Un romancier poète, confiné dans un appartement de la côte en compagnie d'une femme aimée, se souvient d'avoir rencontré tout au long de sa vie des personnalités aussi diverses que Michel de Ghelderode, Montserrat Caballé ou René Magritte. Il évoque, dans des décors oubliés, des visages inconnus comme autant de fantômes de temps révolus...
Faut-il attribuer la vierge Wilhemstein à un maître oublié du XVe siècle, ou à l'étrange personnage qui peu à peu envahit le récit ?
Dans les semaines qui précèdent l'invasion de la belgique, joseph et leni, deux écrivains, trouvent refuge dans un hôtel d'ostende.
Lui est autrichien, elle allemande, ils viennent de paris et des hôtels de la rive gauche. lui écrit beaucoup depuis plusieurs années et est alcoolique. elle a publié un roman à succès dans l'allemagne des débuts du nazisme et a vingt ans de moins que lui. a ostende, leur histoire se cristallise et prend les accents d'un film d'avant-guerre avec tous ses excès romanesques. une sorte d'hyperfilm naturaliste du samedi-soir.
Par ailleurs, le roman est entrecoupé de chapitres d'entretiens entre l'auteure ursula baum et un certain franz, quarante ans après, à l'hôtel des thermes d'ostende. on découvre que tous deux se sont connus, mais à des âges différents, au cinéma éden, à saint-dié, une petite ville de l'est de la france. ainsi, comme il y a des romans dans le roman et des films dans le film, au bord du monde est un roman dans le film, et un roman du film, tout en étant un film du roman en train de se faire.
On y vit, on croit y mourir mais on survit, ailleurs, dans une autre dimension, celle du cinéma comme monde plus réel que la vie et, en somme, plus désirable. serait-ce l'ombre alliée à la lumière du cinéma eden sur l'écran de nos imaginaires ?.
En maître de l'illusion, l'auteur fait apparaître autant de personnages que de reflets : l'Enfant et Vivian, Lou et Yvo, Emily et Sandrine, diverses statures d'ambassadeurs en Inde, in fine la figure mythique d'un passager du temps à Venise, comme s'il nouait devant nous le noeud même d'un mystère qui est la vie, tout en nous disant, sourire en coin : « Essayez donc de trouver le truc. » Le roman Lointains secrets est suivi d'une nouvelle intitulée Les beaux enfants.
Il pensa au sable brûlant d'Égypte, à ces coffres funéraires qu'il avait laissés à Marseille sous la garde d'un ami à moitié malhonnête, mais enfin, il fallait se fier aux hommes de temps à autre et celui-ci avait peut-être assez d'honneur dans la filouterie ; et puis, n'avaient-ils pas partagé tout dans le désert... De ces coffres peints Liam de Wick et cet ami espéraient, sinon la fortune, quelque aisance. Liam avait en outre dans ses poches des bijoux d'or, aussi étranges que beaux et, dans un sac de cuir à la selle de son cheval, un fort rouleau de papyrus qui, si l'on avait voulu le dérouler, aurait demandé le parquet d'une galerie dans toute sa longueur. Certes, pas une Parisienne ne songerait à se parer de ces bijoux étranges, alors qu'ils plairaient à coup sûr à quelque savant riche, qui sait, plus intéressé encore par le rouleau que Liam n'était jamais parvenu à dérouler tout à fait et qui, de toute façon, était promis ; mais il envisageait aussi de produire aux yeux des amateurs de petites effigies de faïence fort étranges, une statuette de bois fruitier de neuf pouces représentant un homme nu, le sexe circoncis, en position de marche, raide, la tête haute, coiffé au bol de cheveux noirs, saisissant de vérité : le serviteur d'un dieu sans doute, remonté du fond des âges. Cette statuette se trouvait dans cette même sacoche avec le rouleau et des châles brodés, de petites boîtes à onguent, bien curieuses, parfois sexuées elles aussi, avec précision. Liam de Wick comptait sur la lubricité des hommes. Il avait appris cela au Caire, entre autres choses, mais il était demeuré le jeune homme au beau visage, aussi pauvre que libre, riche d'avenir seulement, qui chevauchait, il y avait quatre ans à peine, sur la falaise de ce pays de Wick qui l'avait vu naître noble et sans fortune, un garçon de seize ans assez aventureux pour franchir des montagnes, traverser des mers, des déserts et faire amitié, au jour anniversaire de ses vingt ans, autour d'un feu bohémien sans crainte aucune. C'est qu'en quatre années il en avait tant vu qu'il craignait moins celui qui n'a rien que celui qui a déjà beaucoup et en veut davantage encore.