« Athènes du Nord ? Chicago-sur-Meuse ? Cité ardente ? Ville en déglingue, ou qui redresse sa crête ? Soeur ennemie de Bruxelles ? Petite France de Meuse ? Depuis plus d'un millénaire, Liège est une ville qui se parle. » Tels étaient les mots qui ouvraient le texte de quatrième de couverture de la première édition des Petites Mythologies liégeoises, qui date de 2016 et dans laquelle, exploitant la formule littéraire des mythologies lancée par Roland Barthes, les auteurs portaient un regard critique, ironique ou amusé sur le discours que Liégeoises et Liégeois tiennent sur leur ville - tout en se laissant aller, parfois, à prolonger eux-mêmes ces discours mythologiques. Mais si certains mythes sont éternels, les petites mythologies, quant à elles, demandent vite des corrections, des adaptations et des compléments : c'est que depuis 2016, certains aspects de Liège ont évolué. D'où la nécessité de cette nouvelle édition, revue, corrigée et considérablement augmentée, qui profite en outre du talent d'illustrateur de Phil.
Madeleine est un recueil de poèmes en prose rempli d'émotions et de douceur. Le je poétique s'y adresse à sa petite-fille avec amour, tendresse, fierté et nostalgie. Les mots sont utilisés avec une extrême justesse et touchent le lecteur en plein coeur.
Plier l'hier est un recueil qui parle à la fois de violence et de désir. Les poèmes s'y répondent dans leur opposition : des scènes de villes, des chocs, des impulsions à écrire, des extrapolations à partir des menteuses voix médiatiques. Des visions dans la rue et dans les chambres, à travers les écrans. Plier l'hier, c'est dire ce qui fait peur, ce qui dérange, ce qui menace, et l'affronter de tout son corps.
Tout est mise en rythme des pulsations, de la marche, des flux, de l'emprise. Quête et fuite, la poésie est ecchymose. Traquer les indices de la survie, et en exhiber les traces, après. Cobalt est le récit d'une obsession calibrée CO27 . Ce qui reste est bleu, ce qui demeure est vivant. Tu es vivante. L'écriture ici oscille entre rage, férocité et justesse. Cette poésie débridée et moderne interroge le monde qui nous entoure, en l'état, tel qu'il se donne à nous : Je me plonge à fond dans les scènes de la vie ordinaire. J'arpente trottoirs villes bureaux supermarchés galeries restaurants trains parcs boîtes soupentes caves parkings coton dentelle latex toisons rendez-vous conversations
Aujourd'hui un ange et un oiseau sont morts Je les ai vus dans mon jardin tomber hors de la vie comme dans un ciel à l'envers - C'est pourquoi ce soir je voudrais faire un enfant, dit rêveusement la jeune femme.
(Déjà pour lui un ballon roule sur l'herbe.)
Écart-type se compose de trois parties et d'un appendice. Ses cinquante et un poèmes abordent plusieurs thèmes, depuis l'observation du monde environnant, avec certains poèmes plus « photographiques », jusqu'à l'implication - car tout est politique - de l'auteur dans ce même monde, en passant par le besoin de le comprendre, de l'ébaucher, le retranscrire par le recours au poème.
La seconde partie de ce recueil a entièrement été écrite lors d'un voyage, dans lequel les noms des villes choisies au hasard, le déploiement des cartes étaient à la fois la seule trame et les seuls repères. En termes statistiques, l'écart-type est la part indéfinissable entre deux données, entre deux balises : ce qui échappe au défini et à la règle, l'espace au sein duquel le poème se crée.
"Homo saltans, l'homme qui danse... L'origine du texte? Une soirée à la campagne, une danse autour d'un grand feu à l'occasion d'une naissance. Ecrit en 1992, ce poème est illustré par Antoine Demoulin, le frère du poète. Il s'est inspiré du texte, entier, mais également de textes issus de la littérature mondiale, qu'ils soient littéraires ou philosophiques. « Sa création s'origine donc dans la mienne mais jouit d'une totale indépendance, ce qui me convient parfaitement: j'aime voir mes textes vivre indépendamment de moi. Antoine s'est complètement approprié mon texte, et il en a fait cette oeuvre personnelle que je trouve vraiment magnifique graphiquement » explique Laurent. En 2012, il a réécrit le texte en vers qu'Antoine a également calligraphié."
