C'est le premier jour des grandes vacances. Lily, Basile et Claire passent l'été au village. Bientôt, un nouvel ami va faire son apparition, pour leur plus grand bonheur...
Cette histoire est le premier volet d'une série d'albums «?La bande à Lily?» qui nous invite dans le quotidien d'un groupe d'enfants. Ils habitent tous le même village, théâtre de leurs aventures. Chacun a son caractère qui va se révéler au fil des différentes histoires.
Ces petits albums, au format des cahiers d'écolier, nous parlent de la vie à la campagne, de l'enfance, de l'amitié, de la proximité, des petites choses qui s'assemblent pour former le terreau de l'enfance. Dans ces histoires simples, l'aventure est au détour d'un chemin ou au fond du jardin. C'est l'amitié entre les copains qui nourrit chaque épisode.
Geneviève Casterman, infatigable observatrice du quotidien, croque ces moments d'enfance. Son dessin, trait de crayon et rendu en noir et blanc où seuls les enfants ont une couleur distinctive, se fait tour à tour joyeux, expressif, minutieux.
Après les accordéons, Rue de Praetere, E411, Costa Belgica ou Se jeter à l'eau, elle observe son village et dépeint une enfance tendre, simple, où les petits riens se transforment en aventures extraordinaires.
Née à Anderlecht, Vinciane Despret a grandi et vécu à Liège. Elle y habite toujours, dans l'un des endroits les plus typiques de la ville, en son coeur historique. D'abord étudiante en philosophie, elle croise rapidement l'éthologie, l'étude du comportement des animaux, et se passionne pour les humains qui travaillent avec eux. Sa grande préoccupation sera de savoir comment concilier les deux disciplines, ses deux motifs d'enthousiasme.
Elle va logiquement emprunter la voie de la philosophie des sciences et mettre ses pas dans ceux de deux grands penseurs qu'elle cite - et fréquente - souvent, aujourd'hui encore : Isabelle Stengers et Bruno Latour. Elle veut désormais suivre les scientifiques dans leur pratique, comprendre « comment ils rendent leurs objets intéressants », raconter leur oeuvre de «traduction», d'invention. Elle entend comprendre et expliquer comment ils bâtissent une théorie, quelles influences ils subissent, comment l'animal qu'ils observent devient acteur de cette création de savoir.
Auteur prolixe d'articles, de conférences et de contributions diverses - sans oublier ses divers enseignements - Vinciane Despret a assuré très récemment le commissariat de la grande exposition Bêtes et hommes, à la Grande halle de La Villette, à Paris. Elle s'est également vu décerner deux prix : le prix des humanités scientifiques octroyé par sciences Po, à Paris, en septembre 2008 et le prix du Fonds international Wernaers pour la recherche et la diffusion des connaissances.
Dans ce nouvel opus de la collection Orbe, Frédérique Dolphijn interroge le travail de Vinciane Despret et en particulier son rapport à l'écriture, à la lecture, à la transmission de savoirs et à tout ce qui entoure la recherche: le choix des sujets, la manière dont l'interaction avec le sujet influence la démarche de recherche, la vulgarisation de résultats.
Un bel entretien qui nous offre un autre regard sur le travail de longue haleine de cette philosophe-éthologue belge.
Www.vincianedespret.be
On a trouvé une femme dans la mer baltique, elle était remplie de petits oeufs, ainsi commence et termine le récit graphique d'Elena Tognoli. Entre-temps, cette femme aura effleuré notre monde et y aura déposé son goût pour les mots et les questions ; mais aussi sa complexité et son souhait de liberté.
Femme-mirage, elle questionne notre monde, dans lequel elle cherche sa place, parmi les humains, dans la nature. À sa manière, elle nous informe de l'état du monde. Femme-trouvée, décortiquée, objectifiée, elle ne se laisse cependant pas réduire aux attributs qu'on lui appose ; malgré les tentatives de la définir selon son apparence, son âge ou ce qu'elle a dans le ventre, elle reste insaisissable et échappe aux cases. Femme-matrice au sein de cette mer-mère, elle interroge la féminité, la maternité, et plus largement la filiation. Femme-plurielle, elle semble être le tout et la partie.
