Jusqu'ici, j'ai toujours écrit pour tenter de débrouiller un ou plusieurs problèmes auxquels je me heurtais dans ma vie, en espérant que ce travail serve aussi à d'autres. Il est un peu déconcertant de le faire simplement, cette fois, pour partager l'un des stratagèmes par lesquels je maintiens allumée la flamme de ma vitalité - pour parler de plaisir.
Parmi tous les ouvrages qui paraissent sur la culture numérique, je n'ai encore jamais rien lu au sujet de cette communauté éparse que j'ai moi-même rejointe il y a bientôt dix ans : celle des collectionneurs d'images en ligne, qui accumulent et partagent au fil des jours, sur Instagram, Tumblr, Flickr ou Pinterest, des photographies d'art, des tableaux, des dessins qu'ils aiment.
Cette activité en apparence anodine représente mon équivalent de la liste des "Choses qui font battre le coeur" dressée par Sei Shônagon, dame de compagnie de l'impératrice consort du Japon, dans ses Notes de chevet, au XIe siècle. Dans un monde de plus en plus désespérant, j'ai envie de revendiquer ce rapport primaire et entêté à la beauté, cette confiance dans l'appui qu'elle offre, faisant de nous des perchistes arrachés momentanément à la gravité et catapultés dans les airs, libres et légers, avant de retomber... ailleurs.
Ma famille maternelle a quitté la Roumanie communiste en 1961. On pourrait la dire "immigrée" ou "réfugiée". Mais ce serait ignorer la vérité sur son départ d'un pays dont nul n'était censé pouvoir s'échapper. Ma mère, ma tante, mes grands-parents et mon arrière-grand-mère ont été "exportés". Tels des marchandises, ils ont été évalués, monnayés, vendus à l'étranger.
Comment, en plein coeur de l'Europe, des êtres humains ont-ils pu faire l'objet d'un tel trafic ? Les archives des services secrets roumains révèlent l'innommable : la situation de ceux que le régime communiste ne nommait pas et que, dans ma famille, on ne nommait plus, les juifs.
Moi qui suis née en France, j'ai voulu retourner de l'autre côté du rideau de fer. Comprendre qui nous étions, reconstituer les souvenirs d'une dynastie prestigieuse, la féroce déchéance de membres influents du Parti, le rôle d'un obscur passeur, les brûlures d'un exil forcé. Combler les blancs laissés par mes grands-parents et par un pays tout entier face à son passé.
Pour la famille Bennet, qui compte cinq filles à marier, l'arrivée de deux jeunes et riches célibataires dans le voisinage est une aubaine. Le sombre Mr Darcy saura-t-il vaincre le mépris d'Elizabeth ? Les soeurs de Mr Bingley parviendront-elles à le dissuader de déclarer ses sentiments à Jane ? Le happy end tant attendu par le lecteur du chef-d'oeuvre de Jane Austen aura bien lieu, mais au terme d'innombrables intrigues et retournements, cocasses ou cruels.
L'humanité a déployé assez d'intelligence pour mettre au point des machines qui explorent Mars, mais pas pour comprendre pourquoi et comment un bouchon mal vissé peut devenir un sujet de discorde. Explorant la dispute sous toutes ses coutures, ce livre résolument optimiste peut se résumer ainsi : "aucune souffrance n'est indispensable, aucune souffrance n'est gratuite".
Une magistrale remise en perspective de nos errements, de nos insuffisances et de nos idéaux.
La route des thés oscille entre nomadisme et sédentarité, elle est faite d'étapes, comme autant de points d'attache dans un mouvement perpétuel. Elle symbolise le voyage. Les buveurs de thé sont une confrérie dont fait partie la grande voyageuse Lucie Azema.
L'autrice parcourt l'histoire de ce breuvage millénaire, des premières caravanes aux colonisations, de ses usages à ses significations. Elle explore cette tension entre arrêt et mouvement, qui nous incite à embrasser nos propres errances et nos ancrages, à approcher une philosophie du voyage par étapes, à naviguer en suivant les aléas des chemins et des rencontres, à emprunter des routes aussi bien physiques qu'imaginaires.
