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Raisons D'Agir
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L'eau une affaire d'État : Enquête sur un renoucement écologique
Sylvain Barone
- Raisons D'Agir
- Raisons D'agir
- 5 Novembre 2024
- 9791097084400
Cet ouvrage présente les éléments d'économie politique qui ont servi de grille d'analyse à de nombreux travaux écrits ou co-écrits par les auteurs au cours des vingt dernières années sur le bloc bourgeois. S'il permet de dissiper certains malentendus et autres simplifications qui ont pu circuler à propos de ces travaux, il présente surtout en détail les principaux éléments théoriques de leur cadre d'analyse : les relations entre l'économie et le politique, la constitution des blocs sociaux, les différentes composantes de la domination, la façon dont les institutions régulent temporairement et imparfaitement le conflit social. L'ouvrage propose aussi une définition de différents types de crise qui peuvent caractériser une dynamique sociale : crise politique, crise de l'architecture institutionnelle, crise d'hégémonie. Une postface applique cette grille d'analyse aux quinquennats Macron et au projet de transformation néolibérale du modèle socio-économique français.
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Sur la télévision ; l'emprise du journalisme
Pierre Bourdieu
- Raisons D'Agir
- Raisons D'agir
- 26 Novembre 1996
- 9782912107008
Ces deux cours télévisés du Collège de France, présentent, sous une forme claire et synthétique, les acquis de la recherche sur la télévision. Le premier démonte les mécanismes de la censure invisible qui s'exerce sur le petit écran et livre quelques-uns des secrets de fabrication des ces artefacts que sont les images et les discours de télévision. Le second explique comment la télévision, qui domine le monde du jounalisme, a profondément altéré le fonctionnement d'univers aussi différents que ceux de l'art, de la littérature, de la philosophie ou de la potitique, et même de la justice et de la science ; cela en y introduisant la logique de l'audimat, c'est-à-dire de la soumission démagogique aux exigences du plébiscite commercial.
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Ecolos, mais pas trop... : Les classes sociales face à l'enjeu environnemental
Jean-Baptiste Comby
- Raisons D'Agir
- Raisons D'agir
- 19 Avril 2024
- 9791097084363
Si une large part de la population est convaincue de la nécessité d'une transition écologique, l'écologie peine encore à se définir comme une force politique et une cause sociale, tant elle reste dispersée entre des intérêts souvent antagoniques. Ce livre établit clairement les raisons de cette dispersion, pour défendre la possibilité d'un programme écologique progressiste, capable de se constituer autour d'un bloc populaire et majoritaire.
Deux pôles se disputent aujourd'hui la légitimité de l'écologie politique. Le premier se satisfait d'une modernisation des appareils productifs, en s'en remettant aux promesses de la finance verte ou de la géo-ingénierie?; faute de bouleverser l'ordre social, il n'accouche d'aucun changement à la mesure de la crise écologique. Le second promeut une vision exclusive et maximaliste du changement qui vise à transformer en profondeur les manières d'habiter la planète, mais qui oublie d'en interroger les conditions sociales de possibilité ; il suscite la perplexité faute de tracer une voie réaliste, effective et mobilisatrice. C'est bien parce qu'elle est frappée de cécité sociale que l'écologie politique, dans ses différentes composantes, se brise sur la puissante inertie des structures collectives. Avant même de débattre d'un avenir durable, il est alors nécessaire d'opérer un retour sur les conditions d'une adhésion massive à une écologie de la transformation. À rebours des conceptions individualistes et apolitiques du monde, le débat écologique doit tenir compte des mécanismes sociaux qui font que, malgré le désastre en cours, la logique capitaliste se perpétue.
Dans un contexte où il est de bon ton, dans les milieux militants ou institutionnels, de parler d'une «?écologie populaire?», l'écologie n'en reste pas moins écrite depuis le haut de l'espace social, avec une tendance marquée à invisibiliser les différentes facettes de l'injustice écologique?: l'inégale vulnérabilité aux dégâts environnementaux de toutes sortes?; les inégalités d'accès et d'usages aux espaces naturels et aux pratiques culturelles qui peuvent s'y tenir ; l'inégal accès aux arènes publiques où les problèmes environnementaux sont traités ; les contributions différenciées des modes de vie ou des activités professionnelles aux nuisances écologiques.
