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« Comment l?amour qui nous abêtit, et qui est potentiellement capable de faire de nous des brutes, peut-il être ressenti et désigné comme le bonheur suprême ? L?amour n?est-il qu?une maladie, et non la plus belle, mais la plus terrible qui soit ? Ou bien est-il un poison dont le dosage décide s?il est bénéfique ou dévastateur ? Au secours, Socrate, au secours ! » C?est bien l?amour et son funeste double, la mort, que l?auteur du Parfum a choisi d?embrasser ici dans un même mouvement d?humour et d?audace. L?essayiste en appelle à Goethe, Wagner ou Stendhal, compare les destins d?Orphée et de Jésus qui, tous deux, ont tenté de vaincre la mort au nom de l?amour. Mais c?est surtout le romancier que l?on retrouve avec bonheur dans ce bref essai, lui qui sait, mieux que personne, brosser en quelques lignes des saynètes cocasses et bouleversantes.
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Deux siècles ensemble Tome 2
Alexandre Soljenitsyne
- Fayard
- Litterature Etrangere
- 10 Septembre 2003
- 9782213615189
Le second et dernier volume de l?étude considérable d?Alexandre Soljénitsyne sur les relations entre Juifs et Russes est consacré à la période soviétique de 1917 à 1972. Sur treize chapitres, il expose et analyse successivement la part prise par les Juifs de Russie à la révolution de Février, puis à celle d?Octobre aux côtés des bolcheviks, puis à la guerre civile et aux événements dramatiques des années 20 et 30 ; il se penche sur le dossier douloureux et jusque-là « interdit » de la participation de certains, trop nombreux, à l?appareil répressif soviétique et à l?administration du Goulag, sans omettre d?aborder également, pour finir, les conséquences du pacte germano-soviétique, puis de la « Grande Guerre patriotique », et l?essor de l?antisémitisme stalinien à la fin des années 40. A la suite de la guerre des Six jours et de la politique indécise du gouvernement soviétique, la communauté juive d?URSS se détache de plus en plus du communisme, mais, parallèlement, rejette la faute de l?échec de la révolution sur les spécificités de l?histoire et du caractère des Russes. Les deux derniers chapitres sont consacrés, d?une part, au début de l?exode à destination d?Israël ou de l?Occident, d?autre part aux problèmes de l?assimilation de ceux qui restent. Si l?auteur arrête son analyse en 1972, c?est qu?avec la liberté de mouvement recouvrée, les Juifs ne se trouvent plus astreints à vivre en Russie : désormais, les rapports entre les deux communautés se situent dans une perspective nouvelle.La méthode suivie est identique à celle du premier volume. Soljénitsyne s?appuie principalement et parfois même quasi exclusivement sur les sources juives et offre un tableau aussi précis que contrasté des périodes étudiées. Une véritable somme, la première du genre, qui, vu son ampleur, pourrait bien être reconnue comme définitive.Prix Nobel de littérature, réinstallé en Russie après un exil de vingt ans, l?auteur du Premier Cercle et du Pavillon des cancéreux, après avoir bouclé ses deux entreprises littéraires géantes, L?Archipel du Goulag et La Roue rouge (six tomes sur huit déjà publiés en France) et tout en poursuivant la rédaction de ses mémoires (deux volets publiés, sans doute encore deux à venir), a renoué depuis peu avec le genre court ?, notamment avec Deux Récits de guerre ? ainsi qu?avec l?histoire et la critique littéraires.
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Réflexions sur la Révolution de février
Alexandre Soljenitsyne
- Fayard
- Litterature Etrangere
- 7 Novembre 2007
- 9782213635354
Ces quatre courts essais ont été écrits dans les années 1980-1983 et devaient servir de conclusion à chacun des quatre volumes de Mars 1917, troisième et avant-dernier noeud de la Roue rouge. Mais après mûre réflexion, l'auteur a renoncé à les inclure dans l'épopée pour ne pas influencer le lecteur et sauvegarder la perspective d'ouverture propre à tout récit littéraire, où tout reste possible.
Dans ces essais, publiés pour la première fois dans la revue Moskva en 1995, et écrits avec une concision et une virulence dignes de ses meilleures textes publicistiques, Alexandre Soljénitsyne analyse le caractère paradoxal de la révolution de Février : elle a déterminé les destinées historiques non seulement de la Russie, mais du monde entier, et cependant elle s'est produite sans cause apparente, sans la participation des révolutionnaires, principalement grâce à l'incurie et à l'inertie du pouvoir. La monarchie multiséculaire s'est effondrée en trois jours sans y être poussée par des forces adverses. -
Le plus vieux souverain d'Europe règne depuis cinquante-quatre ans sur le rocher de Monaco.
