Un musicien de jazz rencontre une femme dans un club. Un enfant naît. Mais alors qu'il est encore un nourrisson, une dispute entre ses parents vire au drame et la mère trouve la mort. Le père jette le corps du haut des falaises d'Étretat puis déclare la disparition à la police.
Dix ans plus tard, quand une connaissance affirme avoir aperçu sa compagne dans une communauté hippie en Bavière, le père, contraint de donner le change, s'y rend. Il tombe amoureux de Mado, serveuse à l'hôtel où il séjourne avec son fils. Mais bientôt une des pensionnaires confirme avoir elle aussi croisé son ex, laquelle, fascinée par le meurtre d'une jeune femme, aurait finalement gagné l'Irlande. Le père est acculé à poursuivre ses vraies-fausses investigations : direction le comté de Cork. Là-bas, il se lie à Marie, avocate de la jeune femme assassinée... Leurs ' recherches ' ne pouvant logiquement pas aboutir, père et fils rentrent à Étretat. Où le père voudrait pouvoir tourner la page.
Faux thriller, vrai road-movie, Il faut croire au printemps explore tout à la fois les liens entre un père et son fils, et le surgissement de l'amour. La charge est lourde, car entachée d'une culpabilité meurtrière. Mais le lecteur se laisse prendre à ce jeu de dupes, tant les rapports entre les êtres y sont subtilement dépeints.
Paris, 1984. Le lendemain de la mort de François Truffaut, Anne, responsable d'une importante photothèque cinématographique, débordée par les médias qui demandent des photos du réalisateur de la nouvelle vague, est de façon inattendue invitée à déjeuner par... Orson Welles.
L'artiste mythique, bien que vieillissant et en butte à des échecs répétés, n'a rien perdu de son élégance, de son charisme et de son appétit légendaires. Minuscule face à lui, troublée et impressionnée, la jeune femme a du mal à comprendre pourquoi il s'adresse à elle et quels repérages il lui demande pour son nouveau projet de film.
Il y a dans ce roman un ogre et une petite fille perdue. Ils se rencontrent à l'époque où les écrans triomphent une fois pour toutes grâce aux magnétoscopes et aux vidéoclubs. L'ogre s'appelle Orson Welles, la petite fille est une trentenaire accidentée de la vie, mais il arrive que les jeunes femmes voient clair dans le comportement de leurs idoles et les transforment en jouets de compagnie.
Un face-à-face tendu qui raconte à la fois les triomphes et les égarements d'un grand cinéaste et la solitude consentie d'une jeune femme singulière sauvée par la joie du cinéma.
Quand Susan Fox, directrice de l'école de filles Lovegood, choisit la radieuse Meredith Jellicoe pour partager la chambre de Feron Hood, elle a l'intention de faire oublier à cette dernière le passé traumatique auquel elle vient d'échapper. En fait, elle crée un lien puissant entre les deux jeunes filles, cimenté par un cours de littérature et d'écriture suivi en commun. Cette relation ne se brise ni quand Meredith doit prendre en catastrophe la tête de la plantation de tabac familiale suite à la mort de ses parents, ni quand Feron part faire sa vie à New York et y publie un livre, puis deux, puis trois. Au fil des années, ces deux femmes que tout sépare maintiennent ce lien sacré de sororité, qui leur permet de puiser l'une dans l'autre la force dont elles ont besoin pour avancer.
Dans un livre plein de finesse et de modernité, Gail Godwin peint deux épopées féminines qui se lisent en miroir. Meredith et Feron ne se rencontrent que très rarement, mais sont indispensables à la vie l'une de l'autre. Gail Godwin semble disséquer une amitié, deux coeurs, deux intelligences, avec un brio maîtrisé.
