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Sciences humaines & sociales
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Mao ; de la pratique et de la contradiction
Badiou A/Zizek S
- La Fabrique
- 6 Septembre 2011
- 9782913372818
Parmi les textes rassemblés clans ce livre, certains sont si célèbres que leur titre fait effet de proverbe: une étincelle peut mettre le feu à toute la plaine, ou l'impérialisme américain est un tigre de papier.
D'autres sont plus rares, difficiles à trouver, presque oubliés. mais l'ensemble dessine le territoire théorique de la révolution chinoise et montre, chemin faisant, que mao, dont il est à la mode de dire tout le mal possible, reste une grande figure marxiste révolutionnaire. slavoj zizek, dans sa présentation, situe la "pensée mao tsé-toung" par rapport à marx, lénine et staline. il montre ses limites mais aussi les erreurs d'interprétation auxquelles elle se prête toujours, même chez les meilleurs.
A la fin du livre, un échange de lettres entre alain badiou et slavoj zizek montre combien peut être fructueux un dialogue à la fois offensif et amical, argumenté et respectueux. badiou: "les descendants contre-révolutionnaires de nos "nouveaux philosophes" vont hurler, comme ils le font déjà, qu'avec badiou tu fais la paire des partisans attardés, mais quand même dangereux, d'un communisme sépulcral.
Quel autre sens pourrait bien avoir, pour ces chiens de garde de la nouvelle génération, de seulement parler de mao?".
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On rencontre souvent la notion d'« écart » chez Rancière, toujours soucieux de « faire du deux avec de l'un ». Appliquée au cinéma, l'écart porte aussi bien sur la nature de la cinéphilie, qui lie le culte de l'art et la démocratie des divertissements, sur le rapport compliqué entre cinéma et politique, ou encore sur l'unité même de cet art, forme d'émotion ou vision du monde. Peut-être faut-il se demander « si le cinéma n'existe pas justement sous la forme de ce système d'écarts irréductibles entre des choses qui portent le même nom sans être des membres d'un même corps ».
C'est à partir de questions de cet ordre que Rancière convoque Bresson, Straub et Huillet, Pedro Costa, mais aussi Minelli et Hitchcock. Il ne raconte pas les films, il ne les commente pas non plus comme ferait un journaliste - il montre ce que, sans lui, nous ne verrions sans doute pas.
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Ce livre récuse les lieux communs sur le génocide des juifs : tragédie interne à l'histoire juive, point culminant d'un antisémitisme allemand, accident de parcours inexplicable de la civilisation occidentale.
Il analyse la rencontre unique entre des facteurs " normaux " du processus civilisateur et une forme particulière de criminalité. l'essai étudie tout spécialement la manière dont le génocide industriel calque ses procédures et ses dispositifs sur les schèmes de l'action bureaucratique rationnelle des pays développés. analysant auschwitz comme une extension du système industriel moderne, les criminels nazis comme des personnalités ordinaires saisies par la dynamique du processus exterminateur, ce livre travaille à situer le judéocide au coeur de la société moderne.
Il va à l'encontre de la tendance, largement répandue, à l'exaltation narcissique de la souffrance juive. nul doute qu'il suscite en france, comme dans tous les pays oú il a été publié, une ample discussion.
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La police, un sujet omniprésent sur lequel, à force, on ne sait plus trop quoi penser.
Ce livre, qui ne prétend pas à l'objectivité, donne le point de vue de quelques individus qui ont eu « maille à partir », comme on dit, avec les forces de l'ordre.
David Dufresne qui suit depuis longtemps les violences policières, résume ce qu'il a vu, subi, et entendu. Julien Coupat explicite le sens du mot d'ordre « Tout le monde déteste la police », il montre qu'il s'agit plus que d'un cri d'instinct, que ce slogan a valeur tactique. Eric Hazan au contraire reste (très minoritairement) convaincu que seul le basculement de la police peut transformer l'émeute en mise à bas du système : il préconise le mot d'ordre opposé : « La police avec nous ! ». Antonin Bernanos, militant antifasciste, met en évidence les connivences et les alliances objectives entre l'institution policière et l'extrême droite ; Amal Bentounsi, évoquant sa bataille judiciaire pour faire condamner les policiers meurtriers de son frère Amine Bentounsi, donne à voir la façon dont le racisme d'État a pu appuyer l'ascension inexorable et incontestée du pouvoir policier dans tous les pores du champ social.
