Odilon Dieulefit et Marie-Gabrielle Isbéhen s'en vont pique-niquer sur l'île en ce joli mois de mai. A l'heure de la sieste, les corps, ronds et potelés, « chairs exubérantes », se délassent. Un jour, Berthe, leur fille, dégoûtée par le spectacle de ces « deux ogres enflés, boursouflés, insatiables » et horrifiée par le cri d'une moule dans la casserole, décide d'aller vivre sous d'autres cieux.
Sur fond de petits plats à déguster, les Gourmandises sont le récit de cette rupture et de la difficile reconquête. Les gourmandises, ce sont ces petites pâtisseries concoctées avec amour dans le seul but de la compréhension et de la réconciliation.
Un vrai texte de gourmet célébrant l'osmose entre la nature, les mets, les êtres et leur solitude.
Je suis Galba, trapéziste, contorsionniste, Galba la gniac, Galba le cirque Rasgnac.
Je passe mes nuits tordue dans un corps qui se désculpte, qui malaxe ses os, qui tresse la chair et les muscles, un corps de brique qui suce le soleil, les poings bandés vers les galaxies. Je me balance désinvolte au-dessus des quinquets arrachés à leurs orbites, des quinquets de trouille, de pâmoison, d'érection. Clochette sans ailes et sans filet qui file l'infini, à cheval sur son trapèze. Galba trapéziste.
Contorsionniste, à fond la piste sur les spectateurs transis.
Un western urbain entre Las Vegas et Guatemala Ciudad, où se croisent des voitures, des avions de ligne, des fusées, des enfants adoptés ou encore des visas.
Pourquoi ce jeune Eric Oberland, mort pendant la première guerre mondiale, est encore si présent dans la mémoire familiale ? Cette question habite le narrateur, il a besoin de comprendre, d'aller sur les traces de son histoire. Le chemin le conduira vers des réponses inattendues, jusqu'à l'effacement du temps et un présent sublimé par ces traces d'intense humanité... Ce double récit croise deux époques et entremêle la quête d'un homme d'aujourd'hui, vivant à Paris, et la vie quotidienne d'une ferme du Doubs en 1914.
A un siècle d'intervalle, un écho, une vibration persiste. Yannick le Galliot nous emmène subtilement vers un émerveillement, humble, simple, pour petit à petit entrevoir les valeurs fondamentales de notre condition humaine. Que peuvent communiquer les mots sans la grâce d'un sourire, d'un regard, d'une voix, d'une vive affection. Bref, sans le concours d'un passeur ?
Comment survivent les disparus? Quels sont nos liens avec leurs fantômes? Inspirées par des portraits funéraires trouvés sur des tombes en ruine, les histoires de Dernières Nouvelles imaginent les vies et les morts de ceux qui pourraient être vos aïeux. Ce recueil de courts récits lèvent certains secrets de famille et évoquent l'impuissance ou le talent des individus à exercer leur liberté par-delà la petite et la grande histoire.
Elle m'a prise en charge avant qu'il ne soit trop tard.
Elle m'a appris à lire et à écrire de la bonne main. Je travaille bien, j'apprends vite, les institutrices retraitées me trouvent si bien éduquée. Ma grand-mère jubile tandis que je suçote le bonbon à la menthe qui signifie ma récompense. Je suis sa nouvelle chance, le chef d'oeuvre de sa retraite, le plus beau fleuron de sa méthode d'éducation, la récompense de toute une vie d'institutrice passée à dégrossir 1723 élèves, dont combien sont devenues quelque chose ? Elle me promet si je continue dans cette bonne voie des promotions en pagaille, des situations mirobolantes, une carrière ! Elle jubile parce que c'est grâce à elle que j'aurai tout ça et que je ne manquerai pas plus tard de glorifier ma grand-mère et de la citer à tout bout de champ.
RETIRAGE ?
Un homme perd son enfant.
Face à l'absence et au vide, il essaie de comprendre. au delà de la culpabilité, c'est sa position de père qui le bouleverse.
Que reste-t-il des souvenirs dansants des feux follets, des extraits de carnets inflammables, des ombres terrifiantes du bûcher, du feu de la mitraille dans une tranchée de boue, de la flamme verte du drapeau de la plage où court un chien, des reflets miroitants de la marmite, de la pourpre étincelante d'un rideau de cirque, d'un feu de brindilles de noisetier un jour d'été ? Presque rien.
L'escarbille.
J'ai grimpé la pente molle d'un pré, l'herbe épaisse et câline sous mes pieds, la terre moelleuse et tiède sous mes pieds glacés et ensanglantés.
Je me suis écroulée sur un tendre carré de trèfles. Je me suis jetée en croix sous le soleil pour le regarder bien en face. Je me suis abandonnée au désir de devenir aveugle, mais c'est comme si mes larmes ne le voulaient pas : elles coulaient, coulaient, coulaient sur mes joues, dans mon cou. Elles voulaient me laver le visage, tout le corps, des milliers d'écorchures dont j'étais couverte. Elles voulaient me laver du temps, de la mort que j'ai vue au travail, du feu qui me dévorait le ventre et moi, je voulais crier, implorer, mais les sanglots se nouaient les uns pardessus les autres dans ma gorge, obstruaient ma gorge, bouchaient ma voix.
L'ivresse est un monde clos, qui ouvre par en haut sur les étoiles.
On y circule émerveillé, car tout y brille, tout y fulgure, tout est plus beau qu'en vrai. les absences y sont des gouffres, les retrouvailles des renaissances. l'ivresse, c'était l'écrin qui recelait la perle de notre amitié, le pur joyau qu'on avait façonné et poli, massue et moi, avant que tout ne s'effondre.
La pluie arrose le monde pour que l'enfant joue dans les flaques d'eau... Après la perte des siens, Yann erre, terrassé par ses incompréhensions. A la recherche d'un souffle de vie, il partira porté par le souvenir, à l'autre bout du monde.
Au Cambodge, il croise Bao sur sa route : le petit vendeur de fruits à la sauvette lui redonne espoir. N'est-ce qu'une illusion ? L'éloignement, géographique, culturel, social, permettra-t-il à cette rencontre de prendre corps ?
Un récit suspendu entre deux rives. Celle d'un père sans visage, prisonnier de sa détresse ; celle d'un enfant de la rue qui ne peut aller à l'école. L'auteur pose ainsi la question des possibles dans l'enchevêtrement d'un monde aux multiples visages, touristique, familial, économique, éducatif...
Par une écriture imagée, inventive, Franck Poncin aborde subtilement la question de la légitimité reliant des vies aussi diverses que complexes. Quel sens peut recouvré la paternité face à ces identités, face à l'entité de l'enfant, face à sa propre force de vie ?
Dormir.
Entrer dans la nuit. se laisser aller au noir. ne plus être là. cette expérience considérable que nous répétons chaque jour. l'oui quitter de soi pour aller dans la nuit. cette interruption de la nuit, cette peur, ce trouble, comme dans cette expression, si juste, de troubles du sommeil. dormir ensemble, c'est autre chose. savoir, avoir, à portée de la main. cet autre corps. cette présence. partager sa nuit.
Si il v a un moment de non-solitude, c'est celui-là. dormir ensemble. dans la présence, l'odeur et la chaleur rassurantes de l'autre. dormir ensemble transforme la nuit de peur en nuit radieuse. dormir ensemble illumine le jour.