Dire oui ou dire non, prendre une décision, ce n'est pas toujours facile pour les personnages d'Agnès Dumont. Les pieds englués dans les habitudes, les conventions ou les obligations, ils ont bien du mal à trancher, à s'élancer, trouvant sans cesse des excuses à leur immobilisme. À quoi bon ? Et s'il était déjà trop tard pour la nouvelle vie ?
Passer à l'acte se décide-t-il ? À trop longtemps attendre, osera-t-on encore ?
L'exigence et l'intransigeance des personnages de ces nouvelles font d'eux des héros. Se laisser vivre ne leur suffit pas. Ils cherchent dans leurs actes l'approbation de ce qu'ils sont. Ils attendent de leurs choix qu'ils les révèlent. Et plus ils doutent, plus ils espèrent que décider les libèrera. Mais nos décisions sont-elles aussi capitales qu'on le croit au moment de franchir le pas ?
Ainsi, Marine, qui se prépare pour une soirée à laquelle son mari ne veut pas l'accompagner, ne se doute pas qu'elle vient de poser le pied sur un fil. Désormais funambule, elle oscille entre son désir de liberté et son engagement envers celui qu'elle a choisi d'aimer il y a longtemps déjà.
Sculptrice, Hélène Jousse commence à écrire pour garder la trace d'une histoire édifiante que lui confie son voisin centenaire et continue parce qu'elle comprend que la vie se raconte autant qu'elle se vit. Revivre en écrivant, elle ne peut plus s'en passer. Ses nouvelles, ses romans et ses documentaires participent d'une même envie de mettre en lumière des personnes qu'elle a eu la chance de rencontrer et qui deviennent les personnages d'un récit au long cours.
Dernière escale avant la lune propose un caléidoscope de femmes et d'hommes qui face à l'adversité, vacillent et résistent, doutent mais s'insurgent. L'autrice plonge dans l'intimité de ses personnages pour révéler ce qui les tient debout : une sourde obstination à ne pas se laisser enfermer et à reprendre leur chemin. Ailleurs. En tant qu'auteure, Stéphanie Mangez a signé une dizaine de pièces de théâtre et une création radiophonique. Comme comédienne, elle arpente depuis une décennie les scènes théâtrales Elle a aussi cofondé deux compagnies de théâtre et une résidence d'écriture.
Des nouvelles écrites à hauteur d'hommes et de femmes. Une langue qui coule de source et emporte le lecteur. Douze récits où se mêlent émotion, humour et poésie. Des personnages qui, comme nous tous, ont appris en autodidactes à être parents, enfants, époux ou simplement eux-mêmes. Rien de plus que des êtres humains qui font ce qu'ils peuvent lorsque la vie leur réserve un coup du sort : ils résistent ou ils se cachent ; ils en rient ou ils se battent. Quoi qu'ils fassent, Luc Leens ne les juge pas. Il est de leur côté. « La vie n'est pas un roman, c'est un recueil de nouvelles inattendues, tristes, merveilleuses, déconcertantes. » (extrait de la préface d'Armel Job) Luc Leens est né en 1956 à Mons, en Belgique. Depuis 2020, il a troqué sa plume de traducteur pour celle de nouvelliste. De la traduction, il a gardé le gout de s'effacer derrière ses personnages, de les laisser vivre ou raconter leur vie avec leurs mots, leurs vérités. Ses nouvelles lui ont déjà valu une quinzaine de prix en France et en Belgique, notamment le prix Albertine Sarrazin.
Les vies ordinaires ont ceci d'extraordinaire qu'à tout moment elles peuvent le devenir.
Quand ? Pourquoi ? Comment des personnages ni super-héros ni aventuriers peuvent-ils se retrouver, sans l'avoir prémédité, en train de taire, mentir, tricher, voire plus ?
À partir de quel évènement, grand ou minuscule, vont-ils quitter la route ?
Avec une sobriété d'écriture inspirée par Raymond Carver, ces nouvelles racontent le moment qui va faire déraper des personnages à priori sans histoire, les entrainer là où ils n'auraient pas imaginé aller.
On y rencontre Jérôme et les cendres de sa mère, Williams qui vient attendre sa fille à un gouter d'anniversaire, celui qui n'aime pas les barbecues, Vanessa et le chien ramassé sur la route, Evelyne qui vend du jambon espagnol, Audrey en pleine histoire d'amour, et Jean-Luc sous une carcasse de boeuf.
Huit personnages sur la crête de la vague, cet instant très éphémère.
Huit histoires sur la part d'ombre, plus ou moins grande, présente en chacun.
Ça peut parfois mal finir...
