Derf Backderf a passé son enfance à Richfield, petite ville de l'Ohio située non loin de Cleveland. En 1972, il entre au collège, où il fait la connaissance de Jeffrey Dahmer, un enfant solitaire au comportement un peu étrange. Les deux ados se lient d'amitié et font leur scolarité ensemble jusqu'à la fin du lycée. Jeffrey Dahmer deviendra par la suite l'un des pires serial killers de l'histoire des États-Unis. Son premier crime a lieu à l'été 1978, tout juste deux mois après la fin de leur année de terminale. Il sera suivi d'une série de seize meurtres commis entre 1987 et 1991. Arrêté en 1991, puis condamné à 957 ans de prison, Dahmer finira assassiné dans sa cellule en 1994. Mon Ami Dahmer est donc l'histoire de la jeunesse de ce tueur, à travers les yeux de l'un de ses camarades de classe. Précis et très documenté, le récit de Derf Backderf (journaliste de formation) décrit la personnalité décalée de Dahmer qui amuse les autres ados de cette banlieue déshumanisée typique de l'Amérique des années 1970. Dahmer enfant vit dans un monde à part, ses parent le délaissent, il est submergé par des pulsions morbides, fasciné par les animaux morts et mortifié par son attirance pour les hommes. Personnage fascinant, voire attachant car presque victime de son environnement, Dahmer vit une implacable descente aux enfers vers une folie irréversible.
A 21 ans, J. B. se retrouve coincé de nouveau chez ses parents, dans un patelin du fin fond de l'Ohio. Il vient d'arrêter la fac et doit absolument trouver un travail pour ne plus avoir sa mère sur le dos en permanence. Suite à une annonce providentielle, il est engagé comme éboueur contractuel et est bientôt rejoint par Mike, un ancien copain de lycée. Ensemble, ils vont découvrir les joies du métier, se confronter aux habitants les plus dérangés de la ville, aux éboueurs de longue date, aux chiens errants et aux sacs poubelles mal fermés. Pendant une longue année, ils devront faire leur tournée quotidienne sous la pluie, la neige ou sous un soleil de plomb, persécutés en permanence par leur chef, l'infâme Will E.
Situé au début des années 1980, dans la banlieue d'Akron, une ville de la Rust Belt frappée par la crise économique, Punk Rock et mobile homes est une comédie déjantée dans le milieu de la musique punk. Le personnage principal, Otto Pizcok, dit « Le Baron », est en terminale et vit dans le parc de mobile-homes appartenant à son grand-oncle. Gros balèze féru du Seigneur des Anneaux à la personnalité un peu borderline, il est à la fois admiré et incompris de ses camarades de classe. Grand fan de musique punk, il fréquente assidûment The Bank, la principale salle de concerts punk d'Akron, alors appelée « The New Liverpool ». Grâce à son impressionnant aplomb, Otto parvient a se débarrasser de son image de nerd pour devenir le guide/roadie de sommités du Punk telles que Joe Strummer ou les Ramones. Il devient même chanteur, et parvient à ses fins avec la gent féminine, mais il finit par péter les plombs en plein concert et, comble de l'horreur, se retrouve seul à l'approche du bal de fin d'année.Avec ses personnages baroques, ses dialogues et situations rocambolesques, Punk Rock et mobile homes est à mourir de rire, tout en étant un véritable documentaire sur la scène punk des années 1980, telle que Backderf l'a lui-même connue dans sa jeunesse.
Salvador de Bahia, Brésil, de nos jours. Les chemins de quatre habitants de la ville vont se croiser au pied du Fort de Notre-Dame de Monte Serrat, à l'occasion d'un fait divers. Cajù, un dealer à la petite semaine en galère, monsieur Ney, militaire à la retraite complètement névrosé et Richard, policier réputé mais mari exécrable en passe de se faire quitter par sa femme, Keira, se retrouvent tous impliqués dans un incident d'apparence anodine, mais qui va vite dégénérer en une situation dramatique. Tungstène est un polar d'une maîtrise confondante. Dans ce petit bijou noir, véritable mécanique de précision, les histoires des principaux protagonistes sont inextricablement liées les unes aux autres. Confrontés à une crise, ils se retrouvent poussés dans leurs retranchements, sur le point d'atteindre le point de rupture (le tunsgtène étant le métal ayant le plus haut point de fusion). Empruntant à la fois aux codes narratifs et visuels du comics, de la bd franco belge et du manga, Marcello Quintanilha met en scène avec maestria ce récit alternant scènes d'actions débridées et questionnements intérieurs, avec en toile de fond la réalité du Brésil d'aujourd'hui.