Une année sans lumière rassemble slogans tapageurs pour briller en société, vérités glanées dans le bus, professions de mauvaise foi, blagues d'un goût douteux et poèmes d'amour vitriolé.
Découpé en saison (de l'hiver à l'automne), ce nouveau recueil de Serge Delaive évoque de manière plus profonde encore que de coutume, la relation du poète au temps et à la mort. Tourmenté, déchiré, en dérive, le narrateur «trace sans fioritures / les lignes d'une addition élémentaire / jours décollés ajoutés aux jours ensevelis / dont la somme importe peu [...]". Parfois longue, parfois brève, la poésie de Serge Delaive se déploie ici dans ce qu'elle a de plus noir, mais aussi de plus pur.
Et surtout j'étais blonde est un texte grave, terrible même. Il y est question de l'acharnement à anéantir l'innocence, la fragilité et la fraîcheur ; de la rage dévastatrice, manipulatrice, meurtrière avec laquelle certains hommes s'approprient les femmes comme s'il s'agissait d'objets. Il y est question de la confusion qu'elles font entre l'amour et la possession, de leur besoin de se leurrer pour avoir le sentiment d'être aimées, de leur nécessité d'imaginer qu'un regard porté sur elles c'est de l'amour, que la concupiscence c'est de l'amour, et de supporter pour cela d'être maltraitées, morcelées, découpées en morceaux, d'être objets, objets de convoitise, de violence, de sadisme. Il y est question du goût installé dès la petite enfance pour cette blessure infligée par le père, entretenue par les hommes abuseurs, et de l'assuétude à être objet d'un abus de pouvoir.
Recueil de poèmes soulignant l'importance du doute pour intégrer et redécouvrir le mouvement de la vie dans ce qu'elle comporte de tendresse et de difficultés. Prix de la biennale de poésie Robert Goffin 2018.
Avec quelques amis, Marc Imberechts fonde en 1988 les éditions Tétras Lyre. Chaque année, il propose au public des ateliers de fabrication de livres collectifs entièrement fait main. Régulièrement, il organise des événements littéraires et artistiques. Pour lui, Le tapis ininterrompu de nos pensées spontanées est invisible. Les artistes, les poètes ont la tâche de rendre perceptible la totalité invisible de notre être en relation avec le monde d'aujourd'hui, avec tous les mondes. L'expression de l'invisible n'a en soi aucune valeur marchande, elle parait donc inutile et pourtant elle est absolument nécessaire pour dynamiser notre présence au monde, tous les mondes.
Il a publié une dizaine d'ouvrages poétiques dont, aux éditions Tétras Lyre : Chronique de monotonie, 1999. La nuit Le jour, 2007.
Chaque jour, même la nuit, du réel surgit. On ne l'attendait pas, même s'il revient parfois. Un singe vole votre savon. Ou vous vous souvenez que vous tournez avec la Terre. Quand ça surgit, on peut s'exercer à le tracer vite, avec peu de gestes sur le papier. Les Presque poèmes s'approchent de ritournelles. Étonnement, concision, tension entre petitesse et grandeur, observations dérisoires, sinon désespérées, cruauté parfois : chaque texte est un caillou à peine donné, à peine trouvé. Il y en a 99.
«ta chaussure a éraflé l'escargot qui, voilà restera là».
Ce recueil de Roland Jooris ne se lit pas comme des oeuvres complètes, ni une anthologie représentative qui contiendrait 'les poèmes emblématiques', mais un regroupement de vers qui, aux yeux du poète, l'ont mené à son travail d'aujourd'hui.
La poésie de Jooris ne représente pas la réalité, mais évoque par elle-même un univers. Non pas un univers concret, mais une réalité sous-jacente, cachée sous la surface des choses. Par conséquent, le défi que cette poésie nous lance, n'est pas en premier lieu de voir, mais de percevoir. Loin d'un néoréaliste qui par la langue tenterait de s'emparer de la réalité, nous avons affaire à poète métaphysique qui, avec l'outil de la langue, dévoile un monde invisible qu'il rend saisissable.
