Les années 1915 et 1916 ont marqué, pour Henri Barbusse, des dates décisives. C'est en 1915 qu'il a vécu Le Feu dans les tranchées du Soissonnais, de l'Argonne et de l'Artois, comme soldat d'escouade, puis comme brancardier au 231e régiment d'infanterie où à s'était engagé. C'est en 1916, au cours de son évacuation dans les hôpitaux, qu'il a écrit son livre. Celui-ci, publié par les Editions Flammarion à la fin de novembre, remportera aussitôt après le prix Goncourt. Le Feu est considéré depuis près de trois quarts de siècle dans le monde entier comme un des chefs-d'oeuvre de la littérature de guerre, un des témoignages les plus vrais et les plus pathétiques des combattants de première ligne. Témoignage impérissable aussi : Le Feu, traduit dans la plupart des langues, continue de susciter chez les jeunes un immense intérêt. Le Feu est suivi du Carnet de guerre qui permet de remonter aux sources mêmes de la création du roman épique d'Henri Barbusse.
La Dame de Renancourt, découverte en 2019 lors d'une campagne de fouilles préventives menée à Amiens, est un spécimen unique de l'art gravettien. Sa taille minuscule la distingue absolument des autres statuettes exhumées jusqu'alors. Haute de 3,5 cm, elle apporte, avec elle, un nombre incalculable d'interrogations. L'archéologie, vestiges à l'appui, tente de définir les lointaines configurations du Paléolithique supérieur, patiemment assemble les diverses parties du puzzle, émet des hypothèses, de découverte en découverte, méthodiquement, tâche de lever les questions. Évidemment, de nombreuses incertitudes subsistent, font reculer les conclusions. Comment faire le clair tout à fait ? Florence Saint-Roch est allée, avec son appareil-photo, rencontrer cette Dame hors-normes au Musée de Picardie, où elle est désormais exposée. La mitraillant à l'envi, elle en a rapporté ce curieux album.
Le jaune et le noir, avec des touches de blanc, dominent le tableau. En position diagonale, le noir forme un triangle irrégulier et plein d'énergie. En dessous et à droite, le jaune se répand dans un mouvement expansif. On pourrait penser à une oeuvre abstraite. Le titre Impression III (concert) donne toutefois un indice pour orienter le spectateur vers un sujet précis. Wassily Kandinsky a effectivement peint ce tableau en janvier 1911 juste après avoir assisté à un concert donné à Munich par Arnold Schoenberg, le père du dodécaphonisme. Cette oeuvre essentielle pour expliquer la synesthésie de Kandinsky (l'association entre les sons et les couleurs), reste peu connue du public français.
Teodoro Gilabert nous introduit dans le musée Lenbachhaus de Munich, à travers les notes rédigées par Marc, le gardien attentif et passionné de la salle Muzik où est exposé le tableau. Avec humour et légèreté, le jeune homme nous partage ses impressions, ses rencontres, ses géné- reux échanges avec le public... La description et l'histoire d'Impression III révèlent plusieurs fragments de la vie de Kandinsky.
La Piscine de Roubaix et le Musée Estrine de Saint-Rémy de Provence s'associent pour proposer, chacun dans son espace, une exposition consacrée à l'oeuvre multiple de Robert Droulers. Cette articulation muséale Nord-Sud correspond au parcours personnel de cet artiste né à Lille en 1920 : dès l'adolescence, il peint sur le motif en région lilloise et en Belgique, puis en atelier. Dès les années 1950, il s'oriente vers la peinture abstraite, expose au Salon des Réalités Nouvelles ; il fréquente les artistes du Groupe de Roubaix et l'Atelier de la Monnaie à Lille. Sa rencontre avec Eugène Leroy est déterminante : il trouve auprès de l'artiste tourquennois une amitié solide, doublée d'une durable force d'encouragement. Curieux et infatigable, Droulers explore alors l'expressionnisme, le cubisme et l'orphisme, et expose dans diverses galeries à Lille, Bruxelles et Roubaix. Sa trajectoire de vie se réoriente en 1964, date à laquelle il quitte le Nord pour la Provence. Ce passage du Septentrion au Sud génère en lui un puissant renouveau - fréquentations nouvelles, influences inédites sous une lumière plus éclatante. De 1973 à 1980, Droulers habite Aix-en-Provence avant de partir s'installer définitivement à Saint-Rémy de Provence. Maturation de l'oeuvre, qui se plaît à l'épure, à la fluidité évanescente - comme au terme d'un cheminement spirituel, l'accès au plein éblouissement.