Quel est l'avenir du travail au XXI&esup siècle ? Cette question se heurte à un paradoxe fondamental : les avancées technologiques vont nous rendre plus riches que jamais, mais elles empiètent toujours plus sur le travail tel que nous le connaissons. Grâce aux progrès de l'intelligence artificielle, des secteurs entiers se transforment : des diagnostics médicaux à la résolution de conflits juridiques en passant par la rédaction d'articles, les technologies sont capables de se substituer aux humains.
Il faut se rendre à l'évidence : le travail ne va pas disparaître, mais il risque de se raréfier. Face à la menace du chômage technologique et des inégalités qu'il risque d'engendrer, Daniel Susskind encourage les États à prendre des mesures politiques fortes : redistribution des richesses et limitation du pouvoir des GAFAM. Bref, dans une certaine mesure, l'avenir se jouera entre Big States et Big Tech.
Tout en retraçant l'histoire des mutations majeures de notre temps, Daniel Susskind nous invite avec pragmatisme à repenser plus largement notre rapport au travail rémunéré, et à explorer des pistes différentes de celles du salariat. Une synthèse magistrale sur l'Âge du travail, une analyse éclairante des possibles qui s'ouvrent à nous.
« La parole est au coeur de toutes les attentions : multiplication des concours d'éloquence, création du Grand Oral du baccalauréat, institution de la lecture comme "grande cause nationale", succès inédit des films, émissions, livres, podcasts et formations qui lui sont consacrés.
Pourtant le débat, lui, se porte mal. Soumis à la culture du buzz et du clash, parcouru d'anathèmes, crispé par les conflits identitaires, il est le symptôme de notre difficulté à nous comprendre, à nous écouter et finalement à "faire société". C'est que parler est une chose, mais savoir de quoi parler, avec qui, où et dans quel cadre en est une autre.
Malgré tout, nous croyons à la possibilité de réenchanter le débat public.
Parce que nous sommes persuadés que la discussion et la controverse sur lesquelles se sont construites nos démocraties demeurent fécondes pour lutter contre les embrigadements et les séparatismes.
Parce que défendre des valeurs différentes n'interdit pas de nous parler.
Parce que c'est du choc des pierres que naît l'étincelle. »
Une silhouette en marche, dense à faire éclater les pierres. C'est de cette vision qu'il nous semblait devoir partir, parce que Césaire resta toujours debout : un humaniste d'une curiosité insatiable, qui se méfiait des honneurs et des courtisaneries, mais surtout un poète et un homme politique visionnaire.
Cri de colère autant que d'optimisme, la vie de Césaire est aussi l'affirmation d'une voix singulière : une poésie jaillie des profondeurs, comme une éruption de la montagne Pelée, et indissociable de son engagement dans la vie politique du XX siècle.
C'est de moment en moment que nous avons choisi de dessiner sa trajectoire : celle d'une pensée tendue vers un monde juste et fraternel. Sa négritude est une conquête, une solidarité l'affirmation intransigeante de notre humanité. Elle naît de la même révolte originelle contre le monde tel qu'il est, se nourrit du même désir de mener tous les opprimés, tous les aliénés, « hors des jours étrangers ».
« S'abstraire du monde ne veut pas dire tourner le dos à ce qui nous entoure, au contraire : c'est voir le monde avec davantage d'acuité, garder le cap et apprécier la vie. »
Dans ce récit intime et militant, Erling Kagge, aventurier des temps modernes, nous montre qu'il suffit parfois de quelques grammes de silence pour trouver son chemin dans le vacarme du monde.
Il dérangea, fascina, exaspéra. Il suscita plus d'articles haineux qu'aucun de ses contemporains. Mais il sut aussi retourner les critiques les plus hostiles et cultiver l'intérêt des commentateurs les plus brillants, à commencer par Barthes, Blanchot et Foucault. Peu suspect de complaisance, Nabokov lui-même tenait La Jalousie pour « le plus beau roman d'amour depuis Proust ».
