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EDMOND RAILLARD
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Avant que la lucidité ne le quitte à jamais, un homme écrit à la femme de sa vie, dans le chaos absolu d'une mémoire vacillante, de longs feuillets recto/verso. D'un côté : l'itinéraire d'un enfant sans amour et l'affliction d'un adulte sans dieu ; de l'autre : l'histoire du Mal souverain. Confiteor (en latin : je confesse) est une véritable cathédrale profane.
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Il se souvient de la villa qui donnait sur la mer, et de son opulent jardin : il y soignait iris et cattleyas, trompettes des anges, glaïeuls et pulmonaires. Gardien de ses meilleures années, témoin discret et impartial, le vieux jardinier raconte : le jeune couple, beau et fortuné, leurs amis toujours plus nombreux, les baignades et les après-midi langoureux. Le nouveau voisin. L'Espagne des années 1920 rayonnait pour eux d'insouciance et d'oisiveté. Ils semblaient s'amuser de tout, et pourtant leur monde s'effritait. Les grandes fêtes qui laissaient le jardin fleuri dévasté n'en étaient-elles pas le présage ?
Dans un fascinant mélange d'émotion et de détachement, un savoureux luxe de détails et de non-dits, se déroule comme un mélodrame au ralenti. Le Jardin sur la mer est le roman inédit, délicat et éblouissant, de la grande dame des lettres catalanes. -
Un ouvrage poétique sur la puissance de la nature dans les paysages grandioses des Pyrénées catalanes, entre légende et réalité.
Dans un village perché en haut des Pyrénées catalanes, la mémoire des drames familiaux, des persécutions et des exécutions de la guerre civile est encore vive. Mais rien, jamais, ne vient altérer la profonde beauté du paysage, terre propice à l'imagination, à la poésie, aux histoires transmises de génération en génération. Dans ce lieu hors du temps où la nature est reine, amitiés, mariages, deuils, naissances s'entrelacent au fil des saisons. -
Deux rencontres bouleversent durablement la vie d'Ismaël : Leo, son amour de jeunesse, retrouvée par hasard dans une mercerie, et le concierge du collège où il a enseigné, qui l'embarque dans un road trip déjanté durant lequel Ismaël se voit soigné dans un hôpital fantôme par le Dr Jivago, séduit par Marlene Dietrich et analysé par Emma Bovary.
Un tourbillon quasi psychédélique pour un écrivain qui brandit ici, après le patrimonial "Confiteor", une liberté créatrice absolue et salutaire. -
Par l'auteur de «Confiteor» (140 000 ex. vendus), quatorze nouvelles indépendantes et pourtant intimement liées, où l'on retrouve sa manière de fouiller les manifestations du mal, de l'amour, du destin et de ses mauvais tours.
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Treize nouvelles saisissantes où, l'oeil rivé au judas, on observe avec un trouble croissant des personnages qui exercent le mal sans remords aucun, tel l'assassin qui n'aime rien tant que le mélange de danger, de mystères, de petites filles et d'aventures... Comme toujours, l'auteur de «Confiteor» agrémente le mal de naturel, de cynisme et d'humour, le démystifiant et nous le rendant ordinaire, le présentant pour ce qu'il est : un banal ingrédient de notre quotidien.
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Espagne, années 1960. Quand dans un collège de jésuites arrive Stein, un nouvel élève, le jeune narrateur est vite fasciné par ce garçon exceptionnel derrière lequel semblent se cacher les fantômes des années de guerre et les secrets tout aussi troubles de sa famille.
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Guillem déteste la lecture mais, tous les mercredis, sa classe se rend à la bibliothèque. Il choisit une fois un très vieux livre intitulé L«a Tribu des Zippoli, »même s'il sait bien qu'il n'ira pas au bout«. »Mais l'ouvrage s'avère être magique : en l'ouvrant, Guillem se rend compte que le narrateur s'adresse directement à lui pour raconter l'histoire. Et ce n'est pas tout : quand son frère ou sa mère lui empruntent le livre, l'histoire qu'ils lisent est différente. Grâce à celui-ci, le garçon découvre le plaisir de la lecture et la confiance en soi. Un hommage à Italo Calvino.
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Dans le monde de l'art contemporain une idée a fait fortune : nous verrons peut-être un jour où les artistes ne formeront plus une classe spéciale, mais où tous les hommes seront artistes. Cette idée rejoint l'art de vivre japonais, aussi bien qu'une idée fondamentale du surréalisme.Cette pratique de l'art ne s'oppose pas à la création d'oeuvres spécifiques ni à l'idée de la contemplation : même celle des mystiques, loin d'être une forme de passivité, peut être à l'origine d'un degré supérieur d'activité. Le peintre Tapies réfléchit sur la situation actuelle de l'art en se réclamant de la tradition de son pays, de Raymond Lulle à Miró, en passant par Gaudi.
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Le protagoniste, un professeur d'université et auteur, revient sur sa vie et celle de ses parents, des vies façonnées et bouleversées par leurs différentes relations amoureuses.
Un roman éblouissant sur l'amour et le désir par une figure littéraire considérée comme le Modiano espagnol.
