Le bilan des années Ben Ali en Tunisie est implacable. Certes, le pays s'est développé, le niveau de vie a augmenté, les droits des femmes ont été consolidés. Et pourtant, la population exprime mal-être et frustration. La richesse ne profite pas équitablement à tous. Le clan au pouvoir - celui des Ben Ali et celui de sa femme, Leila Trabelsi - pille le pays avec une incroyable rapacité.
Prédation et mise en coupe réglée de l'économie vont de pair avec une absence totale de démocratie. Opposition interdite. Justice instrumentalisée. Presse aux ordres. Internet censuré... Peu de pays au monde sont soumis à une telle chape de plomb, avec le soutien des pays de l'Union européenne, France en tête, au nom de la lutte contre le terrorisme.
Le scalpel de Florence Beaugé, journaliste au Monde depuis janvier 2000, explore tous ces aspects. Ses enquêtes mettent à jour les ombres et les plaies du régime, tout en donnant la parole à ceux qui représentent au quotidien la réalité et l'espoir d'une Tunisie active et créatrice. Ce travail sur le terrain s'est brusquement interrompu le 21 octobre 2009 lorsque Florence Beaugé s'est vue expulser - et bannir - de Tunisie, sur ordre du président Ben Ali. Exaspéré par sa dénonciation répétée des violations des droits de l'homme et de la rapine du clan au pouvoir, le régime a choisi d'écarter un témoin gênant, à l'heure même où le président Ben Ali briguait un cinquième mandat.
Peau est une vague de mots dansant pour faire parler les corps. Depuis la racine des cheveux jusqu'au bout des orteils, nos peaux ont des histoires à raconter. De déchirements, de cris, de joies, de fusion. La vie naît et meurt entre les violettes et les clémentines. Déployez les pétales, écartez les quartiers, ouvrez ces pages. Sentez le désir de vivre flamber entre vos veines. Volez l'espace et le temps. Sentez la peau.Peau est un foyer pour les chairs abîmées, déchirées, oubliées. Retrouvées. À l'abri.
Septembre 1993 : l'image de la poignée de main entre Yasser Arafat et Itzhak Rabin fait le tour du monde. C'est le début du processus d'Oslo. Septembre 2000 : la Cisjordanie et Gaza s'embrasent. Le caractère illusoire de la rhétorique du « processus de paix » est révélé au grand jour. Janvier 2006 : le Hamas, organisation hostile aux accords signés depuis 1993, remporte les élections législatives. Les Palestiniens réaffirment leur rejet de la prétendue paix d'Oslo. 2011 : c'est « l'impasse ».
Ces événements sont connus. Ce qui l'est moins, c'est la logique qui sous-tend l'évolution de la question palestinienne depuis 18 ans. Elle permet pourtant de comprendre que « l'impasse » était prévisible, et ce dès 1993. Ce livre n'entend pas analyser de manière exhaustive cette logique, mais plutôt l'éclairer afin de mieux pouvoir appréhender le présent et questionner l'avenir : la parenthèse d'Oslo se referme, l'État palestinien indépendant n'aura été qu'une promesse et une nouvelle réalité s'impose.
Les chroniques, interviews et analyses regroupées dans cet ouvrage ont été rédigées entre 2007 et 2011. Elles offrent au lecteur un panorama de la société palestinienne, ainsi que des clés de compréhension originales des dynamiques politiques à l'oeuvre en Cisjordanie et à Gaza. De la crise historique du Fatah à la question de la « résistance non violente », en passant par la vie quotidienne et ses anecdotes significatives, ce livre aborde des thématiques variées et propose une approche singulière et sans concession de la question palestinienne, au-delà des clichés, de l'aveuglement idéologique et du refus de se confronter aux faits.
Le conflit israélo-palestinien bénéficie d'une couverture médiatique exceptionnelle. Mais, curieusement, la radiotélévision comme la presse écrite ignorent le plus souvent les sociétés en présence. Même celle d'Israël, qui constitue pourtant, comme tous les groupes humains, un ensemble complexe, marqué qui plus est par soixante ans d'état de guerre permanent. Voilà près de trente ans que Dominique Vidal parcourt régulièrement le pays. Il en a notamment ramené des reportages enracinés dans la réalité sociale et humaine, qui en analysent les différentes facettes. Pour lui, l'enquête de terrain a l'immense mérite de « tuer les préjugés et les clichés ». Avec une certitude : la paix passe aussi par la « normalisation » de la société israélienne, comme de son homologue palestinienne. Et réciproquement.