Autrefois ses sujets l'appelaient « le Prince », aujourd'hui c'est « le Patron ».
Rainier III administre une principauté de 195 hectares, soumise à la « souveraineté limitée » que lui accorde la France, son voisin et protecteur.
Aux premières années de son règne les caisses du palais étaient vides, la situation financière des Grimaldi guère brillante ; on découvre un souverain timide, falot, influençable, entouré d'affairistes. En 1956, son mariage avec l'actrice américaine Grace Kelly va transformer le personnage. En moins de vingt-cinq ans, le vieux décor de la principauté s'efface. Elles sont loin, les photos bistre des hôtels rococo, des villas et des jardins d'opérette. Avec ses buildings, Monaco devient une réplique miniature de Manhattan ou de Hong Kong, ce qui vaudra à Rainier le titre de « prince bâtisseur ». L'autocrate dote les Grimaldi d'une fortune que ses aïeux n'ont jamais possédée dans toute l'histoire du royaume. L'édification de cette fortune va de pair avec les frasques d'une famille qui fait fréquemment la une des magazines. Mais fi des rubriques « people », place aux « affaires » ! Cinquante banques et établissements financiers se partagent une manne de soixante-dix milliards d'euros de dépôt, et Monaco est dénoncée en tant que « lessiveuse d'argent sale ». Le paradis fiscal est désormais sous haute surveillance...
Rainier III a résisté à de Gaulle, il a roulé Onassis qui contestait son pouvoir, il a trouvé en François Mitterrand un complice. Au fil d'une crise diplomatique cyclique entre Paris et le Rocher, voici l'histoire de ce confetti méditerranéen qui se prépare au règne d'Albert. Frédéric Laurent est né en 1946 à Monaco. Journaliste, il a appartenu à l'équipe fondatrice de Libération. Homme de télévision, lauréat du prix Italia pour l'un de ses films : Les Filières de l'immigration clandestine, il est aussi l'auteur de L'Orchestre noir (1978), document sur les extrêmes droites en Europe.
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Une minute par jour
Alexandre Soljenitsyne
- Fayard
- Litterature Etrangere
- 7 Novembre 2007
- 9782213635330
Ces entretiens de 15 minutes chacun ont été diffusés d'avril à septembre 1995 par la chaîne ORT une fois tous les quinze jours. Ils reprennent les idées directrices de Soljenitsyne sur la façon de réformer la vie politique et les institutions de la Russie, sur les principaux problèmes de la société russe à la fin des années 90.
Son idée la plus chère est celle qui concerne la décentralisation, l'auto-administration populaire - c'est celle qu'il reprend dans presque tous ses discours, et qui le conduit à demander la recréation de cette institution ancienne, le zemstvo.
Voici les titres de certaines émissions :
L'agitation préélectorale commence trop tôt. La Douma : tout ce qui lui reste à faire.
Les tares de notre système électoral.
Le système de l'enseignement scolaire s'effondre. La délinquance des enfants.
Les syndicats, leur histoire en Russie, etc.
Suivent plusieurs extraits d'interviews télévisées :
De quelle loi sur la terre aurions-nous besoin ? La Russie est-elle une fédération ? La situation démographique de la Russie, etc.
Et des extraits d'interventions publiques :
à Novossibirsk, à l'Université de Rostov, à l'Université de Saratov, et un discours à la Douma.
Les extraits de ses interventions publiques sont précédés de la note suivante :
« Les interventions de l'écrivain, lors de rencontres avec des représentants de la société, au cours de ses voyages à travers la Russie, n'étaient pas des discours préparés à l'avance, mais des répliques à ce que venaient de dire les gens avant lui. L'entrée était toujours libre, dans des salles combles. Tous ceux qui voulaient s'exprimer pouvaient le faire en dehors de tout ordre du jour, sur n'importe quel sujet : sur leurs peines, leurs inquiétudes, leurs espoirs, leurs réflexions, leurs propositions. Ils parlaient pendant 3-4 minutes, il s'agissait d'environ 25-30 personnes dans chaque auditoire. Les sujets abordés concernaient la politique, les nationalités, la vie quotidienne, l'éducation, la morale, la religion, des questions étaient posées sur le sens à donner à la vie, à la repentance - il y avait aussi des questions personnelles, adressées à l'écrivain sur lui-même. » -
Issu d?une famille d?émigrés russes contraints de se réfugier en Occident après la révolution de 1917, Serge Schmemann a gardé la Russie dans le sang. En 1980, il part pour l?URSS en qualité de journaliste et découvre au coeur de l?ancienne Russie le domaine de ses ancêtres, acheté sur un coup de tête par son aïeul Mikhaïl Ossorguine.