L'analyse de l'inégale distribution des coûts et profits associés à la question environnementale doit saisir précisément où et comment cette condition écologique se différencie dans l'espace social. Plus les fractions d'une classe sociale sont fragmentées, plus il est compliqué pour ses membres d'élaborer des intérêts communs, et plus elle est fragile politiquement. Or en l'état actuel du monde tel qu'il (ne) va (pas), les politiques de l'écologie adoucissent les frontières entre les fractions de la classe dominante mais accentuent celles qui traversent les mondes populaires. Elles sont donc vouées à reconduire un ordre social écocidaire. La perspective sociologique exposée dans ce livre permet d'esquisser la façon dont l'écologie pourrait devenir un levier non plus de fragmentation mais d'intégration politique. C'est en effet en combattant les fondements matériels de l'inégale condition écologique des classes sociales que pourront se reconstituer des alliances entre classes moyennes et classes populaires en faveur d'une organisation sociale faisant de l'écologie l'un de fondements du vivre-ensemble. -
Ultime recours : accidents du travail et maladies professionnelles en procès
Delphine Serre
- Raisons D'Agir
- Raisons D'agir
- 4 Octobre 2024
- 9791097084349
La défense des intérêts des travailleurs ne se joue plus seulement dans les rapports de forces directs entre salariés et employeurs. Le droit du travail et le système de protection social définissent un cadre légal pour garantir ces intérêts et c'est de plus en plus devant les instances judiciaires que se joue leur défense. Le monde de la justice n'est pas le monde irénique où se réalise une prise en compte équitable des intérêts, immune aux inégalités sociales parfois immenses entre les partis en présence. Victimes d'accidents ou de maladies dont ils voudraient faire reconnaître l'origine professionnelle, des salariés sont pris dans un jeu où ils sont confrontés aux caisses d'assurance maladie et aux employeurs. Ces derniers, pour leur part, n'hésitent pas à attaquer les caisses toujours trop promptes à leurs yeux à valider l'origine professionnelle des maux du travail. Pour faire apparaître comment la souffrance au travail se voit reconnue par le droit, l'ouvrage s'appuie sur une enquête menée sur six ans dans huit juridictions dans lesquelles toutes les parties juridiques en présence (juges, assesseurs, représentant·es des caisses, avocat·es d'employeurs et de salariés) ont été interrogées en regard de l'analyse fouillée d'une trentaine d'audiences. La justice procède d'une alchimie qui transmute les requêtes profanes des justiciables en attendus qualifiés juridiquement. Mais cette alchimie ne prend pas en compte de la même manière toutes les formes des douleurs du travail, les lésions physiques, les troubles musculosquelettiques ou les dépressions. Et à ce jeu les femmes sont le plus souvent perdantes. Apparaît ainsi comment, à l'insu de ceux qui agissent au nom du droit, les inégalités de classe et de genre façonnent les affaires traitées, les pratiques de jugement et les chances d'obtenir gain de cause.
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Chômeurs, vos papiers !
Hadrien Clouet, Vincent Dubois, Jean-Marie Pillon, Luc Sigalo Santos, Claire Vivès
- Raisons D'Agir
- Raisons D'agir
- 15 Septembre 2023
- 9791097084332
Plus ils sont nombreux, et plus les chômeurs sont suspectés d'être la cause du chômage. Tel pourrait être le paradoxe des politiques de lutte contre le chômage, en France comme ailleurs en Europe. Avant même qu'on ne parle de politiques de retour à l'emploi (activation) ou d'allocations conditionnées à l'activité (workfare), s'est développé un mode de traitement individualisé du chômage consistant à agir sur les chômeurs euxmêmes. Ce livre a pour objet de montrer ce que l'essor du contrôle des chômeurs révèle des tendances et des transformations du traitement des chômeurs par les institutions qui en ont la charge et, au-delà, de la société qui agit par leur intermédiaire : la mise en cause de la responsabilité individuelle des chômeurs dans le chômage comme problème collectif. Il revient sur l'histoire de cette question, montre comment dans la période récente l'intensification du contrôle a été organisée, mise en pratique et justifiée au nom de la « redynamisation » des chômeurs, révèle les effets de ces dispositifs et indique les résistances individuelles et collectives qui peuvent s'opposer à ces évolutions coercitives.
