Malko fonça dans l'escalier de pierre et partit d'un pas rapide vers l'entrée du port. La silhouette désignée par le garçon était à peine visible dans la pénombre. Il contourna le bassin, zigzaguant au milieu d'énormes caissons métalliques et de bateaux sur cale. La zone était à peine éclairée. Il entendit soudain un frôlement derrière lui et voulut se retourner. Il n'en eut pas le temps. Un bras musculeux entoura son cou, l'étranglant à moitié, tandis qu'une main énorme pesait sur sa nuque. Un homme d'une force herculéenne, surgi derrière lui, était en train de lui briser les vertèbres cervicales.
" Le passeport, tout de suite, fit Emil Borovo. Sinon je descends votre ami." Malko, la main crispée sur la crosse de son Walther, sentit son estomac se contracter. Il savait que le Bulgare ne bluffait pas. Il devait l'abattre avant. - Je compte jusqu'à cinq, dit Borovo.Un ... " Malko jouait sa vie sur une fraction de seconde. Son index caressa la détente du Walther et il bloqua sa respiration.
La Cherokee blindée fut balayée comme un fétu de paille et projetée contre une pile de containers. Malko, sonné, aperçut à travers le pare-brise gondolé un mur de flammes. Instinctivement, il tenta d'ouvrir la portière pour s'échapper du véhicule qui commençait à brûler. Impossible, même en donnant de furieux coups d'épaule.Des flammes commençaient à lécher le capot. Il allait mourir asphyxié ou brûlé vif...
La cabine était plongée dans l'obscurité. Malko fit un pas en avant. La lumière jaillit du plafonnier. Un grand Noir assis sur la couchette, torse nu, braquait sur lui un pistolet automatique qui lui parut énorme...
Une ampoule jaune s'alluma et Malko aperçut le monstre de deux cents kilos assis sur son ventre. Il faisait miroiter devant lui la lame d'un couteau de chasse dont un des tranchants était crénelé comme une scie. En mauvais anglais, il lança à Malko : "On va te crever ! Tu as bien fait de revenir à Belgrade."
Hiroko dégoupilla la grenade et la glissa par l'ouverture du sauna. Malko sentit la masse ronde rouler le long de son ventre et s'arrêter sous lui. Il lui sembler entendre le cuintement du détonateur à retard. Hiroko avait disparu. Au même moment, une des parois de papier et de bois vola en éclats sous le poids de M. Yamato, nu comme un ver...
Les gorilles maltais, voyant la bagarre, accouraient. Malko entendit un léger chuintement. Il cria : "N'approchez pas, il a une grenade !" C'était une question de secondes. Le Lybien s'accrochait à lui, les yeux fous. Malko comprit qu'il n'aurait jamais le temps de s'enfuir avant l'explosion.
Comme Flor ne bronchait pas, Malko se pencha pour la saisir par le bras et la faire lever. « Ne me touchez pas, dit-elle. Ou vous mourrez. » Elle fit glisser la serviette posée près d'elle, découvrant une boîte métallique de la taille d'un gros livre. Il y avait un bouton sur la face supérieure, où se posa le doigt de Flor. « Ceci est une bombe, annonça-t-elle d'une voix calme. Il y a 350 billes d'acier dans cette boîte. Noyées dans de la cheddite. Si j'appuie sur ce bouton, je déclenche l'allumeur. »
Malko, d'un coup d'épaule, ouvrit la portière et sauta à terre. Les deux Land-Rover étaient à cinquante mètres. Il partir en courant à travers le bush, n'espérant plus qu'un miracle. Ses adversaires allaient le massacrer tranquillement dans cet espace découvert sans le moindre endroit où se dissimuler.
Malko n'osait plus bouger, même d'un millimètre. L'explosion pouvait se produire s'il tendait encore plus le fil. Mais la première tension pouvait aussi avoir été le système d'armement de la machine infernale, se déclenchant alors si on relâchait le fil... Dans les deux cas, il était cloué au sol.
Malko eut l'impression que le fiacre penchait légèrement sur la gauche. Il tourna la tête et son pouls grimpa comme une fusée. Un homme, le visage dissimulé par une cagoule, s'aggrippait de la main gauche à un des montants de la capote. Sa droite brandissait un pic à glace. Malko voulut s'écarter, mais le bras de Lia noué autour de sa nuque l'immobilisait comme un étau. Tétanisé, il vit le pic à glace s'abattre avec une force inouïe en direction de sa poitrine, visant le coeur.
Malko vit parfaitement le gros automatique Colt 45 que la femme brandissait dans sa main droite. Sans l'ombre d'une hésitation, elle tendit le bras, amenant le trou noir d'un canon à quelques centimètres de sa poitrine. " Traître, lança-t-elle comme un coup de fouet juste au moment où son index écrasait la détente du "45". Malko sentit son estomac envahir toute sa poitrine. Il était à une fraction de seconde de l'éternité.