Femme-univers, elle dépose ses mots au creux du récit. En elle, gravitent les pensées des mères du monde ; pensées-questions, pensées polyphoniques, pensées suspendues. Et quand les mots viennent à manquer, les dessins prennent le relais avec leur densité et leur bleu profond.
Ni déesse, ni sirène, cette femme-nageuse dépose son petit tas d'oeufs sur la plage. Ils éclosent en mots et par là nous adviennent. Qu'en ferons-nous ?
Mater Baltica nous tend un miroir, sans jugement ni réponse. À ceux-là, elle préfère la plongée en profondeur.
Elena Tognoli propose un voyage dans un univers qu'elle maîtrise parfaitement. Ses dessins s'accordent au récit, le prolongent, l'accélèrent et emmènent le lecteur dans un monde flottant où perdre pied serait un préalable. Dessins et écriture s'entremêlent pour tisser un récit onirique fluide comme le sable, profond comme la mer.
Ce sont trente-six portraits d'arbres de nos régions et d'ailleurs qui se succèdent sous la plume d'Albane Gellé. Ce sont autant de lettres, dans lesquelles, avec rigueur et sensibilité, elle s'adresse à chacun de ces arbres choisis avec soin. Elle s'attelle à les décrire, à dresser un bref portrait de leur histoire, leur provenance, leurs vertus, les mythes ou histoires qui leur sont associés... Elle permet à chaque arbre de sortir de l'indifférenciation où notre monde moderne les a souvent plongés : la forêt, le bois... Albane Gellé invite le lecteur à la rejoindre dans cet hommage à la nature et au vivant, à ce qui nous entoure en silence.
Elle nous propose de prendre le temps de s'arrêter, de regarder, de sentir. Le temps de (re)considérer ces arbres qui nous entourent, les saluer, les remercier. Les textes d'Albane Gellé sont accompagnés des dessins en noir et blanc de Séverine Bérard.
Après deux hivers, chacun le sien, les ours se sont rencontrés au printemps. Un album à lire en symétrie où l'on est invité à suivre deux ours jusqu'à leur rencontre... puis à recommencer ! D'un côté papa-ours se réveille après une longue hibernation. Ravi de se retrouver à l'air libre, attentif au vol d'une libellule, d'un rouge-gorge, d'un rayon de soleil, il se met en chemin... De l'autre côté, au même moment, maman-ours se réveille et explore les paysages en fleurs qui l'entourent.
Elle aussi se met en chemin... En symétrie, de part et d'autre de ce double livre (qui se commence d'un côté ou de l'autre), de pirouette en cabriole, les ours cheminent et se rapprochent petit à petit. Leur progression l'un vers l'autre est égrenée par une comptine marabout-bout-d'ficelle qui bien vite nous emmène dans la poésie joueuse de la rencontre amoureuse. Le tête-à-tête deviendra peau-à-peau au coeur du livre à l'ombre d'un grand arbre, tout au centre de la reliure, qui n'aura jamais aussi bien porté son nom ! Anne Herbauts signe ici un livre tout en légèreté et facétie, d'une apparente simplicité.
La construction de la comptine et les dessins très expressifs des ours en font un récit qui réunira petits et grands autour d'un sujet universel.
On mélange, émiette, mouline, saupoudre, tamise, malaxe... dans la cuisine d'Amandine Marembert et Valérie Linder. Poète et illustratrice posent leurs regards attentifs et délicats dans ce lieu si commun où petits et grands se retrouvent pour composer chaque jour des menus savoureux. Elles racontent les gestes simples, appris, répétés et échangés au fil du temps.
Elles nous transmettent le plaisir de cuisiner pour soi ou pour les autres, de préparer et se régaler ensemble, reliés aux générations qui nous suivent ou nous précèdent.
Et puis, ça marine ou ça mijote dans la casserole... Et c'est tout un paysage - où se mêlent jardins, forêts et souvenirs - qui se répand dans la maison et dans les pages.