Enfin Frédéric Lordon examine la menace d'affranchissement sauvage, inhérente aux institutions de la violence d'État, menace d'entraîner la police dans un devenir corps-étranger au sein du corps politique, sous les oripeaux du « monopole de la violence légitime ».
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Louis Chevalier est une figure double : d'un côté un personnage sérieux, un universitaire, condisciple de Georges Pompidou à Normale, professeur au Collège de France, auteur du célèbre Classes laborieuses et classes dangereuses ; de l'autre, un poète de Paris et plus particulièrement des nuits de Paris. C'est évidemment ce dernier qui a écrit Montmartre du plaisir et du crime, plongée dans un univers dont certains lieux et personnages sont bien connus - le Moulin-Rouge et le Chat noir, Yvette Guilbert et Maurice Chevalier - mais où l'on découvre ou retrouve mille histoires qu'on avait oubliées ou jamais sues : - celle des lavandières, les camarades de Gervaise dans L'Assommoir de Zola : Chevalier nous conduit rue des Islettes, à la Goutte d'Or, où le lavoir est toujours là au moment où il écrit, - celle des chanteuses, la grande Damia, racontée par Léon Daudet, réactionnaire mais grand ami de Vallès, la Goulue, Frehel - et des grandes courtisanes, Liane de Pougy, Emilienne d'Alençon, la belle Otero, - celle des artistes de Montmartre, Degas et Lautrec, Manet et Steinlen, et de ses écrivains, Maupassant, Carco, Mac Orlan, - celle de la " terreur noire " anarchiste et des assassinats sordides : " Le plus souvent c'est la femme qui se fait tuer.
Non à la manière du Sébasto ou de La Chapelle, en bête de somme rouée de coups, mais en amante qui a trahi son serment et qu'on tue par colère ou par désespoir ". Belles filles et mauvais garçons, hôtels borgnes et brasseries illuminées, " décor d'ombre, de misère, de vengeance, de peur, mais qui, paradoxalement, est le décor du plaisir, bien plus que le décor de lumière de la place Blanche, avec son scintillement et ses paillettes ".
Un livre qui promène du boulevard Rochechouart à La Chapelle, de la place Clichy à la rue des Saules avec un incomparable pouvoir de fascination.
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La question est donc posée : l'état d'exception permanent qui se constate dans les prisons françaises est-il lié à des effets de conjoncture ou à des « pesanteurs » diverses(manque de moyens, routines, négligences...) ou bien s'agit-il d'un état institué des choses, destiné à reproduire des effets politiques ou idéologiques réglés ? En d'autres termes, quelles sont les limites d'une approche humanitaire des prisons qui en envisage l'état toujours sous l'angle de la souffrance des détenus (...)
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Prologue d'une Révolution : Février-juin 1848
Louis Ménard
- La Fabrique
- 30 Novembre 2007
- 9782913372696
Pendant la monarchie de Juillet, Louis Ménard (1822-1901) était un républicain, un démocrate, mais ce sont les journées de juin 1848, l'indignation devant le massacre des ouvriers parisiens, qui décidèrent de son passage à ce qu'on appellerait aujourd'hui l'extrême gauche. Le « Prologue » expose cinq mois de l'histoire politique française, de février à juin 1848. Qu'un texte aussi remarquable ait eu une fortune aussi discrète, qu'il soit resté indisponible pendant des dizaines d'années est un symptôme : les journées de Juin 1848 font partie du refoulé de l'historiographie française. Cette nouvelle publication de « Prologue d'une révolution », la troisième en 170 ans, vient à point nommé pour rappeler ces quatre journées, l'une des plus formidables ruptures de l'histoire du XIX e siècle.
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L'histoire du mouvement féministe en France dans les années 1970, période au cours de laquelle le mouvement se pacifie au profit d'un féminisme étatique fondé sur des avancées législatives en terme d'égalité et de laïcité. L'internationalisme des luttes est également abordé. Enfin, des pistes d'action pour un féminisme politique sont proposées.