Gabriel et Apolline sont-ils des anges de la route ? Les voix des deux narrateurs alternent et se croisent tandis qu'ils pratiquent le covoiturage. Aux passagers de quelques heures embarqués avec leurs problèmes, leurs humeurs, des confidences parfois envahissantes, ils offrent davantage que leur conduite expérimentée et l'habitacle confortable de leurs voitures respectives. L'impromptu s'invite à bord et les protagonistes goûtent alors aux extras de l'ordinaire.
Entre lumière et zones d'ombre, les personnages de ce recueil tracent leur route sur le fil ténu qui sépare la réalité apparente du monde intime.
Douze tableaux, douze nouvelles, douze lunes devrait-on dire... Car on parle ici de lunes, de cycles, de sang. De menstruations. Un thème tabou, un bastion que la littérature a souvent refusé d'investir parce qu'il y a un je-ne-sais-quoi de tribal, de reculé, de primitif dans ces histoires qui doivent rester secrètes, refoulées ou proscrites : qu'elles soient accueillies avec déception, soulagement ou exaspération, les règles nous ramènent à notre condition animale.
Balayant les préjugés, l'auteure parcourt ce delta maudit pour tenter d'accoster sur des rivages parfois glauques, mais pas seulement... En parler sans trivialité semblait définitivement exclu et pourtant Pascale Pujol vous laisse suspendu(e) au fil de son talent.
Huit nouvelles. Qui nous parlent de nous.
Des voyages, des instantanés de vie surpris dans les trains. L'existence s'y conjugue, au fil des rencontres, à toutes les personnes du singulier et du pluriel. Des nouvelles comme des huis clos où l'être humain se retrouve face à ses fragilités, à ses drames mais aussi à sa faculté de résilience. Des nouvelles d'amour et de vie où chacun peut se reconnaitre.
Le département maternité d'une clinique, c'est un pêle-mêle de récits de vie. On y rencontre mille mères, des fières-comme-des-paons, des presque-mères, des désirantes, des abimées, des-je-fais-de-mon-mieux, des impatientes, des courageuses, des bébés-mères, des perdues, des éperdues.
Dans une maternité, la gravité et la légèreté se côtoient et nous font mesurer le prix de l'existence.
Six nouvelles. Six incursions dans lÕintimitŽ dÕune famille. Moments de crise ou alŽas du parcours. Un homme sÕinquite parce que sa fille nÕest pas rentrŽe le soir ; un garon se demande si, pour les vacances, il va encore rejoindre son pre qui les a quittŽs, sa mre et lui ; une femme, tout ˆ coup, doute de son couple... Tout le clan se rŽunira pour les quatre-vingts ans du grand-pre... qui jettera sur sa fte une ombre inattendue.
Qu'elle croise un bellâtre qui admire son reflet dans une vitre, un gros caïd qui lit Babar à son bébé, une femme qui se prend pour un contrôleur de train ou un vieux chauve qui lui rappelle un chauve plus jeune, l'auteure met en lumière des anonymes croisés dans le métro. Drôles, tendres ou acides, ses portraits, qui nous dévoilent aussi un peu d'elle, nous donnent envie de relever la tête pour regarder les autres.
Il y a Alice, qui n'aime ni Paris, ni le métro, ni les petits encarts de poésie qui y sont affichés. Qui n'a guère d'autre choix que de faire avec, cependant. Alors elle râle. Pas toujours.
Il y a Nadya, qui souvent marche sur un fil, et qui boit ces quelques vers arrachés au métro comme si sa vie en dépendait. Elle en dépend peut-être. Allez savoir...
Et entre les chassés-croisés de Nadya et d'Alice, se glissent d'autres histoires avec un soupçon de poésie, et sans métro.
Sur les berges du canal de Briare, on croise toutes sortes de gens, qui marchent, courent ou le contemplent, immobiles. Tous partagent le même besoin de s'y confier, mais chacun a ses propres raisons de s'approcher si près de ses berges.
Et les écluses de s'ouvrir sur des flots d'amertume et de joie, d'espoir et de résignation...
Un mari toxique, une grossesse non désirée, l'amour qui s'en va, la perte d'êtres chers, un corps malade qui n'obéit plus, chaque personnage de ce recueil doit faire face à la souffrance. Certains l'apprivoiseront comme un animal sauvage, d'autres la retourneront à leur avantage, tous parviendront d'une manière ou d'une autre à l'empêcher d'envahir leur existence.
Que sait-on de sa vie ? Il suffit parfois d'un coup d'oeil dans le rétroviseur pour découvrir un détail, ou bien davantage, qui nous la fait voir soudain tout autrement.
