Parmi les canaux blêmes de l'ancien port figé dans des eaux sépulcrales, le roman se joue entre des reflets : celui d'une femme que Hugues Viane a passionnément aimée, celui d'une morte dont il croit retrouver l'image chez une vivante. Récit fétichiste, où toute la sémiologie de la ville participe aux cérémonies du deuil. Livre-culte pour les spleens d'aujourd'hui.
Une femme s'exprime, de manière non dogmatique, et son approche du monde s'ancre dans des lieux quotidiens : une cuisine, un train, un balcon, voire un itinéraire maternel.
À la croisée de l'essai, du journal intime, du grenre épistolaire, du récit poétique, cette suite de textes brefs saisit les instants de manière sensible et subjective, afin de célébrer « la braise du quotidien ». À l'instar de Saint-John Perse, il s'agit de « célébrer l'honneur de vivre et l'horreur de vivre ». L'exaltation de la vie ne se sépare pas de la considération et de l'accompagnement de la mort.
Dans ce livre tout à la fois personnel et universel, fondé sur un émerveillement contagieux, le lecteur pourrait bien puiser la conviction qu'envers et contre tout, comme le disait Rilke, « Être ici est une splendeur ».
Le corps d'un noye´ est repe^che´ un matin pluvieux a` Paris.
Qui est cet homme ? Quelles raisons l'ont pousse´ a` un tel acte ? Pas de papiers d'identite´, pas d'argent, pas de mouchoir... Une simple carte de visite au nom de Saint-Pons, un avocat. Quel lien unit ces deux hommes, sinon une rencontre banale, lors d'une nuit orageuse ou` Saint-Pons a tente´ de sauver Elio et lui a fait promettre de vivre ? En vain. Obnubile´ par ce drame, sceptique face au suicide de cet homme trompe´, Saint-Pons s'engage dans une recherche passionne´e. Mais cette de´marche lui parai^t tout a` coup de´risoire. La mort d'Elio ne peut que le concerner...
Belgique, terre de poètes ! Est-ce toujours aussi vrai ? Cette anthologie fait le point sur la poésie belge de langue française actuelle, pour en illustrer toute la richesse et la diversité. Vingt ans de publications : les 117 poètes réunis ont tous publié entre 2000 et 2020. Le plus âgé (Michel Lambiotte) est né en 1921, le plus jeune (Quentin Volvert) en 1998 ! Des poètes confirmés, de jeunes voix, des phares, des méconnus ; tous les courants, tous les styles d'écriture sont représentés :
Poètes de l'être, du langage ou de l'objet, de la nature ou de la relation humaine, minimalistes ou baroques, subversifs, classiques ou plus surréalistes. Des traditions, des modernités...
" Le Feu ! .
Naoh apporte le Feu !
Ce fut un vaste saisissement. Plusieurs s'arrêtèrent, comme frappés d'un coup de hache. D'autres bondirent avec un rauquement frénétique - et le Feu était là. " C'est sur la conquête du feu que s'achève ce roman préhistorique, prodigieux voyage imaginaire à l'aube de l'humanité qui met en scène les hommes, les bêtes, la pierre, les cavernes et l'attente d'un âge meilleur.
Edgard, physicien reconnu, propose à une jeune journaliste d'écrire un ouvrage de vulgarisation.
Rapidement, la discussion scientifique se mue en une longue confidence à bâtons rompus. Du big bang aux cachots de la douane indienne, de la guerre d'Espagne à la Pologne communiste des années cinquante, de l'enfance cachée pendant la guerre au vide quantique générateur d'univers, Edgard livre les épisodes d'un destin plus que mouvementé. Toute ressemblance avec les deux auteurs n'est pas seulement une coïncidence.
À la fin du XIXe siècle, sentant sa fin prochaine, Quentin Moretus Cassave, un énigmatique vieillard immensément riche, convoque les membres de sa famille. Son testament stipule que pour prétendre hériter de sa fortune, il est impératif de venir vivre à Malpertuis, sa vaste demeure sombre et inhospitalière.
Le dernier survivant sera le légataire universel, sauf s'il reste un homme et une femme : ils devront alors se marier pour se partager l'héritage.
« Une variation supérieure sur l'admirable vieux mélodrame », notait Mallarmé à propos de Pelléas, dont l'intrigue, effectivement, peut sembler bien conventionnelle : le Prince Golaud recueille à l'orée d'un bois une jeune fille dont il va faire son épouse. Mais c'est du frère de Golaud, Pelléas, que Mélisande tombe amoureuse, et le destin fatal qui pèse sur les personnages de cette pièce de théâtre les mènera inévitablement à la désolation. La fable cependant n'est ici que prétexte à dérober au silence ses secrets.