Ici, on fait sauter des crêpes, là, on sauce un saladier, on se délecte d'une purée de châtaignes, ou on partage une galette...
Ouvrir ce livre, c'est être invité chaleureusement à la table des autrices, se laissant porter par le rythme des saisons en goûtant mots et images, plaisirs simples et infinis.
Les gestes de la cuisine est le troisième volet de cette exploration des gestes du quotidien. Il fait suite aux gestes du linge et du jardin dans une trilogie qui trouve ici son aboutissement.
«?La plupart du temps, la colère, je ne l'appelle pas et je fais tout mon possible pour qu'elle n'arrive pas chez les autres. Cette zone de désaccord, de conflit, je l'évite. Pourtant dans ma vie privée comme au travail, je sais me mettre en colère, mais ça me coûte : ça me fait mal et ça m'épuise. Au boulot c'est souvent une injustice, une erreur qui pourrait déclencher la colère, je n'y ai pas recours, je gère autrement. Et personnellement, c'est un excès de tristesse, la colère c'est contre moi. Je ne l'oriente pas au-delà.?».
La colère, la colère des hommes, est l'axe pivot de ce texte de Carol Vanni. En questionnant des hommes, proches ou inconnus, elle s'attelle à interroger cette émotion, à tenter d'en saisir les contours, les formes, les ombres. En provoquant la rencontre, elle les écoute parler de leur colère??; sentiment ambivalent tantôt constructif tantôt destructeur. Elle collecte ces témoignages comme on collectionne des trésors, autant de parcelles intimes, de mises à nu.
Aux entretiens s'ajoutent des extraits de son journal intime et des récits du potager où elle travaille comme maraîchère. Les mains dans la terre, un refuge pour les jours trop noirs. Une invitation à plonger dans une intériorité, une vulnérabilité et sa propre colère. Le mélange des voix et des temps confère une nouvelle dimension au livre.
Délivrer la colère. Enjamber. Un pied, un pied et l'élan. Sauter au-delà de tout ce qui a trahi. Devenir fourmi ailée.
Ces portraits d'hommes façonnent un kaléidoscope de cette émotion brute. Ni thèse, ni constat, ces entretiens sur la colère posent, entre autre, la question du passage et du choix : que faire de sa colère, où la déposer, faut-il rester en retrait ou franchir le cap, est-ce douloureux?? Et plus largement, en filigrane, le contexte social affleure. Dans notre monde, la colère est-elle acceptable?? a-t-elle sa place??
Avec Carol Vanni, les questions restent entières, c'est cela que sous-tend son travail de collecte, c'est cela aussi qui nous laisse une place comme lecteur. Poser la question de la colère ne l'appauvrit pas. C'est au contraire la marque d'un texte fort.
Un texte comme un cri. Un cri de rage. De colère. D'injustice. Le cri d'un enfant meurtri, qui ose enfin s'exprimer plus de soixante ans après les faits. Douloureusement, Jean Marc Turine remonte le fil de sa mémoire et raconte ce qu'il a tant voulu oublier : les agressions sexuelles répétées, lorsqu'il était jeune garçon, par des membres du clergé. Le texte déroule les faits et navigue entre le récit factuel, cru, et l'émotion intense. Jean Marc Turine réussit à garder cet équilibre précaire, entre le recul nécessaire à l'écriture et la répugnance des souvenirs évoqués ; écoeurement, dégoût, colère ; les émotions remontent.
Depuis toujours, la force du travail de Jean Marc Turine réside dans sa capacité à dénoncer, sans relâche, les horreurs, les injustices, de donner la parole aux sans-voix, aux opprimés de la société. Après trente-cinq ans de travail acharné, de créations radiophoniques, de livres de résistance, il prend la parole pour lui-même et l'enfant qu'il était. Dénoncer les agressions perpétrées par des membres de l'église permet à son enfance meurtrie de trouver les mots de sa blessure.
L'importance de ce texte réside dans son honnêteté, il n'occulte rien, ni la part d'ombre, ni le déni, ni la difficile construction en tant qu'homme adulte. Au-delà de l'horreur, il éclaire également l'oeuvre littéraire d'un homme épris de justice.
