Un matin, tout lâche pour Clara, jeune femme compétente, efficace, investie dans la société de crédit qui l'emploie. Elle ne retournera pas travailler. Amis, amours, famille, collègues, tout se délite. Des semaines, des mois de solitude, de vide, s'ouvrent devant elle.Pour relancer le cours de sa vie, il lui faudra des ruptures, de l'amitié, et aussi remonter à la source vive de l'enfance.Ce matin-là, c'est une mosaïque qui se dévoile, l'histoire simple d'une vie qui a perdu son unité, son allant, son élan, et qui cherche comment être enfin à sa juste place. Qui ne s'est senti, un jour, tenté d'abandonner la course ?Une histoire minuscule et universelle, qui interroge chacun de nous sur nos choix, nos désirs, et sur la façon dont il nous faut parfois réinventer nos vies pour pouvoir continuer.
Gaëlle Josse saisit ici avec la plus grande acuité de fragiles instants sur le fil de l'existence, au plus près des sensations et des émotions d'une vie qui pourrait aussi être la nôtre.
Venue à l'écriture par la poésie, Gaëlle Josse publie ses trois premiers romans aux éditions Autrement. Récompensés par plusieurs prix littéraires, ils sont aujourd'hui étudiés dans de nombreux lycées. Chez Notabilia, Le Dernier Gardien d'Ellis Island (2014) est un grand succès public et critique : il remporte, entre autres, le prix de Littérature de l'Union européenne. Une longue impatience (Notabilia, 2018) est lauréat du prix du public du Salon de Genève ainsi que du prix Simenon et du prix Exbrayat. Une femme en contre-jour (Notabilia, 2019) reçoit le prix des lecteurs Terres de Paroles 2020. Plusieurs de ses romans sont traduits.
"Tu ne seras jamais aimée de personne. Tu m'as dit ça, un jour, mon père. Tu vas rater ta vie. Tu m'as dit ça, aussi.
De toutes mes forces, j'ai voulu faire mentir ta malédiction."
Appelée par son frère Olivier, Isabelle rejoint le village des Alpes où ils sont nés. La santé de leur père, ancien guide de montagne, décline, il entre dans les brumes de l'oubli.
Après de longues années d'absence, elle appréhende ce retour. C'est l'ultime possibilité, peut-être, de comprendre qui était ce père si destructeur, si difficile à aimer.
Entre eux trois, pendant quelques jours, l'histoire familiale va se nouer et se dénouer.
Sur eux, comme le vol des aigles au-dessus des sommets que ce père aimait par-dessus tout, plane l'ombre de la grande Histoire, du poison qu'elle infuse dans le sang par-delà les générations murées dans le silence.
Les voix de cette famille meurtrie se succèdent pour dire l'ambivalence des sentiments filiaux et les violences invisibles, ces déchirures qui poursuivent un homme jusqu'à son crépuscule.
Avec ce texte à vif, Gaëlle Josse nous livre un roman d'une rare intensité, qui interroge nos choix, nos fragilités, et le cours de nos vies.
Je m'appelle Fatima Daas. Je suis la mazoziya, la petite dernière. Celle à laquelle on ne s'est pas préparé. Française d'origine algérienne. Musulmane pratiquante. Clichoise qui passe plus de trois heures par jour dans les transports. Une touriste. Une banlieusarde qui observe les comportements parisiens. Je suis une menteuse, une pécheresse. Adolescente, je suis une élève instable. Adulte, je suis hyper-inadaptée. J'écris des histoires pour éviter de vivre la mienne. J'ai fait quatre ans de thérapie. C'est ma plus longue relation. L'amour, c'était tabou à la maison, les marques de tendresse, la sexualité aussi. Je me croyais polyamoureuse. Lorsque Nina a débarqué dans ma vie, je ne savais plus du tout ce dont j'avais besoin et ce qu'il me manquait. Je m'appelle Fatima Daas. Je ne sais pas si je porte bien mon prénom.