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Un autiste en société ! une quête au quotidien, pour vivre avec et pour les autres
Jean-Marc Bonifay
- A La Fabrique
- 10 Juin 2020
- 9782955103661
Adulte Asperger tardivement diagnostiqué dans la foulée du diagnostic de son propre fils, Jean-Marc Bonifay nous offre un nouveau témoignage sur l'autisme à la lumière de son investissement bénévole mais aussi de son inclusion sociale au sein de "clubs services" tels que le Rotary ou l'Ordre Militaire et hospitalier de Saint-Lazare de Jérusalem. Après "Autiste de Père en Fils !", témoignage intime sur son autisme et celui de l'un de ses fils, Jean-Marc BONIFAY élargit ici le propos à la lumière de son investissement au sein de clubs tels que le Rotary ou l'Ordre Militaire et hospitalier de Saint-Lazare de Jérusalem.
Prolixe et chevaleresque mais aussi candide et maladroit, l'auteur est plus à l'aise face à la caméra ou en conférence, le micro à la main, qu'en réunions amicales informelles. C'est là l'un des paradoxes de ce handicap dit invisible qu'est l'autisme sans déficience intellectuelle, que de passer pour « normal » ou au pire « décalé », tandis que chaque instant en société est vécu au prix d'immenses efforts d'adaptation.
Bénévoles caritatifs ou simples curieux, cette balade vous invite à découvrir, ou redécouvrir, les clubs services avec les yeux d'une personne autiste. Il vous conduira aussi de « l'autre côté du décor », peu connu du grand public mais si familier pour nos quelques 800 000 citoyens autistes français et leur famille. Personnes autistes et leurs proches, professionnels, ceci est le récit d'une personne autiste qui a fait sienne la devise « Servir d'abord ».
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« Pour comprendre ce qu'une personne vit, il est souvent proposé de se mettre dans sa peau, dans sa tête. Si cela vous semble absurde, peut-être trouverez-vous comme moi que l'écrit peut y aider... Si vous le voulez bien, laissez-vous emporter par ces nouvelles qui vous feront vivre de l'intérieur des perceptions différentes. Écrites à la première personne, ces feuilles puisent dans mes propres ressentis de personne autiste et s'inspirent ce que j'ai cru percevoir au fil des moments partagés avec les enfants et adultes autistes que s'accompagne. Elles vous aideront à mieux cerner les émotions, l'incompréhension, la frustration mais aussi les bonheurs qui nous sont donnés de vivre, à notre manière, parmi vous. » --- Diagnostiquée tardivement multi-dys et autiste atypique, Elise Hutin est monitrice-éducatrice et a suivi de nombreuses formations sur l'autisme. Animatrice puis animatrice spécialisée handicap, elle a été auxiliaire de vie scolaire durant trois ans avant de commencer à travailler en tant qu'intervenante à domicile.
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Autistes Asperger / TSA, votre recherche d'emploi en 170 conseils
Philippe Jeanmichel
- A La Fabrique
- 27 Janvier 2019
- 9782955103685
Avec cette nouvelle édition 2019 enrichie, l'auteur conjugue son expérience du marché du travail et celle de l'autisme Asperger pour proposer une méthode de recherche d'emploi fondée sur un conseil par jour pendant une durée de six mois. Moins une recette miracle qu'une somme de trucs et astuces qu'il utilise au quotidien, c'est cette approche qu'il partage aujourd'hui sous la forme d'un guide pratique, à utiliser comme un outil d'aide à la construction de la démarche de chacun. L'approche est réaliste car, pour la première fois en France, une stratégie de recherche d'emploi est rédigée par un autiste Asperger pour des autistes Asperger. Concrète, elle vise à contribuer à l'insertion professionnelle de ces personnes souvent très qualifiées, formidable vivier de ressources humaines dont le non-emploi prive l'économie de précieuses aptitudes.
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Autistes Asperger, la clé de votre recherche d'emploi en 120 conseils
Philippe Jeanmichel
- A La Fabrique
- 24 Novembre 2018
- 9782955103678
Dans cette première édition, enrichie de 50 conseils supplémentaires dans l'édition 2019, l'auteur conjugue son expérience du marché du travail et celle de l'autisme Asperger pour proposer une méthode de recherche d'emploi fondée sur un conseil par jour pendant une durée de quatre mois. Moins une recette miracle qu'une somme de trucs et astuces qu'il utilise au quotidien, c'est cette approche qu'il partage aujourd'hui sous la forme d'un guide pratique, à utiliser comme un outil d'aide à la construction de la démarche de chacun. L'approche est réaliste car, pour la première fois en France, une stratégie de recherche d'emploi est rédigée par un autiste Asperger pour des autistes Asperger. Concrète, elle vise à contribuer à l'insertion professionnelle de ces personnes souvent très qualifiées, formidable vivier de ressources humaines dont le non-emploi prive l'économie de précieuses aptitudes.
