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Aencrages Et Co
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Tous ceux qui doivent être aimés possèdent quelque chose.
Tous veulent être aimés pour ce qu'ils ne possèdent pas.
L'herbe pour sa hauteur, la pierre pour sa douceur.
La nuit pour son aube, le jour pour son crépuscule.
Pour son vol, le dindon exige de l'amour ainsi que l'albatros pour le pont qu'il foule.
Le rossignol veut être aimé pour sa beauté.
Mais je ne veux pas savoir pourquoi je désire être aimé. -
Germaine Dulac (1882-1942) est une des premières grandes cinéastes françaises. D'abord journaliste au sein des premiers titres de presse féministes en France (La Fronde, La Française et La Voix des Femmes), elle réalise une vingtaine de films, dont le premier film surréaliste, à partir d'un scénario d'Antonin Artaud, La Coquille et le Clergyman (1928). Ses films, émaillés de recherches visuelles au service d'une rare exigence poétique, étonnent encore par leur ambition formelle. Cinéaste et théoricienne, Germaine Dulac défend un 7e art qui assume pleinement sa place, ne cherchant pas à mimer les autres arts mais à créer lui-même sa propre voix. Ombre, lumière, illusion, musique... le cinéma doit s'aventurer au-delà même de l'invisible jusqu'à l'insaisissable. « Le cinéma est merveilleusement outillé pour exprimer les manifestations de notre pensée, de notre coeur, de notre mémoire », écrit Germaine Dulac. Son cinéma, loin de copier la réalité, se fait poésie en mouvement. Art de l'inconnu, il « (...) nous jette hors notre cadre, hors notre milieu, hors nos pensées familières, hors nos connaissances acquises, dans des mondes ignorés. » C'est à cet engagement poétique et féministe, radical, que l'ouvrage Avez-vous peur du cinéma ? souhaite ainsi rendre hommage, en rassemblant une dizaine d'écrits théoriques, d'articles ainsi que le scénario d'un ciné-poème, Arabesque. Quelques photogrammes extraits des films de Germaine Dulac les accompagnent, ainsi que les contributions éclairantes de deux grands spécialistes de son oeuvre : Prosper Hillairet, historien du cinéma d'Avant-garde, et Sandy Flitterman-Lewis, spécialiste américaine du cinéma féministe.
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Le bombardement de Berlin
Armand Gatti, Emmanuelle Amann
- Aencrages Et Co
- Phenix
- 14 Novembre 2024
- 9782354391218
Poème présenté comme le plan de la ville, sur un dépliant portant sur la moitié du verso une lithographie sur bois gravé. Rédigé en 1958, il est paru en 1960 dans Plus, une revue bruxelloise.
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Dans la prairie
Franck Doyen, Sylvie Sauvageon
- Aencrages Et Co
- Ecri(peind)re
- 16 Janvier 2025
- 9782354391201
Si le texte de Franck Doyen, dans lequel végétal, animal et humain se mêlent, met en scène une porosité salutaire entre les espèces, l'hybridation « contamine » également la matière même du texte. En effet, chacune des parties du recueil relève du poème en prose, mais le fil narratif qui vient les coudre entre elles n'est pas sans donner à l'ensemble les caractéristiques d'un récit. Ce qui fait toutefois la beauté et la force de ce texte, c'est son indécidabilité. Cloisonner les genres, les espèces, c'est ce que refusent d'un commun accord forme et sens de "Dans la prairie".
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Leaving Tulsa est le premier recueil de Jennifer Foerster, poète amérindienne et américaine, traduit de l'anglais (États-Unis) par Béatrice Machet. Il se présente comme une marche vers la mémoire, mémoire d'un peuple, mémoire d'une enfant qui rassemble les souvenirs épars d'une grand-mère d'origine amérindienne, Cosetta. Une jeune fille, Magdalena, quitte Tulsa, cette ville moyenne d'Oklahoma, et se dirige vers l'Ouest : elle traverse une foule de paysages, confrontée à une nature émaillée de stigmates industriels, et dans laquelle il semble impossible de retrouver sa place. Là, tout ravive les souvenirs de son enfance, de l'errance de son peuple chassé par la colonisation. L'art du travelling poétique de Jennifer Foerster nous emporte et nous déplace dans cette « aube effilochée », au creux des contradictions d'un être en prise avec le monde, « Quelque part entre voulant être trouvée / et ne pas être trouvée ».