Dans un musée ou lors d'une exposition, qui visite, qui est visité ? oeuvre et spectateur se rencontrent, se font accueil : l'expérience esthétique est d'hospitalité. Ainsi, dans cet ouvrage, Isabelle Gillet vient «visiter» 52 oeuvres présentées soit dans les musées de la Région Hauts-deFrance, soit dans des expositions temporaires. Et de cette fréquentation, où l'écrivaine reçoit autant qu'elle est reçue, naissent, comme autant d'instantanés sensibles, 52 déclinaisons du féminin. Ainsi, au fil des rencontres et des pages, la femme, peinte ou sculptée, est-elle tantôt «Altière», «Vibrante», «Quotidienne», ou encore «Mesurée» ou «Joyeuse». Chacune, à sa façon, vient réveiller l'écrivaine, la bouscule parfois, et, toujours, lui fait écho. L'oeuvre d'art est terrain d'entente, travail de reconnaissance. Aussi, l'écriture en regard, dans un permanent mouvement dehors/dedans, est-elle double : texte poétique issu des profondeurs et présentation des oeuvres alternent, et, l'un et l'autre, l'un avec l'autre, nous invitent à lire autant qu'à regarder. Et nous aussi, grâce à Isabelle Gillet, nous sommes visités.
Lorsqu'elles tombent entre les mains de Félix Fénéon à la fin du XIXe siècle, Les Fables disparates d'Hérode Neth-Omphale sont perçues par le collectionneur et critique d'art comme « une opération d'une intelligence visionnaire ». Mais cet exemplaire unique de poèmes et de collages imprimé en 1884 disparaît mystérieusement peu de temps après, enveloppé d'un halo légendaire. Un demi-siècle plus tard, l'oeuvre refait surface et, par l'entremise d'un expert en éditions anciennes, est restituée aux lecteurs. Si nous savons désormais que derrière ce pseudonyme se cache une artiste venue des Andes argentines du nom d'Abipone Lules, nous ne pouvons dire comment une anticipation aboutie des collages surréalistes a pu voir le jour plus de 100 ans avant Une Semaine de bonté de Max Ernst. Les éditions invenit vous invitent à découvrir dans ce fac-similé un chefd'oeuvre annonciateur de l'art moderne et à vous laisser surprendre à chaque page par de nouvelles fables, comme des exercices de style avant l'heure.
Quelques gaufrettes, un verre et un pichet de vin résument la beauté silencieuse et toute en simplicité de La Nature morte aux gaufrettes de Lubin Baugin, exposée au Louvre. À travers des fragments poétiques, Daniel Kay souligne la géométrie épurée de l'oeuvre comme les raies de lumière dessinent les contours des quelques objets présents sur la table. Reflet littéraire de la peinture, l'auteur capte la présence énigmatique du tableau par ses jeux de mots et figures de style élaborés. Sous la plume du poète se crée un univers singulier où la contemplation de sept gaufrettes amène à d'incroyables voyages imaginaires.