Il est des sujets dont on essaie parfois d'oublier qu'ils existent, des souvenirs qu'on préférerait occulter. Mais ce qui s'est passé a existé, et libérer la parole est salvateur, essentiel. Les comportements abusifs sur des jeunes enfants et leurs dénonciations récentes provoquent des haut-le-coeur. La trame en est souvent un rapport d'autorité qui paralyse la victime en protégeant l'abuseur. Le témoignage permet alors, non pas de comprendre, mais simplement d'entendre. Lorsque celui-ci se double d'une écriture ayant la qualité de celle de Jean Marc Turine, le lecteur se laisse happer par ce cri du coeur, véritable claque qui remue et révolte.
Après Les gestes du linge, Amandine Marembert et Valérie Linder explorent ensemble les gestes du jardin.
On retrouve avec plaisir la poésie du quotidien, la transmission familiale, le labeur du potager, la joie simple d'être ensemble les mains dans la terre que ces deux observatrices nous racontent par petites touches impressionnistes...
Le jardin, c'est surtout du travail, mais ausi la joie de la récolte ou la douceur de la rêverie et de la sieste. Le jardin devient alors échappatoire, un lieu hors du temps où les mains prennent le relais et mènent le corps.
Les mots d'Amandine Marembert et les aquarelles de Valérie Linder jouent tout cela et à leur tour transmettent ce bonheur au jour le jour et au fil des saisons.
Un mur en briques et derrière, dense et colorée, une jungle... de celles que l'on explore, à l'aventure, au mépris des risques, et à l'affût d'une rencontre. Dans cette jungle, un Loris, petit, timide et très embêté, cherche de l'aide, car il a coincé son ba... Mais on l'interrompt, on le houspille, on le pourchasse ? ! Et cette jungle chatoyante devient familière à chaque enfant. Terrain de jeu, où l'on chantonne, où l'on joue aux indiens, où l'on se bagarre parfois, et surtout, où l'on se crée des amis, cette jungle ne serait-elle pas, en fin de compte, une cour de récréation ?? Parce que tout le monde le sait, la cour de récréation, c'est parfois un peu la jungle.
La comparaison est connue, elle est ici assumée et revendiquée par Stéphane Ebner et Nicolas Mayné qui la prennent au pied de la lettre : enfants, indiens et animaux sauvages se côtoient, se confondent, et finalement ne font plus qu'un. Et dans ce milieu hostile, comment notre petit Loris, si doux, si timide, trouvera-t-il sa place ?? Entre tentative maladroite, incompréhension, faux problème et vraies questions, finira-t-il par trouver un allié pour retrouver son ba...
Son ballon ?? (la réponse est évidemment oui). Dans la jungle de Tôa Moä, chacun cherche sa place, tente de se conformer au groupe, parce qu'être accepté est l'une des questions fondamentales de l'enfance. Où se faire des amis ?? comment laisser la place à l'autre ?? Les deux amis artistes, Stéphane Ebner et Nicolas Mayné, explorent ces questions universelles dans un album qui foisonne de détails à observer dans des illustrations hautes en couleurs et où le texte se scande et se raconte à hauteur d'enfant.
Les koalas ne lisent pas de livres. Un album en deux temps où l'on entre dans l'intimité familiale des koalas et des grizzlis. Parent et enfant se retrouvent autour des moments et des occupations de tous les jours : un jeu, un repas, un bain et au bout de la journée, une histoire... Le grand koala aimerait tant lire un livre, c'est sans compter sur l'imagination du petit koala, toujours en recherche de son attention. Le grand grizzli aimerait tant se reposer, c'est oublier l'énergie infatigable du petit grizzli. Pourtant, même si l'aspiration des uns n'est pas celle des autres, ils se retrouvent toujours. Avec deux entrées différentes, ce double album se lit d'un côté comme de l'autre. Deux lectures qui s'équilibrent et se répondent pour raconter la parentalité d'aujourd'hui.