Malko entendit un claquement sec, vit l'éclair blafard d'une lame d'acier. Immobilisé, les bras tirés en arrière par ses autres agresseurs, il offrait son ventre à l'assassin. Le bras du Somalien se détendit, lançant en avant la lame à l'horizontale.
Malko mit une fraction de seconde à réaliser la signification du signal de Thomas Sands. Ses mains étaient collées par la sueur au volant. Il allait mourir. Furieusement, il se força à ne pas penser. Son pied écrasa férocement l'accélérateur de la Cadillac. La lourde voiture sembla flotter sur la poussière. Il restait quelques secondes avant la chute. Le compteur indiquait : 45 miles. La falaise venait à lui à toute vitesse.
Malko se glissa à l'intérieur du jardin et le parcourut des yeux. Son regard s'immobilisa sur une colonne de pierre, en face de la véranda. Une tête était posée dessus. Mais pas une sculpture de marbre, une tête humaine. Celle d'Amabeit.
Malko rouvrit les yeux. Son agresseur avait sorti un pistolet de sa poche et il vissa au bout du canon un gros cylindre. La culasse claqua : il venait de faire monter une balle dans le canon. Paisiblement, il ajusta la tête de Malko en train de se relever, la vue encore brouillée.
A tâtons, Malko parvint à allumer la lampe à pétrole. La flamme dansante donna assez de lumière pour qu'il puisse apercevoir quelque chose de très insolite. La lame d'un poignard dépassait de vingt bons centimètres à l'intérieur de la toile de tente, juste au-dessus de l'endroit où il était couché quelques instants auparavant. Avec un crissement soyeux, la lame descendit, ouvrant une longue ouverture dans la toile.
Le Noir se rapprochait à grandes enjambées, balançant la machette avec laquelle il avait décapité Elvira. " Viens ici, gringo !" hurla-t-il, un mauvais sourire aux lèvres. Malko se retourna, bien décidé à se faire tuer sur place. Cela valait mieux que de
Tout se passe très vite. Un homme corpulent surgit du taxi, un riot-gun au poing. Posément, il ajusta la voiture.Malko saisit Héloise et l'aplatit sur la banquette une fraction de seconde avant que la décharge de chevrotine ne fasse exploser le pare-brise. A tâtons, Malko rampa sur la banquette et parvint à ouvrir la portière, côté port, se laissant tomber à l'extérieur. Il releva la tête pour se trouver nez à nez avec le gros Arabe paerçu devant la mosquée de Fatima qui braquait son riot-gun sur lui, à deux mètres de sa tête. Les deux canons par où allait jailir la mort lui parurent énormes.
Ils avançaient en silence dans la rue déserte et sombre lorsque Malko, entendant des pas crisser sur la neige, se retourna. Ce n'était qu'une femme emmitouflée dans un anorak, un bonnet de laine enfoncé jusqu'aux yeux, une écharpe sur la bouche. Elle s'immobilisia, les jambes écartées : sa main droite jaillit soudain, prolongée par un gros 357 Magnum qu'elle pointa en direction de Malko, la main droite calée dans sa paume gauche. Une professionnelle. Il vit le trou noir du canon et se dit qu'il allait mourir.
Les autres couples du "jacuzzi", occupés à forniquer paisiblement dans l'eau, ne se doutaient de rien. Une main énorme se posa sur la bouche de Malko pour l'empêcher de crier. Le second tueur lui fit un croc-en-jambe. Malko perdit l'équilibre et sa tête disparut sous la surface...
La main droite du moine émergea soudain de la robe safran. Elle tenait un gros pistolet automatique noir. Malko vit distinctement la canon braqué sur son visage, à travers la glace. Il semblait énorme, démesuré. D'un mouvement réflexe, il se rejeta en arrière, mais fut arrêté par la banquette. La sacoche contenant son propre pistolet était par terre. Il n'avait pas le temps de la ramasser. Comme dans un cauchemar, il vit le doigt du moine se crisper sur la détente, et appuyer.
Malko n'osait plus bouger, même d'un millimètre. L'explosion pouvait se produire s'il tendait encore plus le fil. Mais la première tension pouvait aussi avoir été le système d'armement de la machine infernale, se déclenchant alors si on relâchait le fil..
Déséquilibrée, la Pontiac chassa de l'arrière, fauchant au passage un Vopo qui courait vers elle. Dans un affreux bruit de ferraille, la lourde voiture écrasa sa calandre sur la deuxième chicane en béton. L'aile avant-gauche se déchiqueta complètement, coinçant la roue. Malko passa la marche arrière et donna un furieux coup d'accélérateur. La vieille Pontiac trembla mais ne bougea pas. De toutes parts, les Vopos accouraient. Cette fois, ils étaient perdus.