Née en 1880 dans l'Alabama, la petite Helen Keller devient aveugle et sourde à l'âge de dix-neuf mois, probablement des suites d'une méningite. Elle devient alors incapable de communiquer avec son entourage, si ce n'est avec quelques gestes maladroits. Sa vie va être bouleversée à l'âge de six ans quand ses parents engagent Annie Sullivan comme gouvernante. Annie Sullivan, alors âgée de 20 ans, vient de finir ses études à l'Institut pour aveugles Perkins. Elle-même mal voyante, elle a appris à enseigner la langue des signes dans cette institution précurseur. Elle va prendre en charge l'éducation de Helen Keller, et au fil des mois elle va réussir non seulement à établir un contact avec l'enfant, mais à lui apprendre le langage des signes, puis l'écriture. Les deux femmes resteront amie à vie.Helen Keller deviendra une figure de la société américaine, écrivain féministe, elle mènera également un combat politique, sera membre du parti socialiste américain et créera une fondation. Complémentaire des livres ou films existant à propos d'Helen Keller, cette bande dessinée est centrée sur l'histoire de cette extraordinaire rencontre et sur les nombreux obstacles contre lesquels va buter Annie Sullivan dans une famille très conservatrice du Sud des États-Unis. Une incroyable leçon d'humanité, magnifiquement dessinée par Joseph Lambert.
Le personnage principal de cette série de strips est l'Anxiété, une
petite bulle rouge qui ressemble étrangement à un virus maintenant
bien connu et qui surgit au détour de chaque page pour stresser ses
victimes (nous), et provoquer insomnies, pensées culpabilisantes,
remords, peurs irrationnelles et tutti quanti. Tel un Jiminy Cricket
sous LSD, Anxiété est tout le temps là et pourrit la vie des gens à
coups de « Tu as une petite boule dans le cou, je vais chercher
l'ordi pour qu'on regarde sur Google ? », « Fallait-il vraiment
acheter ce gilet rouge ? » et de « Tu sais combien de calories il y
a, là-dedans ? »... Après "Fichtre !" et "J'adore mon chat (mais il
s'en fout complètement)", Alberto Montt revient avec un nouveau
recueil de dessins d'humour et de petites histoires et cette fois
comme fil rouge l'anxiété, ce mal universel. On retrouve avec bonheur
la verve et le talent de cet auteur chilien pour mettre le doigt là
où ça fait mal avec le sens de la concision et du rythme qui le
caractérisent. 160 pages d'angoisse humoristique !
Octobre 2003. La vie de Jake Gallo est un enfer, il n'arrive pas à trouver de travail, son père vient de faire une crise cardiaque, Son frère Freddie est devenu une star du cinéma, mais le plus difficile à avaler, ce sont les frasques sentimentales de sa soeur May qui s'est mise en tête d'épouser... un humain. Car les Gallo, comme les autres poules et coqs du monde entier, sont subitement devenus conscients en 1979 au grand désarrois de l'espèce humaine. Suite au décès de son père, Jake va découvrir l'histoire de sa famille et de son père, Elmer, qui fait partie de la génération des coqs qui ont dû apprendre à cohabiter avec les hommes.Elmer est l'histoire d'une famille de gallinacés qui lutte pour survivre dans un environnement hostile. Un véritable drame familial dans un monde où toute une catégorie de la population est ostracisée par la classe dominante, et où tous vivent dans un état de défiance mutuelle. A la fois drôle et émouvant, Gerry Alanguilan, maîtrise de bout en bout avec une candeur enthousiasmante cette parabole maquillée en chronique délirante. Philippin, il a auto édité Elmer entre 2006 et 2008. Elmer est le premier roman graphique philippin a être traduit en France.