Celle des parents qui travaillent ou exécutent les tâches ménagères, mais qui n'oublient pas de jouer et de se mettre au diapason de leurs enfants. Avec ces deux mini-fables pseudo animalières, Anne Herbauts nous dit beaucoup de ce que l'on appelle parfois sans égard « la vie de tous les jours ». Les jeux d'images et de mots s'amusent des contre ou double sens. Les images faussement simples touchent par leur justesse. Koala et grizzli sont empreints d'une belle humanité et nous offrent une histoire pleine de tendresse et de vitalité.
Titu titu titu titutitu tiiiiiiiiiitu titu titu Merlito? Je t'entends. Où es-tu? Ainsi commence l'histoire, par son chant, un merle signale sa présence à l'enfant. Tous les jours, il apparaît, disparaît, chante et puis se tait. Il fait partie du quotidien de l'enfant, une présence familière, rassurante. L'enfant éprouve une vraie joie à le voir ré-apparaître chaque jour ; mais où est-il quand il ne le voit pas?? alors, l'enfant le convoque dans son imaginaire. À travers la présence familière du merle, l'album met en musique l'une des questions importantes pour le tout petit, celle de l'apparition-disparition, de la présence-absence. Celui qui s'en va, revient-il?? Les images et la narration permettent de s'identifier à l'enfant et son ami-merle, le petit lecteur se retrouvera sans nul doute dans cette histoire d'amitié. Florence Gilard invite le petit lecteur à plonger dans l'image et à expérimenter ce jeu de cache-cache. Un dispositif simple qui plaira à coup sûr aux tout-petits.
C'est l'histoire d'Henri Juel, un homme qui, à soixante ans, repart joyeusement à zéro. Après avoir posé le doigt au hasard sur une carte, il s'installe dans le village de Versol et s'invente de nouvelles habitudes. Au café, il rencontre les figures locales, dépeintes avec finesse : la tenancière, le maire, et surtout trois hommes dédaigneux qui débattent autour de cailloux aux formes rares glanés au fil de leurs déplacements. Juel souhaite ardemment intégrer leur «cercle» et se consacre alors à la collecte de cailloux remarquables.
Sous la plume espiègle de l'auteur, l'homme s'abandonne au jeu avec le sérieux des enfants. Les illustrations qui accompagnent le texte, telles les planches d'un ouvrage géologique, témoignent de cette exigence d'une collection bien faite.
Entre fiction et cabinet de curiosités, Le cercle est une promenade rythmée par les trouvailles. Une invitation à ouvrir grand les yeux et à transformer, par l'acuité du regard, l'ordinaire en merveilleux.
Ce jour-là, assis devant sa maison, Davilara le musicien repensait à la noce de son ami qu'il avait joyeusement animée la veille avec sa bomba. Soudain, juste au-dessus de sa tête, les mouches cessèrent de bourdonner. A pas de loup, un homme apparaît devant lui. Cet inconnu est venu le chercher car il ne croit pas ce que l'on raconte. Davilara serait le meilleur joueur de la Vallée du Chota ? Haha ! L'inconnu n'en croit rien et prétend que c'est lui, le meilleur.
Pour le lui prouver, il lui lance un défi : un duel musical au sommet de la montagne. Davilara accepte sans hésiter, mais il ne sais pas que c'est le diable en personne qui le défie. Un étrange duel commence alors... Ce livre, dessiné et écrit à quatre mains par Alice Bossut et Marco Chamorro, est inspiré de récits proches du mythe transmis à propos du musicien José David Lara Borja par plusieurs communautés du nord de l'Equateur.
A la fois légende et conte, Au rythme endiablé de la bomba captive par l'intensité et la vivacité de ses couleurs, la force et le dynamisme du dessin, qui rendent palpables la fougue et la puissance des deux adversaires. Il met en scène un personnage hors du commun, à l'infatiguable vigueur, dont la fierté et l'amour pour son art apprendront que "? jouer de la bomba, c'est aussi beau que dangereux ? ".
José David Lara Borja, surnommé le "roi de la bomba" , est un musicien équatorien né au début du XXe siècle et mort vers 1995. Considéré en son temps comme un mythe vivant, il a développé un style musical très singulier qui a inspiré les générations de musiciens et de danseurs de bomba qui l'ont suivi. La bomba désigne à la fois une sorte de tambour et la musique typique de ces communautés équatoriennes, traditionnellement accompagnée d'autres instruments et de chant.