Depuis le début des chantiers en archéologie préhistorique, le Nord de la France , véritable « terre de Préhistoire », occupe une place de choix dans la connaissance des premiers peuplements d'Europe. La région abrite des sites emblématiques, ceux d'Abbeville - Moulin-Quignon et de Cagny - La Garenne 2, qui ont permis à plusieurs générations de scientifiques d'affiner les connaissances du paléoenvironnement et des modes de vie des Hommes préhistoriques. Dans le cadre de travaux d'aménagement et de fouilles préventives qui ont eu lieu ces quinzes dernières années, de nombreux autres sites ont été mis au jour et ont bouleversé les jalons chronologiques et les connaissances des périodes du Paléolithique : chaînes opératoires, environnement et climat, activités et art. L'exposition En matières de Préhistoire et le catalogue qui lui est dédié rendent compte de ces fascinantes découvertes, à travers trois focus (le minéral, l'animal et le végétal) qui chacun permet de donner à voir la grande adaptation à l'environnement dont faisaient preuve les Hommes de cette époque.
Comment travaillait Amedeo Modigliani ? Dessinait-il avant de peindre ? Fabriquait-il lui-même ses couleurs ?
Le peintre d'origine italienne fonde une légende d'artiste maudit difficile à briser. Par le prisme de la science et de l'histoire de l'art, le musée du LaM a décidé d'en gratter le vernis et de partir à la recherche de ce qui se cache sous les millimètres de matière de ses oeuvres.
Depuis 2018 et consécutivement à la grande rétrospective du peintre présentée en 2016 au LaM, le musée s'est associé avec le CNRS et le C2RMF (Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France) pour analyser scientifiquement 28 oeuvres des collections publiques françaises à partir notamment d'examens en fluorescence X et d'imagerie hyperspectrale. À la faveur d'avancées technologiques inédites convoquant physique et chimie, ce projet d'envergure a conduit à l'exposition Les Secrets de Modigliani dont cet ouvrage rend compte.
Le lecteur est ici convié à percer les secrets de la pratique de l'artiste, pour découvrir par exemple que Modigliani s'était essayé au paysage plus tôt qu'on ne le pensait, comme le révèle l'analyse du portrait de Viking Eggeling ! Dévoiler les images sous l'image :
Voilà l'entreprise exaltante de ce livre qui nous prouve qu'il reste encore beaucoup à apprendre sur l'essence même de la création chez Modigliani et qui permet d'approcher - presque de toucher du doigt - l'artiste au travail.
En 1885, le peintre belge Émile Claus fixe sur sa toile l'image d'un vieil homme au pas de sa porte, un bégonia dans les mains. Le Vieux Jardiniera pris forme dans la lumière éclatante d'une matinée estivale, offrant un portrait saisissant. Christine Van Acker éclaire, dans une langue métaphorique, le coup de pinceau innovant de l'artiste qui saisit le jeu d'ombres et de lumières que crée le soleil. L'écrivaine imagine le labeur de ce vieil artisan, qui se devine dans ces mains usées par la terre, et nous raconte la simplicité de son quotidien, loin des préoccupations modernes.Et le jardin, derrière, comme un havre de paix fourmillant de vie, qui invite à s'y faufiler. Une nature, belle et éphémère, qui est née avec le soleil et disparaîtra avec lui. Par le biais de l'art, ce livre nous invite à nous plonger dans le passé et à se confronter à « d'autres aujourd'hui, manières différentes d'être présents au monde ».
« Ce sont les tableaux qui nous regardent » : ces seuls mots découverts au réveil d'un matin onirique, autrefois prononcés par Paul Klee, plongent l'écrivain Maurice Pons dans l'univers de L'Île engloutie (1923), une aquarelle conservée au LaM - Lille métropole, musée d'art moderne, d'art contemporain et d'art brut. On retrouve avec bonheur cet écrivain à l'oeuvre parcimonieuse et son écriture vagabonde, d'où jaillissent des univers mêlant réalité et fantastique. Maurice Pons réussit avec malice à nous transmettre la ferveur qu'il partage avec Paul Klee pour les mondes du rêve. Ce livre est un voyage au coeur de la peinture, la quête partagée d'un « paradis inimaginable ».
