S'il est un terreau fertile pour les idées reçues, c'est bien le féminisme et son histoire. Préjugés innocents ou délibérément antiféministes, ces idées reçues ont la vie dure et nourrissent les malentendus et les attaques qui impactent les luttes et les disqualifient.
Des suffragettes à Nous toutes, en passant par l'incontournable MLF, ce livre dévoile des combats passionnés et passionnants, au coeur de controverses essentielles dans le débat public. Les divergences politiques et philosophiques traversant également les mouvements féministes, l'autrice entre dans le vif des querelles pour en expliciter le sens. Qu'il s'agisse de la laïcité, de la parité, de l'écologie, des normes corporelles, de la révolution sexuelle ou encore de l'écriture inclusive, des féminismes pluriels apportent des réponses plurielles, présentées ici avec nuance et pédagogie.
Christine Bard est professeure d'histoire contemporaine à l'université d'Angers, membre du laboratoire TEMOS et membre senior de l'Institut universitaire de France. Elle travaille sur l'histoire politique, sociale et culturelle des femmes et du genre. Elle préside l'association Archives du féminisme et dirige la collection « Archives du féminisme » aux Presses universitaires de Rennes.
L'espace a toujours été un lieu où s'exercent puissance et rivalités donnant à voir des modes d'exercice de la souveraineté dans tous ses aspects.
La transformation de son écosystème depuis l'orée des années 2000, s'accompagne de la montée en puissance d'enjeux intrinsèques et va de pair avec une dépendance accrue des sociétés contemporaines aux systèmes spatiaux.
Sécuriser l'espace devient une priorité et une question géopolitique majeure. Cela suppose de prendre en compte les positions des différents acteurs et des usages, dans un cadre national et international. Une approche collective est à dessiner au travers d'outils existants ou à créer (coopération, surveillance spatiale, gestion du trafic spatial). C'est ce que présente Florence Gaillard-Sborowsky dans cet ouvrage.
Le nucléaire, avec ses images choc liées à la bombe, est géopolitique par essence. Mais, jusqu'à récemment, le périmètre se limitait au nucléaire militaire, aux risques de sa prolifération et à son contrôle. Or, on découvre depuis peu la portée géopolitique du nucléaire civil et surtout, son étroite imbrication avec le militaire.
De la sécurisation des ressources à la diplomatie des centrales, chaque étape du système nucléaire a ses jeux d'acteurs propres et s'appuie sur des territoires précis qui sont autant de lieux de pouvoir que l'on cherche à contrôler politiquement, économiquement et militairement.
Dans une approche originale, mêlant civil et militaire, Teva Meyer montre l'importance croissante du nucléaire dans les relations internationales.
L'anarchisme, malgré la multiplicité des théories qui peuvent s'en réclamer, repose sur plusieurs principes pouvant constituer quelques dénominateurs communs : le rejet de l'autorité coercitive qui appelle à la libre association ou fédération d'individus entre eux ; le rejet du capitalisme et de l'exploitation qui induit la réorganisation de la production ; le rejet de l'aliénation qui conduit au développement de l'esprit critique, premier pas pour briser la servitude volontaire...
Au regard des crises qui traversent actuellement le monde (crise du capitalisme, de la représentation, de l'environnement...), l'anarchisme devient d'une brûlante actualité. Les courants multiples qui le nourrissent se retrouvent ainsi unis dans des combats menés de concert pour construire la société future. L'anarchisme revêt aujourd'hui une dimension internationale empreinte d'expériences et d'actions diverses, aux échelles et aux modalités variables mais dont l'impact est loin d'être négligeable.
Des mouvements altermondialistes aux expériences révolutionnaires comme au Chiapas ou au Rojava, en passant par les hackers ou les communs, l'anarchisme exerce une influence politique qu'il est nécessaire de comprendre pour saisir les nouvelles dynamiques géopolitiques.
Régulièrement présente dans les médias depuis une dizaine d'années, l'Ukraine est au coeur de l'actualité internationale depuis l'invasion russe du 24 février 2022 qui a transformé en guerre chaude un conflit qui semblait gelé à l'est depuis 2014.
Les nombreuses analyses et débats consécutifs à cette invasion furent l'occasion de mesurer combien notre connaissance de ce pays était lacunaire, se limitant souvent aux clichés d'une Ukraine berceau de la Russie, terre des cosaques, grenier à blé de l'URSS et d'une succession de gouvernements entachés par une corruption massive.
