helene frappat
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Le gaslighting ou l'art de faire taire les femmes
Hélène Frappat
- Points
- Points Féministe
- 7 Mars 2025
- 9791041417209
Une dénonciation de comment le gaslighting contribue à la perpétuation des inégalités de genre
Issu du film Gaslight de Georges Cukor, le terme gaslighting désigne à l'origine une relation conjugale reposant sur la manipulation d'une femme par son époux. Il est depuis devenu un mot-clé de la psychologie américaine, puis un enjeu féministe. Le repérer, c'est d'abord pointer les abus subis par les victimes, le plus souvent des femmes, ainsi que le processus mis en oeuvre pour brouiller le statut de victime - le gaslighteur est maître dans l'art d'inverser les rôles . C'est ensuite élucider comment les fondements de la réalité, voire de la vérité, sont progressivement sapés. Car cette notion, qui permet de retracer comment les femmes ont été réduites au silence , est devenue une arme politique dangereuse. -
Au printemps 2020, les trois filles de Lara retournent au verger familial dans le Nord du Michigan. Tout en cueillant des cerises, elles supplient leur mère de leur raconter l'histoire de Peter Duke, un célèbre acteur avec lequel elle a partagé à la fois la scène et une idylle l'été de ses vingt-quatre ans. Tandis que Lara se remémore le passé, ses filles examinent leur propre vie et leur relation avec leur mère, et sont amenées à reconsidérer le monde et tout ce qu'elles croyaient savoir. Empreint d'espoir, élégiaque, le neuvième roman d'Ann Patchett est une méditation sur l'amour - conjugal, de jeunesse - et les vies que les parents ont menées avant la naissance de leurs enfants.
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Quand le cinéma et la vie s'allient pour fabriquer du romanesque féroce, l'oeil de l'écrivaine s'allume. Qu'ont en commun "Les Oiseaux", "Marnie", "Body Double", "Working Girl", "Le Bûcher des vanités" et "Cinquante nuances de Grey" ? Autrement dit, deux indéboulonnables classiques d'Alfred Hitchcock, la bande image des années 1980 et le plus grand phénomène de porno-soft de notre époque ? Leurs héroïnes : Tippi Hedren, Melanie Griffith, Dakota Johnson, trois femmes activement disparues de mère en fille...
Sur le mode d'une narrative non-fiction réinventée, Hélène Frappat signe une enquête arachnéenne sur le réel proprement surréaliste d'une lignée de stars hollywoodiennes maudites. Et nous fait voir comme jamais ce que nous avions pourtant sous les yeux depuis le début. -
Les origines du totalitarisme Tome 1 : Sur l'antisémitisme
Hannah Arendt
- Points
- Points Essais
- 3 Janvier 2025
- 9791041420827
« Ce livre constitue une tentative de compréhension de faits qui, au premier coup d'oeil, et même au second, semblaient simplement révoltants.
Comprendre, toutefois, ne signifie pas nier ce qui est révoltant et ne consiste pas à déduire à partir de précédents ce qui est sans précédent [...]. Cela veut plutôt dire examiner et porter en toute conscience le fardeau que les événements nous ont imposé, sans nier leur existence ni accepter passivement leur poids, comme si tout ce qui est arrivé en fait devait fatalement arriver. »
Hannah Arendt
Sur l'antisémitisme est la première partie de l'oeuvre magistrale de Hannah Arendt, Les Origines du totalitarisme (New York, 1951), qui inclut aussi L'Impérialisme (« Points Essais » n° 356) et Le Système totalitaire (« Points Essais » n° 307).
Hannah Arendt (1906-1975)
Élève de Heidegger et de Jaspers, elle s'exile aux États-Unis en 1941. Elle y enseignera la philosophie et les sciences politiques dans les universités les plus prestigieuses. -
Les origines du totalitarisme Tome 2 : L'Impérialisme
Hannah Arendt
- Points
- Points Essais
- 3 Janvier 2025
- 9791041420834
L'impérialisme fit son entrée sur la scène mondiale en Afrique. Voici venu le temps de la race comme fondement du corps politique, de la bureaucratie comme principe de domination. Aucune considération éthique ne doit entraver la domination blanche.
L'expansionnisme continental, l'éveil des minorités, les mouvements de réfugiés consécutifs à la Première Guerre mondiale achèvent de saper l'État-nation. Mépris de la loi, éclatement des partis : l'Europe travaille avec acharnement à l'avènement du système totalitaire.