Étonnamment pourtant, l'oeuvre d'Alain Robbe-Grillet est aujourd'hui moins lue et, alors que l'année 2022 marque le centenaire de sa naissance, aucun travail biographique le concernant n'est encore paru. Aussi ai-je voulu, prenant appui sur les nombreuses archives que l'écrivain a laissées, faire revivre sa figure et, avec elle, l'aventure du Nouveau Roman.
Entouré d'une réputation d'austérité, le Nouveau Roman naît en un temps, à la fois proche et lointain, où les débats littéraires soulèvent de vives passions. C'est une exceptionnelle rencontre de talents, une histoire d'amitiés et de brouilles, de coups d'éclat et de zones d'ombre. J'évoquerai la longue alliance de « Robbe » avec Jérôme Lindon, son amitié avec Jean Paulhan, ses relations changeantes avec Nathalie Sarraute, Claude Simon ou Roland Barthes, ainsi que le couple hors normes qu'il a formé avec Catherine Robbe-Grillet.
Je tenterai aussi de faire revivre l'enfant tourmenté, l'ouvrier du STO, l'ingénieur agronome, le ciseleur de phrases, le sentimental secret, l'éditeur audacieux, le brillant pédagogue et l'infatigable voyageur que fut Alain Robbe-Grillet. Je m'attacherai à cet homme étrange, séparé des autres par ses obsessions singulières. Un personnage infiniment plus complexe que le provocateur médiatique des dernières années. Un auteur majeur qu'il me paraît essentiel de redécouvrir.
B.P.
"S'il émane d'une historienne, l'essai que voici parle de littérature. C'est avant tout le livre d'une lectrice. Lectrice depuis longtemps assidue au tête-à-tête familier et toujours passionnel avec les textes littéraires mais tout à coup renvoyée à sa bibliothèque par un aujourd'hui devenu impitoyable. Il me fallait "tuer le temps".
Les grands textes de fiction inventent leur puissance de vérité propre, y compris historique. Ils figurent des formes et des savoirs du temps, une pensée de l'événement, de l'attente, du recyclage, de la disparition et de la perte ; ils enregistrent, parfois malgré eux, un nécessaire travail du négatif opposé au tropisme progressiste de notre modernité. Ils nous enjoignent non pas seulement de ralentir ou de tourner le dos au "Progrès" - déjà tout un programme ! -, mais bien de réviser nos cadres temporels eux-mêmes. Ce faisant, depuis la Révolution française, les écrivains interrogent affectivement ce que signifie "être contemporain" de son époque ; de quelle façon vivre - ou ne pas - vivre avec son temps.
L'itinéraire de lectures ici présenté est buissonnier et sans aucune ambition systématique, cheminant à sa guise, dans un corpus de livres aimés, romans, récits ou grandes oeuvres de sciences sociales, d'histoire et d'ethnologie. Chaque chapitre ménage une rencontre entre les uns et les autres et révèle des styles de pensée comparables, organisant des constellations d'oeuvres complices. Toutes décrivent magnifiquement une carte des possibles de l'existence. Souhaitons que ce livre, nourri des mille façons de vivre le temps, nous aide à mieux habiter le nôtre."
E.L.
Votre vie est encombrée d'une ou plusieurs créatures malfaisantes ? Vous désirez vous en défaire ?
Avec humour et sagesse, Maxime Rovere démontre la capacité de la philosophie à affronter le quotidien et l'ordinaire, embrassant la vulgarité pour l'empêcher de nous envahir. Loin des grincheux qui dénoncent leurs contemporains, il examine nos interactions malheureuses et indique plusieurs issues possibles à nos conflits en tous genres.
Sans prétention ni complaisance, ce livre propose une nouvelle éthique afin de penser et soigner ce fléau de notre temps, maladie du collectif et poison de nos vies individuelles.
La psychose, la drogue, la criminalité sont-elles les répercussions codées des expériences des premières années de la vie ?
Alice Miller dénonce les méfaits de l'éducation traditionnelle, qui a pour but de briser la volonté de l'enfant pour en faire un être docile et obéissant. Elle montre comment les enfants battus battront à leur tour, les menacés menaceront, les humiliés humilieront. Car à l'origine de la pire violence, celle que l'on s'inflige à soi-même ou celle que l'on fait subir à autrui, on trouve presque toujours le meurtre de l'âme enfantine.