« Le monologue de Fatima Daas se construit par fragments, comme si elle updatait Barthes et Mauriac pour Clichy-sous-Bois. Elle creuse un portrait, tel un sculpteur patient et attentif... ou tel un démineur, conscient que chaque mot pourrait tout faire exploser, et qu'on doit les choisir avec un soin infini. Ici l'écriture cherche à inventer l'impossible : comment tout concilier, comment respirer dans la honte, comment danser dans une impasse jusqu'à ouvrir une porte là où se dressait un mur. Ici, l'écriture triomphe en faisant profil bas, sans chercher à faire trop de bruit, dans un élan de tendresse inouïe pour les siens, et c'est par la délicatesse de son style que Fatima Daas ouvre sa brèche. »
Virginie Despentes
Fatima Daas est née en 1995 à Saint-Germain-en-Laye. Ses parents, venus d'Algérie, se sont installés à Clichy-sous-Bois. Elle grandit dans la petite ville de Seine-Saint-Denis, entourée d'une famille nombreuse. Au collège, elle se rebelle, revendique le droit d'exprimer ses idées et écrit ses premiers textes. Elle se définit comme féministe intersectionnelle. La petite dernière est son premier roman.
Visionnaire lors de sa parution en 2001, ce recueil de nouvelles dOlga Tokarczuk na rien perdu de son mordant, ni de sa pertinente actualité. Avec une espièglerie qui rappelle Nabokov, la romancière polonaise nous dévoile un quotidien truffé de portes secrètes, de miroirs traversés et dautres distorsions de lespace et du temps. Une année à Berlin, un séjour au Mont-Noir, un mois de résidence en Écosse, sont le point de départ de plusieurs de ces nouvelles, et lon verra que lanodin dune bourse décriture peut conduire aux paradoxes les plus fous.
Comment les gens se comportent-ils lorsque se brouillent les frontières entre fiction et réalité ? Un écrivain surprend un matin, assis à sa table, un double de lui-même qui corrige tranquillement son dernier manuscrit Une lectrice de romans policiers trouve le moyen dintervenir dans lintrigue, beaucoup trop molle, du mauvais polar quelle a commencé et les morts, soudain, vont se multiplier. En séjour à Berlin, une femme dâge moyen sétonne de devenir quelconque dans le maelstrom de la grande ville, avant de goûter au plaisir de pouvoir être nimporte qui : tour à tour une Turque voilée, un homme daffaires, une petite fan de Britney Spears
"Raconter Vivian Maier, c'est raconter la vie d'une invisible, d'une effacée. Une nurse, une bonne d'enfants. Une photographe de génie qui n'a pas vu la plupart de ses propres photos. Une Américaine d'origine française, arpenteuse inlassable des rues de New York et de Chicago, nostalgique de ses années d'enfance heureuse dans la verte vallée des Hautes-Alpes où elle a rêvé de s'ancrer et de trouver une famille. Son oeuvre, pleine d'humanité et d'attention envers les démunis, les perdants du rêve américain, a été retrouvée par hasard - une histoire digne des meilleurs romans - dans des cartons oubliés au fond d'un garde-meubles de la banlieue de Chicago. Vivian Maier venait alors de décéder, à quatre-vingt-trois ans, dans le plus grand anonymat. Elle n'aura pas connu la célébrité, ni l'engouement planétaire qui accompagne aujourd'hui son travail d'artiste. Une vie de solitude, de pauvreté, de lourds secrets familiaux et d'épreuves ; une personnalité complexe et parfois déroutante, un destin qui s'écrit entre la France et l'Amérique. L'histoire d'une femme libre, d'une perdante magnifique, qui a choisi de vivre les yeux grands ouverts. Je vais vous dire cette vie-là, et aussi tout ce qui me relie à elle, dans une troublante correspondance ressentie avec mon travail d'écrivain."
Gaëlle Josse
Dix ans après la mort de Vivian Maier, Gaëlle Josse nous livre le roman d'une vie, un portrait d'une rare empathie, d'une rare acuité sur ce destin troublant, hors norme, dont la gloire est désormais aussi éclatante que sa vie fut obscure.
Prix Nobel de littérature 2018
Hérétique, schismatique, Juif converti à l'islam puis au christianisme, libertin, hors-la-loi, tour à tour misérable et richissime, vertueux et abominable, Jakób Frank a traversé l'Europe des Lumières comme la mèche allumée d'un baril de poudre. De là à se prendre pour le Messie, il n'y avait qu'un pas - et il le franchit allègrement. Le dessein de cet homme était pourtant des plus simples : il voulait que ceux de son peuple puissent, eux aussi, connaître la sécurité et le respect d'autrui. Il voulait l'égalité.
La vie de ce personnage historique, qui fut considéré comme le Luther du monde juif, est tellement stupéfiante qu'elle semble imaginaire. Un critique polonais, saluant la réussite absolue de ce roman de mille pages, dit qu'il a fallu à Olga Tokarczuk une « folie méthodique » pour l'écrire.