Après la vie dorée de l?aristocratie russe au XIXe siècle, le village de Serguievskoïé (devenu aujourd?hui Koltsovo) apparaît sous le jour plus douloureux de la terreur stalinienne vécue à la base par plusieurs générations de paysans qui se souviennent au fil des rencontres avec l?auteur.
Récits oraux, photos, entretiens, documents, carnets, mémoires sont exploités de manière éminemment personnelle pour faire revivre la paysannerie de province. Comme des poupées russes que l?on emboîte, l?auteur entrelace son histoire individuelle de journaliste en quête de témoignages, son histoire familiale, à la manière d?un album de famille riche de deux siècles de vie, et la grande Histoire ? celle, tragique ou rocambolesque, de la Russie tsariste et révolutionnaire, celle aussi de Staline puis de Brejnev, Gorbatchev et Eltsine.
Le récit qu?il nous livre aujourd?hui, avec une élégance des plus modeste, est celui d?un retour aux sources, émouvant et brutal, comme peut l?être un retour sur les lieux d?un paradis perdu après un traumatisme. -
Les années 1950-1960 à New York telles que les a vécues l'écrivain israélien Yoram Kaniuk, à partir de ses vingt ans, côtoyant les milieux artistiques, musicaux et cinématographiques de l'Amérique des années cinquante.
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Les sites de la mémoire russe Tome 1 ; géographie de la mémoire russe
Georges Nivat
- Fayard
- Litterature Etrangere
- 5 Septembre 2007
- 9782213600604
Voici une histoire de la civilisation russe non événementielle et non historiographique, qui n'est pas non plus un recueil d'essais sur des sujets sociologiques ou anthropologiques. Elle s'inscrit dans la suite des Lieux de mémoire en France conçus par Pierre Nora il y a vingt ans et qui ont passablement renouvelé l'approche des objets historiques, en particulier en examinant le fonctionnement des lieux et institutions commémoratifs et fondateurs des mémoires nationale, sociale, professionnelle. En Russie, où la réforme des recherches historiennes ne fait que commencer, l'historiographie russe reste encore dominée par les grandes problématiques de l'opposition Occident/Russie, ou encore slavophiles/occidentalistes, c'est-à-dire toujours idéologisée.
L'ouvrage est conçu comme une reconstruction du fonctionnement de la mémoire russe par liens entre tous les éléments qui la constituent - cet usus de la vie russe que Roman Jakobson a défini comme la chose commune aux Russes, plus commune que le territoire, mouvant et immense, ou que les institutions, sujettes à effondrements.
Le premier de ses trois tomes tente de répertorier la « géographie » de la mémoire russe : d'abord le paysage, mémorisé par tout Russe, canonisé par la peinture de la seconde moitié du XIXe siècle, les différents types de villes, bourgs, villages et hameaux qui hiérarchisent l'espace russe d'une façon beaucoup plus différenciée qu'en Occident, les musées et grands monastères, les jardins, les nécropoles, et leur rôle social encore bien vivant, les lieux d'enseignement séculier et religieux, le théâtre également, qui fut aux XIXe et XXe siècles une institution presque égale à la religion, et enfin les lieux «emportés» avec soi par l'émigration, en elle-même lieu de mémoire et moteur actuel du renouvellement de la mémoire russe depuis son « rapatriement ».
Sans équivalent à ce jour, cet ouvrage devrait enrichir considérablement l'appréhension d'une grande civilisation qui n'en finit pas d'intriguer ses voisins immédiats ou lointains, ses amis comme ses ennemis, faute d'une connaissance approchée. -
Les nouveaux prédateurs ; politique des puissances en Afrique centrale
Colette Braeckman
- Fayard
- Litterature Etrangere
- 9 Février 2003
- 9782213614885
Trois millions de morts en quatre ans. Comment, à notre époque, une telle hécatombe peut-elle passer inaperçue ? Et quels en sont les responsables ?