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Des animaux sont avec toi, depuis toujours
James Sacré, Guy Calamusa
- Aencrages Et Co
- Voix-de-chants
- 13 Octobre 2023
- 9782354391133
Dans cet ouvrage, James Sacré explore de façon méthodique un thème présent depuis plus de 30 années dans son travail. Il évoque non seulement le rapport aux animaux mais, de façon plus subtile, questionne comment l'observation attentive ou distraite des animaux vient tout à la fois travailler et mettre au travail (qu'elle l'infléchisse, l'innerve ou le renseigne) le langage de l'observateur. Il était déjà question de ce thème dans plusieurs de ses ouvrages ("Le Renard est un mot qui ruse", Tarabuste 1994 ou "Quelle bête noire", le Frau, 2017) dont le plus emblématique est sans doute "Âneries pour mal braire" (Tarabuste, 2006).
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Enfant tu te demandes.
Si toutes les maisons ont.
Leur repli.
Leur terrain de jeu de guerre.
Et leur cachette ouverte.
Qui ne serait pas celle des greniers des dessous d'escalier obscurs.
Tu te demandes.
Si dans toutes les maisons.
On se tient voûté.
Tapi.
Là par effraction.
« Maud Thiria évoque dans ce nouveau livre les bribes de souvenirs qui s'attachent à la présence toute proche d'un blockhaus au fond de son jardin d'enfance. Mieux, elle le constitue en lieu mental et en fait la table d'orientation de son écriture.
Quel est donc ce blockhaus, à demi enfoui dans son imaginaire ?
Une masse grise et sale de béton brut à l'odeur acide de terre et de peur. Une cachette paradoxale pour l'enfant : moins un abri qu'une cavité inquiétante où se blottir au plus près de son propre inconnu, lové dans la peur. Là réside le fantôme d'un danger imminent, l'ombre sourde d'une menace, comme si un ennemi se cachait, tout proche, non pas extérieur mais intérieur au blockhaus et à son odeur forte d'urine et de misère humaine. » Extrait de la préface de Jean-Michel Maulpoix.
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Je voulais vous dire
Armand Gatti, Emmanuelle Amann
- Aencrages Et Co
- Ecri(peind)re
- 30 Juin 2017
- 9782354390891
Armand Gatti mêle ici de façon subtile et adroite la petite et la grande histoire, l'amour et la guerre, le chant et l'horreur. Paysages de maquis, évocations des "frères" de combat, des espoirs et de la misère des temps de guerre. Il faut dire, il faut écrire pour ceux oubliés, tombés, pour tout ce qu'on arrache a? l'existence. Il en ressort une sorte d'interrogation constante : comment continuer a? aimer quand tout autour de nous est mort et désillusions ? Le sentiment de l'amour, qu'il soit celui d'une femme ou celui de la patrie, peut-il nous sauver, être la réponse a? tout ? C'est en même temps une très belle lettre de mémoire et d'amour pour tous ces frères qui se sont laissés attraper par la "sirène". Cette image est très intéressante et semble représenter ce Elle qui alors serait la patrie, qui serait le chant mélodique attirant les pauvres âmes au bord des tranchées, en première ligne, prêts a? donner leur vie pour elle.
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Ensemble de proses courtes re´dige´es de fac¸on manuscrites dans un e´change e´pistolaire ou` Pierre Bergounioux re´pond a` des peinture de J.-M. Marchetti. Pris dans le prisme de la peinture, l'auteur nous emme`ne autant sur le plan d'une histoire des socie´te´s, de la place faite a` la peinture, de l'e´volution des pense´es, du principe de liberte´ que sur un plan plus intime, de la sensibilite´, de l'enfance, de la nature. La peinture comme une manie`re de voir plus loin, de voir au-dela`. Elle offre une multitude de possibles qui sont la re´alite´ mais qui tout a` la fois de´passent cette re´alite´. La peinture comme matie`re vivante, organique. Elle s'attache alors a` ce qu'il y a a` l'inte´rieur, a` l'e´paisseur de tout un monde. La peinture comme miroir de la nature, de sa force, de ses de´luges et de sa beaute´. La peinture comme me´moire, combat et que^te de sens.