On y retrouve les tragédies du temps, les guerres, les pogroms et la ségrégation, mais on y goûte aussi les merveilles de la vie quotidienne : les marchés, les cuisines, les petits métiers, les routes incertaines et les champs où l'on peine, l'étude des mystères et des textes sacrés, les histoires qu'on raconte aux petits enfants, les mariages où l'on danse, les rires et les premiers baisers.
Ainsi que le dit le père Chmielowski, l'autre grand personnage de ce roman, auteur naïf et admirable de la première encyclopédie polonaise, la littérature est une forme de savoir, elle est « la perfection des formes imprécises ».
Olga Tokarczuk a reçu le prix Niké (équivalent polonais du Goncourt) en 2008 pour Les Pérégrins et en 2012 pour Les Livres de Jacob. Elle a également reçu le le Man Booker International Prize 2018 pour la traduction anglaise de son roman Les Pérégrins. Née en 1962, elle a étudié la psychologie à l'Université de Varsovie. Romancière la plus célèbre de sa génération, elle est l'auteur polonais contemporain le plus traduit dans le monde. Cinq de ses livres ont déjà été publiés en France : Dieu, le temps, les hommes et les anges ; Maison de jour, maison de nuit (Robert Laffont, 1998 et 2001), Récits ultimes (Noir sur Blanc, 2007), Les Pérégrins (Noir sur Blanc, 2010) et Sur les ossements des morts (Noir sur Blanc, 2012).
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À sept kilomètres de Smiljevo, haut dans les montagnes, dans un hameau à l'abandon, vivent Jozo Aspic et ses quatre fils. Leur petite communauté aux habitudes sanitaires, alimentaires et sociologiques discutables n'admet ni l'État ni les fondements de la civilisation - jusqu'à ce que le fils aîné, Kresimir, en vienne à l'idée saugrenue de se trouver une femme.Bientôt, il devient clair que la recherche d'une épouse est encore plus difficile et hasardeuse que la lutte quotidienne des Aspic pour la sauvegarde de leur autarcie.La quête amoureuse du fils aîné des Aspic fait de ce road-movie littéraire une comédie hilarante, où les coups de théâtre s'associent pour accomplir un miracle à la Combe aux Aspics.Originaire d'un petit village de Croatie, Ante Tomi´c, né en 1970, a obtenu un diplôme en philosophie et sociologie de l'université de Zadar. Devenu journaliste pour le quotidien Slobodna Dalmacija, il démontre un rare talent littéraire qui se confirme en 2000 dans son premier roman Sto je muskarac bez brkova (Qu'est-ce qu'un homme sans moustache). Trois ans plus tard, il publie Nista nas ne smije iznenaditi (Rien ne doit nous surprendre) qui décrit la vie des recrues dans l'Armée populaire yougoslave. Ces deux romans ont été adaptés à l'écran. En 2009 sort son roman le plus connu, Miracle à la Combe aux Aspics. Il est actuellement chroniqueur pour le journal Slobodna Dalmacija.
Etienne rentre de vacances avec sa famille parfaite et son apparent bien être. Sa vie est routinière, prévisible. Il ne se pose pas la question du bonheur, il a une existence « normale », cest ce quil vise, cest lessentiel.
Tout à coup, on annonce à la radio, la mort de Jean-Jacques Goldman.
Sur Pour Luky?:
« Les vies sous-jacentes, celles qui passent sous les radars, les mineures, les nouvelles, le roman doit les dire, c'est sa raison d'être. Et pour cela, tenter d'inventer chaque fois une langue qui le pourra. Voilà ce que fait Delsaux, vite, fort, il invente une langue qui est comme un couteau papillon, qui se plie et se replie sans cesse, virevolte et blesse pour finir.»?
Nicolas Mathieu
Prix Nobel de littérature 2018.
Il y a un vieux remède contre les cauchemars qui hantent les nuits, c'est de les raconter à haute voix au-dessus de la cuvette des W.-C., puis de tirer la chasse.
Après le grand succès des Pérégrins, Olga Tokarczuk nous offre un roman superbe et engagé, où le règne animal laisse libre cours à sa colère.
Voici l'histoire de Janina Doucheyko, une ingénieure en retraite qui enseigne l'anglais dans une petite école et s'occupe, hors saison, des résidences secondaires de son hameau. Elle se passionne pour l'astrologie et pour l'oeuvre de William Blake, dont elle essaie d'appliquer les idées à la réalité contemporaine. Aussi, lorsqu'une série de meurtres étranges frappe son village et les environs, au coeur des Sudètes, y voit-t-elle le juste châtiment d'une population méchante et insatiable. La police enquête. Règlement de comptes entre demi-mafieux ? Les victimes avaient toutes pour la chasse une passion dévorante.