Cette histoire est issue de la tradition orale des populations afro-équatoriennes de la Vallée du Rio Chota, au nord de l'Equateur. Imprimé en sérigraphie , le livre est paru aux éditions Comoyoko en 2016. Il est alors selectionné dans la liste d'Honneur de IBBY (International Board on Books for Young People) 2018 et Finaliste au Concours d'illustration NAMI en Corée du Sud, 2017. Le livre a donné naissance à une création radiophonique réalisée par Chloé Despax, une histoire à écouter et à danser à partir de 5 ans, qui a remporté la Médaille d'Or des New York Festival Radio Awards 2020 dans la catégorie "Best Audio Book - Children's" .
Quatre randonneurs se mettent en route, une famille ? des amis ? peu importe, ils s'unissent dans la marche et le paysage. Paysage aux points de vue mouvants, qui tantôt les domine, tantôt les engloutit mais que toujours ils redécouvrent. Le randonneur entre en montagne comme on entre en méditation ; doucement, un pas après l'autre, concentré sur sa foulée, sa respiration, ce qui l'entoure. La marche en montagne invite à l'introspection, à la réflexion.
Le randonneur se moque du confort habituel, prend des chemins étroits, affronte ses peurs et ses faiblesses, entre solitude et entraide. Le chemin, sans autre ambition que de l'emmener vers l'ailleurs, le fait grandir.
Dans ce jeu de cache-cache géant, un animal peut en cacher un autre... Les animaux stylisés nous plongent dans un monde en noir et blanc. Le petit lecteur est invité à observer attentivement, à explorer la page et l'image afin de découvrir les animaux qui s'y cachent. En fin de livre, une double page reprend tous les animaux présentés et leur nombre d'occurence... Les trouvez-vous tous ? Entre illusion d'optique et trompe-l'oeil, ce livre-jeu sans texte amusera les petits et les grands.
Chacun est invité à ralentir et à observer. Avec ses dessins et monotypes, Geert Vervaeke parvient à créer un monde onirique, où les animaux se côtoient et s'imbriquent les uns aux autres. En filigranes, elle nous suggère que tout est lié, les animaux d'ici et d'ailleurs, leur équilibre et le nôtre, et qu'aujourd'hui encore, plus que jamais, il est temps de revenir à l'essentiel et de redonner sa place à la nature.
Dos crawlé, brasse coulée, nage papillon, plonger, apprendre à nager, sauter, couler, boire la tasse, remonter, reprendre son souffle, trouver sa vitesse de croisière, garder la tête hors de l'eau... A la piscine, c'est un peu comme dans la vie : on commence tous par se jeter à l'eau. C'est une longue piscine qui se déroule sous nos yeux, de la petite à la grande profondeur. Du nageur assuré à l'apprenti plongeur, ils sont tous là pour nager, chacun à sa manière.
Le livre se déploie en accordéon : on commence par les petits, l'eau se fait découverte, crainte ou victoire. Puis vient l'assurance, le jeu, les premiers exploits. Enfin, les nageurs confirmés se lancent dans des séries de longueurs, parfois de manière hypnotique... En famille, entre amis, avec l'école, la piscine devient lieu de retrouvailles. Alors que papillonnent sous nos yeux plus de 150 nageurs, Geneviève Casterman nous plonge dans ses pensées, celles qui flottent à la surface de sa tête au cours d'une séance de longueurs.
Car nager ne l'empêche pas d'observer ses voisins de couloir : leur attitude ou leurs postures, comme si la piscine se transformait en gigantesque laboratoire de l'humanité... Le dessin de Geneviève Casterman, entre ligne claire et dessin de croquis, foisonne de détails qui font sourire par leur justesse. Un regard qu'elle pose avec tendresse et humour, à mettre entre toutes les mains !