Et, comme au jeu, c'est lorsque s'abat le joker que tout bascule.
Une femme, au petit matin, a honte d'avoir pu imaginer que son mari l'ait trompée.
Un jeune interne se torture en cherchant comment dire à deux filles que leur mère est morte.
Des époux au réveil découvrent qu'ils ont fait exactement le même rève.
Trois soeurs ne peuvent se résigner à disperser l'héritage de leurs parents... Mais s'ils savaient...
Les histoires des autres nous renvoient inévitablement à la nôtre. Et nous, qu'avons-nous encore à découvrir ?
« Le train poursuivait sa course dans la nuit tombante, en s'arrêtant toutes les cinq ou dix minutes. La narratrice se dit que ça pourrait donner un bon début d'histoire, un soir un train, une intersection entre deux trajectoires, une collision, et puis, le champ des possibles qui s'ouvre en délicatesse. C'était un bon début. Ça démarrait au quart de tour. Elle se sentait sure d'elle, maîtresse de la situation et de la tournure que pourrait prendre cette rencontre. » Romancière, essayiste, nouvelliste maintes fois primée, Dominique Costermans revient à ses premières amours : la tension amoureuse, la célébration du quotidien. De Bruxelles à Rome, de Chamonix à la Crête, en autant de nouvelles et de textes courts, elle nous invite à dix-sept promenades En love mineur.
Sam traverse les États-Unis pour retrouver son « super » pote Billy et finit sur le toit d'un château d'eau. Sally tombe en panne en pleine nuit sur une route déserte alors que la police traque un Petit Poucet qui sème les cadavres comme d'autres des cailloux. Tom rattrape sa fournée gâchée de cookies avant l'arrivée de Carrie dont il est amoureux depuis l'adolescence etqui tapine à Vegas...
Tout ça, bien sûr, c'est rien que des histoires. Et si rien ne s'y passe comme prévu, c'est parce que si elles ne surprenaient pas l'auteur il n'aurait aucun plaisir à se les raconter.
En lisant les dix nouvelles qui constituent ce recueil, on se dira que Thierry Covolo a un certain penchant pour la littérature américaine, et on aura bien raison. Né au milieu des années soixante, cet auteur lyonnais est régulièrement publié en revue. Plusieurs de ses nouvelles ont été primées. La plus jeune des frères Crimson est son premier recueil.
À première vue, les protagonistes de ce recueil sont peu ambitieux. Ils essaient de garder leur job et leur conjoint, de réussir leur divorce, d'éduquer les enfants, de soutenir un proche, de se pencher sur un mourant... Ils espèrent être appréciés et vivre en harmonie avec leur entourage. Rien d'extraordinaire. À première vue. Car les relations humaines sont rarement simples. Souvent honteux de leurs peurs et de leurs faiblesses, ces personnages nous touchent parce qu'ils nous ressemblent dans leur désir, si souvent contrarié, de « bien faire ».
Je faisais la sieste sur l'herbe. Des poules picoraient non loin. Dans le demi-sommeil, mes voisines à plumes me sont soudain apparues pour les créatures étonnamment bizarres qu'elles étaient. Chacune avec son caractère bien trempé, elles m'ont fait découvrir que la vie quotidienne était un théâtre extraordinaire. J'ai pris un abonnement à ce spectacle enchanteur, toujours renouvelé. Voici le compte rendu de quelques séances ultérieures où j'ai pu ressentir le tremblement intime de l'existence.
« Nuit noire. Les phares éclairent ma caisse. Les portes claquent. Quatre types descendent, arme à la main. J'ai juste eu le temps de me libérer pour grimper dans l'arbre. J'observe la manoeuvre, perché au milieu du feuillage. J'ai la vessie qui tremble. Pourvu qu'ils ne lèvent pas la tête. Oublie les femmes, Maurice, et respire encore ces collants pour tromper ta peur. »
Poète maintes fois déprimé, Marc Menu arpente les méandres de son existence avec la curiosité tranquille du passant. De temps en temps, il s'arrête pour prendre note d'un paysage, d'une idée, d'une rencontre - le plus souvent, avec un sourire amusé. Parce qu'il serait assez peu convenable de prendre tout ça au sérieux.
Voilà déjà quelques années qu'il laisse à son chien le soin d'écrire ses textes à sa place. Celui-ci manie l'ironie avec assez bien de bonheur et tout en remuant la queue - ce qui, reconnaissons-le, de la part d'un auteur, serait inapproprié.
Maintenant qu'il y pense - voilà déjà quelques années qu'on lui dit qu'il écrit mieux.