troubles de la Résistance et confronté à celles de la collaboration, il interroge les motivations conscientes et inconscientes qui poussent à risquer sa vie, et à regarder l'ennemi dans le blanc des yeux.
Sylvestre Sbille réussit, dans un premier roman empreint de réalisme magique, le tour de force d'inoculer à son lecteur toute la fureur de vivre d'individus éblouissants, surnageant dans la vase noire de l'Occupation.