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"Quand on atteint les quatre-vingt on écrit en octosyllabes si je deviens nonagénaire je saurai compter jusqu'à neuf c'est nettement plus difficile mais sonne tout différemment j'ai essayé cela produit une sorte d'hésitation" Michel Butor
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Le hobby du journal
Marie Fabre, Marie-Anita Gaube
- Aencrages Et Co
- Ecri(peind)re
- 28 Août 2023
- 9782354391171
Le Hobby du journal, est, comme son nom l'indique, un recueil issu de quelques années d'activité poétique à la fois constante et marginale. Constante, car cette sélection des années 2016-2021 est basée sur une pratique d'écriture où la régularité a son importance. Marginale, parce que le Hobby, dans le contenu comme dans la forme, a adopté une sorte de parti pris réaliste où la poésie prend place dans une vie de travail, d'amitié, d'intimité, d'histoire collective, dont elle est à la fois une composante et un concentré. Le pari de l'écriture de ce livre a été celui du moyen-terme : l'idée d'écrire un journal en vers pendant environ 5 ans, en tentant de ne rien écarter a priori de ce qui constitue le " réel " - et faire ainsi converger dans une même forme-fleuve les hauts et les bas d'une expérience. Cette expérience est, comme pour n'importe qui, expérience intégrale de la vie : pensée et émotion, action propre et soumission à de multiples contraintes et événements, incarnation et aliénation, liens multiples et solitude. Le Hobby est une étape dans un travail d'écriture qui, plus largement, a toujours visé pour Marie Fabre à intégrer toutes ces dimensions, même dans le conflit. La forme de ce travail est ici celle d'un flux visant à faire glisser le temps dans le continu de l'expérience d'un corps, d'une présence au monde qui n'est jamais garantie, mais toujours perdue et retrouvée à travers l'écriture. C'est l'histoire d'une énergie qui tourne dans les saisons, traverse différents espaces, états, est traversée par d'autres, plie et déplie dans le poème un unique mouvement sans cesse fragmenté par les heures, les divisions, le travail dont on occulte trop souvent la place, les isolements forcés des dernières années, les arrachements de la conscience.
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Quatre photos d'un homme se confondant avec le ciel, la montagne, la mer et la forêt... Là, les paysages enveloppent la chair comme un manteau. Ici une envolée d'oiseaux, la neige où l'ombre dissimule un corps. Partout le même souffle circule entre l'inerte et l'organique. « Je suis respiré / calmes forêts ». Le regard se sent dessaisi de la mémoire du corps : « L'image brûle. Au pied du portrait de petites fleurs mauves ont poussé. »
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Poèmes lus par la mer
Luis Mizón, Alain Clément
- Aencrages Et Co
- Ecri(peind)re
- 10 Juin 2022
- 9782354391119
Poèmes lus par la mer est un hommage au poète Frédéric-Jacques Temple décédé en 2020, mais ce recueil de Luis Mizon possède avant tout sa propre autonomie poétique. C'est une véritable traversée, peuplée d'images fortes, parfois violentes au cours de laquelle l'auteur aborde les thèmes qui lui sont chers, dont ce sentiment d'exil déjà si présent dans "Le Naufragé de Valparaiso" paru aux éditions Æncrages & Co en 2008. Le monde y est appréhendé par une sensorialité exacerbée, par une multiplicité de couleurs et de sons avec lesquels viennent résonner les nombreuses gouaches d'Alain Clément qui ponctuent l'ensemble du livre.