L'Impérialisme est la deuxième partie de l'oeuvre magistrale de Hannah Arendt, Les Origines du totalitarisme (New York, 1951), qui inclut aussi Sur l'antisémitisme (« Points Essais » n° 360) et Le Système totalitaire (« Points Essais » n° 307).
Hannah Arendt (1906-1975)
Élève de Heidegger et de Jaspers, elle s'exile aux États-Unis en 1941. Elle y enseignera la philosophie et les sciences politiques dans les universités les plus prestigieuses. -
Le Premier Chat qui a posé une patte sur Mars
Hélène Frappat
- Actes Sud
- Albums
- 19 Mars 2025
- 9782330202279
C'est l'histoire de Vampirou, un chat imposant... qui a peur de tout, même de son ombre ! Quand le père de Sacha part en mission dans l'espace, il confie son petit garçon à son chat, mais pour ce dernier, impossible d'avouer qu'il a trop la frousse pour protéger qui que ce soit. C'est sans compter sur la maman de Sacha qui lui ordonne aussi de chasser les souris de l'immeuble. L'angoisse ! L'aide inattendue d'un vieil ennemi pourrait bien permettre à Vampirou de vaincre sa peur et réaliser son rêve : devenir le premier chat à poser une patte sur Mars.
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Danny et Maeve, un frère et une soeur unis par un amour indéfectible, ne cessent de revenir devant leur ancienne demeure se heurter aux vitres d'un passé douloureux. Cette imposante Maison hollandaise, écrin des joies et des peines de leur enfance, source de leurs malheurs, les attire comme un aimant. À travers le destin de ces deux quasi-orphelins, Ann Patchett, en déchiffreuse éclairée de l'âme humaine, signe un roman pénétrant sur l'abandon, le pardon, les liens filiaux et le rapport que chacun d'entre nous entretient avec le passé.
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Baltimore, 1965. Maddie est la femme au foyer parfaite, mariée depuis presque vingt ans à l'un des représentants de la bonne société locale et mère d'un adolescent. Un soir, sur un coup de tête, elle décide de tout plaquer. Elle veut retrouver sa liberté, et s'accomplir professionnellement, en devenant journaliste.
Lorsque le corps d'une jeune femme noire est retrouvé dans un lac, Maddie y voit l'occasion de se faire un nom et faire la lumière sur ce crime, malgré l'indifférence générale. Un roman à suspense formidablement mené, où s'incarnent racisme, sexisme et rapports de classes dans l'Amérique des années 1960.
A découvrir en babel. Une héroïne que vous n'êtes pas prêts d'oublier. -
Pour échapper, le temps d'un dimanche, à sa propre famille, Albert s'incruste au baptême de Franny, la fille d'un vague collègue, et succombe à la beauté renversante de sa mère, Beverly. Quelques années plus tard, Albert et Beverly se marient. Chaque été, leurs enfants se retrouvent tous chez eux, en Virginie, formant une petite tribu avide de liberté, prête à tout pour tromper l'ennui. Mais un drame fait voler en éclats le rythme et les liens de cette fratrie recomposée. Un roman somptueux qui accompagne sur cinq décennies des personnages lumineux, extraordinairement attachants.
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Un beau brun mystérieux fait escale dans le bar d'un minuscule bled du Delaware. Il est aussitôt séduit par une rousse dont le corps incendiaire contraste avec l'attitude glaciale. Comme dans le classique du genre «Le facteur sonne toujours deux fois», ils s'attirent et se repoussent tels des aimants, sous l'oeil placide de deux habitués et le regard jaloux de la serveuse. Mais sur ce canevas éprouvé, Laura Lippman joue bientôt sa propre partition.
De dialogues nerveux en retournements stupéfiants, elle alterne les histoires que chacun se raconte pour explorer un jeu de masques, toujours sur le point de virer au jeu de massacre, s'il n'y avait le coeur brûlant du récit, qui ne cesse de muter : le désir. Celui de deux êtres en rupture de ban le temps d'un été qui pourrait être le dernier, celui d'une héroïne qui change de vie, d'identité et de mari comme de couleur de cheveux, et qui décide de prendre en main son destin, en se heurtant à tous ces impossibles qui jalonnent les love stories réussies. Et font les plus grands romans noirs.