"La liste des trucs que Majella trouvait vraiment intéressants était beaucoup plus courte :
1. manger
2. Dallas
3. la chaîne payante Gold
4. Papa
5. Mémé
6. la Smithwick's
7. les antidouleurs
8. nettoyer
9. le sexe
10. les sèche-cheveux
Parfois, Majella pensait qu'elle devrait condenser la liste complète des trucs qu'elle n'aimait pas trop en la réduisant à un seul :
- les autres."
Majella, jeune fille un peu forte, vit avec sa mère dans la petite bourgade d'Aghybogey, en Irlande du Nord, où elle travaille dans une baraque à frites.
Des thématiques profondes, aussi bien qu'intimes - la disparition d'un père, la mort d'un frère, la jalousie familiale, le sort des femmes, la période des Troubles irlandais -, servies par un humour ravageur, argotique et poétique.
Jean Meckert raconte la tragédie des mains rouges, rouges de sang. Dans la montagne, le chef d'un maquis, M. d'Essartaut, ses deux jeunes filles, le pasteur Bertod et quelques camarades continuent, deux ans après la Libération, une épuration qu'ils pensent juste. Ils s'attaquent aux profiteurs, aux trafiquants, aux joueurs du double jeu. Jusqu'à ce que la mort de M. d'Essartaut, survenue au cours d'une expédition punitive, disperse le petit groupe, ces êtres assoiffés de pureté et de justice sont amenés à pratiquer le terrorisme et à commettre des meurtres, tout en se demandant amèrement si le monde contre lequel ils ont combattu n'était pas d'essence plus noble qu'une odieuse démocratie où le mythe de la Liberté ne sert que les puissants, les habiles et les crapules.
Passionnant document sur un moment d'histoire trouble et peu visité, ce roman est dans le même mouvement profondément humain.
Soho, quartier londonien populaire, se gentrifie à toute allure. Agatha, riche héritière, y possède des immeubles et projette de faire expulser ses locataires. Precious habite avec Tabitha les combles de l'un de ces immeubles, juste au-dessus du bordel où elle travaille. Il y a aussi Robert, ancien homme de main du père d'Agatha et client du bordel ; Lorenzo, cambridgien devenu acteur ; Cheryl alias Debbie McGee et Kevin alias Paul Daniels, un couple de SDF qui vivent dans les sous-sols ; Jackie Rose, policière qui enquête sur les personnes disparues et les réseaux de trafic sexuel. Ces trajectoires se croisent, formant un tissu cohérent : le récit de cette gentrification et des résistances qu'elle suscite. La bataille s'engage entre Agatha, décidée à faire évacuer l'immeuble pour y construire des restaurants et des appartements luxueux, et Precious, érigée en symbole des travailleuses du sexe qui perdraient tout si Soho perdait son âme pour devenir un quartier bourgeois.
Fiona Mozley met au premier plan des personnages de femmes fortes dans ce roman foisonnant, à la fois dramatique et burlesque.
La ville de plomb, c'est le titre d'un roman qu'écrit Marcel, un tout jeune dessinateur industriel, pour se libérer du quotidien, pour exprimer sa peine, ses espoirs et surtout l'impression pesante que fait le monde sur son âme d'adolescent. Mais la ville de plomb, c'est aussi Paris, le Paris de Belleville, que Jean Meckert, dans ce livre d'un réalisme puissant, fait vivre intensément grâce à une intrigue simple : Étienne et Marcel sont épris d'une dactylo, Gilberte. Leur inquiétude, leur timidité, leur inexpérience de la vie, leur sensualité qui se cherche les rendent tous trois terriblement maladroits.
Sans doute Gilberte trouvera-t-elle avec Marcel le chemin d'un bonheur possible... Rien n'est moins sûr. Le débat, si l'on peut dire, reste ouvert, ce débat navrant d'âmes de faibles avec un monde fort, fermé, un monde de rats, un monde impitoyable, un monde de plomb.
Alors qu'il vit ses derniers instants à Derry, Patrick Jackson se remémore une histoire de famille, marquée par le secret, le silence, et qui semble défier toutes les lois de la morale religieuse. Il se souvient de la mort d'une enfant de huit ans, dont le corps a été retrouvé sur le littoral du lough Swilly, au milieu d'un terre-plein appelé Inch Levels.