Partant de ces idées reçues, auxquelles s'ajoutent désormais celles directement liées à la guerre, Alexandra Goujon dresse un portrait précis et documenté de cette Ukraine qui nous est désormais plus familière.
Israël, plus que tout autre pays, suscite les passions. Pro- et anti- attisent la polémique à coup d'idées reçues. À force de combattre les préjugés des uns et des autres, c'est débattre qui est devenu impossible. C'est la grande ambition de ce livre que de favoriser le retour au débat : exigeant, argumenté, contradictoire, conjuguant les divergences, autorisant les convergences. Quiconque tient que toute la vérité vient d'Israël et que la Palestine est mensonge ; quiconque pense que le Mal est israélien et que le Bien est palestinien, ne trouvera guère dans ce livre de quoi blinder ses convictions.
Ni État d'exception ni État exceptionnel, Israël est « un État comme les autres », avec ses paradoxes.
Cela ne le dispense nullement de rendre compte de ce qu'il est et de rendre des comptes sur ce qu'il fait.
Jérusalem est l'une des rares villes à combiner autant de contrastes, l'un de ces endroits où le passé « a du mal à passer », où l'antique n'est pas simplement mémoriel mais aussi revendicatif. Et c'est la Vieille Ville, gardienne des Lieux Saints où les temporalités s'entremêlent, qui cristallise les passions.
Au coeur d'un conflit presque centenaire, convoitée par les Israéliens et les Palestiniens dans un rapport de force déséquilibré, Jérusalem est une ville divisée et revendiquée à la fois par les nationalismes et les monothéismes.
Archétype de la ville frontière, Jérusalem ne serait-elle pas condamnée à rester hors du temps ?
Pays laïc et musulman, situé entre Orient et Occident, démocratie en proie à des dérives autoritaires...
La Turquie déroute autant qu'elle inquiète. Et la multiplication des crises politiques, militaires et humanitaires qui secouent la région depuis plusieurs années rend plus ardue encore la compréhension de la société turque.
Pour tenter d'en saisir la complexité, il est essentiel de sortir des catégories d'analyse trop facilement mobilisées lorsque l'on parle de ce pays : laïcité, modernité, démocratie, nationalisme, etc., qui contribuent à renforcer un discours souvent caricatural.
C'est l'objectif de cet ouvrage, fruit de plus de quinze années de travail de terrain et d'une analyse sociologique indispensable à la compréhension des faits sociaux, poli¬tiques et culturels.
Les figures trans sont partout. Dans les clips, la mode, les séries, les faits divers... Pourtant, cette visibilité ne s'accompagne pas toujours d'une plus grande acceptation. Tour à tour caricaturé, psychiatrisé, dans le meilleur des cas ignoré, dans le pire rejeté, le fait transidentitaire pose problème. À l'image de l'homosexualité, les peurs et les tabous demeurent.
C'est sur la base de ce constat que ce livre propose un bilan des savoirs sur « les » questions trans, en insistant sur les différents fronts, de l'espace médical à l'espace social, en passant par les arènes juridiques et scientifiques. Laissant de côté la question du « pourquoi » (« pourquoi est-on trans ? » ou « pourquoi le devient-on ? »), l'auteur s'intéresse à la question du « comment » et des logiques sociales à l'oeuvre dans les controverses transidentitaires.
Le boycott récent de certains films et acteurs russes lors des derniers festivals rappelle combien le cinéma se trouve au coeur d'enjeux géopolitiques, à la fois parce qu'il est utilisé comme arme de soft power, voire de propagande, et peut être censuré, mais aussi parce qu'il représente une activité très lucrative pour certains États.
À la croisée de nombreuses disciplines - économie, sociologie, sciences politiques, histoire, etc. -, et d'échelles géographiques multiples, du local à l'international, la géopolitique du cinéma convoque également une grande variété d'acteurs tant publics que privés.
Et, au-delà des enjeux « historiques » de puissance économique et culturelle, de nouveaux défis se font jour : diversité et inclusion, mais aussi lutte contre le changement climatique que cette industrie au lourd bilan carbone peine à engager. La réponse proposée par Netflix en est l'ironique illustration : Don't look up !