Le quartier historique du Vieux-Lille abrite au 9 rue Princesse une maison bourgeoise du xixe siècle qui a vu naître le 22 novembre 1890 le futur général de Gaulle. Point de rencontre entre plusieurs lignées et générations, ce refuge familial a accueilli le jeune Charles pour les vacances scolaires et les fêtes, entouré de ses cousins de Corbie et Maillot et de leur « Bonne Maman», Julia Maillot. Plus qu'une maison de famille, la Maison natale Charles de Gaulle offre un témoignage incarné de l'enfance, des valeurs et des racines du « petit Lillois de Paris ». 50 ans après la mort du général de Gaulle, la Maison natale a fait l'objet en 2020 d'une campagne de travaux sans précédent. Les nombreuses découvertes réalisées au cours du chantier et la combinaison du talent des artisans et des compagnons ont permis de restituer les décors et l'ambiance de la maison telle que Charles l'a connue entre 1890 et 1912. Une scénographie immersive permet au public de plonger au coeur de l'histoire familiale. Publié en l'honneur de la métamorphose de la Maison, cet ouvrage invite à revenir aux origines d'un chef, là où tout a commencé.
Au coeur du Sud Vendée, à Fontenay-le-Comte, se dresse la seule usine jamais imaginée par un artiste : l'Usine Étoile. Commandée au peintre Georges Mathieu par l'industriel Guy Biraud, cette usine est un véritable tableau en relief de 20 000 m2, qui témoigne avec force de l'esprit et des intentions plastiques de celui qui l'a créée. Mathieu, né à Boulognesur-Mer en 1921, a laissé derrière lui une oeuvre riche et variée. Chef de file d'un mouvement nommé l'abstraction lyrique, il s'est rendu célèbre en peignant d'immenses toiles non-figuratives aux quatre coins du monde, souvent lors de performances publiques. Désirant être un artiste total et faire de son abstraction lyrique le style du xxe siècle, il a oeuvré dans de multiples domaines de création. Sa pièce de dix francs de 1974, ses affiches pour Air France, ses porcelaines, ses sculptures, ses médailles, et bien sûr son Usine Étoile, témoignent de sa volonté de faire entrer l'art dans lavie. À l'occasion des 50 ans du chef-d'oeuvre fontenaisien de Georges Mathieu, le Département de la Vendée a choisi de mettre à l'honneur cet artiste visionnaire à travers une grande exposition à l'Historial de la Vendée.
Catalogue d'exposition sur la donation Eugène Leroy au MUba Eugène Leroy.
Quelle simplicité en apparence que la poésie de Baptiste Beaulieu. Des mots pour chacun, des conseils en forme de mantras, une parole offerte et des pistes pour atteindre à une harmonie personnelle. En racontant l'autre, le poète se raconte. Il explore le mystère de la parole, du doute, de l'usurpation, de la fraternité... Un coeur qui s'ouvre, c'est un honnête homme en train de naître.
On y retrouve tout ce qui a fait le succès de ses romans : une grande humanité, de la bienveillance, une mélancolie maitrisée, et une réflexion autour de la condition humaine, de la maladie, de la solitude et des chemins que trace, à l'aube, le soleil. Tout le recueil s'adresse directement au lecteur et tente de répondre avec lui à cette éternelle question : « Faut-il jamais avoir peur ? ».
Ses inspirations sont nombreuses, variées, et vont de son quotidien de médecin généraliste jusqu'à Prévert ou Pessoa.
Alain Fleischer revient sur lʼimpression laissée par une oeuvre sans titre de Simon Hantaï, quʼil accueillit au sein de la prestigieuse institution du Fresnoy mais dont il fut, surtout, le témoin privilégié de la genèse. À partir de cette toile née des limbes de la mémoire de Simon Hantaï et révélée à nouveau grâce aux technologies modernes, Alain Fleischer tente de déchiffrer cette « conversation » quʼoffre la peinture et déplie, à son tour, la fable singulière dʼun grand moment artistique.
