Dialogue à plusieurs niveaux de narration entre une jeune femme en quête de sa vocation à New York à la fin des années 70 et l'écrivaine chevronnée qu'elle est devenue quarante ans plus tard, ce «portrait de l'artiste en jeune femme», virtuose, incisif et poignant, septième roman de Siri Hustvedt, rassemble et magnifie les thèmes qui ont fait la renommée internationale de l'autrice : le temps comme étrangeté, la violence et la cruauté du patriarcat, la capacité de l'imaginaire à recréer le présent, voire à le guérir.
Au milieu des années 1970, à New York, deux couples d'artistes ont partagé les rêves de liberté de l'époque, ils ont fait de l'art et de la création le ciment d'une amitié qu'ils voulaient éternelle et, quand ils ont fondé leur famille, se sont installés dans des appartements voisins. Rien n'a pu les préparer aux coups du destin qui vont les frapper et infléchir radicalement le cours de leurs vies...
Siri Hustvedt convie ici à un voyage à travers les régions inquiétantes de l'âme : bouleversant, ambigu, vertigineux, Tout ce que j'aimais est le roman d'une génération coupable d'innocence qui se retrouve, vingt ans plus tard, au bout de son beau rêve.
Incapable de supporter plus longtemps la liaison que son mari entretient avec une femme plus jeune qu'elle, Mia quitte brusquement New York pour se rendre dans le Minnesota et se réfugier quelque temps auprès de sa mère octogénaire. Parcours d'une femme blessée en forme de "lecture de soi" et d'inattendue épiphanie personnelle, ce roman solaire - féministe au meilleur sens du terme - irradie d'une énergie aussi rebelle que stimulante.
Après sa disparition, une artiste plasticienne fait l'objet d'une enquête menée par un professeur d'esthétique auprès de tous ceux qui, de près ou de loin, l'ont côtoyée. Cet envoûtant thriller intellectuel redistribue avec brio les thèmes chers à Siri Hustvedt et constitue une inoubliable plongée dans les arcanes de la création comme de l'âme humaine, explorées ici par une romancière au sommet de son art.
De retour à New York après l'enterrement de leur père, dans le Minnesota, Erik Davidsen, psychiatre divorcé, et sa soeur, Inga, veuve dévastée et récente d'un écrivain célèbre, découvrent la lettre qu'une femme a jadis adressée au disparu et par laquelle ils apprennent que leur père aurait naguère été impliqué dans une mort mystérieuse. Dès lors, dans une Amérique toujours traumatisée par les événements du 11 Septembre survenus quatre ans plus tôt, tous les personnages qui gravitent autour de la famille Davidsen vont, de proche en proche, être amenés à se confronter à la part la plus opaque de leur être.
Conjuguant la mémoire de l'immigration et le thème du secret de famille, pointant les ambiguïtés de la transmission et la difficulté pour tout individu de réinventer sa vie, Siri Hustvedt écrit ici le roman compassionnel de l'inconscient d'une Amérique déchirée entre l'apparente infaillibilité de ses mythologies fondatrices et la profondeur des désarrois qui l'habitent aujourd'hui.
Dans une bourgade du Minnesota, où tout le monde se connaît, et où commérages et crédulité font bon ménage, la jeune Lily Dahl découvre la vie. C'est son premier amour, pour Edouard Shapiro, artiste juif new-yorkais dont l'étrangeté inquiète ses concitoyens. C'est encore l'amitié avec un professeur à la retraite, Mabel, vieille dame toute de finesse et de tendre sagesse. Mais c'est aussi l'envoûtement par une série de phénomènes qui se produisent autour de Lily Dahl comme si elle les attirait, et dont elle dénouera le mystère avec une téméraire obstination.
"Pour moi, Klaus demeurait un jeune homme, en dépit du fait que les gens qui me connaissaient sous ce nom ne me prenaient jamais pour un garçon. Le fossé entre ce que j'étais bien obligée d'admettre devant les autres - à savoir : que j'étais une femme - et mes rêves intérieurs ne me dérangeait pas. En devenant Klaus la nuit, j'avais effectivement brouillé mon genre. Le costume, mon crâne tondu et mon visage nu modifiaient la perception que les gens avaient de moi, et à travers leurs yeux je changeais de personnalité. Jusqu'à ma façon de parler changeait quand j'étais Klaus".
Entre ombre et lumière, entre nuit et jour, dans la ville superlative, New York - elle-même personnage à part entière de ces récits -, Iris Vegan, la narratrice, fait l'expérience d'étranges rencontres et de singulières transformations de sa propre identité.
Polyptyque à quatre volets, Les Yeux bandés a marqué, lors de sa publication en 1993, l'entrée en littérature d'un talent subtil et incontestable, celui de Siri Hustvedt.