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Oranges amères : un nouveau visage de l'esclavage en Europe
Gilles Reckinger
- Raisons D'Agir
- Raisons D'agir
- 7 Avril 2023
- 9791097084288
La migration depuis les pays des Sud vers l'Europe est la plupart du temps présentée dans les médias comme une invasion et une menace. En réalité cette « crise migratoire » révèle les ambivalences des politiques européennes. Invoquant un argument « humanitaire » de protection des migrants (des passeurs criminels et du risque mortel de la traversée de la Méditerranée), l'UE s'efforce d'empêcher tout mouvement dès son départ. En réalité, le passage en bateau vers l'Europe n'est que le dernier moment d'un long voyage qui a été marqué par de nombreux dangers bien avant d'atteindre la mer. Les témoignages présentés montrent comment les migrants se retrouvent emprisonnés pendant des années, sans papiers, sans visas, sans argent et sans accès légal à l'emploi. Non-citoyens, ils n'ont d'autre choix que de travailler dans des conditions inacceptables. Ainsi, les personnes qui arrivent en Europe dans ces conditions forcées se retrouvent dans le segment le plus bas du marché du travail, le plus exploiteur ; elles sont à la merci de leurs employeurs et privées de tout droit - ce que l'auteur désigne à bon droit comme une forme d'esclavage.
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L'inhumanité : serial killers et capitalisme
Laurent Denave
- Raisons D'Agir
- Raisons D'agir
- 2 Février 2024
- 9791097084370
Le titre du présent ouvrage fait allusion à l'un des livres du philosophe Jacques Bouveresse, Les premiers jours de l'inhumanité (qui faisait lui-même référence aux Derniers jours de l'humanité de Karl Kraus) portant sur le triste spectacle de ce monde, ravagé par la guerre et dévoré par l'injustice - une injustice alimentée aujourd'hui par le système néolibéral qui conduit à l'explosion des inégalités.
Plus la société est inégalitaire plus elle est violente et les régions du monde les plus inégalitaires sont aussi celles où l'on dénombre le plus d'homicides. Cela explique en grande partie le nombre important d'homicides aux États-Unis, le plus inégalitaire des pays riches, dont l'insécurité sociale a été aggravée depuis les années 1970-1980 par les politiques économiques néolibérales.
Ce livre se focalise sur un cas limite, celui des meurtres en série, qui semblent, à première vue, obéir à une logique purement criminelle ou exprimer une forme de folie strictement individuelle. Ces crimes ne font pourtant pas exception à la règle, comme l'a montré l'anthropologue Elliott Leyton dans son ouvrage pionnier Hunting Humans?: sans mobile apparent ils sont en réalité motivés par un désir de revanche sociale et de célébrité, pour des individus dont la trajectoire sociale a été bloquée (impossibilité de vivre le «?rêve américain?») dans un contexte de crise économique.
Devenir tueur en série permet de compenser ses frustrations sociales, trop importantes dans une société où règne une concurrence acharnée entre ses membres pour l'occupation des places (des emplois notamment) donnant droit à une vie confortable et à la consommation des biens que la publicité incite à acheter.
C'est aussi le moyen d'obtenir ce qu'on peut appeler une revanche sociale réactionnaire, étant donné qu'elle ne fait que renforcer le système injuste et violent dont le tueur a été lui-même victime, en focalisant l'attention sur l'horreur de ses actes et non sur l'horreur du système.
En s'appropriant la vie de leurs victimes, les tueurs en séries renforcent la leur, ceci dans un contexte de crise économique et/ou de trajectoire sociale bloquée, et donc dans l'incapacité de se réaliser (ou progresser) socialement autrement qu'en captant le capital de vie de leurs victimes. -
Si j'ai pu me résoudre à rassembler pour la publication ces textes en grande partie inédits, c'est que j'ai le sentiment que les dangers contre lesquels ont été allumés les contre-feux dont ils voudraient perpétuer les effets ne sont ni ponctuels, ni occasionnels et que ces propos, s'ils sont plus exposés que les écrits méthodiquement contrôlés aux dissonances, pourront encore fournir des armes utiles à tous ceux qui s'efforcent de résister au fléau néo-libéral.
