Signé Ajar, ce roman reçut le prix Goncourt en 1975.
Histoire d'amour d'un petit garçon arabe pour une très vieille femme juive : Momo se débat contre les six étages que Madame Rosa ne veut plus monter et contre la vie parce que «ça ne pardonne pas» et parce qu'il n'est «pas nécessaire d'avoir des raisons pour avoir peur». Le petit garçon l'aidera à se cacher dans son "trou juif", elle n'ira pas mourir à l'hôpital et pourra ainsi bénéficier du droit sacré «des peuples à disposer d'eux-mêmes» qui n'est pas respecté par l'Ordre des médecins. Il lui tiendra compagnie jusqu'à ce qu'elle meure et même au-delà de la mort.
' L'insaisissable m'a donné la clef du monde. '
De sable et de neige, ou l'art de vivre l'instant. Une splendide fresque pour célébrer la beauté des choses et la puissance de leur silence, de la Grande Dune d'Arcachon et la lumière du Cap Ferret jusqu'à la ville de Kyoto sous la neige, un 31 décembre. Les vagues venant rythmer le récit, comme si l'océan était le résumé de la vie, avec sa dimension tragique, inséparable du sentiment de joie et d'harmonie qu'il sait donner.
Chantal Thomas poursuit ici son voyage dans l'intimité de la mémoire, à travers une langue d'élégance et de grâce, pour exprimer les sensations les plus fugitives et les plus essentielles dont nous sommes tissés. Et pour dire le lien d'amour entre une fille et son père : sa force d'absolu.
Brillant élément du commissariat de Pampelune, l'inspectrice Amaia Salazar se voit chargée d'enquêter sur d'atroces crimes sexuels. Les victimes sont des femmes et tout semble indiquer que les bourreaux soient leurs maris ou compagnons. Mais des rituels macabres, qui rappellent des pratiques de sorcellerie locale, laissent penser qu'un fou diabolique pourrait orchestrer ces meurtres en série. Salazar n'en a pas fini de découvrir les turpitudes de cette vallée de Baztán dont la rivière semble emporter les secrets terrifiants.
Amaia Salazar a d'autant plus de mal à mener son enquête qu'elle vient de donner naissance à l'enfant qu'elle et son compagnon ont tant désiré. Pas facile de devenir mère quand la mort rôde et que le souvenir de celle qui vous a donné la vie vous inflige de violents cauchemars. Mais la jeune femme entend bien aller jusqu'au bout de ses recherches, quels qu'en soient les résultats.
"Je me souvenais qu'un jour, dans une plaisanterie sans gaîté, Charlotte m'avait dit qu'après tous ses voyages à travers l'immense Russie, venir à pied jusqu'en France n'aurait pour elle rien d'impossible [...]. Au début, pendant de longs mois de misère et d'errances, mon rêve fou ressemblerait de près à cette bravade. J'imaginerais une femme vêtue de noir qui, aux toutes premières heures d'une matinée d'hiver sombre, entrerait dans une petite ville frontalière. [...]. Elle pousserait la porte d'un café au coin d'une étroite place endormie, s'installerait près de la fenêtre, à côté d'un calorifère. La patronne lui apporterait une tasse de thé. Et en regardant, derrière la vitre, la face tranquille des maisons à colombages, la femme murmurerait tout bas : 'C'est la France... Je suis retournée en France. Après... après toute une vie.'"
Ce roman, superbement composé, a l'originalité de nous offrir de la France une vision mythique et lointaine, à travers les nombreux récits que Charlotte Lemonnier, 'égarée dans l'immensité neigeuse de la Russie', raconte à son petit-fils et confident. Cette France, qu'explore à son tour le narrateur, apparaît comme un regard neuf et pénétrant sur le monde.