Texte fondateur du droit colonial français, le Code Noir a suscité beaucoup de confusions et d'erreurs, à commencer par son nom lui-même... Code Noir ou Édit de mars 1685 ? Écrit par Colbert ? Dont il n'existerait qu'une seule version ? Qui aurait réduit les esclaves à l'état de choses ?... Présentant les acquis des dernières recherches historiques, cet ouvrage corrige un certain nombre d'idées reçues sur ce texte devenu aujourd'hui éminemment symbolique.
Le Louvre à Abu Dhabi, Art Basel à Miami et maintenant à Paris, la création d'un prestigieux musée à Berlin sont autant de manifestations de l'art contemporain comme outil d'influence. Marqueur de puissance, l'art mesure le degré d'émancipation d'un pays, son pouvoir d'attraction et sa place dans le monde.
Très largement dominée par les États-Unis et, plus largement, le monde occidental depuis le milieu du XXe siècle, la scène artistique s'ouvre peu à peu à de nouvelles puissances et à de nouvelles revendications sociétales.
Étudiant le rôle des différents acteurs, artistes, collectionneurs et musées, Nathalie Obadia analyse l'évolution des liens entre arts plastiques et géopolitique, en questionnant notamment la domination du soft power américain et occidental.
On dit d'eux qu'ils étaient des barbares sanguinaires, sauvages et incultes qui étaient donc ces Vikings qui ont suscité tant d'idées reçues ?
Les questionnements que posent aujourd'hui les « sans domicile fixe » n'ont jamais été aussi saillants, et symbolisent de façon aiguë la fracture sociale. Quel est leur nombre, leur profil socio-économique, leur trajectoire biographique, leur vie quotidienne ? Quels sont les modes d'intervention mis en place pour leur venir en aide ? Autant de points qui donnent lieu à schématisation et idées reçues que cet ouvrage s'attache à déconstruire.
Résultat d'une étude ambitieuse mêlant recherche et terrain, ce livre donne à voir la réalité du monde de la rue. Car c'est en observant ce qui se cache derrière le mot SDF que l'on pourra ajuster l'action sociale aux transformations contemporaines de la pauvreté.
Le travail organise nos existences, influe sur notre santé, trame nos échanges quotidiens et fait l'objet de politiques. S'il ne laisse personne indifférent, c'est que ce mot polysémique charrie de multiples enjeux et valeurs.
Or les idées reçues sur le travail en France sont légion : il se limiterait à l'emploi, il coûterait trop cher, son Code serait trop complexe, les jeunes ne l'aimeraient plus, les robots remplaceraient les humains, on peinerait à recruter, le salariat serait d'un autre temps, tandis qu'on pourrait trouver le bonheur dans les start-up...
37 chercheur·es - sociologues, économistes, historiens, psychologues, ergonomes, linguiste et médecin - auscultent de près ces idées reçues concernant l'emploi, l'activité et son organisation pour démêler le vrai du faux et nous permettre de penser le travail autrement.
Marie-Anne Dujarier est professeure de sociologie à l'Université Paris Cité.
Ont aussi contribué à cet ouvrage : Sarah Abdelnour, Amélie Adam, Laure Bereni, Sophie Bernard, Antonio A. Casilli, Hadrien Clouet, Collectif Rosa Bonheur, Nicolas Da Silva, Mireille Eberhard, Corinne Gaudart, Isabelle Gernet, Baptiste Giraud, Aurélie Gonnet, Golçe Gulkan, Fabienne Hanique, Florence Ihaddadene, Lionel Jacquot, François Jarrige, Nicolas Jounin, Josef Kavka, Franck Lebas, Dominique Lhuilier, Fabienne Muller, Luca Paltrinieri, Émilien Ruiz, Maud Simonet, Annie Thébaud-Mony, Jens Thoemmes, Serge Volkoff, Laurent Willemez et Michaël Zemmour.
D'Harry Washington, on sait peu de choses. On ignore son vrai nom, on ne connaît ni sa date, ni son lieu de naissance, ni comment il est mort.