Brésil, années 1950, dans la Baie de Guanabara. (état de Rio de
Janeiro). Au bord de la plage, Hélcio - un jeune défenseur
prometteur de l'équipe de football du Canto do Rio de Niterói, et
Noël, l'un de ses plus fidèles amis, vendeur dans une échoppe de
boissons et atteint d'une impressionnante malformation physique -
aperçoivent au loin quelqu'un en train de pêcher à la dynamite. Ils
partent en barque dans l'intention de récupérer une partie des
poissons morts pour les revendre sur l'île de Paquetá, située non
loin de là. L'expédition va se transformer en dangereux périple et
les deux larrons se retrouveront embarqués dans une aventure qui va
mettre leur amitié à rude épreuve. Après avoir tenté sans succès de
revendre une partie de leur butin à des naturistes, les deux compères
devront affronter une énorme tempête, alors que Hélcio est attendu à
Niterói le soir même par toute son équipe pour la préparation d'un
match important qu'ils doivent jouer le lendemain. Librement inspiré
de la vie du père de Marcello Quintanilha, Hélcio Carneiro
Quintanilha, Les Lumières de Niterói est une nouvelle démonstration
de la virtuosité de Quintanilha devenu en quelques années l'un des
principaux auteurs de la bande dessinée brésilienne. Prenant de bout
en bout, le récit entraîne le lecteur dans un suspense haletant mais
est avant tout une formidable histoire d'amitié.
"Après Une Métamorphose Iranienne et le Petit Manuel du parfait réfugié politique, Mana Neyestani réalise un fascinant docu-fiction à propos d'un tueur en série qui a sévi dans l'est de l'Iran au début des années 2000. Basé sur des entretiens filmés par deux journalistes proches de Mana Neyestani, L'Araignée de Mashhad retranscrit le parcours de Said Hanaï, qui, au prétexte de se conformer à des prescriptions religieuses, assassina seize femmes prostituées ou droguées en quelques mois dans la ville sainte de Mashhad, située au nord-est du pays. Le tueur amenait toutes ses victimes chez lui avant de les étrangler, d'où l'appellation par les médias de « meurtres de l'araignée ».Alternant véritables interviews du tueur et passages fictionnels, Mana Neyestani dévoile aussi bien le point de vue du tueur, que celui de ses proches, de ses victimes, ou du juge en charge du dossier. Il met en lumière le poids d'une vision rigoriste de la religion dans cette ville, l'une des plus conservatrices du pays, où une partie de la population a manifesté en soutien au tueur après son arrestation. Combinant différents registres narratifs et graphiques en passant d'un protagoniste à l'autre, Mana Neyestani montre à travers ce fait divers une société malade, où ceux qui vivent en marge sont considérés comme des sous-humains, allant parfois jusqu'à justifier les pires extrémités."
Mana Neyestani est réfugié en France depuis 2011, après avoir dû
s'enfuir d'Iran à cause d'un dessin, des événements qu'il a décrits
dans son premier livre, "Une Métamorphose Iranienne" (çà et là/arte
éditions, 2012). Dans Trois Heures, il raconte comment sa condition
de réfugié lui pèse, condamné à ne pas pouvoir revenir dans son pays
où il risque la prison à vie, tout en ne se sentant pas encore chez
lui en France. Cette condition lui a été cruellement rappelée en
2017, au moment où il s'apprêtait à s'envoler pour le Canada pour
présenter son dernier roman graphique et rendre visite à son frère.
Bloqué à l'aéroport par la compagnie aérienne qui ne savait pas
comment traiter son titre de voyage de réfugié, Mana Neyestani s'est
heurté à un mur d'incompréhension. "Trois Heures" détaille cette
longue attente durant laquelle il ne peut que constater son
impuissance et le peu d'attention accordée aux personnes dans sa
position. C'est aussi l'occasion pour cet homme timide qui n'ose
jamais élever la voix ou défendre ses intérêts de se livrer à un
exercice d'introspection. Un récit poignant, parfois drôle et tout
le temps honnête, sur un homme forcé à l'exil mais dont le pays
d'accueil le traite encore trop souvent comme un intrus.