Prix Goncourt
Prix Goncourt des Lycéens
Prix Médicis
On pourrait commencer, prosaïquement, par ce qui peut être décrit comme une robe de chambre. Rouge - ou plus exactement écarlate - et allant du cou jusqu'à la cheville, laissant voir des ruchés blancs aux poignets et à la gorge... Est-ce injuste de commencer par ce vêtement, plutôt que par l'homme qui le porte? Mais c'est ainsi représenté et ainsi vêtu que nous nous souvenons de lui aujourd'hui. Qu'en eût-il pensé? En aurait-il été rassuré, amusé, un peu offusqué?
'L'homme en rouge', peint par John Sargent en 1881, s'appelait Samuel Pozzi. Né à Bergerac en 1847, il allait vite devenir à Paris LE médecin à la mode, particulièrement apprécié des dames de la bonne société en tant que chirurgien et gynécologue. Beaucoup d'entre elles, dont Sarah Bernhardt, étaient aussi ses maîtresses et le surnommaient 'L'Amour médecin'.
À travers sa vie privée, pas toujours heureuse, et sa vie professionnelle, exceptionnellement brillante, c'est une vision en coupe de la Belle Époque qu'on va découvrir sous le regard acéré de Julian Barnes. Il y a d'une part l'image classique de paix et de plaisirs et, de l'autre, les aspects sombres d'une période minée par l'instabilité politique, les crimes et les scandales.
Un grand récit.
Au sortir de la Grande Guerre, la biguine, une musique nouvelle venue des Antilles, conquiert le Tout-Paris. Elle prend ses quartiers au Bal de la rue Blomet, au coeur de Montparnasse. Là, des célébrités (Joséphine Baker, Foujita, Ernest Hemingway, Robert Desnos...) croisent des anonymes, des ouvriers côtoient des intellectuels. Noirs, Blancs, métis, femmes du monde ou de petite vertu se mêlent dans un joyeux chahut, amours et amitiés se font et se défont sur des rythmes endiablés. C'est là que se rencontrent Anthénor Louis-Edmond, vétéran noir de la bataille des Dardanelles, Frédéric Clerville, jeune Mulâtre fils d'un brillant avocat de Fort de France en rupture de ban avec sa famille, Elise, domestique d'anciens coloniaux... Tous les trois sont martiniquais : destins croisés d'exilés sur fond de biguine, de valse et de mazurka en quête de l'amour vrai ou de jouissances immédiates...
Avec sa verve incomparable, Raphaël Confiant redonne vie à ce lieux mythique, et plus généralement au Paris glorieux des Années folles, dessinant en filigrane la nostalgie d'un paradis perdu...
Octobre 1943. Les Allemands occupent Rome. Italo, Cosimo, Vanda et Riccardo ont dix ans. Le soir, ils bravent le couvre-feu pour aller jouer dans une grande cour d'immeuble. Mais un soir, Riccardo ne vient pas. Ni le lendemain, ni le surlendemain. Italo, Cosimo et Vanda se renseignent. Mais ils comprennent tout de travers. Riccardo a été mis dans un train par les Allemands, direction le nord, vers un camp. Pourquoi ?
Nous savons, nous, que le ghetto de Rome a été raflé le 16 octobre 1943 et tous ses habitants, dont plus de cinquante enfants, ont été envoyés dans les camps de la mort. Mais nos petits mousquetaires - ils étaient quatre et ne sont désormais plus que trois - ne peuvent même pas imaginer cette réalité-là. Non, il y a erreur, il faut faire libérer Riccardo. C'est un devoir, une mission.
Alors ils partent, à pied, en suivant les rails de chemin de fer en direction du nord, à la recherche d'un camp - de vacances ? d'entraînement ? qui ne doit pas être bien loin. Mais très vite, sans rien à manger et dans le froid de l'automne, qui augmente surtout la nuit, l'équipée risque de très mal tourner. Évidemment, des membres de leurs familles, affolés, se sont lancés à leur poursuite. Jusqu'où iront-ils ?