Né en Afrique, capturé, il traverse l'Atlantique dans les cales d'un navire négrier. Vendu à un planteur de la Chesapeake Bay, il est ensuite acheté par George Washington. Engagé pendant la guerre d'indépendance aux côtés des Anglais qui avaient promis la liberté aux esclaves qui combattraient dans leurs rangs, réfugié en Nouvelle-Ecosse après la défaite, il se porte ensuite volontaire pour fonder une colonie britannique au Sierra Leone et fait ainsi le voyage retour vers l'Afrique. Il participe à une insurrection contre l'administration britannique, est arrêté, jugé, expulsé de Freetown. La suite nous est inconnue.
C'est à cette figure de l'esclave fugitif et à sa quête de liberté que ce livre rend hommage, à cet homme debout, combattant pour ses droits et sa liberté avec courage et un engagement hors du commun. Au travers de ce destin singulier, c'est aussi à la découverte du « Monde atlantique » que nous invite Thierry Paulais.
Thierry Paulais est économiste et essayiste. Sur le plan professionnel, il s'est spécialisé dans le développement urbain, l'économie de l'environnement et les communs.
À titre personnel, il a travaillé sur l'histoire du Monde atlantique, l'histoire des abolitionnismes, des colonisations, et l'histoire du mouvement Back-to-Africa.
Babylone, les Mille et Une Nuits, Saladin... Histoire et légendes se confondent dans la Mésopotamie antique. Ce berceau de l'humanité a connu une série de ruptures violentes : dictature du Baas, guerre contre l'Iran, débâcle au Koweït en 1990, embargo dévastateur, occupation étrangère aussi meurtrière qu'imprévisible, barbarie de l'État islamique, impunité des milices...
Quiconque se penche sur le cas irakien, des spécialistes les plus chevronnés aux simples observateurs, rencontre la plus grande difficulté à comprendre les dynamiques conflictuelles à l'oeuvre : défaite militaire américaine finale ? démocratie naissant dans une douleur durable ? retour à l'autoritarisme ? chaos jihadiste ? « États dans l'État » ? révolution populaire ?... Quels sont les enjeux parcourant la société irakienne actuelle ?
Myriam Benraad, l'une des meilleurs spécialistes de l'Irak, analyse et éclaire les différentes facettes de ce pays que l'on connaît principalement au travers des clichés qui entourent son histoire et du prisme déformant des raccourcis médiatiques sur l'époque récente.
On entend souvent que les diplômes ne vaudraient plus grand-chose et que les diplômes professionnels seraient désajustés par rapport au travail et à l'emploi.
Or, si les diplômes professionnels ont bel et bien évolué depuis la massification scolaire et la libéralisation de l'économie, ils continuent d'être décernés à une large partie de la population et les idées reçues concernant leur élaboration, leurs publics et leurs débouchés sont nombreuses.
Cet ouvrage, écrit par des chercheurs et chercheuses spécialistes de la formation professionnelle, dépasse ces préjugés et donne une image riche et nuancée de ces « petits » diplômes qui ne peuvent être réduits à des diplômes de la seconde chance. Ainsi s'agit-il de précisément discuter la valeur de ces diplômes tant sur les marchés scolaires que dans le monde du travail.
Séverine Depoilly est maîtresse de conférences en sociologie à l'université de Poitiers et membre du Groupe de recherches sociologiques sur les sociétés contemporaines (GRESCO).
Gilles Moreau est professeur des universités en sociologie à l'université de Poitiers et membre du GRESCO.
Adrien Pégourdie est maître de conférences en sociologie à l'université de Limoges et membre du GRESCO.
Fanny Renard est maîtresse de conférences en sociologie à l'université de Poitiers et membre du GRESCO.
Ont contribué à cet ouvrage : Amélie Beaumont, Joachim Benet Rivière, Charline Brandy, Sophie Denave, Nicolas Divert, Henri Eckert, Prisca Kergoat, Nadia Lamamra, Marie-Hélène Lechien, Emmanuel de Lescure, Maryse Lopez, Fabienne Maillard, Fanette Merlin, Sylvie Monchatre et Sophie Orange.
Après des siècles d'un silence quasi-entier, plusieurs oeuvres ouvertement lesbiennes sont publiées au tout début du XXe siècle. Depuis lors, des années folles à l'après-guerre, de l'histoire militante des années 1970 à la naissance de l'édition spécialisée, jusqu'à l'effervescence du début du XXIe siècle, ce sont des centaines de textes qui disent et théorisent leur existence. Parcourant tous les genres, ils mettent en scène le lesbianisme, nomment et nourrissent une culture partagée, en réactivent la mémoire et les noms.