«Il s'agit d'une collection en tant que morceau de musique, dans lequel les mêmes thèmes sont intégrés à une composition, avec ici et là de belles improvisations, des variations» explique l'auteur elle-même.
Le recueil Révolution de Lies Van Gasse se lit comme un tourbillon dans lequel nous risquons d'être entraînés, que nous le voulions ou non. Le pouvoir du langage de Lies Van Gasse est provocateur et addictif.
André Romus qui, en cinquante ans d'activité littéraire, n'a publié que des poèmes, nous livre ici un récit poignant, servi par une langue simple et chatoyante. Si l'enfance avec ses colères, ses angoisses et ses espoirs est au coeur du questionnement, il s'agit plus d'en relever l'éternel présent que de proposer un recueil de souvenirs, de sentiments passés. Ainsi, les situations sont restituées de l'intérieur, avec humour et tendresse et ce qui sourd, au fil de la lecture, ce sont les mouvements de ceux que l'auteur est parvenu à ériger, pour notre plus grand plaisir, en personnages.
Palimpseste insistant est un recueil de poèmes-pastiches écrit par Laurent Demoulin. Composé au fil des ans et au gré des nombreuses lectures de son auteur, cet ouvrage se présente à nous comme un hommage à ces poètes et à ces écrivains de tous bords qui ont façonné l'histoire de notre littérature sous ses formes les plus diverses. Et si, entre toutes, c'est d'abord la poésie régulière qui se trouve mise à l'honneur ici, cela est moins pour réaffirmer, à l'encontre des modernes, une quelconque forme de supériorité de la rime et de la métrique, que pour retrouver l'importance et la singularité de celles-ci dans le paysage poétique actuel. Car non, pour Laurent Demoulin, il n'y a plus rien aujourd'hui de rétrograde à écrire en vers rimés et mesurés.
Le Manuel des agonisants est le dernier recueil de poèmes de François Jacqmin, celui auquel il travaillait encore lorsqu'il est mort en février 1992. Le titre suffit à le proposer comme l'équivalent d'un testament : c'est bien de la mort, mais aussi de la vie, qu'il est question dans ces poèmes, écrits par un homme en pleine possession de sa lucidité et de son écriture.
Comment vivre avec des bouts de monde qui nous façonnent une identité multiple ? Qui nous tissent des liens ambigus avec le divin? Qui nous placent en porte-à-faux face aux réalités cinglantes d'ici et d'ailleurs ? Par une écriture vive, tantôt teintée de traditions, tantôt nourrie de faits contemporains, l'auteure aborde des questions d'actualité à bras le corps, loin des clichés et des stéréotypes attendus et entendus.
Structurées sous forme de fragments littéraires, ces chroniques évoquent les années 1953 à 1970, jalonnées de souvenirs personnels, de faits historiques et de rencontres littéraires. Ce livre se présente comme la suite du recueil Un carré d'argile et d'eau (éd. Tétras Lyre. 2013).
« Nous sommes parallèles est un recueil de poèmes qui se lit comme une histoire tortueuse ou comme une ribambelle bigarrée de blagues tristes, où l'on se rend compte que la poésie peut surgir à tout instant et en tout lieu» (extrait de la préface de Pierre Geron).
"Danser dessous est un recueil de poésie en trois sections. Les trois parties qui le composent répondent à une espèce de dialectique. « Coins cassés » fait écho à la violence -guerres, misère, exclusions- à laquelle nous sommes tous confrontés au quotidien. « Sommeil demeure » est davantage tourné vers l'intime : amour, amitiés, solitude... « Danser dessous », le long poème qui forme à lui seul la troisième partie du recueil offre une synthèse de l'intime et du collectif dans un monde bouleversé où tout est sens dessus dessous, à commencer par le langage lui-même.
Le texte est structuré par tout un jeu d'oppositions, notamment entre notre culture et celle des Aborigènes, pour qui le rêve est plus réel que toute action qu'on peut exercer."