Fabio Bartolomei est très connu en Italie comme scénariste et romancier. C'est la première fois qu'il est traduit en français. Le film tiré de La dernière fois que nous avons été des enfants sortira courant 2023.
"Abena, ma mère, un marin anglais la viola sur le pont du Christ the King un jour de 16** alors qu'il faisait voile vers La Barbade. C'est de cette agression que je suis née... "
Ainsi commence le roman de Maryse Condé a consacré à Tituba, fille d'esclave, qui fut l'une des sorcières de Salem.
Comment Tituba acquit une réputation de sorcière à La Barbade, comment elle aima et épousa John Indien, comment ils furent tous deux vendus au pasteur Samuel Parris qui les emmena à Boston puis dans le village de Salem. C'est là, dans cette société puritaine, que l'hystérie collective provoqua la chasse aux sorcières et les procès tristement célèbres de 1692.
Maryse Condé a choisi de nous parler de Tituba que l'Histoire a oubliée pour ne retenir que les sorcières blanches, celles qui furent pendues et qui inspirèrent Les sorcières de Salem, d'Arthur Miller. De la saga africaine de Ségou, Maryse Condé est allée vers une chronique plus intimiste, une "histoire romanesque" qui reprend cependant les grands thèmes traités dans ses livres précédents : Les murailles de la terre et La terre en miette (Ségou I et II)
Mères de famille comparant les mérites de leurs nounous respectives ; parents ouverts à la mixité sociale mais ayant fait le choix de l'enseignement catholique pour leur progéniture ; jeune épouse ne sachant pas comment parler à sa femme de ménage ; trentenaire dévouée à la carrière de son mari redoutant le désoeuvrement...
Les personnages de femmes peuplant le recueil d'Astrid Eliard ont en commun d'appartenir à une même classe sociale, la bourgeoisie. Néo-bobos d'aujourd'hui, de vieille tradition française, ou parvenues récentes, tour à tour ridicules ou attachantes.
Renouant avec le ton doux-amer de son premier recueil de nouvelles, Nuits de noces, Astrid Éliard croque ses personnages avec une tendre ironie, souligne leurs tics sans jamais les juger et propose une galerie de portraits hauts en couleurs.
Lorsqu'on a besoin d'étreinte pour être comblé dans ses lacunes, autour des épaules surtout, et dans le creux des reins, et que vous prenez trop conscience des deux bras qui vous manquent, un python de deux mètres vingt fait merveille. Gros-Câlin est capable de m'étreindre ainsi pendant des heures et des heures. Gros-Câlin paraît au Mercure de France en 1974. Il met en scène un employé de bureau qui, à défaut de trouver l'amour chez ses contemporains, s'éprend d'un python. L'auteur de ce premier roman, fable émouvante sur la solitude de l'homme moderne, est un certain Émile Ajar. La version publiée à l'époque ne correspond pas tout à fait au projet initial de son auteur qui avait en effet accepté d'en modifier la fin. On apprendra plus tard que derrière Émile Ajar se cache le célèbre Romain Gary. Dans son ouvrage posthume, Vie et mort d'Émile Ajar, il explique l'importance que revêt, à ses yeux et au regard de son oeuvre, la fin initiale de Gros-Câlin. Il suggère qu'elle puisse un jour être publiée séparément... Réalisant le souhait de l'auteur, cette nouvelle édition reprend le roman Gros-Câlin dans la version de 1974, et donne en supplément toute la fin 'écologique', retranscrite à partir du manuscrit original.
Anjali a dix ans quand on la marie à un homme qu'elle n'a jamais vu. Et à peine seize quand elle se retrouve veuve et condamnée à être brûlée vive pendant la crémation de son époux.
Ainsi l'exigent les cruelles coutumes encore en vigueur en Inde à l'orée des années 1920.
Si Anjali réussit à échapper aux flammes, c'est pour trouver refuge - du moins le croit-elle - auprès d'une femme qui se révèle être une dangereuse entremetteuse et va tenter de monnayer sa beauté adolescente auprès d'un potentat riche et pervers.