Universellement célèbres au début de ce siècle, grâce notamment à l'opéra de Debussy, les ombres de Pelléas et Mélisande nous reviennent dans leur innocence inquiète.
Dans la salle d'un vieux château, un vieillard aveugle, entouré de sa famille, devine à des signes imperceptibles l'approche de la mort qui va frapper sa fille. Isolé par sa cécité, l'aïeul a gardé intacte son intuition. Il est le seul à pouvoir interpréter le bruissement des arbres, le silence des oiseaux et des cygnes, l'entrée du froid dans la salle. Plongé dans les ténèbres, il communique avec l'inconnu. L'Intruse, drame en un acte publié en 1890, forme, avec Les Aveugles et Les Sept Princesses (1891), la première partie de ce que Maeterlinck appelait sa « petite trilogie de la mort ». On trouvera ici la première édition critique de cet ensemble qui fit date dans l'histoire théâtrale.
La guerre sépare la princesse Maleine du prince Hjalmar le jour de leurs fiançailles. Enfermée dans une tour, la princesse s'échappe et rejoint le prince, au grand dam de la reine Anne. Les mauvais présages s'accumulent dans une Hollande imaginaire.
Première pièce publiée de Maeterlinck, La Princesse de Maleine est une féerie noire. Elle a ouvert le renouveau dramatique de la fin du XIXe siècle.
Un vieillard et un étranger observent à distance le bonheur d'une famille et tardent à leur annoncer la mauvaise nouvelle dont ils sont porteurs. Alladine et Palomides tombent amoureux, enfermés dans les souterrains d'un château. Ygraine se révolte et tente de soustraire le petit Tintagiles à l'emprise d'une reine invisible. Maeterlinck publie en 1894 ces Trois petits drames pour marionnettes, triptyque qui remet génialement en cause les conventions dramatiques de son temps. Sa dramaturgie fait le lien entre l'imagination du spectateur et les zones énigmatiques que suggère le texte. Car seul ce nondit, le « drame de l'existence ellemême », importe à Maeterlinck.
« Messieurs-dames, hélas ! l'Empereur vient de mourir ! » La nouvelle se répand rapidement à travers toute l'Europe. Pourtant, Napoléon n'est pas mort. Après une ingénieuse évasion, il a réussi à regagner la France, laissant un sosie occuper sa place à Sainte-Hélène - et ce n'est que ce dernier qui vient de trépasser. Mal ajusté à son incognito, Napoléon va traverser une série d'étranges épreuves. Confronté à son propre mythe, saura-t-il recouvrer son identité? Et qui est-il donc, maintenant que l'Empereur est mort ?
"Je n'ai pas l'intention d'écrire un traité d'apiculture ou de l'élevage des abeilles.
Tous les pays civilisés en possèdent d'excellents qu'il est inutile de refaire. Ma part se bornera de présenter les faits d'une manière aussi exacte, mais un peu plus vive, à les mêler de quelques réflexions plus développées et plus libres, à les grouper d'une façon un peu plus harmonieuse qu'on ne le peut faire dans un guide, dans un manuel pratique ou dans une monographie scientifique. Qui aura lu ce livre ne sera pas en état de conduire une ruche, mais connaîtra à peu près tout ce qu'on sait de certain, de curieux, de profond et d'intime sur ses habitants." Maurice Maeterlinck
En Belgique, dans un ministère qui construit des piscines, des stades, des autoroutes, des tunnels.
Pour le narrateur, c'est un univers de mort. Son psychanalyste reste muet à ses inlassables questions.
Suspendu à cette énigme, le narrateur ne cesse d'observer méticuleusement son milieu de bureaucrate.
Il assiste au rituel quotidien de l'exercice du pouvoir. Il déchiffre les gestes et actes des personnages qui l'entourent. Il les traque dans leurs dialogues. Il les voit souffrir, s'amuser aussi, obtenir quelques bonheurs vite éteints. Au fond, il n'est pas vraiment malheureux. Avec une patience minutieuse doublée d'un humour décapant, l'auteur parvient à nous construire un univers qui tantôt nous fait éclater de rire et tantôt nous plonge dans un cruel désespoir.
long poème en prose, equipée est l'aboutissement d'une fascination exercée par la chine, cette " impératrice d'asie ".
la description d'un voyage aux confins du pays permet une succession d'images colorées et vivantes. une question s'impose, s'agit-il d'un périple réel ou imaginaire ? les deux thèmes s'affrontent et s'imposent tour à tour.