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Des lobbys au menu : l'activisme sanitaire des entreprises agro-alimentaires contre la santé publique
Daniel Benamouzig, Joan Cortinas muñoz
- Raisons D'Agir
- Raisons D'agir
- 13 Mai 2022
- 9791097084257
Le rôle de l'industrie agroalimentaire dans la production des normes sanitaires est bien connu, comme par exemple lors du rejet d'amendements à la loi Agriculture et alimentation (dite Egalim) visant à équilibrer les relations avec les agriculteurs et à promouvoir une alimentation saine et durable. Cependant, ce rôle est rarement compris dans toute sa complexité et toutes ses ramifications, bien plus invisibles et prégnantes que l'on pourrait le croire. L'agro-industrie prend en effet le contrôle de la politique nutritionnelle qui devrait être du ressort de l'État, en prenant en main, d'abord la recherche, ensuite la formation et la mise à l'agenda de toute forme de politique publique dans ce domaine. Elle maîtrise la production d'informations, y compris scientifiques, elle se construit une image positive en participant à toutes sortes d'associations, d'événements, de financements de recherches et d'expertises, etc. Loin d'être une simple affaire de comportements individuels, de conflits d'intérêt des scientifiques, de cynisme des industriels ou de faiblesse morale des politiques, la prégnance des intérêts économiques est ici systémique. Ce livre montre qu'elle est le produit du travail de longue haleine d'une multitude d'organisations et de professionnels, dont c'est le métier. Leur travail façonne les espaces d'intervention des experts et des décideurs. L'industrie agroalimentaire fait prévaloir ses points de vue et intérêts en s'immisçant dans des espaces scientifiques, politiques et philanthropiques. L'enquête sociologique présentée dans ce livre offre - pour la première fois en France - une vision d'ensemble des interventions mises en oeuvre par l'agro-industrie, en décrivant par le menu les différents types de stratégies, leurs supports organisationnels et humains, ainsi que les espaces sociaux qui en sont le produit. Ces résultats permettent de se faire une idée plus juste de la place des intérêts économiques dans la décision publique en matière d'alimentation et de nutrition, et dans une certaine mesure de s'en prémunir.
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Prodiges et vertiges de l'analogie
Jacques Bouveresse
- Raisons D'Agir
- Raisons D'agir
- 16 Septembre 2022
- 9791097084271
Ce livre initialement publié en 1999 garde hélas toute son actualité. Nous proposons ici une nouvelle édition augmentée en cours d'actualisation au moment du décès de son auteur. Avec Prodiges et vertiges de l'analogie Jacques Bouveresse montre le danger que représente l'importation incontrôlée de concepts issus des sciences au nom d'un prétendu « droit à la métaphore ». À côté de l'abus de pouvoir « scientiste » il en existe un (le « littérarisme ») qui consiste à croire que ce que dit la science ne devient intéressant et profond qu'une fois retranscrit dans un langage littéraire et utilisé de façon « métaphorique » un terme qui semble autoriser et excuser presque tout. Au lieu d'un « droit à la métaphore » on devrait parler plutôt d'un droit d'exploiter sans précaution ni restriction les analogies les plus douteuses qui semble être une des maladies de la culture littéraire et philosophique contemporaine.
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Les Prisons de la misère est un livre important pour les éditions Raisons d'agir. Paru en 1999, il a été vendu a 20000 exemplaires et a été traduit dans vingt langues. Ce livre et son auteur, professeur à l'université de Berkeley, sont à l'origine d'un débat très intense sur le rôle de l'incarcération aux Etats-Unis et dans le reste du monde. La thèse qu'il soutient est que l'État pénal est en train de prendre la pace de l'État social et que l'emprisonnement devient un moyen massif de répondre à la misère produite par les politiques néo-libérales. Plus généralement, on assiste à un processus d'incubation et d'internationalisation des slogans (" la prison, ça marche "), des soi-disant théories (la " vitre brisée ") et des mesures (telles que le recours accru à l'incarcération, les peines-plancher, les camps de redressement et les couvre-feu pour jeunes) qui composent ce nouveau " sens commun " punitif, conçu pour endiguer la montée de l'inégalité et de la marginalité dans la ville postindustrielle.