À l'hôpital, il reçoit la visite de sa soeur Margaret, une jeune femme perturbé e mais aimante, de son beau-frère Robert, qu'il méprise, ainsi que de sa mère, la rude et austère Sarah. Tous pourraient évoquer certains événements qui, aujourd'hui, semblent expliquer l'échec de leurs rapports familiaux ; mais chez eux, le non-dit est devenu une routine.
Un roman obsédant qui nous plonge au coeur des paysages hostiles, mais toujours sublimes, de la côte nord-irlandaise.
Un homme seul habite la maison que lui a léguée sa tante, dans le massif gallois des Black Mountains, occupant ses journées et ses nuits à lire les ouvrages de la bibliothèque. Un matin, il découvre une tente bleue dans son jardin, d'où sortiront au fil des jours des visiteurs étranges. L'une s'invite dans sa cuisine pour lui proposer du thé, un autre, aux allures de vagabond, entreprend sans tarder le réaménagement total du potager. Chacun raconte son histoire et prétend que la tente est la sienne. Le temps s'étire, les certitudes chancellent... Ce bal drolatique et incessant d'invités se poursuivra-t-il ou devro nt-ils tous retourner dans leur monde ?
Ce huis clos niché dans les montagnes galloises nous mène à des questionnements sur le rapport entre histoire et Histoire, entre rêve et réalité, et sur la vie comme énigme à déchiffrer, dans une ambiance de réalisme magique à la Jorge Luis Borges.
Après quarante ans d'exil, Maureen retourne à Cork, en Irlande, pour retrouver son fils, Jimmy, qu'elle a été forcée d'abandonner. Elle tue un inconnu par accident et déclenche une série d'événements, qui, comme des dominos, vont secouer toute la ville et révéler différents personnages en marge de la société :
Ryan, 15 ans, deale et donnerait tout pour ne pas ressembler à son père alcoolique ; sa petite-amie Karine, magnifique et issue d'une classe aisée, avec laquelle il vit un amour pur et passionné jusqu'à ce que la réalité les rattrape ; Tony, dont l'obsession qu'il voue à sa voisine menace de les détruire, lui et sa famille ; Georgie, une prostituée qui feint une conversion religieuse aux répercussions désastreuses.
Un livre puissant dont la force réside dans son amoralité.
En Irlande, à l'aube des années 1950, Eva Fitzgerald fuit les terres familiales et sa prison domestique pour s'engager dans une longue et singulière traversée. De la vie de bohème à Dublin aux étendues ardentes du Kenya colonial, en passant par le Maroc et ses rues animées, les drames qui jalonneront son voyage ne cesseront pourtant de la ramener vers les siens : un fils homosexuel, qu'il faudra protéger de la cruauté du monde, une fille qu'elle verra emprunter, comme elle, les voies de plus en plus étriquées du mariage. Jusqu'à cette "arche de lumière" - une caravane blottie en pleine nature où elle trouvera refuge en compagnie d'un chien et de quelques fantômes du passé...
Véritable odyssée, Une arche de lumière explore un dilemme cornélien : celui d'une femme indéfectiblement liée à sa famille mais prête à tout pour accomplir ses désirs d'indépendance et son droit au bonheur. En renouant ici avec l'un des membres de la famille Goold Verschoyle, découverte dans Toute la famille sur la jetée du Paradis, Dermot Bolger dresse le portrait intime d'une héroïne au destin assurément romanesque.
Bien qu'il s'agisse d'une histoire à part entière, nous retrouvons Winona Cole, la jeune orpheline indienne lakota du roman Des jours sans fin, et sa vie dans la petite ville de Paris, Tennessee, quelques années après la guerre de Sécession.