Quand Janina Doucheyko s'efforce d'exposer sa théorie - dans laquelle entrent la course des astres, les vieilles légendes et son amour inconditionnel de la nature -, tout le monde la prend pour une folle. Mais bientôt, les traces retrouvées sur les lieux des crimes laisseront penser que les meurtriers pourraient être... des animaux !
Mimmo et Cristofaro sont amis à la vie à la mort, camarades de classe et complices d'école buissonnière. Cristofaro qui, chaque soir, pleure la bière de son père. Mimmo qui aime Celeste, captive du balcon quand Carmela, sa mère, s'agenouille sur le lit pour prier la Vierge tandis que les hommes du quartier se plient au-dessus d'elle. Tous rêvent d'avoir pour père Totò le pickpocket, coureur insaisissable et héros du Borgo Vecchio, qui, s'il détrousse sans vergogne les dames du centre-ville, garde son pistolet dans sa chaussette pour résister plus aisément à la tentation de s'en servir. Un pistolet que Mimmo voudrait bien utiliser contre le père de Cristofaro, pour sauver son ami d'une mort certaine.
L'intrigue est semblable à celle d'un livret d'opéra : violence et beauté, bien et mal se mêlent pour nous tenir en haleine jusqu'au grand final.
Giosuè Calaciura est né à Palerme et il vit et travaille à Rome. Journaliste, il écrit régulièrement pour de nombreux quotidiens et diverses revues. Borgo Vecchio est son cinquième roman traduit en français. Il a remporté, lors de sa sortie en Italie, le prix Paolo Volponi.
"La langue de Giosuè Calaciura est unique, objectivement unique : c'est une langue très belle, dense, poétique, baroque, traversée de constantes inventions métaphoriques."
Jérôme Ferrari
"Borgo Vecchio est une fable mélodramatique qui fait penser aux oeuvres les plus visionnaires de García Márquez. Le portrait d'une insularité méditerranéenne magique et extrême."
Goffredo Fofi, Internazionale
Ce soir-là, Louis, seize ans, n'est pas rentré à la maison. Anne, sa mère, dans ce village de Bretagne, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, voit sa vie dévorée par l'attente, par l'absence qui questionne la vie du couple et redessine celle de toute la famille.
Chaque jour, aux bords de la folie, aux limites de la douleur, Anne attend le bateau qui lui ramènera son fils. Pour survivre, elle lui écrit la fête insensée qu'elle offrira pour son retour. Telle une tragédie implacable, l'histoire se resserre sur un amour maternel infini.
Avec Une longue impatience, Gaëlle Josse signe un roman d'une grande retenue et d'une humanité rare, et un bouleversant portrait de femme, secrète, généreuse et fière. Anne incarne toutes les mères qui tiennent debout contre vents et marées.
"C'est une nuit interminable. En mer le vent s'est levé, il secoue les volets jusqu'ici, il mugit sous les portes, on croirait entendre une voix humaine, une longue plainte, et je m'efforce de ne pas penser aux vieilles légendes de mer de mon enfance, qui me font encore frémir. Je suis seule, au milieu de la nuit, au milieu du vent. Je devine que désormais, ce sera chaque jour tempête."
Dédié à celle qu'elle n'a jamais eue, Lettre à ma fille est une succession de courts textes décrivant les souvenirs qui ont façonné la vie exceptionnelle de Maya Angelou. Féministe avant l'heure, et après une enfance et une adolescence marquée par la violence, elle écrit avec le coeur de millions de femmes qu'elle considère comme ses soeurs de combat. La littérature la sauvera et l'amènera à être la première étudiante noire d'une école privée. Puis elle fréquentera le milieu intellectuel noir-américain et deviendra une grande militante de la condition des femmes noires. C'est grâce à l'écrivain James Baldwin qu'elle se mettra à écrire après la mort de Martin Luther King et deviendra l'auteure que l'on connaît aujourd'hui. Dans ce captivant récit, l'auteure nous fait partager ses combats et les épreuves qui ont forgé son caractère dans la compassion et le courage. Maya Angelou fut poète, écrivaine, actrice, enseignante et réalisatrice. En 2013, en tant que militante des droits civiques américains, elle a reçu le National Book Award pour « service exceptionnel rendu à la communauté littéraire américaine ». Elle est décédée le 28 mai 2014 à l'âge de 86 ans.