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Un avion qui lance une roquette dans une rue noire de monde, un bébé atteint au cerveau par des éclats de missile, un avocat qui propose d' "étrangler" Gaza, un père qui identifie la moitié du corps de son fils grâce à ses chaussettes, des rues entières " mises à nu " par les bulldozers Caterpillar... semaine après semaine, jour après jour quand les événements se précipitent, Gideon Levy décrit les horreurs infligées par l'armée et l'aviation israéliennes à la population de Gaza. Et en même temps, il tend un miroir aux lecteurs de Haaretz : il leur montre leur "effarante indifférence", il leur explique que les dirigeants de l'opération " Plomb durci " risquent de se retrouver un jour devant un tribunal à La Haye, il leur assène que " le sang des enfants tués à Gaza est sur nos mains et non sur celles du Hamas, et nous ne pourrons jamais échapper à cette responsabilité." "J'aime Gaza", écrit Gideon Levy dans sa préface pour les lecteurs français. Les articles ici réunis sont à la fois un plaidoyer et un réquisitoire, et aussi une raison de se réconcilier avec le journalisme.
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« Celui qui voit ne sait pas voir » : telle est la présupposition qui traverse notre histoire, de la caverne platonicienne à la dénonciation de la société du spectacle. Elle est commune au philosophe qui veut que chacun se tienne à sa place et aux révolutionnaires qui veulent arracher les dominés aux illusions qui les y maintiennent. Pour guérir l'aveuglement de celui qui voit, deux grandes stratégies tiennent encore le haut du pavé. L'une veut montrer aux aveugles ce qu'ils ne voient pas : cela va de la pédagogie explicatrice des cartels de musées aux installations spectaculaires destinés à faire découvrir aux étourdis qu'ils sont envahis par les images du pouvoir médiatique et de la société de consommation. L'autre veut couper à sa racine le mal de la vision en transformant le spectacle en performance et le spectateur en homme agissant. Les textes réunis dans ce recueil opposent à ces deux stratégies une hypothèse aussi simple que dérangeante : que le fait de voir ne comporte aucune infirmité ; que la transformation en spectateurs de ceux qui étaient voués aux contraintes et aux hiérarchies de l'action a pu contribuer au bouleversement des positions sociales ; et que la grande dénonciation de l'homme aliéné par l'excès des images a d'abord été la réponse de l'ordre dominant à ce désordre. L'émancipation du spectateur, c'est alors l'affirmation de sa capacité de voir ce qu'il voit et de savoir quoi en penser et quoi en faire. Les interventions réunies dans ce recueil examinent, à la lumière de cette hypothèse, quelques formes et problématiques significatives de l'art contemporain et s'efforcent de répondre à quelques questions : qu'entendre exactement par art politique ou politique de l'art ? Où en sommes-nous avec la tradition de l'art critique ou avec le désir de mettre l'art dans la vie ? Comment la critique militante de la consommation des marchandises et des images est-elle devenue l'affirmation mélancolique de leur toute-puissance ou la dénonciation réactionnaire de l' « homme démocratique » ?
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Tant que l'Etat existe, il n'y a pas de liberté.
Quand il y aura la liberté, il n'y aura plus d'Etat. Ces mots ne sont pas de Bakounine, ni de Malatesta, ni de Proudhon : ils sont de Lénine, réfugié en Finlande à l'été 1917 avant le déclenchement de la révolution d'Octobre. Il a utilisé son temps à l'écart de l'action pour reprendre et élargir ses notes sur la théorie de l'État, déjà énoncée dans les Thèses d'avril. dans L'Etat et la révolution, Lénine convoque les textes de Marx et Engels sur la Commune de Paris.
Il les utilise pour combattre les opportunistes de droite, les chefs de la IIe Internationale qui soutiennent la guerre en cours. Il réduit au minimum les divergences entre anarchistes et marxistes : non, le marxisme n'est pas un étatisme, il vise au contraire au dépérissement de l'Etat - avec une phase de transition, la dictature du prolétariat, dont la Commune parisienne est un moment paradigmatique.
Pour reprendre la formule de Marx à propos de Hegel, Lénine est aujourd'hui traité "en chien crevé". Dans sa présentation, Laurent Lévy montre ce que cette pensée politique garde d'original et d'actuel.