Dans cette nouvelle édition, l'auteur revient sur la réception internationale des Prisons de la misère comme révélateur des évolutions pénales dans les sociétés avancées au cours de la décennie passée. Il établit comment la tornade sécuritaire mondiale inspirée par les États-Unis, que le livre détectait en 1999, a continué de faire rage de toutes parts. De fait, elle s'est étendue des pays du Premier monde à ceux du Second monde et elle a transformé les enjeux et les mesures politiques du châtiment pénal à travers la planète de façon que nul n'aurait pu prédire ou même croire possible il y a seulement une quinzaine d'années. L'auteur développe et étend son analyse du rôle des think tanks dans la diffusion de la pénalité " made in USA " à l'Amérique latine. Enfin, il révise le modèle initial du lien entre néolibéralisme et pénalité punitive, révision qui débouche sur l'analyse de la refonte de l'État à l'ère de l'insécurité sociale.
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La privatisation numérique : déstabilisation et réinvention du service public
Gilles Jeannot, Simon Cottin-Marx
- Raisons D'Agir
- Raisons D'agir
- 18 Mars 2022
- 9791097084240
Le développement du numérique réalise une forme de privatisation du champ de l'action publique qui ne dit pas son nom : les entreprises privées du numérique les plus puissantes s'emparent d'activités jusqu'ici dévolues au secteur public : dans les transports (Ouibus, informations voyageurs), dans les services urbains (ville intelligente), dans l'utilisation de l'espace public (trottinettes électriques) ou même dans certaines fonctions de régulation (aide au trafic). L'informatisation des administrations publiques, le développement de services en ligne et la présence sur internet des services publics, se sont réalisés en sous-traitant ses dispositifs à des entreprises privées. La conquête du privé sur la sphère publique en cours aujourd'hui est d'une toute autre nature : elle repose sur une transformation des relations entre l'Etat et les usagers (simplification des relations avec les utilisateurs souvent en substituant des algorithmes aux agents publics, généralisation des mécanismes de notation, développement de l'uberisation des tâches). Ce processus s'adosse, d'une part, à des des capacités d'investissement énormes qui dépassent celles des pouvoirs publics (ingénierie, datacenters) et, d'autre part, à des monopoles détenteurs de brevets puissants. Si cette privatisation passe le plus souvent inaperçue, tant elle prend la forme douce de dispositifs d'utilisation très pratiques qui améliorent notre quotidien, ses effets sociaux sont pourtant considérables : elle déstabilise les entreprises et les administrations, renforce les inégalités sociales, préempte des communs et accélère la perte de souveraineté publique. Les pouvoirs publics ont beau mobiliser diverses ressources (offre concurrente, régulation, etc.), ils apparaissent trop souvent démunis face à un tel processus qui oeuvre a` l'échelle internationale (les GAFA). Les tentatives de réappropriation des communs numériques par les citoyens ordinaires ouvrent cependant des perspectives, parfois sous la forme d'un militantisme de fonctionnaires qui défendent la « souveraineté numérique » nationale. L'objet de l'ouvrage est porter au jour, derrière la sympathique appli dans nos smartphones, les conséquences économiques et techniques réelles de cette privatisation et de montrer quelles sont les perspectives de résistance et de réinvention du service public.
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La casse du siècle : à propos des réformes de l'hôpital public
Pierre-André Juven, Frédéric Pierru, Fanny Vincent
- Raisons D'Agir
- Raisons D'Agir
- 25 Avril 2019
- 9791097084011
Des couloirs transformés en hébergements de fortune, des personnels de santé au bord de la crise de nerfs, des mobilisations récurrentes, nombreux sont les signes d'une période éprouvante pour l'hôpital public. Pourtant, aux protestations réclamant des moyens supplémentaires, les différents gouvernements et experts des systèmes de santé répondent que le problème de l'hôpital n'est en rien financier mais organisationnel et qu'il suffirait de repenser sa place dans le système de santé, son organisation et ses missions. L'hôpital serait en crise, il faudrait en réformer le mode de gestion afin de le rendre économiquement performant et de répondre aux « attentes » des « usagers ».