Cette « pédagogie noire », selon l'expression de l'auteur, est illustrée par des textes desXVIIIe et XIXe siècles, stupéfiants ou tragiques, reflétant les méthodes selon lesquelles ont été élevés nos parents et nos grands-parents, et par trois portraits d'enfances massacrées : celle de Christine F., droguée, prostituée, celle d'un jeune infanticide allemand et enfin celle d'Adolf Hitler, que l'on découvrira ici sous un jour tout à fait inattendu.
« Le 5 mai 2017, durant l'entre-deux-tours de la présidentielle, un tweet révèle des milliers de courriels de l'équipe d'En Marche. Il sera massivement relayé pour tenter de faire basculer l'opinion, et avec elle l'élection.
Qui était à la manoeuvre de ces MacronLeaks ?
Le GRU russe, qui aurait hacké les boîtes mail, l'alt-right, l'extrême droite française... et 20 000 bots, des robots pilotés par intelligence artificielle. »
D'élection en élection, une lame de fond s'abat sur chaque citoyen : les réseaux sociaux nous manipulent et déchirent notre tissu social. De fait, la science révèle notre dangereuse inadaptation à la nouvelle donne numérique. Comment se prémunir des intoxications à l'heure du vote ? Une analyse stupéfiante doublée de pistes concrètes, tant individuelles que collectives, pour nous protéger et préserver nos démocraties.
Ce livre est une enquête sur les pratiques et les voix des femmes dans le monde. Nourri d'entretiens avec des activistes, des artistes, des femmes engagées et des hommes concernés, de synthèses originales sur les grands problèmes qui se posent aux femmes aujourd'hui, il constitue un vade-mecum des pratiques féministes contemporaines.
Le peuple des femmes manifeste une nouvelle exigence de justice qui est désormais la norme, la justice de genre : femmes, hommes, hétéros, homos, trans, tous sont concernés. Non seulement le peuple n'est plus le monopole des hommes, mais la justice sociale qui le sous-tendait et qui s'organisait selon la redistribution des richesses ne peut plus occulter de nouvelles redistributions. Le peuple des femmes n'est donc pas le symétrique du peuple des hommes. Il affirme qu'à la racine de tout monde commun se tient l'enjeu central d'égalité. Mais, par-delà la justice et l'égalité, c'est à une lutte pour le pouvoir que nous assistons. Ce pouvoir préempté par les hommes leur est désormais disputé par les femmes. Renouvelées par les pays du Sud, portées par la puissance des femmes, les formes d'organisation sociale évoluent. Écoféminisme, féminisme du care, féminisme queer : le peuple des femmes, transnational et inclusif, s'affirme comme antidote aux nationalismes virilistes.
Pourquoi la mort de quelqu'un est-elle toujours une sorte de scandale ?
Pourquoi cet événement si normal éveille-t-il chez ceux qui en sont les témoins autant de curiosité et d'horreur ? Depuis qu'il y a des hommes, comment le mortel n'est-il pas habitué à ce phénomène naturel et pourtant toujours accidentel ? Pourquoi est-il étonné chaque fois qu'un vivant disparaît, comme si cela arrivait chaque fois pour la première fois ?
Telles sont les questions que pose ce livre sur la mort. Dans chacun de ses ouvrages, Vladimir Jankélévitch a essayé de saisir le cas limite, l'expérience aiguë : à son point de tangence avec ces frontières, l'homme se situe à la pointe de l'humain, là où le mystère, l'ineffable, le « je ne sais quoi », ouvrent le passage de l'être au néant, ou de l'être à l'absolument-autre.
Il s'attache ici à analyser un événement considéré dans sa banalité et dans son étrangeté à la fois, dans son anomalie normale, son tragique familier, bref, dans sa contradiction.
« Si la mort n'est pensable ni avant, ni pendant, ni après, écrit Jankélévitch, quand pourrons-nous la penser ? » Et il entreprend cette tâche périlleuse : conter l'inénarrable, décrire l'indescriptible.