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hier encore, le discours officiel opposait les vertus de la démocratie à l'horreur totalitaire, tandis que les révolutionnaires récusaient ses apparences au nom d'une démocratie réelle à venir.
ces temps sont révolus. alors même que certains gouvernements s'emploient à exporter la démocratie par la force des armes, notre intelligentsia n'en finit pas de déceler, dans tous les aspects de la vie publique et privée, les symptômes funestes de l'" individualisme démocratique " et les ravages de l'" égalitarisme " détruisant les valeurs collectives, forgeant un nouveau totalitarisme et conduisant l'humanité au suicide.
pour comprendre cette mutation idéologique, il ne suffit pas de l'inscrire dans le présent du gouvernement mondial de la richesse. il faut remonter au scandale premier que représente le " gouvernement du peuple " et saisir les liens complexes entre démocratie, politique, république et représentation. a ce prix, il est possible de retrouver, derrière les tièdes amours d'hier et les déchaînements haineux d'aujourd'hui, la puissance subversive toujours neuve et toujours menacée de l'idée démocratique.
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Un boycott légitime ; pour les BDS universitaire et culturel d'Israël
Armelle Laborie, Eyal Sivan
- La Fabrique
- 18 Octobre 2016
- 9782358720878
Jusqu'à une époque récente, le pouvoir israélien avait choisi de ne pas évoquer le boycott pour ne pas lui donner de publicité, mais les progrès du mouvement BDS, et en particulier du boycott culturel et universitaire, ont changé la donne : il est devenu dans le discours officiel une « menace stratégique de premier ordre ». De fait, ce boycott est un pavé lancé dans la vitrine d'un État qui se présente comme occidental-libéral, démocratique et critique.
Pour contrer cette menace, dans un premier temps la propagande israélienne était fondée sur l'explication (hasbara en hébreu) : montrer « à quel point nous sommes bons et ceux qui nous attaquent sont méchants ». Mais avec les opérations menées à Gaza en 2008 et 2014, l'image d'Israël s'est encore détériorée. Le pouvoir israélien a alors changé de stratégie et remplacé l'explication par le marketing. Il s'agit désormais de promouvoir le pays comme une marque (Brand Israël), de supprimer toute référence au conflit avec les Palestiniens, de vanter les atouts d'Israël, son économie solide, son mode de vie vibrant, sa culture. Une organisation gouvernementale est créée pour ce but, dotée de millions de dollars annuels.
Cette opération de marketing se double d'une offensive universitaires civiles, depuis la prestigieuse université de Tel-Aviv jusqu'à l'institut Technion, où ont été conçus le bulldozer D9, télécommandé pour la destruction de maisons et la technologie des drones de renseignement. Dans les conseils d'administration et parmi les enseignants, on compte une grande proportion d'anciens militaires de haut grade et de représentants de l'industrie militaire. L'université n'a jamais protesté contre le blocage et la fermeture des universités palestiniennes dans les territoires occupés, ni contre les crimes commis lors des expéditions militaires à Gaza. Les rares voix discordantes sont muselées, et les dissidents sont souvent amenés à s'exiler.
La littérature et le cinéma israéliens sont eux aussi utilisés comme des armes stratégiques. Au lendemain de l'opération Plomb durci à Gaza, le ministre des Affaires étrangères déclarait : « Nous allons envoyer à l'étranger des romanciers connus, des compagnies théâtrales, des expositions, pour montrer un plus joli visage d'Israël, pour ne plus être perçus dans un contexte de guerre ».
Quant à la « gauche sioniste », (ou « camp de la paix »), elle proclame que la société israélienne glisse vers le désastre, refusant d'admettre que le désastre est déjà là. Ses prudentes circonlocutions en font, selon les mots de Sivan et Laborie, « les garde-frontières de la critique légitime », la caution morale de l'inacceptable.
Le boycott intellectuel et universitaire est donc plus que légitime. C'est un outil essentiel pour celles et ceux qui souhaitent voir un jour les juifs israéliens pleinement intégrés et réconciliés avec le Moyen Orient.
Juridique menée dans le monde entier pour délégitimer et censurer les voix qui appellent au boycott, et singulièrement au boycott culturel et universitaire. En France, cette offensive est d'une intensité particulière, d'où une sorte d'« exception française » : notre pays est le seul (avec Israël, depuis peu) à considérer l'appel au boycott comme un délit - la Cour de cassation l'a récemment confirmé à deux reprises, au moment où les gouvernements néerlandais et irlandais affirmaient explicitement qu'un tel appel relevait de la liberté d'expression.