Héritiers des religions mésopotamiennes, disciples de Jean Baptiste, les Sabéens-Mandéens pratiquent une religion ésotérique fondée sur la paix, la tolérance et la charité. Vivant près des fleuves, ils attachent une grande importance à l'eau et aux rites qui lui sont associés, cette eau qui lave du pêché et nourrit la terre. Longtemps oubliés, victimes de nombreuses persécutions à travers les siècles, ils lancent aujourd'hui un cri d'alarme : fils de la paix, si personne ne les aide, ils risquent de disparaître.
L'émergence de Daesh, ses conquêtes territoriales à l'été 2014 et les exactions qui les ont accompagnées ont rappelé à l'Occident l'existence, dans ces régions, de communautés anciennes, au patrimoine et à la culture unique. Cet ouvrage s'ancre dans cette volonté de redécouverte d'une communauté sur laquelle peu de choses ont été écrites et qui est confrontée aujourd'hui à des défis immenses.
Nous sommes en 1925 en Allemagne. Martin Heidegger est professeur de philosophie à l'Université de Marbourg. Son étudiante Hannah Arendt est subjuguée par cet homme brillant. Ils deviennent très vite amants. Dans ce pays vaincu les idées nazies gagnent du terrain. Hannah est juive. Elle est effrayée et révoltée par l'ascension de Hitler. Martin croit voir en ce mouvement un renouveau pour l'Allemagne et se compromet un temps avec les nazis. En dépit de ce fossé qui les sépare, les amants se retrouvent régulièrement. Au cours de cinq rencontres entre 1925 et 1950, nous allons suivre l'histoire passionnée et tumultueuse de ces deux génies de la pensée du XXème siècle.
Nous trouvons ici une poésie au service de l'engagement, engagement contre la pauvreté, la faim, la corruption et toutes les formes d'injustice qui rongent nos sociétés. Autodafés accorde aussi, dans sa poésie, une place considérable à différents sujets : l'amour, les déceptions sentimentales, les rêves déchus et la nostalgie du natal, les Comores... le paradis perdu.
Les quartiers et milieux populaires font régulièrement la une des médias et sont tout aussi fréquemment au centre du discours gouvernemental. Cette omniprésence se traduit cependant par un vocabulaire à base d'euphémismes : les « cités » et les « banlieues » en lieu et place de « quartiers populaires », les « jeunes », les « bandes », etc. en lieu et place de « noirs » et « arabes ». Depuis plusieurs décennies se construit ainsi une image de nouvelles classes et de nouveaux territoires dangereux. Entre misérabilisme, dramatisation à des fins sécuritaires et explications culturalistes et psychologisantes, ce nouveau discours idéologique masque les processus en oeuvre depuis plusieurs décennies dans les classes et les quartiers populaires : paupérisation, précarisation, ghettoïsation et ethnicisation.
Composé d'articles écrits au cours de ces deux dernières décennies, ce livre éclaire la réalité sociale inégalitaire que tente de masquer le discours idéologique dominant, tente d'en décrire les mécanismes et les enjeux et d'en déconstruire les logiques. Les quartiers et milieux populaires sont loin d'être des territoires de « nouveaux barbares » d'une part et des désert politiques d'autre part. Ils sont le reflet d'une inégalité sociale croissante et d'une tentative d'y répondre par l'action militante.
Au moment où nous sommes plongés dans une nouvelle crise économique qui ne peut qu'accroître les inégalités, cet ouvrage nous montre les ruptures nécessaires pour comprendre la réalité et pour pouvoir la transformer.
Dans la couverture de l'interminable conflit israélo-palestinien, le quotidien des deux peuples est trop souvent passé sous silence. Le pendule des médias oscille entre deux pôles schématiques, « le regain de violence » et « l'espoir de paix », ignorant les mouvements de fond qui façonnent les opinions publiques. Parce que c'est un pays sans frontière ni État, une nation aux racines profondes mais à l'histoire récente, la Palestine pâtit encore plus qu'Israël de ce traitement binaire. Alors que la saga des kibboutz fait partie de l'image de marque de l'État juif, qui, par exemple, connaît le « somoud », cet enracinement à la terre, dont les paysans palestiniens ont fait le nom de code de leur résistance à l'occupant ?