Entre écriture poétique et recherches graphiques, Je ne suis pas un oiseau aborde et joue sur la question du sens des mots et de la représentation de la migration, du déracinement, de la dignité, du fatum, de la destinée imposée par les catastrophes et les guerres. Bien que le sujet soit ancré dans l'actualité, Anne Herbauts lui donne un sens très large, et non connoté ou lié à des évènements précis. Le livre porte la question du sens, du regard et de la définition que l'on pose sur la migration, par ce refrain, presqu'une comptine : je ne suis pas un oiseau. Je ne suis pas un oiseau devient, par sa répétition et sa simplicité, un cri. Le jeu des images recomposées, décomposées et mises face au texte qui semble anodin, vient décaler la lecture du texte et amener plusieurs sens et strates d'écriture. L'auteur fait entrer en résonance des références à l'image et à la représentation à travers l'Art dans l'Histoire.
La lecture devient dense, multiple. On ne peut résumer le monde, l'humanité et ses mouvements, simplement. Elle met en lumière, par son écriture entre texte et image, le pouvoir des mots, du sens et du jugement par lequel un mot peut enfermer.
Lors de son premier voyage au Japon, Benoît Reiss arrive chez ses hôtes et est invité à prendre un bain. Une pratique qui semble toute naturelle à ceux-ci, mais pour l'auteur, c'est tout un monde qui bascule ; il rencontre l'O'Yu - eau chaude en japonais.
Au fil de 55 textes courts, il avance doucement, mot après mot, pierre après pierre, bain après bain. Nous partageant ces fines observations, ses vives réactions, ses conversations magiques... Les mots deviennent tour à tour gouttelettes, pierres, insectes. La réalité se renverse, la séparation entre les êtres et les choses s'évapore ; les animaux parlent, de longs nuages dansent, l'eau frissonne, les mots nous éclaboussent.
Et tout cela se passe au creux d'un rocher ou près d'un distributeur de cigarettes et de canettes, au milieu d'un jardin artificiel, au bord d'une nationale, dans des bains publics ou encore dans un bassin de bois entouré de pierres noires C'est là que se côtoient employés de bureau, grand-mère et petit-fils, ouvriers, patrons, artisans, sans-abris... mais aux bains peu importe, car il est question de corps, d'infinis territoires et de sensations.
Le regard aiguisé, d'observations précises en sensations intériorisées, Benoît Reiss signe un livre bouleversant où le lecteur est tantôt absorbé, surpris, amusé, saisit . Il nous transmet les nuances de quelque chose d'essentiel : la simple et puissante certitude d'être vivant.
Attentive aux moindres bruissements d'air, aux minuscules gouttelettes, au pinceau qui se vide, à la couleur qui s'infuse, aux mouvements infimes, les encres d'Anne Leloup imprègnent les pages.
À eux deux, ils nous transmettent le désir très grand de pouvoir un jour, à notre tour, s'immerger dans l'eau et rencontrer l'O'Yu...
Personne n'a senti l'orage couver. Ni Lola, ni son frère assoupi à côté d'elle, ni sa mère... C'est vers 16 heures que la foudre est tombée. C'est maman qui conduisait. Papa était à côté, sur le siège passager. Il était 15h55. C'est l'heure qu'indiquait l'horloge dans l'auto. à ce moment précis, Lola a senti qu'elle perdait quelque chose qu'elle ne retrouverait plus jamais. Elle n'a pas compris tout de suite mais elle l'a su et tout de suite elle a eu peur.
Tout de suite elle a pleuré. Son frère s'est réveillé. Maman s'est arrêtée. Papa a tout raconté. Lola a dix ans lorsqu'un jour, contre toute attente, son père quitte sa mère. C'est toute une famille qui s'en trouve explosée, déboussolée. Les jours passent. Pas la tristesse. Alors, Lola se met à courir de plus en plus souvent, de plus en plus longtemps, de plus en plus vite. Dans ses baskets neuves, Lola court, pour échapper au quotidien ou juste pour se sentir bien.