Un homme de feu raconte les autres hommes. Ses proches, ses disparus, ses passant majuscules, ses modèles simples, ses héros. Il raconte aussi des brins de vies, minuscules et fugaces, éternels et vivifiants comme un souvenir. Des hommages et des souvenirs qui prennent vie et se mettent à rire. Des traces de vivant. « Clip de quelques secondes » , Polaroïd de mots, croquis qui se mettent à bouger. Tout l'art de Cali est ici : une enfant joue, un grand père boxe, un aîné apparait, un chanteur prend la parole. Cali écrit comme on filmerait en 16 mm, avec du tremblé, du grain et du coeur. Conversations capturées, bouts de nuits et de promesse, mots d'amour sur un fil et caresses à la dérobée. Conteur du minuscule à la manière d'un Richard Brautigan qu'il vénère, l'homme est tout entier poète : en équilibre, sincère, et toujours à fleur de peau, dans une irrévérence bienveillante, debout les bras ouverts. Ça respire la peine qui prend le temps de sourire, les éclats de rire les soir de pluie, la promesse de l'amitié et la beauté qui danse sur les pores de la peau.
L'Origine du monde de Gustave Courbet lève le voile sur ce qui était resté caché et muet jusqu'alors.
Par cette oeuvre audacieuse et radicale, le peintre dégage le corps d'un ordre biologique, social et culturel écrasant. Il consacre le sexe féminin en pleine lumière, celle née des longs voyages et des courses du désir. Mais comment penser pouvoir entrer dans ce réel si ce n'est en suivant les reliefs, les courbes et les clairs-obscurs du tableau ; si ce n'est en se laissant envahir par le souffle haletant de l'oeuvre, tout en consentant à ne pouvoir appréhender que par fragments, que par instants de clarté, ce corps réaliste qui est là si présent et déjà dans un recul infini ?
Se trouver seule face à L'Origine du monde, c'est l'expérience que Christine Durif-Bruckert éprouve ici dans une langue qui se heurte à l'indicible, cherchant à saisir, entre voie poétique et approche phénoménologique, le va-et-vient inexorable d'une question sans réponse. Celle que nous pose l'intimité nouée au désir.
Publié en 2013 par les Éditions Circe (Barcelone) est le fruit de plus de vingt ans de travail de Victoria Combalía sur la photographe, compagne de Picasso, femme de talent au caractère passionné, mélancolique et fantasque mais aussi très humaine et pleine d´humour. Elle avait été l'amante de Picasso entre 1936 et 1943, avait photographié Guernica et avait été le modèle exceptionnel de la série La femme qui pleure du peintre de Malaga.
Dora Maar était fille d'un père yougoslave et d'une mère française mais avait été élevée en Argentine. Elle a tourné le dos à ses origines bourgeoises en devenant une militante politique de gauche, membre du groupe Contre-Attaque et amoureuse du philosophe et révolutionnaire Georges Bataille. En tant que membre du groupe surréaliste, Paul Eluard la présente à Picasso. Dans une scène célèbre au café Les Deux Magots, Dora le séduit en jouant d'un couteau entre ses doigts et ses longs ongles peints en rouge. Avec lui, elle vécu une passion tumultueuse, et mis en sourdine son activité créatrice. Elle devient sa muse, mille fois dépeinte dans sa beauté, mais surtout comme un masque souffrant et tourmenté. Abandonnée par l'artiste, elle se réfugie dans la religion et la peinture, vivant isolée dans son appartement parisien et dans sa maison de Ménerbes, dans le sud de la France. Dora Maar est décédée en 1997, laissant derrière elle une aura mystèrieuse. Victoria Combalía a eu le rare privilège de pouvoir parler longuement avec Dora Maar en 1994 et d'organiser une première rétrospective de son travail photographique et pictural en 1995. L'ouvrage apporte un éclairage nouveau sur la vie de Dora Maar grâce aux documents inédits mis à disposition par ses héritiers et à leur reproduction.