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Réserve ta dernière danse pour satan
Nick Tosches
- Éditions Allia
- Petite Collection
- 27 Juillet 2012
- 9782844855817
États-Unis, années 50. Nick Tosches nous entraîne dans les débuts de l'industrie du rock'n'roll, dans les magouilles et autres règlements de compte qui jalonnent son histoire. il explore avec l'acuité du journaliste et la langue emportée de l'écrivain les coulisses d'une industrie qui a délaissé de grands musiciens aujourd'hui injustement méconnus, tant lLa compétition entre maisons de disques et la mafia en ont brisé quelques-uns... Et, au passage, Tosches prend un malin plaisir à détrôner les icônes, tels Elvis et les Beatles, ce "groupe de filles idiot avec des organes génitaux mâles".
Truffé d'anecdotes, ce panorama littéraire de la scène rock présente les qualités d'un véritable documentaire, la neutralité en moins : le ton irrévérencieux est de mise et il réjouit.
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Mary MacLane a dix-neuf ans quand elle publie en 1902 son premier livre, Que le diable m'emporte. oeuvre anticonformiste à la liberté souveraine, ces confessions aussi sulfureuses que courageuses firent sensation à l'époque, puisque cent mille exemplaires se sont vendus dès le premier mois de leur publication. Mary MacLane y décrit l'ennui et les aspirations à contre-courant d'une jeune fille du Montana. Tour à tour drôle, poétique et sensuelle, elle y fait étalage de ses fantasmes et proclame son génie tout en défendant des idées philosophiques scandaleuses.
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Le livre : Sous réserve se présente comme un mille-feuilles, fait de couches différentes, qui se superposent, s'imbriquent, se répondent. Le livre s'ouvre sur la lettre passionnée qu'une admiratrice adresse à Kant et dans laquelle il est question du mensonge et de la vérité, thème qui, avec celui du secret et de la révélation traverse tout le livre sous différentes formes. On y trouve aussi des extraits d'une correspondance de Rousseau avec Mme de la Tour, qui alternent avec la voix personnelle de la narratrice ou celle d'un personnage
mystérieux, dont l'identité ne se dévoilera qu'à la fin du récit. Peu à peu, le puzzle se met en place, la fiction émerge entre les citations, et tous ces fragments, dont la construction rappelle le montage cinématographique ou les clichés photographiques en viennent à former une seule et même histoire qui tient le lecteur en haleine, dans une sorte de suspense philosophique. Entre le mensonge et le silence, il y a la réserve, point de rencontre entre les différents
parcours qui tissent l'ouvrage.
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En chinant aux Puces de Clignancourt, le narrateur ou la narratrice, on ne sait pas au juste, acquiert une caisse de films de famille datant des années 50. Il y découvre alors Aurore, une jeune fille issue d'une famille bourgeoise, filmée par son père puis par son fiancé jusqu'à ses trente ans. L'étonnement survient quand, aux images de la jeune fille se superposent les rêveries et l'histoire d'A., jeune télépathe. Le mystère s'avère d'autant plus troublant que le doute grandit quant à l'assimilation de l'identité des deux personnages : A. et Aurore. Sous des dehors séduisants, dans l'atmosphère classique et surannée d'une famille de la bourgeoisie provinciale de type chabrolien, Par effraction parvient à entraîner le lecteur au coeur même des problématiques du monde contemporain. L'auteur ne cesse de mettre à mal la frontière fragile qui sépare la sphère publique de la sphère privée, invitant ainsi le lecteur à poser un regard réflexif sur la réalité, toute relative, du monde dans lequel il évolue.
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En convalescence Dencombe, écrivain, reçoit de son éditeur son « dernier paru ». Happé, il le relit et pense qu'il y a atteint l'acmé de son art. Cet ouvrage s'intitule La Seconde Chance .
Or, Dencombe est alors au crépuscule de sa vie. Un sentiment de frustration intense le saisit. Pourtant, cette lecture lui laisse entrevoir un sursis : la rencontre avec le jeune docteur Hugh. Lui-même est en train de lire l'ouvrage, qu'il salue comme le meilleur de l'écrivain. Celui-ci, inavoué, reste à ses côtés entendre avec délice les éloges du jeune homme. James multiplie les métaphores les moins conventionnelles qui soient et déplie avec virtuosité une ironie voilée. Texte qui, contre toute vanité d'auteur, dit quelques vérités sur l'art d'écrire et les flux de conscience qui obsèdent tout écrivain.
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Obsédée par le rêve d'une maison qui la hante, une jeune femme qui fait visiter des appartements à Paris est le témoin de la très mystérieuse disparition d'un enfant. Trouvera-t-elle dans son rêve la clé de l'énigme du réel ? Des ruines du Parc Monceau à la lande galloise, entre les malédictions du passé et les divers déguisements de la vérité, Lady Hunt réinvente le roman gothique anglais et toutes les nuances du sortilège.