Geneviève Casterman signe ici un album juste et sensible à propos de la séparation d'un couple, du point de vue d'une fillette. Ce livre parle de résilience, de course à pied et du passage de l'enfance à l'adolescence. Car du choc à l'apaisement, entre ses rêves, ses souvenirs et ses désirs, Lola grandit. Les dessins réalisés en noir et blanc et rehaussés à la couleur alternent paysages et mises en situation.
Ils s'enchaînent et reproduisent cet état d'esprit propre à la course : hypnotique, concentré, bercé par la respiration et les paysages qui défilent.
La collection Orbe invite le lecteur à aller voir ce qui se passe hors des sentiers battus avec, en ligne de mire, la relation que l'auteur interviewé entretient avec la proposition « je lis, j'écris, je suis lu ».
Ces sentiers sont aujourd'hui ceux de la relation textes-images qu'Anne Herbauts développe dans une oeuvre dédiée a` la jeunesse, mais pas que... Auteur jeunesse, elle trouve intéressant les livres qui proposent plusieurs niveaux de lectures et où adultes et enfants peuvent se promener ensemble. Le cheminement d'Anne Herbauts sur le sentier de l'écriture s'inscrit par les mots qu'elle assemble et les images qu'elle construit, pour dire et redire le monde autour.
« Le livre prend corps quand je prends les premières notes. Parfois c'est du texte mais j'ai déjà des pensées images. Je prends presque des notes écrites pour l'image, je dessine très peu avant ! Le format vient assez vite et je ne peux attaquer l'image physique, l'art plastique, que quand j'ai fait le chemin de fer du livre, quand j'ai mis à plat toute la structure avec le rythme et le déroulement temporel.
Quand j'ai le chemin de fer du livre, j'ai la respiration du livre. Quand j'ai l'image avant, je peux tout jeter en général.» Hors du jardin bien organisé, elle observe la vie qui fourmille. Elle nous raconte la nécessité des assonances, du sauvage, de la caillasse, des cairns, et met en abîme la question du réel, celui de l'histoire, de l'auteur et du lecteur.
« Il vaut mieux donner des livres qui ne sont pas lisses aux enfants. » Assurément, elle leur donne avant tout des livres à partager.
Pour Anne Herbauts, il ne faut pas rester au milieu du jardin - dans ce qui est connu et reconnu - il vaut mieux expérimenter d'autres dimensions et mettre la tête dans la haie.
C'est un paysage qui se déplie en accordéon. Devant nos yeux ébahis, il défile. Nous sommes sans doute à la fenêtre d'un train. On quitte une gare et l'on rêve le long de l'eau. On y voit un lac, une maison rose, une île, une forêt, le reflet des arbres... avant d'arriver à destination.
La peinture d'Anne Brouillard atteint une maturité de langage faite de finesse, de transparence, de poésie et de ce regard sur le monde qui lui appartient.
Inspiré du trajet en train Dinant-Namur, ce long accordéon nous montre la beauté des paysages d'ici. D'abord, peint à l'huile sur une longue bande de tissu, ce leporello appartient à la famille des livres que l'on regarde intensément, qui nous font rêver et qui s'impriment au plus profond de nous.
Le lac Cuicocha est le théâtre d'une étrange quête... Un géant, sympathique et rêveur, cherche un lac à sa mesure pour y prendre un bain. L'histoire raconte comment il essaie tour à tour les lacs de la région, sans succès. Finalement, il trouve son bonheur dans le lac Cuicocha, petit mais extrêmement profond. Il laisse alors éclater sa joie ! Cette ancienne légende kichwa, une langue amérindienne, nous vient de la région d'Imbabura au Nord de l'Equateur. Cette région est parsemée de lacs, montagnes et volcans. De nombreuses légendes pré-colombiennes circulent et viennent expliquer l'origine de ce paysage. Il existe plusieurs versions de l'histoire du Géant du lac Cuicocha ; la plupart décrivent un géant arrogant qui finit par se noyer dans le lac formé par le cratère du volcan. Alice Bossut et Marco Chamorro ont choisi de décrire un géant rêveur et coquet. Ce livre spectaculaire se déploie comme le paysage sous les yeux du géant. Il emmène le petit lecteur dans cette région d'Equateur, pays des géants rêveurs et des montagnes grandioses.