A partir de 1998, soit quatre ans après le génocide au Rwanda, lorsque la République démocratique du Congo s'est trouvée prise dans l'engrenage de la guerre, on a vu l'armée du Rwanda « punir » la population congolaise suspectée d'abriter les acteurs du génocide. Mais si bien des Congolais sont alors morts dans la violence ou l'abandon, ce n'est pas seulement au nom de la sécurité du Rwanda, c'est surtout parce que les richesses de leurs terres aiguisent tous les appétits...
Trop longtemps, en effet, au gré des prédateurs rôdant dans la région, la dictature de Mobutu a été un frein à l'exploitation du cobalt, de l'or, du diamant, du colombo-tantalite et du pétrole : il était urgent d'ouvrir les immenses réserves congolaises aux prospecteurs et aux aventuriers. Dans le même temps, les pays voisins - Rwanda, Ouganda, Zimbabwe - rêvaient de bâtir leur développement sur les ressources puisées chez leur voisin. Mais Laurent-Désiré Kabila, le tombeur de Mobutu, qui aurait dû être le fondé de pouvoir de ce vaste projet régional, ne tarda pas à renier ses promesses. Telle fut la raison profonde de l'éclatement du conflit.
Depuis l'assassinat de Kabila, en janvier 2001, l'équation a changé : au nom de l'ouverture, le pays s'est soumis aux institutions financières internationales, les promesses d'assistance se sont multipliées, les prédateurs ont subi de fortes pressions. Car, après le 11 septembre, il importe que l'ordre règne dans les banlieues du monde, et les puissances - Etats-Unis, France, Grande-Bretagne - s'y emploient. Mais si les rôles ont été redistribués, si de nouveaux acteurs sont apparus, les ambitions demeurent, et les intérêts des populations continuent à passer au second plan.
Le destin de cette région convoitée est exemplaire d'une configuration désormais planétaire. Et à l'heure de la mondialisation, la résistance des peuples du Congo à cette nouvelle ruée vers l'or est, elle aussi, exemplaire.
Colette Braeckman est journaliste au Soir de Bruxelles, spécialiste de l'Afrique. Elle a publié tous ses livres chez Fayard, parmi lesquels Le Dinosaure : le Zaïre de Mobutu (1992), Rwanda : Histoire d'un génocide (1994) et Terreur africaine : Burundi, Rwanda, Zaïre, les racines de la violence (1996).
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Les sites de la mémoire russe Tome 2 ; histoire et mythes de la mémoire russe
Georges Nivat, Collectif
- Fayard
- Litterature Etrangere
- 13 Novembre 2019
- 9782213632759
De la création, au début du XIXe siècle, du « récit historique russe » aux soubresauts actuels de la mémoire russe, ce 2e tome embrasse l'histoire de la mémoire russe et de ses mythes.
Ce second volume consacré aux Sites de la mémoire russe poursuit et complète un relevé de la civilisation russe qui s'inspire des Lieux de mémoire de Pierre Nora. Ni articles sociologiques ou anthropologiques, ni encyclopédie, c'est un choix des topoï de la mémoire russe. Lieux et institutions de cette mémoire dans le tome 1, consacré à sa géographie, grandes étapes de son fonctionnement et dysfonctionnement dans ce tome 2, consacré à son histoire.
Le "récit historique russe" naquit au début du XIXe siècle, avec Nicolaï Karamzine. Il est étayé par "l'invention" des Antiquités russes, la série des Chroniques commencée sous Nicolas Ier et poursuivie aujourd'hui, les lettres écrittes sur écorce de bouleaux découvertes depuis 1951 dans les fouilles de Novgorod. Peinture et musique russes ont grandement contribué à ce récit et sont donc amplement traitées, tout comme l'histoire de l'Église et du sentiment religieux.
Le mythe dominant est celui de Pierre le Grand, on verra combien le premier empereur prit soin de le forger lui-même. Mais il y en a bien d'autres : celui de la révolte russe (Stenka Razine, Pougatchov, les décembristes, Octobre 1917), ou "Moscou Troisième Rome". Le corps embaumé de Lénine, la silhouette de Staline réapparue aujourd'hui témoignent des soubresauts de cette mythologie.