Le prestige international de l'université israélienne est un point essentiel de la hasbara. Sivan et Laborie montrent que cette université doit sa richesse et son efficacité à sa relation plus qu'étroite avec l'armée. L'essentiel de la recherche et développement de l'armée est réalisé par des institutions
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Quand Marx écrit Sur la question juive, à Kreuznach en 1843, il s'en prend à l'un des plus célèbres intellectuels allemands de l'époque, Bruno Bauer, chef de file des "Jeunes-hégéliens", qui vient de publier une brochure sur le sujet. Dans le texte de Marx, la situation des juifs sert d'exemple concret et d'argument pour traiter de sujets beaucoup plus vastes, pour faire une critique fondamentale de l'État, de ses rapports avec la religion en général, avec la société civile. Le noeud du livre, c'est l'émancipation. Pour la première fois, Marx fait la distinction fondamentale entre l'émancipation politique (celle que réclament par exemple les juifs allemands, pour s'aligner sur la situation en France), qui est une première étape, nécessaire mais incomplète - et "le monde parfait, le monde non contradictoire de l'émancipation humaine". Avec Sur la question juive, Marx a été accusé d'antisémitisme. Des livres ont même été écrits pour le prouver (Robert Misrahi, Marx et la question juive). En réalité, quand Marx écrit "Quel est le culte profane du juif ?
Le trafic. Quel est son dieu ? L'argent..., il ne fait que ramener l'élément religieux du problème juif à sa nature sociale. Et quelques lignes plus loin, Marx s'explique : "Si le juif reconnaît le néant de sa nature pratique et s'efforce de la vaincre, cet effort le libère de tout ce qui fut jusque là son développement, il oeuvre pour l'émancipation humaine tout court." Hannah Arendt, peu suspecte de sympathie marxiste, insiste sur le fait que la critique marxienne des juifs n'a rien à voir avec l'antisémitisme de l'époque.
Un livre brillant, offensif, présenté par Daniel Bensaïd, l'un des meilleurs spécialistes actuels de la pensée de Karl Marx. Une nouvelle traduction.
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Ce livre a paru en 1995. Après l'effondrement de l'empire soviétique, l'Occident proclamait alors le retour de la pensée politique et le triomphe de la démocratie. Mais ce triomphe prenait un visage singulier. De plus en plus la discussion et le choix démocratiques s'identifiaient à l'accord des partis jadis opposés sur le fait qu'il n'y avait pas grand-chose à discuter parce que l'état global du monde imposait les seules solutions praticables. A cet ordre nécessaire des choses et des idées on donna le nom de consensus . Ce nom promettait la paix mais s'accompagnait en fait de la multiplication des formes d'exclusion et de la passion d'exclure.
Cette bizarre conjoncture a amené Jacques Rancière à juger nécessaire de repenser la nature de la politique. Celle-ci n'est pas l'exercice du pouvoir en général mais celui d'un pouvoir bien particulier , le pouvoir du peuple, c'est-à-dire de ceux qui n'ont aucun titre particulier à exercer le pouvoir . C'est ce pouvoir paradoxal qui , dès la Grèce antique , s'est mis en travers d'un ordre normal des choses où le commandement revient à ceux qui y sont prédestinés par leur naissance ou leur richesse. C'est lui qui s'est affirmé dans les luttes d'émancipation modernes où les hommes et les femmes enfermés dans le monde privé de l'atelier ou du ménage se sont transformés en acteurs de ce monde commun qui les excluait. Le coeur de la politique, c'est l'affirmation du pouvoir des incomptés qui vient brouiller toute distribution ordonnée des parties de la société et des parts qui leur reviennent.