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« Vous choisissez» sont les premiers mots et le leitmotiv de ce roman, insidieusement répétés par Walter Hofer, historique spoliateur de tableaux de maîtres pour Göring pendant la guerre, à Brandes, peintre allemand installé à Paris, qui possède un Cranach que veut le dignitaire nazi.
Hofer, cyniquement, a fait une proposition au peintre : il lui rendra la totalité de ses peintures confisquées en échange du petit Cranach. C'est le parcours de Brandes vers la décision qu'il prendra in fine que raconte ce long monologue qui, à travers les époques et les flux de conscience, évoque sa vie et surtout son métier de peintre, en livrant une passionnante réflexion sur l'art, les couleurs, les formes, en grande partie inspirée par un ouvrage de Georges Braque, dont Brandes est l'évidente transposition. L'intrigue prend d'ailleurs sa source dans une histoire similaire arrivée à Braque pendant la guerre.
La force d'Eduard Marquez est de mettre le lecteur en empathie avec le peintre, homme droit mais peu téméraire, dont la peur du nazi est manifeste. Aura-t-il le courage de ne pas céder au chantage, preuve qu'il n'a pas abandonné l'humanité, même au coeur de l'enfer ?
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Cinq ans après «Chansons d'amour et de pluie», Sergi Pàmies revient avec un nouveau recueil de treize récits. Souvenirs d'enfance revisités et réinterprétés à la lumière de la vie des protagonistes : relations avec des parents célèbres, clandestins en France, puis reconnus et célébrés en Espagne après le franquisme, vieillesse et mort, rapports hésitants avec des enfants qui deviennent adultes, amour et séparation, presque fatidique. La vie de tout le monde, à travers celle de Sergi Pàmies.
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Dans le delta de l'ebre, charles iii d'espagne, inspiré par les lumières, caressait le rêve d'édifier une saint-pétersbourg méditerranéenne.
Il s'attacha les services de tiepolo, dernier grand maître de la peinture vénitienne. de cette ville idéale avortée, subsistent à sant carles de la ràpita nombre de vestiges, prodigieux terrains de jeux pour des enfants qui ont grandi dans les secrets enfouis sous les pierres. un galeriste de barcelone est de ceux-là, qui reçoit un manuscrit du xviiie, siècle intitulé le mémorial de la ville invisible.
Ecrit par l'architecte en charge de ce projet pharaonique, ce texte bruissant d'intrigues de cour et de passions inavouables dévoile l'étonnante disparition d'une toile de tiepolo. roman historique, policier et romantique, la ville invisible conjugue le siècle des lumières et le marché de l'art contemporain clans une éblouissante variation sur les vertiges du pouvoir et de l'amour.
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À 18 ans, Llop découvre la musique pop, les filles et la marijuana à Majorque. Étudiant à Barcelone, il continue dans cette voie, mais la politique s'en mêle, en même temps que les drogues deviennent dures et les amours dangereuses. Pour lui, ce fut cela, vivre dans la poésie pure et le bonheur. Son deuxième paradis perdu.
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Conte cruel et acide à la manière d'«Arsenic et vieilles dentelles», ce «road book» est une sorte de «Thelma et Louise» gériatrique à l'humour noir décapant où l'on suit la fuite de deux vieilles dames, dangereuses criminelles, en Galice.
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Sans se départir de l'humour qui le caractérise et le mène parfois à une sorte de dérision vis-à-vis de la condition humaine, Sergi Pàmies quitte les généralités propres à sa génération et à son milieu pour revenir à une histoire plus personnelle qui, dans son cas, est intimement mêlée à l'histoire de l'Espagne. En effet, son père, Gregorio López Raimundo, torturé avant de se réfugier en France, fut l'un des dirigeants du PC espagnol en exil, et sa mère, Teresa Pàmies, fut elle aussi un écrivain prolixe de langue catalane qui a décrit dans de nombreux romans ses aventures de militante, de femme et d'exilée politique. C'est précisément parce que ses parents s'étaient abondamment exprimés sur leur vie, et donc sur la sienne, que longtemps il s'était tu. Mais, dans ce livre, plusieurs nouvelles sur la maladie et la mort de sa mère montrent comment Sergi Pàmies se réapproprie en même temps que sa mémoire un espace d'expression qui est aussi un accès au fictionnel, car l'écrivain ne crée de la fiction qu'à partir de ce qu'il a vécu. Et peut-être pourra-t-il échapper enfin à cette crainte qui le faisait se détourner de sa propre expérience. Il dit dans "Remerciements" : "Et, étant parvenu aussi loin, [...] je pense que pour que personne ne dise que les écrivains ne parlent que d'eux-mêmes nous finissons parfois par écrire des choses bien étranges." Parvenant à parler de ses parents, il peut désormais aussi parler de ses enfants et évoquer ainsi, par exemple, l'inquiétude du père qui va chercher sa fille à la sortie d'une boîte de nuit, mais également parler de lui-même et de son angoisse obsessionnelle qu'il dépeint si bien dans "New York, 1994", nouvelle décrivant un repas chez Paul Auster.