Naturaliste, géographe, explorateur, Alexander von Humboldt (1769-1859) est le grand scientifique des Lumières. Il a donné son nom à des villes, des rivières, des chaînes de montagnes, à un courant océanique d'Amérique du Sud, à un manchot, à un calmar géant - il existe même une Mare Humboldtianum sur la Lune.
Sous la plume d'Andrea Wulf, sa vie se lit comme un roman d'aventures : Humboldt a organisé des expéditions dans la forêt tropicale, escaladé les plus hauts volcans du monde et rencontré des princes et des présidents, des scientifiques et des poètes. Napoléon le jalousait ; Simón Bolívar s'est imprégné de ses idées pour mener à bien sa révolution ; Darwin a embarqué sur le Beagle à cause de lui ; et le capitaine Nemo de Jules Verne possédait tous ses livres dans sa bibliothèque.
À une époque où l'on pouvait embrasser toutes les connaissances scientifiques, Humboldt n'a cessé d'arpenter le monde pour en déceler les secrets et les expliquer. En 1800 déjà, il prédisait les changements climatiques causés par l'homme. Ses idées ont révolutionné la science, la politique, l'art et la théorie de l'évolution. Grand visionnaire, amoureux du monde vivant, de ses mystères et de ses beautés, Humboldt a inventé la nature telle que nous la percevons aujourd'hui.
Prix Nobel de littérature 2018
Man Booker International Prize 2018
« Alors, remue-toi, balance-toi, cours, file ! Si t'oublies ça, si tu t'arrêtes, il va t'attraper avec ses grosses pattes velues et faire de toi une marionnette. Il t'empestera de son haleine qui sent la fumée, les gaz d'échappement et les décharges de la ville. Il va transformer ton âme multicolore en une petite âme toute raplapla, découpée dans du papier journal. » La clocharde du métro de Moscou qui parle ici appartient aux Bieguny (les marcheurs ou pérégrins), une secte de l'ancienne Russie, pour qui le fait de rester au même endroit rendait l'homme plus vulnérable aux attaques du Mal, tandis qu'un déplacement incessant le mettait sur la voie du Salut.
En une myriade de textes courts, Les Pérégrins, sans doute le meilleur livre d'Olga Tokarczuk, compose un panorama coloré du nomadisme moderne. Routards, mères de famille en rupture de ban, conducteur de ferry qui met enfin le cap sur le grand large : qu'ils soient fuyards ou conquérants, les personnages sont aux prises avec leur liberté, mais aussi avec le temps. Et ce sont les traces de notre lutte avec le temps que relève l'auteur aux quatre coins du monde : depuis les figures de cire des musées d'anatomie jusqu'aux méandres de l'Internet, en passant par les cartes et plans.
À travers les lieux et les non-lieux de ses voyages, Olga Tokarczuk a rassemblé des histoires, des images et des situations qui nous éclairent sur un monde à la fois connu et absolument mystérieux, mouvant réseau de flux et de correspondances... Sans jamais nous laisser oublier que « le but des pérégrinations est d'aller à la rencontre d'un autre pérégrin ».
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New York, 3 novembre 1954. Dans quelques jours, le centre d'immigration d'Ellis Island va fermer. John Mitchell, son directeur, reste seul dans ce lieu déserté, remonte le cours de sa vie en écrivant dans un journal les souvenirs qui le hantent : Liz, l'épouse aimée, et Nella, l'immigrante sarde porteuse d'un très étrange passé. Un moment de vérité où il fait l'expérience de ses défaillances et se sent coupable à la suite d'évènements tragiques. Même s'il sait que l'homme n'est pas maître de son destin, il tente d'en saisir le sens jusqu'au vertige.
À travers ce récit résonne une histoire d'exil, de transgression, de passion amoureuse, et de complexité d'un homme face à ses choix les plus terribles.
Venue à l'écriture par la poésie, Gaëlle Josse publie son premier roman Les heures silencieuses en 2011 aux éditions Autrement, suivi de Nos vies désaccordées en 2012 et de Noces de neige en 2013. Également parus en édition de poche, ces trois titres ont remporté plusieurs prix, dont le Prix Alain-Fournier en 2013 pour Nos vies désaccordées. Ils sont étudiés dans de nombreux lycées et collèges, où Gaëlle Josse est régulièrement invitée à intervenir. Le roman Les Heures silencieuses a été traduit en plusieurs langues et Noces de neige fait l'objet d'un projet d'adaptation au cinéma.