A partir de là , il est possible de comprendre la nature du consensus. Celui-ci signifie la liquidation de cette action des incomptés et l'identification de la politique à la gestion étatique des intérêts , une gestion ramenée à la soumission à une nécessité posée comme objective, celle du monde globalisé sous la loi du libre marché. Il y a trente ans cette liberté se déclarait accordée aux formes de vie des individus et des groupes sociaux. Le livre montrait la violence inhérente à ce prétendu règne de la liberté. Au temps de Trump et d'Elon Musk , celle-ci éclate à nu. L'ordre consensuel est celui d'un capitalisme absolutisé qui veut régenter les corps et les esprits et construire un monde soumis au seul droit du plus fort. Ce livre appelle à retrouver, contre cette entreprise totalitaire, le sens de la politique comme exercice de la capacité des égaux. Une postface nouvelle en explicite l'histoire et les enjeux. -
À travers les murs ; architecture de la nouvelle guerre urbaine
Eyal Weizman
- La Fabrique
- 21 Mars 2008
- 9782913372740
Lors de l'attaque de Naplouse en avril 2002, les soldats israéliens évitaient les rues, les allées et les cours : ils progressaient à travers les maisons, par des trous qu'ils creusaient dans les murs, les planchers, les plafonds. Cette stratégie a été ensuite utilisée par des instituts et des think tanks aux États-Unis : la nouvelle guerre urbaine, mise au point en Israël, devient un sujet d'étude international. Les Israéliens ont construit dans le Néguev une ville entière, où les murs des maisons sont « pré-percés », et qui est louée par toutes les armées qui le souhaitent pour l'entraînement à la nouvelle guerre urbaine. Eyal Weizman explique comment cette nouvelle pensée, mal comprise par les réservistes israéliens, a été l'une des causes de la défaite israélienne au Liban à l'été 2006. Il montre aussi comment cette façon de penser la guerre recouvre en réalité une lutte de pouvoir entre les anciens et les modernes, à l'intérieur même de l'establishment militaire israélien.
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Tiqqun est le nom d'une revue philosophique française d'inspiration anarchiste et post-situationniste[réf. nécessaire] fondée en 1999[1] avec pour but de « recréer les conditions d'une autre communauté ». Elle fut animée par divers écrivains, avant de se dissoudre à Venise en 2001 suite aux attentats du 11 septembre[2]. La revue a été l'objet d'un certain intérêt dans les média en novembre 2008[1] suite à l'arrestation[3] de Julien Coupat, l'un de ses fondateurs.
Le Tiqqun est également un concept philosophique, éponyme de la revue dans laquelle il a été développé.
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Rendre le peuple heureux ; rapports et décrets de ventôse ; les institutions républicaines
Saint-just
- La Fabrique
- 11 Octobre 2013
- 9782358720519
« Ne souffrez point qu'il y ait un malheureux ni un pauvre dans l'État : ce n'est qu'à ce prix que vous aurez fait une révolution et une république véritable » : cette exhortation, c'est le grand thème de Saint-Just, aussi bien dans son rapport devant la Convention le 8 ventôse an II que dans son projet d'« Institutions républicaines ». Il attaque les Indulgents (nous dirions les modérés), « une secte politique qui joue tous les partis ; elle marche à pas lents. Parlez-vous de terreur, elle vous parle de clémence ; devenez-vous cléments, elle vous vante la terreur ; elle veut être heureuse et jouir ». Et les décrets de ventôse prévoient que « les biens des personnes reconnues ennemies de la Révolution seront séquestrés au profit de la République » et distribués aux patriotes indigents. Dans le projet d'« Institutions », Saint-Just cherche à refonder la société au profit des plus faibles - les pauvres, les enfants, les vieillards, les femmes -, à créer les conditions d'une égalité concrète, à lutter contre les formes d'oppression héritées du passé. Car - on l'a un peu oublié de nos jours - « les malheureux sont les puissances de la terre ; ils ont le droit de parler en maîtres aux gouvernements qui les négligent. »
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Dans cet ouvrage majeur, Ilan Pappé, historien israélien de renom, revient sur la formation de l'État d'Israël : entre 1947 et 1949, plus de 400 villages palestiniens ont été délibérément détruits, des civils ont été massacrés et près d'un million d'hommes, de femmes et d'enfants ont été chassés de chez eux sous la menace des armes. Ce nettoyage ethnique a été passé sous silence pendant plus de soixante ans et peine encore à être considéré dans sa pleine mesure. S'appuyant sur quantité d'archives, Ilan Pappé réfute indubitablement le mythe selon lequel la population palestinienne serait partie d'elle-même et démontre que, dès ses prémices, l'idéologie fondatrice d'Israël a oeuvré pour l'expulsion forcée de la population autochtone. Ce qui fut un grand livre d'histoire est aujourd'hui une lecture indispensable hélas éminemment d'actualité. Publié pour la 1 re fois en français en 2006 chez Fayard, il a été mis en arrêt de commercialisation à la fin de 2023 alors que les bombes pleuvaient sur Gaza.