Tyltyl et Mytyl s'éveillent au seuil d'un grand voyage...
Bérylune, petite fée bossue, les envoie quérir l'Oiseau bleu, le seul être capable d'enrayer le niai qui ronge sa fille. Le Pain, le Sucre, l'Eau, la Lumière, la Chatte et le Chien, qu'un diamant a pourvus de la parole, accompagnent les deux enfants dans leur quête.
Carl Norac fait partie des écrivains voyageurs comme avant lui Nicolas Bouvier ou Blaise Cendrars.
Pour lui, le voyage est avant tout un voyage « au fond de soi » On suit ainsi les traces du poète arpentant le monde dont les lieux et les villes résonnent dans le lointain. La sensualité imprègne la poésie de Carl Norac où la femme est omniprésente. La poésie, selon Norac, ne serait-ce pas une manière de regarder le monde à travers les infimes détails de la vie, un art de faire parler les objets et les choses, un art de vivre, en définitive ?
Zébuth ou l'histoire ceinte et L'imparfait racontent les déambulations de personnages marginaux qui semblent toujours flirter avec les limites de leur condition humaine. Un pas de danse, un cri soudain, une étrange aptitude à dialoguer avec d'autres créatures (les oiseaux, les morts) ou à se confondre avec l'in-humain (visage-caillou, chevelure végétale, enfant du vent...) révèlent leur monstruosité et leur fragilité, leur singularité au regard du reste des vivants. Puisant dans un fond mythologique et religieux, ces poèmes-récits parlent du monde d'aujourd'hui : le merveilleux est convoqué pour figurer la quête identitaire d'êtres aux contours difficilement saisissables, pour traduire leur capacité de désajustement à l'égard d'un réel que le mode rationnel échoue à appréhender.
Entre les murs d'une sombre bâtisse, Madame Tord et ses cinq enfants subissent quotidiennement la tyrannie d'un patriarche en mal de reconnaissance. Gare à celui qui dérangera le père, jamais avare de coups de fouet, de gifles ou de coups de pied. Une manière de fuir cette ambiance sourde sera de se réfugier dans un monde imaginaire aux dimensions insolites. Mais les événements auront raison de chacun d'eux : la mort accidentelle de la petite Barbe, la fuite de Ludegarde qui cherche à se délivrer des «marais» de son enfance, la départ d'Alban auprès d'une jeune femme rencontrée au hasard de ses fugues, tout cela brise leur rêve de liberté et l'univers visionnaire qu'ils s'étaient créés. Irrésistiblement, la maison Tord les ramène à elle, vieillis et désenchantés.
Dans de vieilles demeures paisibles, dans des ruelles hors du temps, dans des tavernes de marins et des ports noyés de pluie, jusque dans le néant de la pleine mer, Jean Ray fait planer le souffle des Ténèbres.
Par la déraison d'un homme, un tour de magie noire ou le simple jeu du hasard, des passerelles fragiles sont jetées entre les mondes, d'où des démons déchus, des créatures invraisemblables, tour à tour féroces et pathétiques, viennent briser et tordre entre leurs griffes le destin des humains.
Publié pour la première fois à Paris en 1919, ce roman dessine, avec Jours de famine et de détresse et Keetje trottin, un triptyque de la famille Oldema et plus spécialement de Keetje, troisième enfant de neuf que comptera le noyau familial.
Bien qu'ayant à sacrifier une partie d'elle-même, Keetje se sent profondément différente de ses parents. Son père, alcoolique, travaille de moins en moins et disparaît pendant des périodes toujours plus longues. Sa mère continue à conduire le ménage d'une main de fer et lui impose régulièrement de ramener de l'argent, quoi qu'il en coûte. Ses frères et soeurs doivent aussi trouver des tâches, ingrates, parfois dangereuses. Au milieu d'un monde surdéterminé, Keetje lit, s'évade, s'individualise.
Écrite avec une très grande simplicité de moyens, l'oeuvre de Neel Doff constitue un témoignage exceptionnel sur ce que pouvait être l'expérience de la pauvreté dans les taudis des grandes villes : la faim, les promiscuités honteuses, la prostitution, la cruauté inhumaine des nantis.