Gaëlle Josse est diplômée en droit, en journalisme et en psychologie clinique. Après quelques années passées en Nouvelle-Calédonie, elle travaille à Paris et vit en région parisienne. Elle anime, par ailleurs, des rencontres autour de l'écoute d'oeuvres musicales et des ateliers d'écriture auprès d'adolescents ou d'adultes. Le dernier gardien d'Ellis Island est son quatrième roman, et le premier publié par Notabilia.
« Pour être honnête, je voudrais ne rien me rappeler. Quelle personne saine d'esprit le souhaiterait ? Mais la vérité vraie est aussi que je suis encore plus terrifié à l'idée de tout oublier. Je suis piégé. »
Alex Kurzem, un Australien moyen d'une soixantaine d'années, ne se sépare jamais d'une vieille mallette en cuir. Il décide un jour de l'ouvrir pour son fils, historien, et, à l'aide des photos et documents qu'elle contient, il lui raconte enfin le drame de son enfance. Par bribes, se désolant des lacunes de sa mémoire, il dévoile l'une des histoires les plus singulières de la Seconde Guerre mondiale : comment un enfant juif de sept ans est devenu la mascotte des nazis. Avec la patience d'un chercheur, mais aussi avec la ferveur d'un fils, Mark Kurzem va retrouver les pièces manquantes, réordonner les événements, identifier les lieux et les acteurs. Ce livre retrace à la fois l'histoire vécue et le chemin de l'enquête, mêlant la voix irremplaçable du survivant au récit d'un historien.
Octobre 1941, la Shoah par balles ensanglante la Biélorussie. Caché dans un arbre, l'enfant de cinq ans voit périr sa famille. Sans grand espoir, il s'enfonce dans la forêt glaciale. Lorsqu'il sera découvert, à bout de forces, par des SS lettons, il apprendra à leur cacher qu'il est juif. Très vite, le régiment ira jusqu'à le déguiser d'un uniforme miniature de caporal SS. Malgré son jeune âge, Alex est déchiré entre la conscience du mal auquel il assiste et sa volonté de survivre. « J'étais un animal de compagnie qu'on dressait », explique-t-il à son fils. Les soldats lettons l'ont sauvé de la forêt. Ils lui ont aussi volé son enfance et son identité.
« Ce livre extraordinaire montre que, dans le domaine de l'incroyable mais sans doute vrai, l'Histoire, y compris contemporaine, demeure un gisement inépuisable » Le Point
« Sans pathos, au rythme d'un polar, Mark Kurzem explore la fragilité d'une mémoire, montre les étapes de sa reconstruction et, comme historien de sa propre histoire familiale, il illustre magnifiquement la formule de Georges Braque : "Les preuves fatiguent la vérité" » Le Nouvel Obsevateur
« C'est un récit extraordinaire, aussi effroyable qu'émouvant » Fémina
Mark Kurzem est historien. Il est le fils aîné d'Alex Kurzem, qui fait l'objet de ce récit biographique. C'est son premier ouvrage.
Jésus vit à Nazareth avec sa mère, qui l'a eu très jeune, et son père, Joseph, un charpentier taciturne. Lorsque celui-ci abandonne sa famille sans laisser de trace, Jésus décide de partir à sa poursuite. Ce jeune fugueur embarque alors avec une troupe d'acrobates pour un périple plein de surprises.
Cet ancien enfant farceur, parfois blasphémateur, va découvrir l'amour charnel, la trahison, la douceur et la violence. Il veut vivre pleinement ; comme chaque adolescent, il est dans l'impatience d'agir. Or, dans ce monde aux lois impitoyables, sous l'égide d'une féroce domination romaine, soumis à l'arrogance des riches, à la famine, dans cette époque bouleversée par de profonds changements, nul mieux qu'un jeune garçon tourmenté par le désir ne peut sentir le battement souterrain d'une révolution à venir.
Porté par le souffle épique de la jeunesse, de l'aventure, et la quête d'un mystère familial, Calaciura nous tient à sa merci, en haleine, joue avec le présage d'une destinée extraordinaire.
Après le sublime Borgo Vecchio, Calaciura s'attaque au personnage historique le plus connu de notre temps ! Il nous raconte un jeune Jésus humain, encore auteur de son destin.