La richesse et la grandeur impressionnantes de cette mémoire se conjuguent avec les crises d'amnésie et d'hypermnésie. Autant de paradoxes plus actuels que jamais pour comprendre la Russie.
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Histoire du Parti pour un progrès modere dans les limites de la loi
Jaroslav Hasek
- Fayard
- Litterature Etrangere
- 27 Février 2008
- 9782213636351
« Et maintenant, quelques mots rapides pour faire comprendre tout le prix de mon caractère. Un homme qui écrit d'aussi belles choses ne peut avoir qu'une âme également belle. Et, lors des prochaines élections, il est plus que probable, si je suis élu à l'unanimité dans une ou, pourquoi pas, plusieurs circonscriptions, que j'éviterai au Parlement la honte de n'avoir pas encore réservé de siège à l'homme le plus éminent de notre empire ! Lorsque je dis «l'homme le plus éminent», ai-je besoin de préciser qu'il s'agit de moi ? Pour finir, je déclare expressément que tout ce que je viens d'écrire part du sentiment le plus noble et le plus généreux, car en vérité, qu'y a-t-il de plus beau pour un homme que le sentiment désintéressé qui le porte à hisser son prochain au sommet de la gloire ? Que ce chapitre encore ouvre les yeux de tous ceux qui pensaient trouver dans ce livre, dans cette éblouissante chronique, une suite de pamphlets ou de critiques infamantes contre les plus respectables et les plus honorables de nos personnalités publiques. Si ces lignes sont du pamphlet, alors nom d'une pipe, je ne sais plus ce que pamphlet veut dire ! »Né à Prague en 1883, Jaroslav Hasek s'est fait connaître autant par son goût pour la provocation et la mystification que par ses talents de conteur. Lassé des joutes politiques stériles qui ne servent que l'ambition et la vanité des candidats, il fonde en 1911, en pleine tourmente électorale, le Parti pour un Progrès modéré dans les Limites de la Loi, un parti burlesque et inconoclaste dont le nom à lui seul contient tout le programme. Il mourut en 1923, laissant inachevée son oeuvre capitale, les Aventures du brave soldat Chveïk.
Traduit du tchèque, préfacé et annoté par Michel Chasteau. -
Qu'ils ont été nombreux à venir en Suisse, ces Russes, au point que parfois ils occupaient tout l'espace, à Genève, ou à Lausanne, à Zurich aussi, où leurs jeunes gens émancipés affluaient pour étudier ! La promenade littéraire et historique de Mikhaïl Chichkine nous balade du XVIIIe siècle jusqu'à aujourd'hui et abonde en citations inattendues de visiteurs russes de la Confédération : jeunes nobles en tournée d'apprentissage culturel comme les fils du comte Stroganov, révolutionnaires en exil comme Lénine ou encore Bakounine que vient séduire Netchaïev, le cynique "inventeur de la terreur de masse", Herzen qui est naturalisé dans le canton de Fribourg, Stravinsky qui y écrit l'Histoire du soldat avec Ramuz, Nijinski qui y meurt fou, Nabokov et Soljénitsyne qui ratent leur rendez-vous un jour de 1974 au Montreux Palace et ne se rencontreront donc jamais. Le sujet est immense, tant est grande la place que la Suisse a tenue dans l'éducation et les rêves de la Russie. Le passage des Alpes par Souvorov reste un lieu de mémoire mythique. Le prince Mychkine arrive de Suisse à Saint-Pétersbourg au début de l'Idiot, et y retourne quand sa tentative de faire le bien en Russie a échoué. Le poète Tiouttchev voudrait y oublier la mort de son ultime et poignant amour de vieillesse, Tolstoï y écrit son sarcastique Lucerne ; les peintres russes défilent chez Calame à Genève pour apprendre à peindre les montagnes. Marina Tsvétaïéva et sa soeur séjournent à Lausanne. Plus tard le mari de Marina, enrôlé par le KGB de l'époque, organisera le meurtre d'un ancien agent soviétique dans cette même ville. À quelques pas de là s'établira un chasseur de papillons qui a écrit Lolita...
Cet ouvrage foisonnant, amusant autant qu'instructif, en dit beaucoup plus qu'il n'y paraît tant sur la Russie que sur la Suisse, et pose une question russe par excellence, récurrente dans l'oeuvre de Mikhaïl Chichkine : pourquoi le Russe se fuit-il si souvent lui-même oe