C'est en décembre 1952 que Jean Ray, traversant de graves difficultés, commence sa collaboration avec la revue Golf. Comme souvent, il y est poussé pour des raisons prosaïquement alimentaires : malgré le succès de La cité de l'indicible peur et de Malpertuis, quelques années plus tôt, l'écrivain est toujours en mal d'argent. La fortune que connaît alors P. G. Wodehouse (l'auteur de Jeeves) dans les pays anglo-saxons lui a donné des idées, d'autant plus qu'il n'existe pas d'auteur « golfique » de cet acabit parti les écrivains de langue française.
Mais Jean Ray n'en reste pas moins Jean Ray. Son solide sens de l'humour - comme en témoignent ses contes les plus noirs - se manifeste d'emblée dans le petit monde des greens et des club houses. Il prend plaisir à s'inspirer d'un mystérieux Code du jeu de golf pour en tirer une interprétation toute particulière des règles, des parcours et des « accidents » du terrain - mot qu'il faut bien sûr entendre à double sens.
Pour parler des joueurs et de leur univers « il faut suivre, écrit-il, la méthode des auteurs qui fouillent l'état-civil de leurs personnages jusque dans les anciens registres de sacristie, décrivent les fauteuils où ils font leur somme, et les paysages formant cadre à leurs petits chiens au cours de leurs vagabondages ». Et dans les sacristies du golf se cachent, évidemment quelques diables : du caddie au bénitier, et inversement, il n'y a qu'un pas. Les titres de ces récits maléfiques, cruels et truculents valent à eux seuls programme : Le mystère du Dip Club, La balle de l'Engoulevent, Le septième trou... À quoi s'ajoutent des parodies de Jean de La Fontaine et de prétendues « vieilles chansons golfiques » qui feront les délices des amateurs de pastiche.
Décès :17-9-1964
(Mort il y a 59 ans à l'âge de 77 ans)
Pays : Belgique
Jean Ray (1887-1964), né et mort à Gand (Belgique), s'est imposé dès les années 1920 comme un maître de l'étrange, de l'imaginaire et du fantastique d'expression française. Il reprend et développe également la série des aventures de Harry Dickson. Ses principales œuvres romanesques, notamment Malpertuis (1943), ont été traduites dans le monde entier. Jean Ray s'inscrit dans la lignée d'Hoffmann, de Poe et de Lovecraft.