Composé de reportages écrits entre 2002 et 2008, ce livre s'efforce de remédier à ce manque. Il éclaire l'actualité en donnant la parole aux Palestiniens ordinaires, qui luttent, souffrent, rêvent, créent et parfois aussi renoncent. Il met en lumière les ressorts profonds de l'irrésistible ascension du Hamas, analyse le démantèlement en cours de la Cisjordanie, raconte l'asphyxie de la bande de Gaza et s'achève sur l'évocation de ces initiatives, collectives ou individuelles, qui maintiennent l'identité palestinienne vivante.
Dans cette période désenchantée, marquée par le double échec de l'Intifada et du processus de paix, cet ouvrage dresse le tableau d'un peuple qui cherche, à tâtons, les clés de sa liberté.
« La vie, c'est une longue suite de noeuds imbriqués. Dénouez-en un, les autres se dénoueront aussi. Mon histoire, c'est celle-là. Celle d'un paquet de noeuds à défaire. Je ne sais pas comment mais, si je retrace la chronologie des événements, je trouverai bien un moyen. Demain, après-demain ou le jour d'après, j'espère ne plus me trouver ici. N'importe où sauf dans un grand trou. Demain, c'est peut-être déjà aujourd'hui. Igor et moi, on aurait dû se marier, vous savez. Mes blessures me piquent et me brûlent. Je transpire. Je dégouline. Mon corps se liquéfie tout doucement. Mon esprit aussi. Allongée dans cette cave qui sent le détergent et l'eau sale mélangés. Emballée dans du film plastique comme un vulgaire morceau de viande. » Une histoire d'amour sur fond de kidnapping, qui écorche les dérives consuméristes dans une galerie de personnages doucement décalés.
Dans la défunte Yougoslavie comme dans la plupart des pays de l'ancien « bloc communiste », l'entrée dans la décennie 1990 fut une bifurcation historique majeure. Les nouveaux régimes en pleine mutation issus des premières élections pluralistes, en Europe de l'Est comme dans les républiques yougoslaves, devaient trouver leur place dans l'ordre mondial lui-même en recomposition. La crise yougoslave marque en Europe une transition d'une rare violence, d'une ère à une autre. Quelle mémoire, quelle compréhension en gardera-t-on ? Comment en sortir ? La stabilisation politique d'après-guerre dépend d'une certaine « vérité » historique et d'une capacité à reconstruire des solidarités socio-économiques. Sur tous ces plans, l'Union européenne élargie a et aura des responsabilités majeures. Voici plus de vingt-cinq ans que Catherine Samary sillonne la région pour en donner des clés de compréhension essentielles. Ce recueil regroupe des articles tels qu'ils ont été écrits au long de cette période d'éclatement de la fédération de 1991 à 2006, toujours à l'oeuvre aujourd'hui, avec leurs questionnements en temps réel... Ils ont en commun d'avoir cherché à mettre en évidence des interprétations du passé et du présent ouvertes sur d'autres possibles, rendant compte de points de vue et de résistances qui ont été étouffés au sein des sociétés concernées. Ce livre nous dit qu'il n'y a pas plus de fatalisme balkanique que d'impossibilité d'imaginer une autre Europe permettant à ses peuples de vivre mieux ensemble...
Je crois qu'il est sain d'assister la dernière apnée de soi-même . Et l'on ne peut pas ne pas relire.
(Christian Angelet)
Fruit d'une résidence de Laurent Contamin au Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement, ce recueil d'une centaine de haïkus décline les interrogations et les découvertes de l'auteur face aux enjeux climatiques et environnementaux auxquels nous sommes confrontés.
Des climats du passé à ceux du futur, des forêts aux océans en passant par les villes, c'est un voyage à travers le temps et l'espace qui nous est proposé, par petites touches.
À l'heure où la question du réchauffement climatique pénètre l'espace médiatique, ces Cent haïkus pour le climat témoignent de la rencontre singulière entre deux langages, deux univers : l'hypothèse scientifique et l'étonnement poétique.