Pourquoi éprouvons-nous le besoin de fermer la porte de notre chambre quand nous préférons rester seuls : la solitude serait-elle un sentiment impossible à partager ?
Des voix humaines par Marie Anne Guerin
Benoit Jacquot / Marguerite Duras, l'inconnaissable vue de près par Jacques Bontemps
La voix de Duraspar Silvia Acierno
À travers la wilderness de Kelly Reichardt par Jonathan Rosenbaum
La rumeur gronde par Julie Mengelle
Ce qui reste par Christophe Béguin
Le déchet de l'expérience par Jérôme Prieur et Laurent Olivier
Quatre fois le regard frontal d'une femme par Jean-Michel Frodon
« Life is nothing but glances » par Luc Moullet
Jean-Luc Godard, sous l'iceberg de Camera-Eye par Federico Lancialonga
Exhumation d'un travail oublié de Godard pour la télévision par Michael Witt
Ida Lupino / J.-L.G. : neuf fois Ida par Laura Laufer
Ida Lupino avait-elle des ailes ? par Pascale Bodet
Variations Don Siegel par Philippe-Emmanuel Sorlin
Jouer juste par Anne Bertrand
Ava s'en va par Jean-Marie Samocki
L'arche de Noé, 14 par Hervé Gauville
La Ruée vers l'or selon Krazy Kat par George Herriman
Pendant quelques années, il m'est apparu impossible d'avoir ce qu'on appelle un rapport sexuel sans l'écrire.
Oh, je n'avais pas la grande forme quand j'ai retrouvé Florence, une ancienne collègue de travail, un soir de concert.
J'avais vingt-cinq ans, elle en avait quarante. Elle était enceinte de six mois, et elle était célibataire.
Quand Jim est né, j'étais là. Et puis je suis resté. On a passé de belles années ensemble, et j'ai bien cru devenir son père.
Il faut aller là-bas tout de suite, pour aller de l'avant. Et y aller pour de vrai.
Ce sera le nouvel exercice du programme : faire les choses pour de vrai.
D'ailleurs il n'y a pas le choix. Le vieux mas croule sous les ronces.
Cette nuit, j'ai décidé de tenir à nouveau un journal. Mon journal "parisien" !
J'ai décidé, par un choix délibéré, de me prêter à cet exhibitionnisme légal (et inoffensif) qui est de tenir un journal. C'est pour cette raison que je suis à Paris !
Déchu de sa nationalité roumaine en 1975, Dumitru Tsepeneag est contraint à l'exil. Dès 1970, il se rend à Paris et tient son journal. Témoignage exceptionnel, à travers les remous du champ littéraire roumain, sur la crise qui aboutira à l'effondrement du système totalitaire. On y croise, parmi d'autres, Roland Barthes, Alain Robbe-Grillet, Ionesco et Cioran.
Certains des textes regroupés dans L'Aplatissement de la Terre ont été écrits pendant la pandémie et le premier confinement en France, d'autres non, tous donnent des nouvelles du monde, monde souvent réduit, divisé, meurtri, mais où une parole peut toujours se déployer, raconter une histoire, et chercher à sa façon la rencontre.
"Nous allons perdre deux minutes de lumière" a dit la présentatrice de la météo en parlant de la journée du lendemain. Et j'ai su que je tenais le titre d'un livre.
Chacun ne connaît de sa vie que le roman qu'il s'en fait.
Je suis radieuse. Je suis intelligente. Je suis une bombe sexuelle. Je suis drôle. J'habite le Marais. Mes amis me demandent : Mais ? Guillaume Dustan ? Quel est votre secret ? Mon secret ? Je suis dépensière. Je me drogue sans arrêt. Je danse.
Et, surtout, je suis amoureuse.
Voici le deuxième volume des oeuvres complètes de Guillaume Dustan, regroupant Nicolas Pages (Prix de Flore 2000), Génie Divin et LXiR, publiés entre 1999 et 2002.
"Ce qui se joue dans ces trois nouveaux livres est le passage du sexe au genre, du je au nous et de la subjectivité pure à l'impureté de la politique.
Le plus grand écrivain politique de sa génération n'a en effet pas été perçu à sa juste mesure - ni comme écrivain ni comme politique - par les divers acteurs du champ intellectuel."
Thomas Clerc
Au fond, qu'est-ce qui vous intéresse en lui ? Sa mort ? Vous perdez votre temps, il ne reste rien, c'est poussiéreux. Tâchez de simplifier pour aller vite.
Aujourd'hui Toni a vingt ans. Elle se regarde dans la glace. J'ai vingt ans. Elle n'a pas l'impression d'avoir vingt ans. C'est son anniversaire et c'est jour de match.