Winona grandit au sein d'un foyer peu ordinaire, dans une ferme à l'ouest du Tennessee, élevée par John Cole, son père adoptif, et son compagnon d'armes, Thomas McNulty. Cette drôle de petite famille tente de joindre les deux bouts dans la ferme de Lige Magan avec l'aide de deux esclaves affranchis, Tennyson Bouguereau et sa soeur Rosalee. Ils s'efforcent de garder à distance la brutalité du monde et leurs souvenirs du passé. Mais l'État du Tennessee est toujours déchiré par le cruel héritage de la guerre civile, et quand Winona puis Tennyson sont violemment attaqués par des inconnus, le colonel Purton décide de rassembler la population pour les disperser.
Magnifiquement écrit, vibrant de l'esprit impérieux d'une jeune fille au seuil de l'âge adulte, Des milliers de lunes est un roman sur l'identité et la mémoire, une sublime histoire d'amour et de rédemption.
Richard, jeune étudiant de dix-sept ans, est radié de l'université de Cambridge pour des raisons difficiles à avouer. C'est donc dans la demeure familiale qu'il décide de passer les fêtes de Noël, même s'il est loin d'être accueilli comme le fils prodigue. Sa mère et sa soeur n'ont qu'une seule envie, le voir disparaître. Une ambiance malsaine règne dans la maison, accentuée par le mystère qui entoure la mort du père survenue quelques mois auparavant. À cette atmosphère lugubre viennent s'ajouter des meurtres d'animaux et des lettres anonymes obscènes qui créent un climat de suspicion dans le village. Avec beaucoup de naïveté, Richard commence à mener une enquête et à consigner tous les événements dans son journal, sans se rendre compte qu'il attise les passions et que l'étau se resserre inexorablement autour de lui.
Sonya est une jeune mère célibataire, ancienne comédienne en mal de paillettes, au besoin irrépressible d'amour et de reconnaissance. Elle aime plus que tout son fils de quatre ans, Tommy, et avec leur chien Herbie ils forment un trio indéfectible. Dans la banlieue dublinoise, la famille vit en vase clos, au rythme des excès de Sonya : excès de vitesse, excès d'amour, excès d'alcool. Car Sonya boit, parfois au point de mettre la vie de son fils en danger.
Un jour, son père fait un retour décisif dans sa vie, et l'emmène dans un couvent réaménagé en centre de désintoxication pendant que Tommy est placé par l'assistance sociale. Seule, Sonya va devoir affronter les angoisses et la paranoïa qui ressurgissent, raccrochée à cette volonté de reformer sa famille, pour, enfin, apprendre à composer une vie normale avec Tommy.
Lisa Harding livre un roman au réalisme sans fard, tenant le juste équilibre entre humour et émotion. Porté par l'urgence de son personnage, Tout ce qui brûle fait avant tout le portrait d'une relation fusionnelle qui unit une mère à son fils.
Amal, une jeune Américaine d'origine égyptienne, vient de sortir d'un an de prison. Elle a été inculpée pour appartenance à une organisation étrangère visant à déstabiliser le régime, une ONG en l'occurrence. Durant une fête célébrant sa sortie de prison, elle rencontre Omar, un chauffeur de taxi. Ils passent la soirée et la nuit ensemble. Quarante-huit heures séparent Amal de son retour aux États-Unis et c'est durant ce laps de temps que se déroule le roman. Amal et Omar feront l'amour, souvent, se raconteront et raconteront l'Égypte d'une jeunesse contemporaine depuis 2011 jusqu'à aujourd'hui, pleine d'espoirs mais souvent désenchantée.
À l'instar des Mille et Une Nuits, Ezzedine Fishere nous propose des récits enchâssés avec pour cadre l'histoire d'Amal et Omar. S'inspirant de faits réels, le roman n'est pas seulement bien documenté, il est empreint d'un humour noir et d'une autodérision ravageurs.
SDF, prostituées, migrants, voleurs sont les héros et les héroïnes de ces neuf nouvelles.