Dans un pays encore sous contrôle britannique, mais qui connaît déjà de violents soubresauts indépendantistes, quel peut être le destin d'une femme belle et rebelle en quête de liberté ?
Le mont Kudo était encore voilé par les brumes matinales de ce début de printemps. La main serrée dans celle de sa grand-mère, Hana franchissait les dernières marches de pierre menant au temple Jison. Elle était coiffée avec recherche - une coiffure de mariée aux coques luisantes - et l'éclat rosé de son teint de jeune fille transparaissait sous l'austère maquillage blanc. Elle portait un kimono de cérémonie de crêpe de soie violet à très longues manches. Elle savait que sur le point d'être admise comme bru dans une nouvelle famille, elle cesserait dès lors d'appartenir à la sienne...
Hana a vingt ans et c'est le jour de son mariage, arrangé comme le veut la coutume, alors qu'elle n'a vu son fiancé qu'une seule fois. Sa grand-mère, Toyono, qui l'a élevée, incarne la tradition, immuable, ancestrale et veut que sa petite-fille la respecte. Mais on est à l'aube du XXe siècle et déjà le monde change. Hana va vite se retrouver déchirée entre le carcan des obligations familiales et sociales et ses aspirations personnelles.
Mère à son tour, elle devra affronter la génération montante en la personne de Fumio, sa fille qui, après de violents conflits, saura prendre des temps anciens et des temps nouveaux ce qu'ils ont de meilleur.
Elle se dirige d'un pas lent mais résolu vers l'océan Pacifique. Elle n'a ni canne à pêche, ni planche de surf et elle ne porte pas de combinaison.
Dans l'une des maisons qui bordent la plage, un homme âgé se lève et regarde par la fenêtre, comme chaque matin, très tôt. Il remarque alors cette jeune femme seule, en vêtements de ville, qui avance avec détermination vers les rouleaux. Il y a quelque chose qui cloche... Alors il décroche le téléphone et appelle la police.
Après le drame qui, quelques années plus tôt, avait fait éclater sa famille, Karina a désespérément cherché un ancrage. Indienne par sa mère, américaine par son père, elle ne se sentait plus à sa place nulle part. Jusqu'au jour de sa rencontre avec Micah, si solide, si rassurant, à la tête du ' Sanctuaire ', une petite communauté hippie si chaleureuse.
Et Karina n'a pas compris les techniques aussitôt utilisées sur elle et bien connues dans le monde des sectes : les gestes d'amour, puis peu à peu d'isolation sociale, le fait de la démolir pour ensuite la remettre sur pied...
Une fois que le piège s'est refermé sur elle, peut-elle espérer en sortir ?
1939. Le gouvernement anglais a décidé l'évacuation massive des enfants de Londres, avant que commencent les terribles bombardements allemands auxquels on s'attend. Fritha, douze ans à peine, fait partie des évacués. Du jour au lendemain, elle se retrouve dans un environnement inconnu, chez des fermiers qui n'ont rien à envier aux Thénardiers et vont la traiter au moins aussi mal que Cosette...
Mais il y aura la découverte, pour la petite citadine, de la nature, des animaux, des vols splendides d'oies sauvages - et, un jour, de Philip, malmené lui aussi par la vie et dont l'amitié va l'aider à survivre.
"J'ai longtemps rêvé que ma mère était noire. Je m'étais inventé une histoire, un passé, pour fuir la réalité à mon retour d'Afrique, dans ce pays, dans cette ville où je ne connaissais personne, où j'étais devenu un étranger. Puis j'ai découvert, lorsque mon père, à l'âge de la retraite, est revenu vivre avec nous en France, que c'était lui l'Africain. Cela a été difficile à admettre. Il m'a fallu retourner en arrière, recommencer, essayer de comprendre. En souvenir de cela, j'ai écrit ce petit livre."