"De tout temps, des maladies se sont propagées entre les humains ; elles ne sont pas pour autant vouées à dégénérer en catastrophes mondiales. Ce livre détaille ce que les gouvernements, les scientifiques, les entreprises et les citoyens peuvent faire pour contenir les inévitables foyers épidémiques avant qu'ils ne se transforment en pandémies.
C'est le moment d'agir. Le Covid-19 restera, pour toutes celles et ceux qui l'ont vécu, ancré dans les mémoires. La génération de mes parents a changé de perspective après la Seconde Guerre mondiale et, de la même manière, le Covid-19 a changé notre perspective sur le monde.
Malgré tout, nous ne sommes pas condamnés à vivre dans la crainte d'une nouvelle pandémie. Nous pouvons procurer des soins de base à tous les habitants de la planète, tout en nous préparant à intervenir face aux maladies émergentes.
Chaque chapitre de ce livre explique une à une les étapes à mettre en oeuvre pour être prêts le moment venu. L'ensemble forme une stratégie qui vise à ce que les pandémies ne soient plus une menace pour l'humanité et à ce que personne d'autre ne traverse une crise comme celle du Covid-19."
Bill Gates
Ce livre est né d'une découverte exceptionnelle : un manuscrit inédit de la main de Marcel Mauss, qui permet de mettre au jour un cycle complet de leçons du sociologue Émile Durkheim sur le crime et la peine.
Le XIXe est le siècle des hygiénistes : on s'affole devant l'éventuelle contagion des comportements "déviants". L'anthropologie criminelle affirme le caractère pathologique du crime et propose pour la première fois une typologie des criminels. Cette perspective positiviste, Durkheim la renverse radicalement : pour lui, c'est l'influence de la société, plutôt que les caractéristiques intrinsèques des individus, qui permet d'expliquer les différentes formes de criminalité. Les changements de modèle de société, soumis au processus d'individuation, les crises économiques et politiques, les bouleversements de la structure familiale, l'effacement des croyances religieuses sont constitués en variables clés.
Durkheim est ainsi le premier à envisager le crime sans considération morale, comme la simple transgression d'une norme.
Ce cours a été dispensé en 1892-1893, l'année de la soutenance de sa thèse (De la division du travail social), un an avant la parution des Règles de la méthode sociologique, et quatre ans avant Le Suicide, trois ouvrages qui se trouvent désormais éclairés sous un nouveau jour.
«Le débat du pardon et de l'impardonnable n'aura jamais de fin. Insoluble est le cas de conscience qui en résulte : car si l'impératif d'amour est inconditionnel et ne souffre aucune restriction, l'obligation d'annihiler la méchanceté n'est pas moins impérieuse que le devoir d'amour ; l'amour des hommes est entre toutes les valeurs la plus sacrée, mais l'indifférence aux crimes contre l'humanité, mais l'indifférence aux attentats contre l'essence même et contre l'hominité de l'homme est entre toutes les fautes la plus sacrilège.»
Lorsque Vladimir Jankélévitch publie ce livre en 1967, alors que le débat sur l'imprescriptibilité des crimes nazis agite l'opinion, il soulève cette question brûlante : qu'est-ce que le pardon? Cherchant à saisir le coeur de cette notion mal comprise, se heurtant au terrible paradoxe d'un pardon infini, sublime, et pourtant impossible, Le Pardon occupe une place centrale dans la réflexion morale d'un philosophe hanté par les problèmes de son temps.
« Il fut un temps où ce qui était supposé menacer l'ordre social et les traditions civilisatrices de la culture occidentale, c'était la "révolte des masses". De nos jours, cependant, il semble bien que la principale menace provienne non des masses, mais de ceux qui sont au sommet de la hiérarchie.»
Dans ce livre testament, Christopher Lasch montre comment le détachement social, économique et géographique d'élites hédonistes et mondialisées est à l'origine du malaise de nos démocraties
modernes.
Cet essai brillant viendra nourrir la réflexion de ceux qui s'inquiètent de l'évolution d'un espace public et médiatique gouverné par des classes privilégiées, coupées du reste de la population.