Rio, années 1870. Le jeune Sergio, âgé de 11 ans, entre au prestigieux pensionnat l'Athénée, réservé à la fine fleur de l'aristocratie et de la bourgeoisie brésilienne. Le pensionnat est dirigé d'une main de fer par son directeur, Aristarco, qui mélange un certain paternalisme avec l'humiliation en public des élèves aux mauvais résultats. Sergio se retrouve plongé dans cet univers violent dont il ne maîtrise pas encore les codes, où les enfants ont le choix entre devenir victimes ou tortionnaires. Au cours des deux années qu'il passera à l'Athénée, Sergio va se lier d'amitiés parfois troubles avec certains pensionnaires mais il va aussi se faire de dangereux ennemis, dans ce monde clos où les femmes sont presque absentes à l'exception de Dona Ema, la femme du Directeur, dont Sergio va s'amouracher.Roman d'apprentissage par excellence, en partie autobiographique, L'Athénée est adapté d'un ouvrage écrit par Raul Pompeia en 1888 et est considéré comme un classique de la littérature brésilienne. Brillamment adapté par Marcello Quintanilha, dont le dynamisme du découpage est à l'aune du comportement violent des enfants et des enseignants et avec une attention portée aux détails visuels qui donne vie aux nombreuses descriptions du roman d'origine, L'Athénée permettra à de nombreux lecteurs français de découvrir l'oeuvre singulière de Raul Pompeia.
Après La Machine à Influencer, consacré aux médias, le dessinateur Josh Neufeld s'associe au journaliste Michael Keller pour un reportage sur le big data et les données personnelles. Les utilisateurs de réseaux sociaux, téléphones portables, et de nombreux sites internet sont désormais fichés et suivis à la trace par des entreprises privées qui amassent des quantités phénoménales d'informations personnelles. Facebook, Google, Apple et consorts peuvent ainsi établir des profils très détaillés pour anticiper les besoins des leurs utilisateurs et adapter leurs politiques commerciales en fonction des comportements de chacun, mais cela va aller encore plus loin...Josh Neufeld et Michael Keller ont interviewé des spécialistes du domaine ; politiques, universitaires et chercheurs, pour un tour d'horizon de ces pratiques qui soulèvent de nombreuses questions et notamment celle des risques liés à l'exploitation de ces données. Neufeld et Keller abordent le sujet à travers de nombreux exemples concrets et questionnent également le principe des notes données à des services et des personnes, principe qui s'étend progressivement à des pans entiers de la société moderne. Avec humour mais également avec rigueur Neufeld et Keller montrent comment des gestes apparemment anodins risquent d'avoir un impact très concret sur notre quotidien dans un très proche avenir...
Pourquoi le chiffre de 50 000 victimes revient-il aussi souvent dans les médias américains ? Les journalistes devraient-ils annoncer leurs intentions de vote ? Internet radicalise-t-il nos opinions ? Ce sont quelques-unes des questions soulevées par Brooke Gladstone, journaliste spécialiste des médias pour la radio publique américaine NPR. Avec l'aide du dessinateur de bande dessinée documentaire Josh Neufeld, elle retrace dans La Machine à influencer l'évolution des médias d'information et des pratiques journalistiques. Des premières dérives de l'information sous l'Empire romain jusqu'aux errements des médias américains au moment de l'entrée en guerre contre l'Irak, Brooke Gladstone s'interroge et livre une grande leçon de journalisme.
Sam, jeune anglais désoeuvré de 27 ans, se remet d'une dépression chez
sa mère quand, par un curieux concours de circonstances, il se
retrouve engagé comme assistant d'un certain Keith Nutt.