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Dans ce recueil composé de six suites de poèmes, Jean-Louis Giovannoni, explore les différents état d'un corps tout à la fois désirant, vieillissant, rêvant. Ce corps, comme tout corps, entame le monde qu'il traverse, qu'il occupe, autant qu'il est lui-même entamé, usé, rudoyé par son environnement et ce, dès son apparition : " Usure sans fin. Recommence dès qu'un corps est annoncé, s'avance. Alors, autant l'encourager avec ses mains. ". Par le biais de cette incessante friction des corps et du monde - que redoublent, par ailleurs, les discrètes frictions langagières de Jean-Louis Giovanonni, langage qui est tout à la fois et d'un seul tenant corps et monde -, est particulièrement interrogé le rapport à l'anatomie déclinant, fléchissant, tout en se tenant à distance d'une esthétique de l'aggravation (corps malade, déchéance), préférant une sorte de prosaïsme serein, décrivant un corps devenu tableau des petites douleurs domestiques, habituelles : " Longuement assis sans protection ni coussin, on devient, au bout d'un certain temps, fessier, dessous de cuisses. Avec l'âge, on ajoute à son tableau de chasse : des bas-de-dos, des genoux, des cervicales... C'est le travail de toute une vie ". Mais il ne faut pas se fier tout à fait à ces énoncés d'allure anecdotique, à cette apparence de déclin tranquille : c'est le portrait d'une inquiétude subtile que dresse l'auteur, jamais imposée frontalement au lecteur.
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Bigarrures, bariolages
Alexis Audren, Philippe Cognée
- Aencrages Et Co
- Ecri(peind)re
- 25 Mai 2023
- 9782354391164
"Bigarrures, bariolages" est un long poème en prose, agglomérat d´une série de notations quotidiennes, arrimées aux sensations. Il pourrait s´agir, bien qu´il ne soit pas daté, d´une sorte de journal sensible et sensoriel, faisant état, de longues marches contemplatives, de déplacements ou de voyages, le tout ponctué de stations fixes, intenses, à l´occasion desquelles l´auteur tente de se faire plus présent à environnement, par "l´exacerbation des sens que permet singulièrement le langage" . Alexis Audren déploie un dire-sentir actif plus qu´un simple compte-rendu sensoriel, dans lequel le langage est promu au rang d´organe sensitif doté de moyens propres: singularité du rythme (successions de trouvailles et de leur abandon), télescopages...
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Signer les souvenirs
Laura Tirandaz, Anne Slacik
- Aencrages Et Co
- Ecri(peind)re
- 26 Avril 2019
- 9782354390969
Poème en prose, poème de voyage. Nous suivons la narratrice en Équateur, duquel elle dresse un tableau entre description de ses habitants et paysages et subjectivité d'une expérience intérieure, d'une rencontre avec l'autre mais aussi avec soi.
Ce qui nous touche dans la poésie de Laura Tirandaz, c'est cette capacité à tirer des visages, des portraits, tout en nous laissant dans un certain vague, dans un questionnement ouvert sur notre imagination et notre propre expérience de la rencontre.
Elle joue habilement entre le récit et le poétique. Nous sommes à la fois dans un contexte tout à fait concret et pourtant onirique. Elle cherche à interroger le monde, l'existence, le lien puissant qui nous lie à la Terre, à la mémoire, aux autres.
Voyage empreint de l'enfance et du temps que l'on met à grandir et à perdre une certaine naïveté.
Comment intégrer l'expérience vécue dans une existence en dedans de soi ? Qu'est-ce que cela dit de nous ? À quoi appartient-on finalement : à ses souvenir ou à son présent ? À ses morts ou à cette existence qui continue « quand même » ?
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Écrit en 1958, Le Bombardement de Berlin parut en 1960 dans Plus, une revue poétique bruxelloise. Ce fut, jusqu'à présent, la seule édition du poème.
Le Bombardement de Berlin se présente comme le plan d'une ville. Ce poème devient la ville bombardée par les mots, par le verbe, donnant existence à un élément complexe de l'univers, protagoniste non idéalisé du poème, le mot FEU. Écrit en majuscules, il se propage sur la feuille blanche, sur toute la ville. Le feu, ses cheminements et ses traces constituent le poème lui-même.
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