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En 2004, au Vatican, Alex et Simon - deux frères, l'un prêtre catholique de l'Église d'Orient, l'autre prêtre catholique de l'Église d'Occident - sont emportés dans la tourmente après un meurtre lié à l'imminence d'une révélation retentissante relative à la relique la plus fascinante et la plus contestée de la chrétienté, le suaire de Turin. À travers l'enquête parallèle et clandestine que mène Alex pour sauver son frère, accusé du pire péché qui soit, l'auteur explore le Vatican, et les Évangiles, de manière inédite.
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Petite déjà, Emmanuelle portait un chemisier Cacharel en liberty dont les pointes du col percent encore le coeur de L., vingt ans plus tard. Petite déjà, L. semblait vivre son enfance à travers celle de son amie, en spectatrice attentive, discrète, ultrasensible. Nul frôlement surpris de loin dans les ombres floutées de la grande maison de la vallée de Chevreuse, siège de secrets tus où elle n'était qu'invitée de passage, ne lui a échappé. Il n'est pas de silence, complice ou contrit, flottant entre les parents d'Emmanuelle ou entre l'enfant et sa mère, qui ne résonne encore à son oreille. De cette vie voisine, elle n'a rien raté, sinon les vingt années qui viennent de s'écouler, passées à rater un peu la sienne mais comme on manque un train.
C'est dans le train, justement, celui qui l'entraîne vers les retrouvailles inattendues, inespérées, avec Emmanuelle, que la jeune femme devenue mère d'un petit garçon à moitié italien réorganise aujourd'hui ce passé ébréché, dans le reflet des vitres brouillé par le paysage - qui toujours peut en cacher un autre.
Roman historique de l'instant, INVERNO commence comme un polar, fait mine parfois de taquiner le mélo et dessine en condensé, sans en avoir l'air, - comme les enfants tracent des visages dans la condensation sur les vitres des trains (toujours les trains) - le destin de trois générations de femmes. Dans un geste esthétique à la grâce inquiétante, l'auteur tisse une structure en lanterne magique, qui bouleverse la chronologie pour mieux saisir la vérité d'un soupir, la blessure d'un regard, le tressaillement d'un coeur.
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La carrière de ce réalisateur italien (Rome 1906 - id 1977) débute sous le signe du fascisme avec une trilogie de 1941 à 1943 : La nave bianca, Un pilota rit orna et L'uomo della croce. Une deuxième période commence en 1945 avec Rome ville ouverte que suivent : Païsa (1946), Allemagne année zéro (1948), Onze Fioretti de François d'Assise (1949), Europe 51 (1952). Avec Ingrid Bergman s'ouvre la période des chefs d'oeuvre : Voyage en Italie (1953), India (1958), Le Général Della Rovere (1959), Viva l'Italia (1961). Vient enfin la période tournée vers la télévision : L'Âge de fer (1964), La Prise du pouvoir par Louis XIV (1966).
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La vie de personne
Giovanni Papini
- Éditions Allia
- La Très Petite Collection
- 22 Janvier 2009
- 9782844852984
Pourquoi se fatiguer à relater une vie sans éclat ? N'est-ce pas se rabaisser au pathétique des héros et adresser des louanges imméritées à l'existence ? Voilà pourquoi Papini le provocateur se propose d'écrire, en 1912, une Vie de Personne, dédiée à Personne et qui se fout bien des règles du monde. Esthète bavard, agitateur volubile, il nous raconte un morceau de notre vie qui nous échappe ; ce moment qui dépasse la mémoire et commence par l'acte d'amour : « Moi je me rappelle avoir été germe barbotant dans le sperme des testicules paternels et je me rappelle avoir eu depuis lors une volonté extrême de vie et de liberté. » Et effectivement, ce gamète enragé s'installe dans le ventre de sa mère pour prospérer sans égard pour elle. Ce voyage intra-utérin offrira à l'embryon l'opportunité de clamer sa haine envers ses géniteurs, son insatiable et absurde désir de vivre ; avant d'éclore enfin, de s'affranchir par la naissance - ce premier sanglot qui ne s'arrête jamais.