Victoria Combalià est contributrice de l'exposition rétrospective présentée au MNAM/Centre Georges Pompidou du 5 juin 2019 au 29 juillet 2019.
Un canoë descend une rivière sauvage. Des berges, puis d'autres berges. Des lits de branchages. La montagne, qui, sous l'orage, change de profil. Il est encore tôt - à l'aube - quand l'embarquement a lieu. Si tôt que les pagaies se taisent.
Avec un sens profond de l'analogie et de la suggestion, Claude Minière fait de cet itinéraire aquatique un voyage dans le processus d'écriture poétique. Sur l'eau, les mouvements du corps rejoignent ceux du langage pour esquisser une cartographie intime. « En réalité
Sur le macadam, au moins deux fois par semaine, elle part courir avec Lucy. Oui, Lucy l'australopithèque, première marathonienne de l'humanité. Aussi complice, jumelle imaginaire, double littéraire.
Dans une course-rêverie contre le temps, Florence Saint-Roch nous entraîne des rives de l'Aa à celles de l'Awash. Elle superpose les fragments en prose, haletants, comme autant de foulées parcourues avec Lucy pour évacuer les « antiques colères ». Courir avec Lucy est une ode aux projections mentales, celles que l'on garde de l'enfance et qui nous aident à « faire reculer la nuit ».
Des blocs de glace aussi magnétiques que menaçants.
Une épave de bateau échouée dans un décor arctique.
Lorsque Caspar David Friedrich peint La Mer de glace (1823-1824) à l'aube de la civilisation industrielle, l'art du paysage est encore un genre subalterne. Installée devant le tableau à la Kunsthalle de Hambourg, Nadine Ribault nous arrête sur ce moment sublime où le paysage devient la projection d'un monde qui court à sa perte.
Dans cet essai puissant, l'autrice scrute cette scène tragique pour en faire jaillir le désenchantement du peintre face aux bouleversements que commençait à produire sur la nature l'industrialisation naissante. Familière déjà des rivages glacés avec ses Carnets de la Mer d'Okhotsk, c'est en puisant dans sa fine connaissance de l'histoire de la pensée romantique et en convoquant Mary Shelley, Novalis ou F. W. J. Schelling, qu'elle nous confronte aussi aux enjeux de notre époque et à l'étonnante modernité d'une toile qui pose cette décisive question : « où allonsnous en ce monde qui verra bientôt son naufrage ? »
Que reste-t-il aujourd'hui du riche passé verrier de l'Avesnois-Thiérache ? Si les premières traces d'implantation d'une industrie verrière dans cette région remontent au XVe siècle, les verreries s'ouvrent à de nouveaux marchés au XVIIIe siècle, avec la fabrication de bouteilles champenoises. Plus tard, dès le début du XXe siècle et jusque dans les années 1960, des industriels investissent dans des secteurs en plein essor, comme la parfumerie et les cosmétiques. Mais la concurrence grandissante et l'arrivée de nouveaux matériaux auront raison des dernières verreries de la région.
À travers la sélection d'une dizaine d'établissements industriels de la région, ce premier opus de la collection Empreintes industrielles en Avesnois-Thiérache offre un regard sur l'histoire de cette industrie verrière. Ce décryptage du passé permet de mieux appréhender les questions sociétales contemporaines à l'aulne de la raréfaction des ressources. Avons-nous la possibilité de conserver ces bâtiments en l'état ou en les modifiant ? Quel intérêt est porté à la biodiversité présente sur ces friches pour certaines renaturées ?
Verreries est le premier opus de la collection Empreintes industrielles en Avesnois-Thiérache.