« Ce roman nous va droit au coeur. Le récit du destin de l'héroïne principale, une paysanne tatare à l'époque de la dékoulakisation, est empreint d'une authenticité, d'une véracité et d'un charme tels qu'on en rencontre rarement dans la prose russe de ces dernières décennies. Je continue de me demander comment un jeune auteur a pu créer une oeuvre aussi puissante, qui chante l'amour et la tendresse en plein enfer... » Lioudmila Oulitskaïa
Dans les années 1930, au Tatarstan, au coeur de la Russie. À l'âge de quinze ans, Zouleikha est mariée à un homme bien plus âgé qu'elle. Ils ont eu quatre filles, mais toutes sont mortes en bas âge. Pour son mari et sa belle-mère presque centenaire, très autoritaire, Zouleikha n'est bonne qu'à travailler. Un nouveau malheur arrive : pendant la dékoulakisation menée par Staline, le mari est assassiné et la famille expropriée. Zouleikha est déportée en Sibérie, qu'elle atteindra après un voyage en train de plusieurs mois. En chemin, elle découvre qu'elle est enceinte.
Avec ses compagnons d'exil, paysans et intellectuels, chrétiens, musulmans ou athées, elle participe à la l'établissement d'une colonie sur la rivière Angara, loin de toute civilisation : c'est là qu'elle donnera naissance à son fils et trouvera l'amour. Mais son éducation et ses valeurs musulmanes l'empêcheront longtemps de reconnaître cet amour, et de commencer une nouvelle vie.
Gouzel Iakhina est née en 1977 à Kazan, au Tatarstan (Russie). Elle a étudié l'anglais et l'allemand à l'université de Kazan, puis a suivi une école de cinéma à Moscou, se spécialisant dans l'écriture de scénarios. Elle a publié dans plusieurs revues littéraires, comme Neva ou Oktiabr. Zouleïkha ouvre les yeux est son premier roman. Elle vit aujourd'hui à Moscou, avec son mari et sa fille.
Prix Bolchaïa Kniga et Iasnaïa Poliana 2015
Préface de Lioudmila Oulitskaïa et postface de Georges Nivat
C'est le printemps, dans une petite ville côtière de l'Irlande. Le narrateur de cinquante-sept ans est cabossé par la vie. Trop vieux pour prendre un nouveau départ et trop jeune pour baisser tout à fait les bras, il traîne sa solitude de plus en plus difficilement. Quand il croise la route d'un chien borgne et famélique, il n'hésite pas longtemps : il en fera son compagnon de misère. Leur amitié, d'abord fragile, deviendra indéfectible. Jusqu'à ce que les habitants du coin décident de s'en mêler.
Servi par une langue étincelante et une intrigue menée tambour battant, Dans la baie fauve est un roman poignant sur l'alliance de deux êtres abîmés.
« Tu me trouves un mardi, où je vais en ville comme chaque mardi. Tu es affiché dans la vitrine de la brocante. Une photo de ta tête estropiée et, au-dessous, un appel : Recherche maître compatissant et tolérant, sans autre animal de compagnie ni enfant de moins de quatre ans. »
Sara Baume est une Irlandaise d'une trentaine d'années vivant dans la campagne de Cork. Sa vie est tout entière tournée vers la littérature à laquelle elle se dédie corps et âme après avoir étudié les beaux-arts et la création littéraire. Son premier roman, Dans la baie fauve (dont le titre original est Spill simmer Falter Wither), a été sur la dernière liste du Sunday Independent Newcomer of the Year, du Irish Book Award et du Guardian First Book Award 2015.
« ça avait commencé par une lubie, une espèce de mission que Norma sétait donnée par désespoir. Elle voulait séloigner, de tout, de son appartement à moitié vide, de ce qui lui rappelait ce qui nétait plus. Elle allait se rendre sur lîle. Voilà. »
Norma se considère solide. Pourtant, ces derniers temps, la réalité a perdu sa densité. Sa mère vient de mourir, son mari avoue ne plus laimer, et elle garde de sa dernière performance sur les planches un sentiment dhumiliation tenace. Sur un coup de tête, elle part rendre visite à son père, Torsten, qui s'est installé sur une petite île norvégienne, dans la vieille maison où, enfant, elle passait ses vacances.
Père et fille se voient rarement.
Dès la traversée, des événements inattendus prennent la saveur déroutante de présages. Quelle est cette présence fantomatique, ce cavalier masqué dont la silhouette se détache sur la crête dune colline ? Y-a-t-il vraiment quelque chose détrange sur lîle, ou est-ce Norma qui distille du mystère dans son environnement ?
Sur la piste dun secret de famille, le seul qui puisse lui apporter des réponses est Torsten à moins que la vérité ne soit déjà là, enfouie en elle ?
Quels souvenirs choisit-on doblitérer, de quoi est faite la nostalgie, faut-il comprendre doù on vient pour être libre ? Rune Christiansen joue avec les codes du roman policier classique et nous offre un livre au charme incantatoire ; ses mystères nous tiennent en haleine, sa poésie nous envoute.