Contre cette vision sommaire et simplificatrice, cet ouvrage décrypte la fabrication des différentes « crises » de l'hôpital public, dans leurs dimensions financière, organisationnelle et territoriale. A partir de plusieurs enquêtes sur les personnels hospitaliers et les conditions d'exercice de leur métier, il montre que les réformes entreprises depuis les années 1980 ont progressivement fragilisé l'organisation des soins au point d'en interroger aujourd'hui la pertinence et de promouvoir l'« innovation » comme remède miracle aux maux hospitaliers. Cette superposition de crises implique ainsi différentes façons de dire les problèmes et par là, les solutions à apporter. Derrière ces lectures concurrentielles et parfois antagonistes se joue en fait la conception même du rôle et de la place de l'hôpital public. Un débat démocratique qu'il est temps d'engager.
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Pas de pitié pour les gueux ; sur les théories économiques du chômage
Laurent Cordonnier
- Raisons D'Agir
- Raisons D'agir
- 8 Octobre 2020
- 9791097084073
Un livre grand public et incisif sur la vision qu'ont les économistes du chômage. Nécessaire pour comprendre les politiques de flexibilisation du marché du travail mise en oeuvre en Europe et partout dans le monde. Permet de comprendre le succès pour le moins mitigé de ces politiques.
Une réédition indispensable : ce que décrivait le livre a toujours cours ; ce que décrivait le livre a été réellement mis en oeuvre et le livre fournit les clés pour comprendre pourquoi ça n'a pas marché.
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Accueillir ou reconduire ; enquête sur les guichets de l'immigration
Alexis Spire
- Raisons D'Agir
- Raisons D'agir
- 2 Octobre 2008
- 9782912107442
Un bureau de préfecture, une file d'attente, un espoir - obtenir des papiers. Désormais banale, cette image de l'immigration occulte l'essentiel : ce qui se joue de l'autre côté du guichet. Là, des fonctionnaires examinent les dossiers, jaugent les candidats, statuent sur leur sort. C'est à eux que l'Etat délègue la mise en ouvre de sa politique d'« immigration choisie ». Mais qui sont ces hommes et ces femmes qui décident d'attribuer des papiers ou, au contraire, de reconduire à la frontière ? Comment tranchent-ils ? De quelle latitude disposent-ils dans l'interprétation des règlements ?
Au terme de plusieurs années d'enquêtes dans les coulisses des consulats, des préfectures et des services de la main-d'ouvre étrangère, Alexis Spire dévoile la face cachée de cette machine à trier les étrangers. Ceux qu'on éloigne, et ceux qui rejoignent la main-d'ouvre bon marché réclamée par les employeurs. Situés au bas de l'échelle administrative, les personnels chargés de l'immigration sont sommés de « faire du chiffre » et de « traquer les fraudeurs ». Cobayes de la « modernisation de l'Etat », ils s'enrôlent dans cette croisade en croyant défendre le modèle social français.
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Du balai ; essai sur le ménage à domicile et le retour de la domesticité
François-xavier Devetter, Sandrine Rousseau
- Raisons D'Agir
- Raisons D'agir
- 17 Février 2011
- 9782912107589
Faire le ménage est une activité particulièrement commune : l'entretien du domicile apparaît comme une nécessité naturelle, répétitive, routinière, d'ordre privé. Ce n'est apparemment pas une question politique et économique. Pourtant, le ménage est au centre de nombreux rapports de force et de pouvoir. La question du partage des tâches entre hommes et femmes est évidemment la première qui vient à l'esprit : les femmes plus souvent que les hommes se chargent de ces tâches peu valorisées. Mais là n'est pas le seul enjeu, à la division du travail au sein de la famille se superpose une division du travail extra-familiale, par le biais de l'externalisation, autrement dit, du recours à une femme de ménage. Ainsi d'intime cette question apparemment banale prend des aspects plus larges, interférant avec de nombreuses questions sociales et politiques fondamentales comme " qui occupe ces emplois ? ", " quelle valeur accorder à ces activités ? " ou encore " sous quelles modalités déléguer ou non certaines tâches ? ". La réponse à ces questions loin d'être anodine, est au contraire au centre d'enjeux politiques, économiques et éthiques.