Né du constat d'une mémoire immense, mais enterrée, éclatée et négligée, Écrire à l'encre violette souhaite rendre compte de l'ampleur de ce dialogue lesbien : il intègre et modifie le cadre de la littérature, ouvre d'autres perspectives en bousculant ses normes.
Licornes, dents de dragon, serpents pétrifiés... les fossiles ont fait l'objet d'interprétations et de croyances extrêmement diverses en fonction des objets concernés et des endroits où on les trouve.
Les légendes et les superstitions qui en découlent prêtent souvent à sourire aujourd'hui, mais elles n'en témoignent pas moins de l'intérêt que ces fossiles ont suscité au cours des siècles.
Le but de cet ouvrage, au travers d'exemples significatifs, est d'illustrer la diversité de ces croyances et d'en dégager les grandes thématiques (origine céleste ou surnaturelle, pharmacopée, etc.) et de montrer également comme ces histoires ont la saveur des contes populaires.
Derrière chaque dénomination géographique se cache une intention politique. L'Indo-Pacifique ne déroge pas à la règle... Nouveau leitmotiv des relations internationales, cette construction stratégique vise à contenir la montée en puissance de la Chine et met en exergue la rivalité sinoaméricaine.
Mais elle se traduit aussi par des enjeux régionaux qui ne sont pas toujours en ligne avec la stratégie de certaines métropoles, notamment la France, acteur important grâce à ses collectivités présentes dans la région.
Les problématiques de l'Indo-Pacifique se développent donc à plusieurs échelles, internationales, nationales et locale. Ce sont ces représentations multiscalaires, conduisant à des intérêts géopolitiques parfois concurrents, que Paco Milhiet analyse dans cet ouvrage.
Région mouvante, le Moyen-Orient est le terrain de recompositions incessantes.
Des accords Sykes-Picot au conflit israélo-palestinien, en passant par la rivalité entre sunnites et chiites et les guerres du pétrole, Jean-Paul Chagnollaud et Pierre Blanc proposent une analyse critique des représentations du Moyen-Orient. Un ouvrage essentiel pour comprendre les dynamiques en présence, les enjeux et les défis auxquels sont confrontés les acteurs de cette région fracturée en constante mutation.
À partir du début du XIXe siècle, la France s'engage dans la construction du deuxième empire colonial du monde, après celui de la Grande-Bretagne : un empire possédant des caractéristiques spécifiques tant du fait de sa longévité, puisque celui-ci perdure encore aujourd'hui dans les DOM-TOM, que de la diversité des régimes politiques qui lui ont permis de se perpétuer. Élément central de l'histoire contemporaine, la colonisation a, en effet, très lourdement impacté la France d'hier tout en continuant de jouer un rôle essentiel dans celle d'aujourd'hui.
Ainsi, comprendre l'héritage colonial, c'est bien tenter de saisir en quoi ce dernier continue de travailler, en profondeur, la société française mais aussi celles des anciens pays colonisés.
Longtemps parent pauvre de l'histoire, la colonisation a donné lieu, depuis trois décennies, à de nombreux écrits, provoquant très souvent la polémique. Mais comment pourrait-il en être autrement alors que cette période est encore si proche et qu'elle a marqué et influencé tant d'états, de sociétés, de groupes et d'individus ?
Atouts indéniables pour le contrôle des routes commerciales et les jeux de pouvoirs qui leur sont corollaires, les outre-mer restent perçus comme des étrangetés périphériques, plus ou moins éloignées et exotiques.
Ce sont pourtant des lieux-clé où des visions du monde se rencontrent, s'affrontent et se confrontent. Ces points à peine visibles sur la carte sont des relais de puissance et d'influence : réservoirs de main-d'oeuvre bon marché, laboratoires d'expériences médicales et militaires, rampes de lancement, lieux d'internement abusif, sites de stockage, faire-valoir touristique ou écologique... les territoires ultramarins forment un empire en pointillé et, paradoxalement, la géopolitique ne leur a guère accordé d'attention.
à l'heure de la mondialisation et de la compétition sino-américaine pour le leadership mondial, Fred Constant analyse comment ce processus de reconfiguration spatiale des puissances confère à certaines de leurs extensions territoriales de nouvelles vertus stratégiques.