"Elle était Séréna l'énigme, la petite Égyptienne jamais contente et, me semblait-il, malheureuse. Celle qui cherchait dans les romans, les nouvelles, les poèmes des morceaux de vie à coller sur sa propre vie pour en modifier les contours et lui donner du sens. Comme si son existence de jeune fille issue d'un milieu apparemment aisé ne lui suffisait pas, trop étroite pour ses rêves, ses désirs, sa rage de vivre."
Au départ, la brève apparition d'une silhouette blanche dans la foule d'un aéroport. Celle d'une femme qui obsède la narratrice et dont elle va dérouler l'histoire tressée à la sienne depuis des décennies.
Jeune professeur de français dans un lycée de Montpellier, la narratrice est intriguée par une élève arrivée en cours d'année, Séréna, qui prétend être née à Alexandrie. Des années plus tard, elle retrouve Séréna dans l'atelier d'écriture qu'elle anime désormais. Mais la femme nie être l'adolescente et dit s'appeler Thérèse. Pourquoi cette double identité et ce refus d'avouer qui elle est ?
Variation sur le mensonge, la vérité et le silence, le roman de Michèle Gazier est aussi un hommage à la littérature.
Ils ne m'aiment pas et je ne les aime pas. Sans l'insistance de Suzanne Maupu, on se serait débarrassés les uns des autres sans autre forme de procès. Je n'aurais jamais su qui était mon père et peut-être n'en aurais-je pas été plus maudit pour autant. J'aurais mis le monde entre ces gens et moi.
Moissons 2015, au coeur de la Beauce. Yanis, dix-sept ans, est de retour dans la ferme fortifée des Maupu, où il a séjourné quelques étés, petit. L'adolescent métis fait tache dans le décor : il vient des cités de Dreux, il a les cheveux longs et c'est un élève brillant. Il fait peur aussi. Que veut-il ? Venger sa mère, Soraya, longtemps en confit avec les Maupu ? Demander réparation pour lui-même ?
Le patriarche le rejette, les fils et les brus cachent à peine leur mépris. Suzanne, la femme du patriarche, fait exception, heureuse de retrouver dans les traits du jeune homme ceux de son fils mort à moto. Pourtant, ce n'est pas vers elle que Yanis se tourne mais vers un saisonnier américain, comme lui orphelin, dont il tombe amoureux.
Le fils errant donne à entendre la voix émouvante d'un être en devenir, qui se débat avec ses origines et, par ses questions, par l'urgence de son désir, ébranle un monde archaïque.
Elle se tenait devant nous sans notes, ni livres, ni trac. Elle laissa son regard errer, sourit, immobile, et commença : "Vous aurez remarqué que le titre de ce cours est "Culture et Civilisation". Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas vous bombarder de graphiques et de diagrammes. Je ne vais pas vous gaver de faits comme on gave une oie de maïs... Je m'adresserai aux adultes que vous êtes sans nul doute. La meilleure forme d'éducation, comme les Grecs le savaient, est collaborative. Nous pratiquerons donc le dialogue... Mon nom est Elizabeth Finch. Merci."
Et Neil, le narrateur de ce roman d'amour pas du tout comme les autres, la trentaine, comédien sans beaucoup de succès, s'éprend aussitôt de cette enseignante largement cinquantenaire en "sachant obscurément que pour la première fois sans doute, (il était) arrivé au bon endroit".
Mais qui est vraiment Elizabeth Finch ? Mystérieuse, indéchiffrable, on ne sait rien de sa vie. Que découvrira Neil, toujours amoureux, vingt ans plus tard, quand il héritera de ses papiers personnels ? Pourquoi en revenait-elle sans cesse au personnage de Julien l'Apostat, l'empereur romain qui n'alla jamais à Rome et qui, s'il n'était pas mort à trente et un ans, aurait peut-être modifié le cours de l'Histoire en renonçant au christianisme pour retourner aux dieux païens d'autrefois ?