Quinquagénaire bedonnant que la mère de Sam ne laisse pas
indifférent, Keith a une mini entreprise, KLN Ltd, spécialisée dans «
la distribution et le transport », mais son travail semble consister
uniquement à faire la tournée de petites entreprises des zones
d'activité économique locales pour faire signer des papiers à des
interlocuteurs que Sam ne voit jamais. Coincé dans la voiture de
Keith la plus grande partie de la journée, Sam s'attarde sur les
petits détails du quotidien de la ville et des habitants qu'il croise
chaque jour. Dans un premier temps très distante, la relation de Sam
et Keith évolue progressivement et les problèmes de communication
cèdent le pas à une certaine forme de connivence. Talentueux
portraitiste, Joff Winterhart s'attarde avec tendresse sur les détail
des corps et des visages pour brosser le portrait de ces deux âmes
esseulées. Poignant, drôle et brillamment dialogué, Courtes Distances
confirme la singularité du travail de cet auteur. Sélection
Officielle Angoulême 2019 Sélection Grand Prix de la Critique ACBD
2019 Meilleur roman graphique 2017, The Guardian
Après Une métamorphose iranienne, dans lequel l'auteur racontait avec retenue mais aussi une pointe de cynisme et d'humour son exil d'Iran, c'est à Paris que se déroule le nouvel ouvrage de Mana Neyestani. Suite à son arrivée en France début 2011, Mana et sa femme entament rapidement des démarches pour devenir réfugié politique. Après avoir testé de première main l'infernal système répressif iranien, Mana se trouve alors confronté à un univers certes beaucoup moins violent mais tout aussi kafkaïen pour les demandeurs d'asile, celui de l'administration française. Après un an et demis de tracasseries éreintantes, il parvient finalement à obtenir le statut tant convoité, ce qui en dit long sur les difficultés que peuvent rencontrer les demandeurs d'asile qui, pour la plupart, n'ont pas un dossier aussi documenté que le sien. Il décide alors d'en tirer un livre, entre bande dessinée autobiographique, autofiction et dessin de presse.Mana Neyestani raconte le quotidien d'un apprenti réfugié politique dans la ville-lumière, les tracasseries administratives poétiquement mises en scène, les fameux parisiens dont la réputation n'est plus à faire... Un Petit manuel du parfait réfugié politique à l'humour sec et tranchant.
Fables Scientifiques est une bande dessinée documentaire dans laquelle Darry Cunningham déconstruit minutieusement certains des mythes qui entourent la science, souvent propagés par des conspirationnistes ou bien des média peu scrupuleux responsables de la viralité de ces théories fumeuses. Darryl Cunningham décode les fables qui ont façonné certains des thèmes les plus âprement débattus de ces cinquante dernières années. Il questionne dans le détail ces théories et se penche sur les controverses entourant la changement climatique, l'atterrissage sur la lune, le vaccin ROR (Rougeole, oreillons et rubéole), l'homéopathie, la théorie de l'évolution, la chiropractie et plus largement toute forme de négationnisme de la science, le dénialisme scientifique. Nourri des recherches approfondies et de nombreuses sources, la narration limpide, la ligne graphique sobre et l'utilisation d'illustrations photographiques permettent à Cunningham d'expliquer des questions complexes et controversées avec une facilité trompeuse. Fables scientifiques est une étape importante du journalisme d'investigation en bande dessinée.
Publié en 2009 au Brésil, Mes Chers Samedis est le premier recueil d'histoires courtes de Marcello Quintanilha, auteur et illustrateur brésilien très actif depuis ses débuts en 1988 pour des magazines et la presse brésilienne. Avec Mes Chers Samedis, il brosse le portrait de personnages issus des classes populaires brésiliennes, à travers quatre nouvelles étalées entre le début des années 1950 et la toute fin des années 1970. Au fil des histoires, il met en scène un amateur de football superstitieux habitant un bidonville de Rio et qui établit un rite pour faire gagner systématiquement son équipe favorite, un manutentionnaire travaillant dans un marché de fruits, mais déséquilibré mental et menacé de licenciement, un pêcheur du Nordeste s'improvisant professeur d'histoire pour les beaux yeux d'une jeune femme et enfin un employé de cirque dans la région de São Paulo qui se retrouve dans une très mauvaise posture suite à ses fanfaronnades.Marcello Quintanilha s'inspire de la commedia dell'arte et des tragi-comédies italiennes des années 1960 et retrouve la verve de ces films aux personnages haut en couleurs, rehaussée par des dessins aux couleurs flamboyantes. La parution de Mes Chers Samedis sera suivie de son nouveau roman graphique, Tungstène.