Histoires de meurtre, de règlements de compte ou de mains tendues, Marc Villard saisit - sans aucun misérabilisme et avec l'empathie qui caractérise son oeuvre - ces personnages dans leur quotidien le plus trivial comme dans leurs instants les plus tragiques. Sur fond de jazz, il nous emmène là où la violence sociale entraîne parfois la violence physique - des bas-fonds du dix-huitième arrondissement de Paris au Nouveau-Mexique, entre le jour et la nuit. Pendant que certains mènent l'enquête, d'autres ont quelque chose à fuir.
Ces hommes et ces femmes prouvent s'il en est besoin que l'échec n'est jamais magnifique. Marc Villard leur redonne une dignité qu'ils ont oubliée.
'Ce texte de La Belgique a été établi d'après les films des spectacles qu'a réalisés Bernard Dartigues en 1994, lors de leurs dernières représentations au Théâtre de l'Athénée. Comme celui de L'âge d'or, première partie du Roman d'un acteur, il est très différent de ce qu'il était aux premières. Il n'a cessé d'évoluer au cours des multiples représentations. Ce que je livre aujourd'hui est le produit et le résultat de cette espèce d'expérimentation littéraire, cet atelier d'écriture naturel que ces dernières ont cnstitué, en dehors de leur aspect purement théâtral, éphémère et ludique. Je me suis appliqué à rester au plus près du texte filmé, c'est-à-dire "oral", en le nettoyant parfois, mais le moins possible. La seule liberté d' écriture que je me suis donnée est celle des didascalies ; je voulais vraiment que le lecteur "voie" ce que je voyais quand je jouais. Ce que je vois quand je joue. On dit souvent du théâtre que c'est un "art vivant" ; jamais peut-être cette définition n'aura été plus appropriée qu'ici.'
Philippe Caubère.
Miracles du sang, sans être une suite des Hérésies glorieuses (The Glorious Heresies), reprend un de ses personnages, Ryan Cusack. Le jeune dealer amoureux est maintenant âgé de 20 ans. Il essaie de trouver sa place dans l'univers sans pitié de Cork, entre la violence de son père alcoolique, l'absence de sa mère, la douceur de sa petite-amie Karine, et la drogue omniprésente. Lorsque son meilleur ami Dan, le deuxième plus gros dealer de la ville, a l'idée de tirer profit des origines italiennes de Ryan pour développer ses entreprises illégales, le jeune homme se retrouve une fois de plus plongé dans les méandres inquiétants de sa ville. Progressivement, il s'impose comme l'interlocuteur de premier choix de la mafia napolitaine dans l'acheminement de l'ecstasy en Irlande et fait de nouvelles rencontres périlleuses. Abandonné par Karine, acculé, il prend des décisions aux répercussions dramatiques. Le fragile équilibre qu'il avait réussi à construire résistera-t-il à l'engrenage mortifère dans lequel il est pris ?
Mado et Virginie se retrouvent après quatre années de séparation. Commence alors une phase de séduction suivie de gestes sensuels, qui s'apparente à un jeu frivole et enfantin engagé par une Mado devenue plus provocante et plus libre. Mais peu à peu cette légèreté cédera la place à la convoitise amoureuse. Virginie, moins délurée que son amie, se laisse abuser par les apparences.
Une histoire sombre et lumineuse entre deux jeunes filles qui, adolescentes encore, vont découvrir ce qui irrigue la passion : le plaisir, l'envie et la frustration.
Kate, jeune fille de dix-neuf ans, vit un drame : la mort brutale de son amoureux dans un attentat. Tout pourrait s'arrêter là. Mais ce serait sans compter sa mère, les gens qui l'entourent et la manière dont ce drame résonne en eux, dont ils s'en emparent, dont ils décident que ce sera le leur - et le transforment en traumatisme.
Voici des personnages qui sont comme des poupées russes : chaque membre de la famille de Kate semble en cacher un autre, ou se cacher derrière un autre, les histoires des autres venant hanter la mémoire des uns.