Oui, qui était réellement Elizabeth Finch ? Et Julian Barnes nous donnera-t-il des réponses dans ce roman autour d'un amour si étrange et si romanesque ?
Anil prenait de plus en plus conscience de la place que Leena occupait dans son esprit... Il n'avait pas réussi à l'oublier au bout de tant d'années. Il voulait la revoir, voilà ce dont il était sûr, et pour cela, il était prêt à affronter sa mère. Il l'avait laissée contrôler sa vie une fois à ce sujet, mais il ne la laisserait pas recommencer.
Il suivrait ce que son coeur lui disait.
Anil est un jeune Indien qui commence des études de médecine dans le Gujarat puis part les compléter aux États-Unis. Sa redoutable mère rêve pour lui d'une union prestigieuse. Or, depuis qu'il est petit, elle le sait très proche de Leena, la fille d'un métayer pauvre. Quand celle-ci devient une très belle jeune fille, il faut l'éloigner, en la mariant à la va-vite.
Les destins croisés d'Anil et de Leena forment la trame de ce roman - lui en Amérique, qui est loin d'être l'eldorado qu'il croyait ; et elle en Inde, où sa vie sera celle de millions de femmes victimes de mariages arrangés. Ils se reverront un jour, chacun prêt à prendre sa vie en main, après beaucoup de souffrances. Mais auront-ils droit au bonheur ?
Un premier amour détermine une vie pour toujours : c'est ce que j'ai découvert au fil des ans. Il n'occupe pas forcément un rang supérieur à celui des amours ultérieures, mais elles seront toujours affectées par son existence. Il peut servir de modèle, ou de contre-exemple. Il peut éclipser les amours ultérieures ; d'un autre côté, il peut les rendre plus faciles, meilleures. Mais parfois aussi, un premier amour cautérise le coeur, et tout ce qu'on pourra trouver ensuite, c'est une large cicatrice.
Paul a dix-neuf ans et s'ennuie un peu cet été-là, le dernier avant son départ à l'université. Au club de tennis local, il rencontre Susan - quarante-huit ans, mariée, deux grandes filles - avec qui il va disputer des parties en double. Susan est belle, charmante, chaleureuse. Il n'en faut pas davantage pour les rapprocher... La passion ? Non, l'amour, le vrai, total et absolu, que les amants vivront d'abord en cachette. Puis ils partent habiter à Londres : Susan a un peu d'argent, Paul doit continuer ses études de droit. Le bonheur? Oui. Enfin presque car, peu à peu, Paul va découvrir que Susan a un problème, qu'elle a soigneusement dissimulé jusque-là : elle est alcoolique. Il l'aime, il ne veut pas la laisser seule avec ses démons. Il va tout tenter pour la sauver et combattre avec elle ce fléau. En vain...
Mais lui, alors ? Sa jeunesse, les années qui passent et qui auraient dû être joyeuses, insouciantes? Il a trente ans, puis trente et un, puis trente-deux. Vaut-il mieux avoir aimé et perdre ou ne jamais avoir aimé ?
La fille ne regardait pas l'objectif, d'ailleurs elle ne regardait rien, à part peut-être une pensée, un regret, un projet? à l'intérieur d'elle-même. Elle ne souriait pas. Elle était tout simplement absente. En quelques jours, une foule innombrable de gens croisa ce visage. Et tous se dirent qu'elle avait l'air de poser pour son propre avis de recherche.
Lorsqu'elle constate la disparition de sa fille Adèle, seize ans, Marion panique. Fugue? accident? Elle prévient son ex-mari, la police... Au fil des heures, l'angoisse croît. Adèle reste introuvable. Quelques jours plus tard, un attentat perpétré par Daech au Forum des Halles tue vingt-cinq personnes. Et si Adèle faisait partie des victimes ? Sans relâche Marion appelle les numéros verts, les ministères, scrute la presse, les réseaux sociaux, traque les moindres indices... Jusqu'au jour où, sur une image saisie par une caméra de surveillance, elle reconnaît Adèle, dissimulée sous un hidjab... Sidération, incompréhension, culpabilité. L'inexorable quête d'une mère pour retrouver sa fille commence.