Prix Hannah-Arendt pour la pensée politique 2022.
Dans le Donbass en guerre, en janvier 2015, un jeune prof décide daller chercher son neveu de 13 ans dans l'internat où il étudie, à l'autre bout de la ville. L'école, où l'adolescent a été "parqué" par sa mère, a été visée par des tirs et les élèves n'y sont plus en sécurité. Lhomme met une journée entière à traverser la ville, devenue zone de guerre, et à atteindre le lieu en question.
Le retour à la maison est une véritable épreuve. Les deux protagonistes se retrouvent au milieu des combats, plongés dans un brouillard laiteux. Des troupes paramilitaires et des chiens errants traversent les ruines ; des hommes apathiques, désorientés, titubent dans ce paysage urbain apocalyptique. La ligne de front se rapproche de plus en plus de la maison familiale.
Serhiy Jadan décrit avec talent comment un lieu familier se transforme en un territoire étranger et inquiétant. Ses personnages sont décidés à lutter de toutes leurs forces contre la peur et la destruction. Dans L'Internat, la réflexion de Jadan sur la guerre dans le Donbass atteint son apogée.
Jeune artiste irlandaise dune vingtaine dannées, Frankie est entourée par une famille aimante et des amis aussi fidèles quanticonformistes. Mais elle ne réussit pas à percer, doute de son propre talent, et a beaucoup de mal à faire face à la vie urbaine à la vie en général.
Pour soigner son mal-être, elle fuit alors Dublin et son animation et part se réfugier dans la vieille maison décrépite de sa grand-mère, récemment décédée, au pied d'une éolienne gigantesque, dans la campagne irlandaise, entourée par les souvenirs, les photographies et les bibelots de son enfance. Une longère perdue dans les landes.
Là, entourée par la nature, elle observe le passage des saisons, sinterroge sur sa capacité à la compassion, met sa santé mentale et son talent artistique à lépreuve, arpente, jour après jour, le chemin accidenté qui mène vers la lumière.
Au croisement de lautofiction et du nature writing, ce roman provoque lémerveillement, il explore la fragilité de lâme humaine, questionne notre perception de la réalité, le lien viscéral qui nous lie avec la nature. Et le désir, humain et impérieux, de laisser une trace. Un rappel de la beauté qui réside en toute chose, et qui peut être trouvée par celui qui accepte de sextraire de la frénésie et de lagitation pour poser un regard mélancolique sur le monde.
Fandango est lune des plus longues nouvelles dAlexandre Grine. Si elle ne fut publiée quen 1927, la date de sa rédaction remonte certainement à 1924, année de parution de LAttrapeur de rats, dont lintrigue est rigoureusement contemporaine.
Fandango sappuie sur la confrontation entre la réalité (Petrograd en 1921, le froid et la faim) et le monde fantasmagorique de la peinture: un homme traverse un tableau pour se retrouver dans un univers imaginaire.
On y retrouve, non pas en toile de fond, mais au premier rang, le Pétersbourg affamé et dévasté des années daprès-guerre, un héros famélique, et surtout plusieurs détails qui en font une sorte duvre miroir et la rattachent à LAttrapeur de rats aussi solidement que si lauteur y eût écrit le mot « suite ».
2019, Tchoupov, petite ville imaginaire de la province russe, est empoisonnée par une décharge où sentassent les ordures de toute la province. Lair est devenu irrespirable, les habitants vivent calfeutrés, filtrent leau, parfument leurs appartements à grand renfort deucalyptus, portent des masques pour affronter la pestilence qui a envahi les rues. Tchoupov pue, Tchoupov meurt. Et le maire vient dêtre arrêté pour corruption.
À la même période, la famille de Lena Mitrofanova vole en éclats. Son mari Daniil la quitte pour sinstaller dans lappartement reçu en héritage ex-rue Lénine. Lex-rue Lénine, cest aussi lex-vie de Lena. Peut-il y avoir une vie daprès à Tchoupov ? Daniil, autrefois député, se lance dans la course à la mairie, alors que Lena rallie un groupement citoyen.
Idiatoulline affirme quen littérature il aime « les récits intéressants et honnêtes qui parlent de nous ici et maintenant ». Son roman Ex-rue Lénine ne fait pas exception : au-delà de la galerie de personnages représentatifs de la société russe, lauteur brosse le portrait dune femme quadragénaire qui trouve un sens à sa vie dans un combat altruiste.