L'externalisation repose sur l'idée suivante : puisque les hommes rechignent à prendre leur part de tâches domestiques, l'égalité au sein du couple peut être en partie retrouvée ou contournée grâce au recours à une tierce personne dont la tâche est de décharger les femmes d'une partie de ce qui crée de l'inégalité au sein du couple. Cette solution non seulement semble résoudre en grande partie la question des rapports de genre mais elle s'inscrit également dans le cadre des politiques de l'emploi et constitue un véritable " gisement d'emplois " pour les salarié(e)s les moins qualifié(e)s et les services rendus facilitent la vie des femmes actives. Cet aspect justifie les nombreuses mesures d'incitation au recours aux services d'une femme de ménage par les particuliers. Le " plan Borloo " en est le dernier exemple.
Enfin, les caractéristiques du marché du travail domestique font que la question de l'entretien du domicile est également au coeur des politiques d'immigration. En effet, une part très importante des employées de maison sont étrangères ou d'origine étrangère (presque la moitié selon l'enquête emploi qui minore très largement la population étrangère en ne mesurant que très imparfaitement le travail informel encore élevé dans le secteur).
La question du ménage et de son organisation sous-tend ainsi plusieurs débats fondamentaux. Pourtant ce thème est assez peu traité en France, notamment en comparaison avec les pays anglo-saxons. Partant d'un objet apparemment marginal, il aboutit à des questions qui touchent à des aspects essentiels du fonctionnement de l'égalité et de la démocratie en France aujourd'hui.
François-Xavier Devetter et Sandrine Rousseau sont Maîtres de Conférence en Sciences économiques à l'Université de Lille 1 - Telecom Lille I, membre du CLERSE - CNRS (UMR 8019).
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La « révolution » qu'a connue le Royaume-Uni, dans les années 1980, sous Margaret Thatcher, et qui a fait de lui le pays du « libéralisme réel » fut largement préparée par un travail de subversion intellectuelle de l'ordre keynésien.
Travail mené d'abord à partir d'institutions privées de recherche et de vulgarisation idéologique néo-libérales fortement imbriquées sur le plan international. En l'espace de quelques années, ces think tanks britanniques ont contribué à forger un nouveau sens commun économique, dont l'actuel Premier ministre, Tony Blair, reste très largement prisonnier et qui est construit autour de la privatisation, de la déréglementation et de la précarisation du travail.
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KAPUTT ? LE DECLIN DU MODELE SOCIAL ALLEMAND
COLLECTIF
- RAISONS D AGIR
- RAISONS D'AGIR
- 31 Décembre 2099
- 9782912107770
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LA DROITISATION DU PARTI SOCIALISTE
LEFEBVRE REMI
- RAISONS D AGIR
- RAISONS D'AGIR
- 31 Décembre 2099
- 9782912107886
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LA CONTRE-REVOLUTION PRECEDE LA REVOLUTION
LAMBERT RENAUD
- RAISONS D AGIR
- RAISONS D'AGIR
- 31 Décembre 2099
- 9791097084318
Pourquoi la gauche perd-elle ? Répondre à cette question est devenu un genre à part entière. En particulier chez certains intellectuels de gauche, qui manifestent une forme de fascination pour l'échec. Pour décortiquer les raisons du fiasco, ils dénoncent le consumérisme et la toute-puissance de la finance, ils éreintent des dirigeants capitulards et des stratégies mal calibrées, ils vilipendent une compréhension du monde trop peu raffinée et les transformations du langage au sein du camp progressiste. S'il est fondé, leur verdict prend toutefois le plus souvent la forme de l'autopsie : la gauche qui les passionne est celle qui gît. Or, ces analyses omettent en général d'envisager que, si la gauche perd, c'est avant tout parce que ses adversaires l'emportent. Parce qu'à chaque étape des processus politiques, dans chaque recoin des institutions, dans tous les compartiments de la société, ils ont déposé des verrous barrant la voie à la transformation sociale.
Parce qu'ils modifient les règles du jeu afin de faciliter d'autres triomphes. La gauche perd parce que la contre-révolution est à l'oeuvre. Dans un style incisif et précis, l'auteur défend ici une thèse originale, en s'appuyant sur des épisodes concrets de l'histoire contemporaine