L'inspecteur Manchego approcha le smartphone dernière génération de son oreille, en retenant sa respiration. Il entendit une voix nasale, sur un bruit de fond rythmique, une sorte de lamentation ou de prière, et les accords d'une guitare. Il ne comprit pas un traître mot de ce que disait l'interlocuteur - c'était en anglais -, mais il devina qu'il ne s'agissait pas d'un appel au secours, on n'y sentait aucune peur.
- Qu'est-ce qu'il dit? demanda-t-il.
- Textuellement : 'Papa, laisse-moi faire. Je maîtrise la situation.'
En bon Espagnol, l'inspecteur Manchego a tout de suite identifié d'où provenait le message : d'une boîte de flamenco. Pas de quoi s'alarmer, donc, quand un riche éditeur londonien, flanqué d'un interprète, vient, très inquiet, lui annoncer que son fils, la trentaine, bien sous tous rapports, a disparu à Madrid depuis plusieurs semaines, après ce dernier fameux appel.
Enlevé? Séquestré? Blessé? Tué? Mais non, il y a forcément une femme là-dessous.
En fait, surtout une exquise gitane aux yeux bleus - ça c'est curieux - et face à une tribu de Grenade au grand complet, le jeune Atticus a-t-il la moindre chance? Non, bien sûr... comme on va le voir au fil de ses irrésistibles aventures.
' Contrairement aux apparences, je suis plutôt un homme sauvage, fleurs, papillons, arbres, îles. Ma vie est dans les marais, les vignes, les vagues. Qu'importe ici qui dit je. Écrire à la main, nager dans l'encre bleue, voir le liquide s'écouler sont des expériences fondamentales. Je vis à la limite d'une réserve d'oiseaux, mouettes rieuses, goélands, faucons, sternes, bécasseaux, canards colverts, hérons. Ah être un oiseau ! Dans la maison, tous les matins, je laisse Richter jouer Haydn, on pourrait l'écouter sans cesse, ré mineur, concert public de Mantoue, notes vives et détachées, j'aime le futur immédiat, je ne crains pas la répétition, jeu enfantin, cercle qui ne va nulle part, on écrit toujours pour une voix disait Beckett, pas de voix, pas de notes ni de mots. Le bonheur est possible. Je répète. Le bonheur est possible. '
Il y a de la magie dans la vie et dans l'oeuvre de Philippe Sollers, écrivain, éditeur, critique, solitaire, paradoxal, et merveilleux visionnaire. Une magie née de sa passion pour la littérature, la poésie, la nature et la musique, pour la rencontre amoureuse, pour l'art du secret et de l'intime. Philippe Sollers, en agent secret ? Tel est le pari de ce singulier et bouleversant autoportrait.
Émouvants, cocasses, ironiques, drôles, mélancoliques, intimes, professionnels, amoureux... Éclats de vie, les souvenirs de Denis Podalydès sont multiples et composent, mis bout à bout, un portrait étonnant.
De l'enfance à l'âge adulte, de la librairie de sa grand-mère au bureau d'un ministre de la Culture, des vacances en Bretagne à l'appartement familial versaillais, de Jacques Higelin à Michel Leiris, de Corneille à Maurice Pialat... Denis Podalydès raconte, avec truculence ou à mots feutrés, des moments clés de son existence, parlant avec jubilation de son travail de comédien.
C'est l'amour de la langue, des écrivains, de la littérature et du théâtre qui, depuis toujours, l'a guidé, nourri et construit. C'est le plaisir des mots qu'il partage ici, avec un indéniable talent de conteur.