Pàmies, qui pense qu'écrire est seulement "un métier aussi digne ou indigne qu'un autre", nous touche précisément par cette modestie, cette absence de pose, cet humour qui est, dit-on, l'élégance du désespoir, mais surtout par son humanité jamais proclamée mais toujours présente.
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César Gonzáles Ruano, correspondant de presse espagnol, quitte Berlin en 1940. Pourquoi décide-t-il de s'installer à Paris où, prétend-il, il se sent libre malgré l'Occupation ? Où trouve-t-il l'argent pour vivre la luxueuse vie nocturne de Montparnasse et disposer de quatre appartements, sinon dans les biens achetés ou volés aux Juifs ? Pourquoi, protégé par le très nazi ambassadeur d'Espagne à Berlin, est-il arrêté par la Gestapo ? Et comment expliquer qu'on trouve alors sur lui non seulement un gros diamant et des dollars, mais aussi un passeport vierge signé par Porfirio Rubirosa, l'ambassadeur play-boy de la République dominicaine ?
Avec le talent qu'on lui connaît pour évoquer les époques troublées et les zones d'ombre propres aux hommes qui y ont trempé, José Carlos Llop reconstruit l'itinéraire d'un dandy qui se vit comme un personnage de roman et refuse de juger ses actes autrement qu'à l'aune d'une esthétique nihiliste.
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Chaque été, une Simca cerise conduit la famille du narrateur sur une côte sauvage de Majorque. Alors commence les liturgies quotidiennes des vacances : les bains, les promenades en montagne, la présence biblique des chèvres, les lectures, l'observation des étoiles. Du souvenir de ces étés surgit la figure du père et un territoire vital pour l'univers de l'écrivain Llop.
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La savoureuse histoire du "sauvage" des Pyrénées met en scène un jeune homme qui passe pour un imbécile depuis que, renonçant à la ferme familiale, il est parti en ville se consacrer aux études, pendant que son propre frère lui volait sa fiancée.
A son retour au village, l'infortuné et érudit Bonaventura décide de s'exiler sur un replat de la falaise et d'y vivre en solitaire, contemplant de très haut la stupidité des siens. Souverain éclairé de ce minuscule perchoir, il y apporte civilisation et agriculture, rédige des actes notariés et promulgue des lois bien plus pérennes que celles de la Catalogne - alors en pleine guerre carliste. Drôle, inventive, son aventure se lit comme une robinsonnade, et Bonaventura prend place dans la riche lignée des ermites, naufragés, solitaires et précurseurs de l'écologie qui donnent envie de larguer toute amarre pour mieux réinventer le monde.
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Anna, graphiste victime de la crise - celle de la société et celle de son couple -, avance tant bien que mal en essayant de tout calculer, de tout contrôler, dans une Barcelone en pleine mutation. Introspective et passionnée, prudente et téméraire, elle n'est pas à l'abri de l'autre, tapie en elle.
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Le naufrage de l'âge mûr est au centre de ces vingt nouvelles. Pour la première fois, Sergi Pàmies construit ses fictions à partir d'éléments autobiographiques et retrace les difficultés existentielles de personnages qui, tiraillés entre des décisions absurdes ou héroïques, pédalent souvent dans la farine - d'où le titre.
Dans ces nouvelles toujours inattendues et surprenantes, l'auteur semble pour la première fois se livrer plus ouvertement. En effet, comment ne pas voir dans "La Carte de la curiosité" l'évocation du jeune émigré espagnol qu'il fut ou bien dans "Les Chansons préférées de Lénine" le souvenir du père qu'il vient de perdre. La pudeur des sentiments est sans doute ce qui caractérise l'esprit de Pàmies : drôle sans méchanceté, lucide mais jamais amer. Et comme on imagine bien la détestation du petit Pàmies dont "la curiosité est née dans un terrain vague de banlieue" pour le trop poétique et trop élégant Petit Prince.
Avec sa légèreté coutumière et en champion de l'autodérision, Sergi Pàmies touche au plus profond, à travers des personnages extrêmement sympathiques qui lui ressemblent.
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Le narrateur revient dans sa ville natale pour recueillir l'héritage de son oncle, photographe célèbre, dandy décadent et collectionneur passionné. Mais son souvenir fait resurgir aussi le mystérieux passé du narrateur : pourquoi est-il parti et à présent qu'espère-t-il retrouver ?
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Dans la nouvelle qui ouvre le recueil, M. Beneset, le narrateur rend visite à son père dans une maison de retraite, sans paraître remarquer, pas plus que les infirmières d'ailleurs, que c'est un travesti. Si le déterminisme social rend comiques les situations les plus graves, il se dénonce aussi en elles. En prenant conscience de notre aveuglement sur ce qui semble aller de soi, de notre bénignité de moutons de Panurge, nous rions mais nous rions de nous, du bonheur d'être lucides.
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Le Truman Capote des Pyrénées nous livre sa version « de sang-froid » d'une tuerie entre voisins dans une bourgade de Lleida à la fin de la guerre civile. S'effaçant au profit des personnages du drame, il dévoile la difficulté de vivre ensemble dans un tel microcosme. Le crime est resté impuni et les assassins n'ont jamais été mis au ban du village.