Tu te rends compte ce qu'on a dû encaisser pour te suivre : rêver de hold-up, bâtir une nouvelle abbaye, transformer le paysage, fonder une religion, faire du théâtre, réparer une maison, écrire un livre avec la vraie vie des gens, etc. C'est délirant. Comme si tout ça allait nous guérir. Alors qu'on n'est pas malade.
"Vous êtes puni, Hervé Guibert ?" l'abordai-je alors qu'il se tenait à l'écart lors d'une petite réception, et nous devînmes amis.
À la fin de sa vie, nous nous sommes retrouvés ensemble un an durant, en fait deux, à la Villa Médicis, à Rome.
Je n'ai pas l'ambition de raconter toute notre amitié - mais ces années romaines, soudain, oui.
C'était la nuit et je pensais à Jim-Courage, je pensais que je l'aimais, bien sûr je l'aimais, et je ne savais pas si j'étais triste ou joyeux : j'étais ému.
Le 29 juin de chaque année le passé revient, si rien ne l'arrête il devient une habitude, avec le masque de l'araignée et celui de la stupeur.
Au flot des mots, à
la pâte, tu opposes le flux des
poèmes, leur transparence. Simplicité vide de la
pensée et de la forme, pâleur de la colère, répétitions,
tout cela comme inscrit là en creux, presque
noyé, dans le bref cours des jours.
Il est revenu le temps des cinéastes anonymes - La salle éteinte (les voix du silence) - Le cinéma au temps du corona - Lettre de Barcelone - Retour sur Zama de Lucrecia Martel - Ce que l'on ne saurait voir - L'emploi du temps - Le regard analytique au prisme de l'enfance - Entretien avec Serge Daney : « Le mausolée du cinéma me fait horreur »
- Les nuits du cinéma - L'arche de Noé, 13 - Federico - Entre nostalgie et prophétie - L'espace surréaliste chez Rouch et Skolimowski.
Le père ancien c'est le père
au matin puis le père en fin
c'est le père au début
dans sa vieille mort et puis
après les prières c'est la mort
enfin dans le parler tout autour
et dans le parler il y a aussi
tout autour du fils la mère
dans sa mort moins ancienne
et la visite en moi de la famille
en ses rires et ses ruines.
Fables, souvenirs, choses lues, vues, transposées ou inventées, les historiettes rassemblées ici ont pour thème commun le portrait, les portraitistes et les portraiturés. On y croise pêle-mêle Vigée-Lebrun, Rembrandt, David Hockney et Louise Bourgeois, Lucian Freud, Monsieur Bertin, Saul Steinberg, Le Bernin ou Bram Van Velde, le sultan d'Istanbul, l'empereur de Chine ou Martin Luther. Plotin déjà mettait en garde contre ce vilain usage de laisser derrière soi une image de notre apparence, mais nous n'avons pas cessé pour autant de nous livrer à ce besoin de repousser la mort par l'image.
La première édition de ce livre culte, premier livre de Leslie Kaplan en 1982, a d'abord été publié dans la collection Hachette/P.O.L et repris en 1987 par P.O.L. L'excès-l'usine montre de face l'usine, le travail à l'usine et le devenir de ceux qui y vivent, leur enfermement dans cet espace immense, dans ' la grande usine univers ', infini en morceaux. L'usine est vécue au féminin, ce qui rend son impersonnalité d'autant plus impersonnelle (le ' je ' cède la place au ' on ') et le ' cela ' vécu dans l'usine dépasse, excède tous les mots qui pourraient le décrire, ces mots sont en trop.
Cette nouvelle édition est augmentée d'un entretien de Leslie Kaplan avec Marguerite Duras réalisé en janvier 1982 ; ainsi que d'un texte de Maurice Blanchot sur L'excès-l'usine paru dans le journal Libération en 1987.
' Je crois qu'on n'a jamais parlé de l'usine comme vous le faites. Elle est complètement autre chose, elle est comme à l'origine d'un autre temps. On la reconnaît. C'est très impressionnant. Comme une donnée commune. Même à tous ceux qui n'ont jamais abordé ça. ' (Marguerite Duras)
' Des mots simples, des phrases courtes, pas de discours, et au contraire la discontinuité d'une langue qui s'interrompt parce qu'elle touche à l'extrémité. C'est peut-être la poésie, c'est peut-être plus que la poésie. ' (Maurice Blanchot)
On ne va jamais plus loin que lorsqu'on ne sait pas où l'on va.
La véritable histoire de cette ville est celle de ses destructions successives et de son acharnement à se nier dans sa personnalité propre.
La véritable histoire de cette ville est celle d'une putain respectueuse dont toutes les amendes honorables ne rachèteront jamais la conduite.
Je ne pense qu'à Aurèle et me donne à l'amour.
Mais j'ai besoin de l'hôpital, je dois faire mon métier.
On meurt tous, je m'en occupe.