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Jacques Rivette, secret compris
Hélène Frappat
- Cahiers Du Cinema
- Cinema Auteurs
- 30 Avril 2001
- 9782866422813
Jacques Rivette est parmi les cinéastes de la Nouvelle Vague celui qui reste aujourd'hui encore le plus mystérieux. Premier ouvrage à lui être consacré, le titre de ce livre en porte la trace : « Secret compris », c'est le fil conducteur qu'a suivi Hélène Frappat pour analyser les films, enquêter sur l'oeuvre. La construction du livre, telle la règle d'un jeu, obéit à cette logique qui est aussi celle des films de Rivette. Hélène Frappat reconstitue son parcours de critique, de metteur en scène, en accumulant les indices : les écrits du brillant critique des Cahiers du cinéma, le tournant historique de la revue lorsqu'il en devient le rédacteur en chef, les scénarios, les films bien sûr, sans omettre les versions longues, les projets non aboutis, ni les deux documentaires, l'un sur Jean Renoir (le Patron), l'autre, plus de vingt ans plus tard, sur Jacques Rivette lui-même (le Veilleur) ; les témoins enfin, complices privilégiés dont Rivette n'hésite pas à déclarer qu'ils sont souvent à l'origine de ses films.
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Effarement et exubérance, enracinement et étrangeté : dans ce nouveau roman, Jhumpa Lahiri pousse l'exploration des thèmes qui sont les siens à leur limite. La femme qui se tient au centre de l'histoire est professeur, elle a quarante ans et pas d'enfants. Elle oscille entre immobilité et mouvement, entre besoin d'appartenance et refus de nouer des liens. La ville italienne qu'elle habite, et qui l'enchante, est sa confidente : les trottoirs autour de chez elle, les parcs, les ponts, les piazzas, les rues, les boutiques, les cafés... Elle a des amies femmes, des amis hommes, et puis il y a "lui", une ombre qui la réconforte et la trouble tout à la fois... Le tour de force de ce beau roman, écrit dans une langue à la fois très simple et précise consiste à faire de cette anti-héroïne spectrale un personnage qui prend progressivement une véritable épaisseur charnelle et fictionnelle, et de ce non-roman une fiction tendue par un suspense transformant ces intrigues dérisoires en matière à un «page turner »d'un genre fantomatique et mystérieux. Premier roman de Jhumpa Lahiri écrit en italien, «Où je suis »brûle du désir de passer les frontières et de forger une nouvelle langue littéraire.
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Un ancien mari tombe le masque en emportant mes bijoux ; une armée de traîtres complote dans l'ombre ; deux espionnes n'auraient jamais dû se rencontrer ; un bègue croise une kleptomane oublieuse des prénoms ; le jour tombe, serai-je encore en vie pour voir un autre jour se lever ? ; n'oublie jamais d'épouser ta couverture ; ma bague volée passe de doigt en doigt ; pendant ce temps, les enfants disparaissent ; écoute, et tu seras sauvée ; je serai l'espion qui unit : l'agent de liaison.
Je m'introduis dans une petite maison dont j'ai obtenu à grand peine l'adresse, et je fouille toutes les pièces, plongées dans le noir, à la recherche d'un coffret de bijoux. J'ai à peine trouvé la boîte que le locataire de ce pavillon de banlieue entre à l'improviste chez lui, et tente de m'arracher mes bijoux.
Nous nous trouvons ensemble je ne sais où. Nous sommes debout de part et d'autre d'un petit secrétaire qui nous sépare. Il a la morgue fuyante du mari de Joan Fontaine dans Soupçons. Je lui propose un marché : Rends-moi les bijoux, et en échange je te donne : TOUT.
J'aime la nuit. Je suis plus libre que le jour. Tout m'appartient au crépuscule. Je veux tout voir ; et j'ai presque tout vu. Il est toujours minuit pour moi. Lorsque le jour s'éclipse au ras des toits, que les angles précis des immeubles se détachent dans la masse blanche du ciel avant de se dissoudre en ombres noires, je sors de chez moi. A cette heure indécise où l'oeil humain perd ses repères, à cet instant que les militaires choisissent pour lancer les attaques sur les champs de bataille, je fais le guet, à l'affût de ce que les hommes du jour ne nous disent pas. La nuit, je surprends les crimes des traîtres et les manoeuvres félines des voleurs et des espions. La nuit, celui qui a des yeux pour voir et
des oreilles pour entendre constate que les mortels ne peuvent cacher aucun secret.
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Sur les petites et grandes trahisons de la vie, pas juste des histoires mais plusieurs fois «toute une histoire »que se font les personnages de Laura Morante face aux instants qui basculent, aux engrenages détraqués qui s'ébranlent, inexorables, vers les extrémités de l'absurde. Humour vachard, poésie inattendue, ambiguïté rouée, des contes cruels dépourvus de morale qui capturent l'étreinte du doute, le frisson de la précision, le vertige des conséquences. Une entrée en littérature discrètement magistrale.