Nouveau livre des auteurs de Potlatch, Marcos Prior et Danide,
Phagocytose est une satire réjouissante de la société de consommation
et de l'ultralibéralisme. A travers une série d'histoires courtes
très ironiques, les auteurs se penchent plus spécifiquement sur la
récupération du discours politique de la gauche engagée par les
médias mais aussi par des catégories sociales aisées, une posture qui
ne conserve de l'action politique que ses signes extérieurs,
symbolisée dans le livre par une chaîne de fast food nommée Marx
Donald's... D'une sitcom basée sur la vie de Marx et Engels à une
pseudo enquête à la Bourse de Barcelone en passant par un candidat
qui torpille volontairement un entretien d'embauche, Danide et Marcos
Priori appuient là où ça fait mal. Ils mettent en lumière l'absurdité
de certaines pratiques commerciales, le marketing à outrance, la
financiarisation de la société, la novlangue et les présentations
powerpoint à tout crin. Des idées que Marcos Prior, le scénariste,
avait déjà abordées dans Grand Hôtel Abîme (éditions Rackham). Le
dessinateur, Danide, virevolte avec brio d'un registre graphique à un
autre, adaptant son trait à l'esprit des saynètes, passant d'un
dessin cartoon à un style semi-réaliste pour des fausses réclames,
des annonces d'embauche délirantes et tutti quanti. Une lecture
chaudement recommandée par les temps qui courent.
Au début des années 60, Pekar, critique de jazz et collectionneur de vieux disques, rencontre Robert Crumb et découvre la bande dessinée underground. Fasciné par les possibilités offertes par ce medium, il développe un projet de série autobiographique et, incapable de dessiner, il convainc Crumb et un dessinateur local, Garry Dumm, d'illustrer les premières histoires. En 1976 il décide d'auto-éditer la série American Splendor, à laquelle la fine fleur de la scène indépendante américaine va participer.Ce deuxième volume de l'anthologie consacrée à la série de Harvey Pekar couvre les années 1983 à 1991. Pekar connait une quarantaine mouvementée : il divorce de sa seconde femme, en épouse une troisième et acquiert enfin un semblant de notoriété grâce à sa participation au talk show Late Night with David Letterman , avant de se faire virer pour avoir critiqué trop ouvertement les propriétaires de la chaîne. On retrouve avec bonheur la verve du créateur de la première série de bande dessinée autobiographique, qui influencera par la suite de nombreux auteurs et sera adaptée au cinéma en 2003 (le film American Splendor remportera le Grand Prix du Festival de Sundance et sera sélectionné au Festival de Cannes cette année-là).Les histoires de ce volume sont toutes écrites par Harvey Pekar et sont dessinées par une pléiade d'auteurs parmi lesquels Gary Dumm, Frank Stack, Val Mayerik, Gerry Shamray et Greg Budgett. Le troisième et dernier volume de l'anthologie American Splendor qui couvrira les années 1992 à 2001 paraîtra en octobre 2011.
Un récit personnel dévastateur sur les violences faites aux femmes
sur fond d'affaire de l'éventreur du Yorkshire, le tueur en série qui
a sévi en Angleterre et tué treize femmes entre 1975 et 1980. Nous
sommes en 1977, Una a douze ans et vit dans le West Yorkshire. Un
assassin sème la panique dans la région en s'attaquant à des femmes
isolées, en majorité des prostituées. La police peine à résoudre
l'affaire - en dépit de milliers d'heures passées à la recherche du
tueur et alors que les forces de l'ordre ont interrogé plusieurs fois
le meurtrier sans le savoir. L'incapacité des policiers à trouver le
coupable soulève l'indignation à travers le pays. Dans la période où
ces meurtres ont eu lieu, Una a été victime d'une série d'agressions
sexuelles, agressions dont elle s'est par la suite sentie coupable.