Un coucher de soleil, un ciel étoilé, une vallée verdoyante peuvent nous laisser muets d'admiration. Pourquoi le spectacle de la nature a-t-il autant d'effet sur nous ?
Pour le savoir, Alexandre Lacroix nous embarque dans un voyage philosophique à travers les disciplines, les âges et les continents. On y croise Épicure et Thoreau, mais aussi des peintres, des poètes et des spécialistes de l'évolution. Selon l'auteur, notre sensibilité à la beauté des paysages est une véritable expérience métaphysique, aussi vertigineuse qu'apaisante : elle est constitutive de notre humanité.
Aujourd'hui, nous ne vivons plus autant que nos ancêtres au rythme du soleil et des saisons ; nos sens s'émoussent. La modernité nous éloigne de la nature. La crise écologique est donc liée à une crise esthétique.
Aussi érudit que jubilatoire, cet essai permet à chacun de poser un regard plus lucide et plus émerveillé sur les paysages qui nous entourent. Un livre nécessaire, qui nous aide à renouer avec la nature, ses rythmes et sa majesté.
Dans l'espace public et notre quotidien, la colère affiche de multiples visages. Systématiquement discréditée, au point d'être ridiculisée, elle ne cesse pourtant de gronder - et nous redoutons son tumulte. Que faire de nos colères ?
Quand on nous incite à cultiver une attitude docile et à étouffer nos colères, afin de nous rendre plus désirables, c'est au silence que l'on nous habitue, voire au renoncement. Mais pour nous défendre face aux agressions intimes et politiques, comme pour garantir notre liberté, pourquoi ne pas puiser dans ces colères créatrices, celles des artistes et des minorités en lutte pour leur liberté ? Ces colères sont en nous - encore faut-il apprendre à les habiter.
En disséquant cette émotion défendue, Sophie Galabru construit une philosophie émancipatrice et stimulante pour affronter l'intolérable, et propose un manifeste puissant : la colère, loin d'être destructrice ou haineuse, pourrait bien être la clé de notre vitalité.
1537. Le conquistador Ferdinand Desoto obtient la direction de la prochaine expédition en Amérique, qui lui apportera, comme à ses guerriers, richesse et gloire. Mais rien n'est joué !
Las, nos cupides chasseurs d'or et de perles, tout droit sortis d'un tableau de Goya, sont attendus par des Indiens dont les habitudes carnassières ne feront pas toujours leur affaire...
De sa plume soigneusement aiguisée, Franzobel raconte la colonisation espagnole du XVIe siècle dans une traversée de l'Amérique aussi pathétique qu'hilarante. Frayant hors des sentiers politiquement corrects et jouant avec la conscience troublée de l'homme occidental, il livre une réflexion morale sur notre époque dans un roman d'aventures inoubliable.
«L'Aventure, l'Ennui et le Sérieux sont trois manières dissemblables de considérer le temps. Ce qui est vécu, et passionnément espéré dans l'aventure, c'est le surgissement de l'avenir. L'ennui, par contre, est plutôt vécu au présent : dans cette maladie l'avenir déprécie rétroactivement l'heure présente, alors qu'il devrait l'éclairer de sa lumière. Quant au sérieux, il est une certaine façon raisonnable et générale non pas de vivre le temps, mais de l'envisager dans son ensemble, de prendre en considération la plus longue durée possible. C'est assez dire que si l'aventure se place surtout au point de vue de l'instant, l'ennui et le sérieux considèrent le devenir surtout comme intervalle : c'est le commencement qui est aventureux, mais c'est la continuation qui est, selon les cas, sérieuse ou ennuyeuse.»
Publié en 1963, L'Aventure, l'Ennui, le Sérieux est un jalon majeur de la pensée de Vladimir Jankélévitch. Cet ouvrage constitue une première synthèse de sa pensée, où l'on peut distinguer deux critères essentiels qui fondent l'unité de son oeuvre : la dignité philosophique donnée à des objets jugés mineurs, et la volonté radicale de mettre en lumière la dimension temporelle de l'action.