Le roman explore les relations qui lient une famille où il fait bon se taire. La violence rôde mais on ne la voit pas. Si la violence est ici dangereuse, c'est qu'elle passe par le banal ; voilà son déguisement, sa petite excuse, la main tendue d'une mère affirmant porter secours tandis qu'elle étouffe. Kate va suivre les fantômes qui mènent à la possibilité de vivre encore. En affrontant l'emprise de sa mère, en la mettant
au jour, elle parvient à faire sauter un à un, cran après cran, les rouages mécaniques de la violence. Pour cela il lui faut cesser d'attendre, pour prendre le risque d'exister.
Édimbourg, 1768 : Walter Grassie naît dans une famille de bourgeois écossais qui le destine à devenir avocat. Lors de son Grand Tour, il assiste à la Révolution française, qu'il ne voit pas d'un très bon oeil, puis continue par l'Italie, à Venise, où il découvre l'absinthe et les cabinets de curiosités les plus divers, l'opium et la franc-maçonnerie. De retour en Écosse, il rencontre l'amour : Fiona, qu'il épouse et promet de toujours aimer...
Ce roman questionne l'inscription de l'histoire individuelle dans l'Histoire. Il souligne la rencontre de l'ordinaire et de l'historique, questionne la nature du monde et celle du réel, la place de l'homme en leur sein : voilà ce que sont les grands et les petits événements, l'Histoire et la vie de chacun.
Marcus a onze ans quand sa mère meurt dans un accident de voiture. Il emménage alors chez sa grand-tante Charlotte, une originale qui, après trois mariages, s'est installée dans une maison en bord de mer sur une petite île de Caroline du Sud, pour se consacrer à sa passion : la peinture.
Une maison au nord de l'île fascine Marcus : surnommée la Villa Chagrin, on rapporte que la famille qui l'habitait aurait disparu soudainement lors d'une tempête, cinquante ans auparavant. Le jeune garçon va s'y rendre chaque jour, car il a aperçu le fils de la famille dans un reflet du soleil...
Un homme part en mer en kayak, dans le but de disperser les cendres de son père. Sa femme, enceinte, l'attend sur la plage. Un coup de foudre, du tonnerre, et le voici virant, se retrouvant seul au milieu de la mer, sans aucune terre en vue. Son réveil est douloureux, sa main blessée, son bras paralysé. Tout est désormais question de rythme : comment, doucement, retrouver force et courage afin de regagner la rive?
Le récit s'écrit sous forme de flux de pensées continu. Ce sont elles que nous lisons, que nous suivons. C'est à elles que nous nous accrochons. Car si de prime abord, tout est question de survivre en ce milieu hostile, se dessinent en contre-champ des réflexions sur le rapport au père, à l'enfant qui arrive, à l'épouse qui attend.
Vers la baie est un roman de survie : il raconte l'homme dans sa solitude, à la manière de Robinson Crusoé, de La route, et, surtout, du Vieil homme et la mer d'Hemingway.
Un premier regard échangé derrière une haie, un premier baiser volé parmi les fleurs d'une clairière, une première étreinte maladroite dans un lit trop petit. Dans un recueil de nouvelles porté par une langue précise et évocatrice, Marc Villemain met en scène la naissance du sentiment amoureux, l'hésitation initiale de jeunes gens qui, en découvrant l'autre, se révèlent à eux-mêmes. Les détails - un morceau de chocolat pour le goûter, une chanson dans une salle de fête communale, une balade à vélo sous le soleil d'été, la sensualité d'un sein aperçu - nous emportent dans un voyage tendre et bienveillant, brutal parfois, celui d'un homme qui explore les vertiges et vestiges de ses amours passées.
On pense à Dominique Mainard, à son art d'aborder avec délicatesse les sujets les plus intimes, passant de la noirceur à la légèreté avec une élégance infinie.