Retraçant son histoire personnelle, expliquant les raisons des ratés
de l'enquête, fournissant des statistiques édifiantes sur le degré
d'impunité des hommes coupables de féminicides et d'agressions
sexuelles, L'une d'elles explore ce que signifie grandir dans une
société où la violence masculine n'est jamais remise en question.
Avec le recul, Una décrypte ce qui lui est arrivé il y a une
trentaine d'années, se demande si quelque chose a vraiment changé et
questionne nos sociétés qui imposent aux victimes de ces violences
d'en payer elles-mêmes le coût. Prix Artémisia 2019 du combat
féministe
La vie ordinaire, c'est un truc assez complexe », voilà la devise de Harvey Pekar, auteur de la mythique série American Splendor. Au début des années 1960, Harvey Pekar rencontre Robert Crumb et découvre la bande dessinée underground. Fasciné par les possibilités offertes par ce médium, il développe un projet de série autobiographique et, incapable de dessiner, il convainc Crumb et un dessinateur local, Garry Dumm, d'illustrer les premières histoires. En 1976 il décide d'auto-éditer la série American Splendor, à laquelle la fine fleur de la scène indépendante américaine va participer. Il révolutionne ainsi le genre et crée la première série de bande dessinée autobiographique.Ce dernier volume de l'anthologie consacrée à la série de Harvey Pekar couvre les années 1993 à 2004. Pekar y décrit notamment son combat contre un cancer lymphatique au début des années 1990, ses conflits avec sa dernière femme, Joyce Brabner, son départ à la retraite, mais aussi son regain de notoriété au moment de la sortie du film American Splendor, avec la verve qui le caractérise.
Décédé en juillet 2010, Harvey Pekar est l'un des pionniers de l'autobiographie en bande dessinée avec sa série American Splendor. Cleveland est le dernier projet auquel il a participé avant sa mort. Entièrement écrit par Pekar et dessiné par Joseph Remnant, Cleveland comporte une première partie consacrée à l'histoire de la ville de Cleveland, l'autre moitié est purement autobiographique, Harvey Pekar y retraçant son histoire dans cette ville où il a passé toute sa vie. Pekar décrit des événements historiques : le gain des World Series par l'équipe de baseball locale, l'incendie de la rivière Cuyahoga ou encore l'histoire de grandes figures de la ville. Mais il retrace également les grands moments de sa vie à travers des sites marquants de Cleveland, et donne la parole à des acteurs habituels de American Splendor, comme Toby le Nerd ou encore sa propre femme, Joyce Brabner. Cleveland est une véritable lettre d'amour à cette ville qui fut la muse de Harvey, un magnifique témoignage sur la grandeur et le déclin d'une grande ville industrielle. C'est aussi le livre-testament d'un grand auteur, magnifiquement servi par Joseph Remnant, jeune et talentueux dessinateur qui se classe d'entrée de jeu parmi les principaux illustrateurs associés à Pekar.
Louis « Studs » Terkel (1912-2008) s'est rendu célèbre comme journaliste de radio et comme auteur de nombreux ouvrages d'histoires orales qui constituent l'une des sources documentaires les plus riches et les plus saisissantes sur l'histoire des États-Unis au XXe siècle. C'est l'une des grandes figures de la gauche radicale américaine. Monstre sacré du journalisme radiophonique, il a reçu le Prix Pulitzer en 1984.
Le Brésil a été l'un des principaux pays pratiquant l'esclavage, jusqu'à son abrogation en 1888. En provenance d'Angola et du Mozambique, les esclaves étaient essentiellement affectés à l'exploitation de la canne à sucre ou des mines d'or, mais aussi pour les taches ménagères dans le cas des femmes. Certains esclaves se révoltaient, prenaient les armes et se réfugiaient dans la jungle pour créer des communautés, appelées quilombos, ou cumbe, où ils vivaient en autarcie. À travers quatre nouvelles, en partie inspirées d'événements historiques, le dessinateur brésilien Marcelo d'Salete raconte des histoires d'esclaves marrons au 17e siècle, des hommes, femmes et enfants confrontés à leurs tortionnaires et décidés à se libérer du joug de l'esclavage à tout prix...